Yaoundé, l’Adamic perfectionne ses membres à la technique cinématographique
Un atelier sur l’écriture, l’éclairage et la réalisation a réuni les jeunes réalisatrices en fin décembre dernier.
Une fin d’année 2014 sans véritable repos pour les dames de l’Adamic. Sous l’impulsion de leur dynamique présidente, Élise Kameni, les réalisatrices en herbe ont eu droit à neuf jours de formation répartis entre le 18 et le 28 décembre à Yaoundé. Soutenue par le Goethe Institut Kamerun, l’Association des dames de l'image du Cameroun (Adamic) est, depuis sa création, animée par une volonté d’outiller ses membres à la fabrique de films. Et pour la présidente, une bonne réalisatrice doit pouvoir décrypter un scénario, comprendre les développements d’un personnage, pouvoir déterminer une belle image, un beau plan, une belle lumière etc. L’aspect technique d’un film assure sa réussite, pour un bon pourcentage. Par conséquent, maitriser les rudiments techniques d’une production est essentiel pour une réalisatrice.
L’organisation de cet atelier, explique Élise Kameni, la présidente, est précisément motivée par « la volonté de voir les femmes faire de bons films, de défendre leur point de vue. Et surtout, leur donner l’occasion de se former et se recycler afin de professionnaliser le milieu cinématographique féminin ». L’association veut combattre cette désinvolture, qui fait croire à une bonne partie des jeunes réalisateurs, qu’ils peuvent se soustraire d’expliquer certains choix techniques. Oubliant que c’est l’auteur qui décide du choix final des éléments qui composent son film. Par conséquent, il devrait pouvoir donner une explication appropriée. La réalité en fait, c’est qu’ils sont nombreux à se lancer dans la réalisation presque sans notions théoriques ni pratiques.
Régulièrement sur le terrain, la présidente de l’Adamic est consciente de ce malaise. Elle décide en début décembre de lancer un appel à participations. « Nous avons reçu plusieurs candidates, finalement un comité de sélection a travaillé et a retenu huit participantes. Il fallait au préalable, avoir un sujet de film, avoir déjà travaillé sur un plateau et être là tous les jours de 9 heures à 18 heures », souligne Élise Kameni. Pour les formateurs, l’option porte sur des gens rompus à la tâche et ayant déjà un certain parcours dans le domaine. « Certains sont également nos partenaires de toujours, des gens qui n’ont jamais hésité à donner un coup de main aux femmes », précise l’organisatrice qui n’hésite pas à mentionner le soutien du Goethe Institut, la collaboration de Cinepress et l’association Mis me Binga, pour la réalisation de ce projet.
Trois ateliers principaux ont ainsi meublé cette formation chaleureusement accueillie par les participantes. L’Adamic a voulu consacrer plus de temps à l’écriture du scénario. La plupart des réalisateurs locaux écrivent eux-mêmes leurs histoires. Il s’avère donc judicieux de renforcer leurs connaissances, afin de maximiser les garanties d’une histoire intéressante. Première étape de la fabrication d’une œuvre cinématographique. Animée par Esthéline Fomat (membre de l’Adamic et scénariste de la série Le Refuge de Cyrille Masso), la jeune femme a néanmoins trouvé relativement courts, les six jours dégagés pour son atelier. Compte tenu de la montagne de connaissances à transmettre. Tout de même, « c’est déjà un grand plaisir pour moi de transmettre ce que je connais afin de permettre aux femmes d’améliorer leur écriture, mais il faut reconnaitre que les délais sont très courts », déclare-t-elle. Sa préoccupation rejoint celle de Bassek ba Kobhio qui ne croit pas aux formations de 10 ou 15 jours. Pour lui, tous ceux qui embrassent le métier du cinéma devraient savoir qu’il faut une formation intense. « L’à peu près » n’a donc pas sa place.
De quoi décourager tous ceux qui, comme l’Adamic, initient des minis formations sur les métiers du cinéma. « Les participantes quittent inévitablement avec un regard nouveau sur le travail qu’elles sont amenées à faire », optimise Esthéline Fomat. Pour certains, de petites formations associées, finissent par bien forger un aspirant en cinéma. Une logique pour laquelle roulent les animateurs de l’atelier organisé par l’Adamic.
