Trois questions à Gabrielle Béroff-Gallard, la responsable de La Fabrique Cinéma de l'Institut français
L’Organisation internationale de la Francophonie est partenaire de ce programme professionnel dont l’appel à projets est encore en cours, pour le prochain festival de Cannes 2019.
Si La Fabrique des Cinémas du Monde a changé de nom (La Fabrique Cinéma de l'Institut français, désormais), sa ligne éditoriale gagnante est la même. Ce programme de soutien à la coproduction pour les pays sud et émergents est destiné à favoriser l'émergence de la jeune création cinématographique des pays du Sud sur le marché international. Les réalisateurs sélectionnés– dix projets de 1er ou 2e long métrage chaque année- sont invités avec leur producteur pendant le Festival de Cannes. Ils sont entourés par des marraines et parrains reconnu.e.s : Juliette Binoche et Abderrahmane Sissako, à la première édition (en 2009), suivis de Sandrine Bonnaire et Rithy Panh (2010), par exemple. Raoul Peck était le parrain 2013.
Ce programme international a été utile à plusieurs grands films africains : La Belle et la Meute de Kaouther ben Hénia (représentant la Tunisie aux Oscars 2019), Yema (Ouardia avait deux enfants) de Djamila Sahraoui (Algérie), Morbayassa de Cheick Fantamady Camara (Guinée), Battement d'ailes dans les airs (Flapping in the middle of nowhere) de la réalisatrice vietnamienne Nguyen Hoang Diep, La sirène de Faso Fani par Michel K. Zongo (Burkina-Faso) et plus récemment The Mercy of the Jungle du Rwandais Joël Karekezi (ces six films ont bénéficié aussi du soutien du Fonds Image de la Francophonie) ou encore Rafiki de la Kenyane Wanuri Kahiu et 69 Messaha Square de l’Égyptienne Ayten Amin, pour ne citer que ceux-là.
La clôture des inscriptions à La Fabrique Cinéma de l'Institut français 2019 aura lieu dès réception du 120ème projet éligible et au plus tard début novembre 2018. Une information mise à jour chaque semaine sera disponible sur le site de la Fabrique concernant l'état des candidatures. Il n'y a pas de frais d'inscription. POUR DÉPOSER UN PROJET, remplir le formulaire (en ligne) (cliquez sur le lien).
Conçu en relation étroite avec le Festival de Cannes et le Marché du Film, La Fabrique Cinéma de l'Institut français est organisé par l’Institut français, en partenariat avec l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF), France Médias Monde et un nouveau partenaire depuis peu, dont nous parle Gabrielle Béroff-Gallard, responsable du programme cannois. ENTRETIEN.
Pourquoi le changement de nom ?
Il y a 2 raisons au changement de nom de La Fabrique. Tout d’abord, il était important de lever la confusion entre le fonds d’Aide aux cinémas du monde que l’Institut français co-gère avec le CNC. La Fabrique des Cinémas du Monde était régulièrement confondue avec le fonds alors que c’est un programme d’accompagnement professionnel et pas une aide financière au développement ou à la production.
Par ailleurs, il nous semblait important de rappeler que La Fabrique est un programme qui a été créé et développé par l’Institut français sur le pavillon Les Cinémas du Monde. Il fallait remettre l’Institut français au cœur de ce dispositif et rappeler que nous portons La Fabrique depuis le début. Nos partenaires historiques, que sont l’Organisation Internationale de La Francophonie et France Médias Monde, et notre nouveau partenaire la Sacem, ont très bien compris notre démarche et ont approuvé le nouveau nom La Fabrique Cinéma de l’Institut français. Le programme n’a pas changé d’objectif pour autant, nous soutenons toujours les cinémas du Sud et des pays émergents.
Sur quels critères se fait le choix des projets finalement retenus (et des parrains/marraines) ?
Nous essayons de sélectionner des projets en développement qui sont à un stade, à la fois suffisamment avancé pour le marché cannois dans lequel se déroule le programme de La Fabrique, et qui, par ailleurs, sont toujours en recherche de coproducteurs ou de partenaires financiers. Parallèlement au stade de développement du projet lui-même, nous sommes très attentifs au profil des porteurs de projets. Nous essayons de repérer et d’aider des cinéastes au talent prometteur et des producteurs qui soutiennent un cinéma indépendant, novateur et courageux. La Fabrique est un programme d’accompagnement, c’est pourquoi la notion de groupe est primordiale. Chaque année, les relations professionnelles qui se créent et se développent entre les participants sont très importantes et permettent de constituer un véritable réseau.
Les parrains ou marraines de La Fabrique, réalisateurs/trices et acteurs/actrices, ont toujours eu une stature cannoise car le Festival de Cannes, avec qui nous travaillons en étroite collaboration, est très attentif à ce programme. Depuis quelques années, nous avons spécifiquement sollicité des réalisateurs/trices dont les films ont été sélectionnés à Cannes car ils font bénéficier de leur expérience les participants de La Fabrique à travers 3 jours d’échanges et de travail. Nous essayons de choisir des cinéastes qui ont, à travers leur parcours, montré une attention particulière pour les cinémas des pays Sud et émergents ou qui en sont issus.
Quels sont les principaux défauts des projets qui ne sont pas retenus ?
Les projets que nous estimons être trop en amont dans leur développement ne sont pas retenus car il peut y avoir un effet contre-productif à vouloir exposer un projet qui n’est pas prêt ou à inviter des réalisateurs et producteurs trop juniors à Cannes. De même, les films qui sont déjà entièrement financés ou très bien accompagnés par des producteurs et coproducteurs expérimentés n’ont pas besoin de La Fabrique. Nous avons donc à cœur de choisir des projets et des réalisateurs et producteurs qui vont pouvoir tirer parti au maximum de cette expérience cannoise et de notre programme. Ce sont 10 jours très intenses mais nous espérons que La Fabrique agit comme un accélérateur de projets !
Propos recueillis par Thierno I. Dia
correspondant Africiné Magazine, Bordeaux
pour Images Francophones
Image : Gabrielle Béroff-Gallard, Responsable du programme La Fabrique Cinéma de l'Institut français
Crédit : DR