Production : l'Adamic dévoile ses premières œuvres
Entre production et marketing, l'Association des Dames de l'Image du Cameroun veut capitaliser ses films.
Après leur dernier atelier tenu du 05 au 07 mars 2014 à Yaoundé, l'Association des dames de l'image du Cameroun (Adamic) se permet un bilan. Pendant la 5ème édition du Festival International de Films de Femmes "Mis Me Binga", les membres de l'Adamic ont suivi une formation sur le " cinéma et le marketing en ligne ". Les dames étaient tout aussi motivées à l'idée de suivre cet atelier, qu'elles sont à la recherche d'espaces pour la vente de leurs produits. Organisé par l'Institut Goethe Cameroun, partenaire de la première heure, l'atelier visait à permettre aux femmes de capitaliser leurs productions et de trouver pour leurs projets, partenaires et soutiens via Internet. " Nous attendons des femmes qu'elles comprennent le rôle qu'Internet peut jouer dans l'évolution de leur carrière. C'est un outil qu'elles doivent s'approprier ", souhaite Élise Kameni, présidente de l'Adamic.
Le Nigérian Fua Tse, un des experts techniques du projet " Mokolo " (portail dédié aux cinémas africains, initié en 2010 à Yaoundé, avec le concours du Goethe Institut) était le principal animateur de cette rencontre. " Il a été question au départ de définir les concepts : communication, marketing et numérique. Leur montrer la manière dont Internet peut être utilisé et les coûts qui vont avec. L'idée est de partir sur la base de leurs projets et construire au final, un site Internet qui nous servira de portail sur le monde", ajoute Évodie Ngueyeli, membre de l'Adamic et déléguée générale de Mis Me Binga.
Ce séminaire sur le marketing en ligne entre dans le programme " Quand l'idée devient un film ", impulsée depuis la première édition du festival. Les dames ont débuté avec l'atelier intitulé " Écriture d'un film documentaire ", ensuite c'était " Comment produire à petit budget " ; et l'année dernière, l'enseignement a porté sur la " Distribution des produits cinématographiques ".
Des idées se sont donc transformées en films pour certaines membres de l'Adamic. Depuis sa création en 2011, elles ne se sont pas tournées les pouces, se félicite la présidente, Élise Kameni. Avec un matériel (image et son) à leur disposition, des longs - mais surtout courts métrages - sont en tournage, en postproduction ou prêts à être diffuser.
" Nous avons pris l'engagement de faire une série de films courts, en captant des scènes de vie quotidiennes. Cela nous permet d'être en activité et de tourner sans beaucoup de difficultés. Ce qui est également encourageant, c'est que même les membres qui sont partis à l'étranger ne lâchent pas le groupe, elles reviennent tourner ici ", explique Élise Kameni, présidente de l'association. Permettre aux dames de tourner au maximum, telle est la trame de cette plateforme qui compte aujourd'hui une quinzaine de membres.
Agnès Yougang par exemple, peaufine le bouclage de cinq courts (Le Voeu, 12 minutes ; La Faille, Fais ton choix, Tu ne mourras pas, Le Secret, tous de 5 minutes). " Mes films parlent de l'infidélité, du secret que chacun peut avoir, de l'émigration clandestine, du couple, de la destruction de l'Afrique. Mais ce qui m'importait le plus c'était de faire des courts métrages qui soient forts en suspens et surtout faisables en peu de temps, puisqu'il fallait supporter les coûts ", indique-t-elle.
Évodie Ngueyeli, est en plein montage de son documentaire dont le titre n'est pas encore trouvé. Elle a suivi un trio de jeunes bédéistes, lors du dernier festival de bandes dessinées (Mboa BD festival) à Yaoundé. La jeune réalisatrice se réjouit du fait que les dames soient actuellement plus en activité. " Les choses ont un peu trainées dès le début, avec les paperasses. Il fallait aussi débattre sur les statuts, les contributions des membres, mais nous avons constaté à un moment donné qu'en essayant de nous mettre toutes d'accord sur les questions d'argent, on s'égarait de notre principal objectif ", relate-t-elle.
Volonté
Les femmes s'accordent aussi sur le fait qu'il faut profiter au maximum du matériel tant qu'il est encore disponible. " Nous ne l'aurons pas éternellement. L'Institut Goethe a signé un partenariat avec l'université de Yaoundé I, d'ici quelques temps, le matériel sera alloué aux étudiants en cinéma pour leurs projets ", informe Élise Kameni. Cette dernière assure la finition de son documentaire de 52 minutes, intitulé Les Chasseuses de l'aube. Sa caméra et elle ont couru derrière des femmes vendeuses de vivres, qui passent des nuits à la belle étoile pour se procurer la marchandise en provenance des régions enclavées.