Learning by doing
Dotés d’une volonté visible, Gérard Nguelé (réalisation) et Patrick Touko (éclairage) ont manifestement communiqué aux apprenantes leur entrain. Le degré de compréhension varie lui, selon les expériences accumulées sur le terrain ; ou des formations acquises auparavant. « Pour certaines, c’est la première fois qu’elles entendent des termes techniques », indique Esthéline Fomat. Patrick Touko, éclairagiste et membre de Cinepress, pense qu’« il faut des ateliers comme ça, pour leur permettre de prendre la mesure du sérieux de la chose. Et vous verrez qu’il y a un intérêt et une prise de conscience sur le fait que faire du cinéma c’est tout un investissement ».
Fiche du personnage, développement du personnage, psychologie et autres exigences d’un scénario ont été abordés dans l’atelier écriture. Ce qui a le plus ravi les dames, c’est le côté pratique et expérimentation qui alternait avec la théorie. Muni de son matériel, chaque animateur s’est donné la peine de démontrer techniquement ce qui s’est dit en cours. « Je trouve que c’est un atelier révolutionnaire. Ça nous permet d’entrer de plus en plus dans les méandres de la réalisation. C’est l’atelier que j’attendais. Du véritable « learning by doing » », se réjouit Patricia Mbita, jeune réalisatrice issue d’un centre de formation en audiovisuel. Pour Suzanne Ngo Enane, autodidacte, c’est plutôt une belle manière d’entrer dans le métier. « Cette formation me permet de savoir où mettre les pieds, je veux faire du cinéma mais je n’ai encore rien réalisé jusqu’ici », souligne la jeune femme.
Le bonus des ateliers Adamic, c’est le tournage d’un court de 26 minutes, tiré de l’un des scénarii proposés par les participantes. Décalage d’Agnès Djuimala raconte l’histoire d’une jeune fille qui maltraite sa mère sous les conseils manipulateurs d’un oncle habité par la vengeance. L’équipe très motivée a investi un quartier de la ville de Yaoundé pour réaliser, pendant trois jours, cette fiction à forte coloration de conflits familiaux et influences sociales. Les autres participantes seront accompagnées dans la réécriture de leurs projets. Créée en 2011, à la suite d’un atelier initié par le Goethe Institut, l’Adamic travaille sans relâche pour la professionnalisation des jeunes réalisatrices au Cameroun. Son leitmotiv : produire le plus possible les œuvres des femmes et… organiser un (mini) atelier en réalisation en mai 2015.
Pélagie Ng'onana
Africiné, Yaoundé
pour Images Francophones
Illustration : scène de formation de l'Adamic, décembre 2014
Crédit : Adamic
L’organisation de cet atelier, explique Élise Kameni, la présidente, est précisément motivée par « la volonté de voir les femmes faire de bons films, de défendre leur point de vue. Et surtout, leur donner l’occasion de se former et se recycler afin de professionnaliser le milieu cinématographique féminin ». L’association veut combattre cette désinvolture, qui fait croire à une bonne partie des jeunes réalisateurs, qu’ils peuvent se soustraire d’expliquer certains choix techniques. Oubliant que c’est l’auteur qui décide du choix final des éléments qui composent son film. Par conséquent, il devrait pouvoir donner une explication appropriée. La réalité en fait, c’est qu’ils sont nombreux à se lancer dans la réalisation presque sans notions théoriques ni pratiques.
Régulièrement sur le terrain, la présidente de l’Adamic est consciente de ce malaise. Elle décide en début décembre de lancer un appel à participations. « Nous avons reçu plusieurs candidates, finalement un comité de sélection a travaillé et a retenu huit participantes. Il fallait au préalable, avoir un sujet de film, avoir déjà travaillé sur un plateau et être là tous les jours de 9 heures à 18 heures », souligne Élise Kameni. Pour les formateurs, l’option porte sur des gens rompus à la tâche et ayant déjà un certain parcours dans le domaine. « Certains sont également nos partenaires de toujours, des gens qui n’ont jamais hésité à donner un coup de main aux femmes », précise l’organisatrice qui n’hésite pas à mentionner le soutien du Goethe Institut, la collaboration de Cinepress et l’association Mis me Binga, pour la réalisation de ce projet.