Elle fignole aussi deux autres films. Shouyi (Fais-le voir), qui se résume en 12 épisodes de 3 minutes chacun, est déjà bouclé. Également sur le banc de montage, il y a Bagando, documentaire de 15 minutes suivant l'itinéraire d'un enfant de la rue reconverti.
Sorti aussi de l'écurie Adamic, Sona Baka est un documentaire réalisé par Julie Nlend. Le film se penche sur les divers abus auxquelles les pygmées de la région de l'Est Cameroun font face. " L'apport de l'Institut Goethe a été incommensurable, reconnait-t-elle. En dehors du matériel, ils m'ont donné une de 50 000 Fcfa pour assurer le déplacement ". Dans son package de courts métrages, elle n'a produit qu'un seul (Le Proviseur, fiction de 6 minutes) sur les six scénarii rédigés. " Je travaille également sur un autre court, " La route ". Ce n'est pas facile la postproduction. Parfois c'est au niveau du montage qu'on est bloqué. On essaye vraiment de faire ce qu'on peut ", prévient-elle. Francine Kemegni, autre membre du groupe récemment installée au Canada, prépare actuellement le tournage de sa série pour début mai, au Cameroun.
L'association envisage se rapprocher des chaînes de télévisions susceptibles d'acheter leurs productions. " Mais, il faudrait que les femmes soient d'accord. Parce que certaines disent ne pas vouloir céder leurs films au rabais. Je pense qu'elles oublient qu'il faut d'abord commencer quelque part, les gens doivent être convaincus de ce que vous faites ", rappelle la présidente, Élise Kameni. Entre temps, les réalisatrices soumettent leurs films au public à travers des festivals locaux et étranger, notamment Mis Me Binga qui est une vitrine acquise. Elles travaillent également pour une position plus ouverte avec des partenariats à l'international. Bien que timide, la visibilité sur les réseaux sociaux se creuse.
Ce n'est pas du jour au lendemain que les choses vont se tisser, elles en sont conscientes. " Le cinéma c'est comme notre culture, beaucoup l'aiment mais tout est fait pour qu'elle n'avance pas ", fait remarquer Julie Nlend. Mais ce n'est pas ça qui fera baisser les bras à nos braves dames. Car, l'engagement et la persévérance elles en ont à volonté. Il faut juste renforcer la synergie pour être plus fortes. Sans surtout perdre de vue, soulignent-elles, que le cinéma est un métier où la patience est de rigueur.
Pélagie Ng'onana
Africiné, Yaoundé
Photo : Tournage du film Shouyi (Fais-le voir) réalisé par Élise Kameni
Crédit : Adamic
Le Nigérian Fua Tse, un des experts techniques du projet " Mokolo " (portail dédié aux cinémas africains, initié en 2010 à Yaoundé, avec le concours du Goethe Institut) était le principal animateur de cette rencontre. " Il a été question au départ de définir les concepts : communication, marketing et numérique. Leur montrer la manière dont Internet peut être utilisé et les coûts qui vont avec. L'idée est de partir sur la base de leurs projets et construire au final, un site Internet qui nous servira de portail sur le monde", ajoute Évodie Ngueyeli, membre de l'Adamic et déléguée générale de Mis Me Binga.
Ce séminaire sur le marketing en ligne entre dans le programme " Quand l'idée devient un film ", impulsée depuis la première édition du festival. Les dames ont débuté avec l'atelier intitulé " Écriture d'un film documentaire ", ensuite c'était " Comment produire à petit budget " ; et l'année dernière, l'enseignement a porté sur la " Distribution des produits cinématographiques ".
Des idées se sont donc transformées en films pour certaines membres de l'Adamic. Depuis sa création en 2011, elles ne se sont pas tournées les pouces, se félicite la présidente, Élise Kameni. Avec un matériel (image et son) à leur disposition, des longs - mais surtout courts métrages - sont en tournage, en postproduction ou prêts à être diffuser.
" Nous avons pris l'engagement de faire une série de films courts, en captant des scènes de vie quotidiennes. Cela nous permet d'être en activité et de tourner sans beaucoup de difficultés. Ce qui est également encourageant, c'est que même les membres qui sont partis à l'étranger ne lâchent pas le groupe, elles reviennent tourner ici ", explique Élise Kameni, présidente de l'association. Permettre aux dames de tourner au maximum, telle est la trame de cette plateforme qui compte aujourd'hui une quinzaine de membres.