Trois ateliers principaux ont ainsi meublé cette formation chaleureusement accueillie par les participantes. L’Adamic a voulu consacrer plus de temps à l’écriture du scénario. La plupart des réalisateurs locaux écrivent eux-mêmes leurs histoires. Il s’avère donc judicieux de renforcer leurs connaissances, afin de maximiser les garanties d’une histoire intéressante. Première étape de la fabrication d’une œuvre cinématographique. Animée par Esthéline Fomat (membre de l’Adamic et scénariste de la série Le Refuge de Cyrille Masso), la jeune femme a néanmoins trouvé relativement courts, les six jours dégagés pour son atelier. Compte tenu de la montagne de connaissances à transmettre. Tout de même, « c’est déjà un grand plaisir pour moi de transmettre ce que je connais afin de permettre aux femmes d’améliorer leur écriture, mais il faut reconnaitre que les délais sont très courts », déclare-t-elle. Sa préoccupation rejoint celle de Bassek ba Kobhio qui ne croit pas aux formations de 10 ou 15 jours. Pour lui, tous ceux qui embrassent le métier du cinéma devraient savoir qu’il faut une formation intense. « L’à peu près » n’a donc pas sa place.
De quoi décourager tous ceux qui, comme l’Adamic, initient des minis formations sur les métiers du cinéma. « Les participantes quittent inévitablement avec un regard nouveau sur le travail qu’elles sont amenées à faire », optimise Esthéline Fomat. Pour certains, de petites formations associées, finissent par bien forger un aspirant en cinéma. Une logique pour laquelle roulent les animateurs de l’atelier organisé par l’Adamic.
Learning by doing
Dotés d’une volonté visible, Gérard Nguelé (réalisation) et Patrick Touko (éclairage) ont manifestement communiqué aux apprenantes leur entrain. Le degré de compréhension varie lui, selon les expériences accumulées sur le terrain ; ou des formations acquises auparavant. « Pour certaines, c’est la première fois qu’elles entendent des termes techniques », indique Esthéline Fomat. Patrick Touko, éclairagiste et membre de Cinepress, pense qu’« il faut des ateliers comme ça, pour leur permettre de prendre la mesure du sérieux de la chose. Et vous verrez qu’il y a un intérêt et une prise de conscience sur le fait que faire du cinéma c’est tout un investissement ».
Fiche du personnage, développement du personnage, psychologie et autres exigences d’un scénario ont été abordés dans l’atelier écriture. Ce qui a le plus ravi les dames, c’est le côté pratique et expérimentation qui alternait avec la théorie. Muni de son matériel, chaque animateur s’est donné la peine de démontrer techniquement ce qui s’est dit en cours. « Je trouve que c’est un atelier révolutionnaire. Ça nous permet d’entrer de plus en plus dans les méandres de la réalisation. C’est l’atelier que j’attendais. Du véritable « learning by doing » », se réjouit Patricia Mbita, jeune réalisatrice issue d’un centre de formation en audiovisuel. Pour Suzanne Ngo Enane, autodidacte, c’est plutôt une belle manière d’entrer dans le métier. « Cette formation me permet de savoir où mettre les pieds, je veux faire du cinéma mais je n’ai encore rien réalisé jusqu’ici », souligne la jeune femme.
Le bonus des ateliers Adamic, c’est le tournage d’un court de 26 minutes, tiré de l’un des scénarii proposés par les participantes. Décalage d’Agnès Djuimala raconte l’histoire d’une jeune fille qui maltraite sa mère sous les conseils manipulateurs d’un oncle habité par la vengeance. L’équipe très motivée a investi un quartier de la ville de Yaoundé pour réaliser, pendant trois jours, cette fiction à forte coloration de conflits familiaux et influences sociales. Les autres participantes seront accompagnées dans la réécriture de leurs projets. Créée en 2011, à la suite d’un atelier initié par le Goethe Institut, l’Adamic travaille sans relâche pour la professionnalisation des jeunes réalisatrices au Cameroun. Son leitmotiv : produire le plus possible les œuvres des femmes et… organiser un (mini) atelier en réalisation en mai 2015.
Pélagie Ng'onana
Africiné, Yaoundé
pour Images Francophones
Illustration : scène de formation de l'Adamic, décembre 2014
Crédit : Adamic