Agnès Yougang par exemple, peaufine le bouclage de cinq courts (Le Voeu, 12 minutes ; La Faille, Fais ton choix, Tu ne mourras pas, Le Secret, tous de 5 minutes). " Mes films parlent de l'infidélité, du secret que chacun peut avoir, de l'émigration clandestine, du couple, de la destruction de l'Afrique. Mais ce qui m'importait le plus c'était de faire des courts métrages qui soient forts en suspens et surtout faisables en peu de temps, puisqu'il fallait supporter les coûts ", indique-t-elle.
Évodie Ngueyeli, est en plein montage de son documentaire dont le titre n'est pas encore trouvé. Elle a suivi un trio de jeunes bédéistes, lors du dernier festival de bandes dessinées (Mboa BD festival) à Yaoundé. La jeune réalisatrice se réjouit du fait que les dames soient actuellement plus en activité. " Les choses ont un peu trainées dès le début, avec les paperasses. Il fallait aussi débattre sur les statuts, les contributions des membres, mais nous avons constaté à un moment donné qu'en essayant de nous mettre toutes d'accord sur les questions d'argent, on s'égarait de notre principal objectif ", relate-t-elle.
Volonté
Les femmes s'accordent aussi sur le fait qu'il faut profiter au maximum du matériel tant qu'il est encore disponible. " Nous ne l'aurons pas éternellement. L'Institut Goethe a signé un partenariat avec l'université de Yaoundé I, d'ici quelques temps, le matériel sera alloué aux étudiants en cinéma pour leurs projets ", informe Élise Kameni. Cette dernière assure la finition de son documentaire de 52 minutes, intitulé Les Chasseuses de l'aube. Sa caméra et elle ont couru derrière des femmes vendeuses de vivres, qui passent des nuits à la belle étoile pour se procurer la marchandise en provenance des régions enclavées.
Elle fignole aussi deux autres films. Shouyi (Fais-le voir), qui se résume en 12 épisodes de 3 minutes chacun, est déjà bouclé. Également sur le banc de montage, il y a Bagando, documentaire de 15 minutes suivant l'itinéraire d'un enfant de la rue reconverti.
Sorti aussi de l'écurie Adamic, Sona Baka est un documentaire réalisé par Julie Nlend. Le film se penche sur les divers abus auxquelles les pygmées de la région de l'Est Cameroun font face. " L'apport de l'Institut Goethe a été incommensurable, reconnait-t-elle. En dehors du matériel, ils m'ont donné une de 50 000 Fcfa pour assurer le déplacement ". Dans son package de courts métrages, elle n'a produit qu'un seul (Le Proviseur, fiction de 6 minutes) sur les six scénarii rédigés. " Je travaille également sur un autre court, " La route ". Ce n'est pas facile la postproduction. Parfois c'est au niveau du montage qu'on est bloqué. On essaye vraiment de faire ce qu'on peut ", prévient-elle. Francine Kemegni, autre membre du groupe récemment installée au Canada, prépare actuellement le tournage de sa série pour début mai, au Cameroun.
L'association envisage se rapprocher des chaînes de télévisions susceptibles d'acheter leurs productions. " Mais, il faudrait que les femmes soient d'accord. Parce que certaines disent ne pas vouloir céder leurs films au rabais. Je pense qu'elles oublient qu'il faut d'abord commencer quelque part, les gens doivent être convaincus de ce que vous faites ", rappelle la présidente, Élise Kameni. Entre temps, les réalisatrices soumettent leurs films au public à travers des festivals locaux et étranger, notamment Mis Me Binga qui est une vitrine acquise. Elles travaillent également pour une position plus ouverte avec des partenariats à l'international. Bien que timide, la visibilité sur les réseaux sociaux se creuse.
Ce n'est pas du jour au lendemain que les choses vont se tisser, elles en sont conscientes. " Le cinéma c'est comme notre culture, beaucoup l'aiment mais tout est fait pour qu'elle n'avance pas ", fait remarquer Julie Nlend. Mais ce n'est pas ça qui fera baisser les bras à nos braves dames. Car, l'engagement et la persévérance elles en ont à volonté. Il faut juste renforcer la synergie pour être plus fortes. Sans surtout perdre de vue, soulignent-elles, que le cinéma est un métier où la patience est de rigueur.
Pélagie Ng'onana
Africiné, Yaoundé
Photo : Tournage du film Shouyi (Fais-le voir) réalisé par Élise Kameni
Crédit : Adamic