Ouverture d'un complexe cinématographique à Dakar
D'un coût de trois milliards de francs FCA, baptisé Ousmane Sembène, il est situé à Soumbédioune, disposant de trois salles équipées en 3D et même en 5D. Entretien avec le Directeur du Complexe, monsieur Abdoulaye Fall.
De toutes les plages de Dakar, celle de Soumbédioune est la plus connue dans le monde. Rares sont les reportages ou documentaires sur la capitale sénégalaise sans un détour sur ce lieu où les pirogues débarquent leur pêche et où il est possible d'acheter du poisson encore frétillant. Ainsi, un des personnages du film Retour à Gorée (avec Youssou Ndour, par Yves Borgeaud) vient y faire son marché ou encore l'émission maritime Thalassa y fait toujours escale. Sur la droite de la plage des pêcheurs de Soumbédioune se dresse un grand bâtiment blanc que l'on voit dans Borom Sarret de Sembène Ousmane (1963), quand le charretier se laisse convaincre d'aller au centre-ville. Haut lieu de la Culture (le Musée Dynamique a accueilli une exposition de Picasso entre autres) ce musée d'art moderne est devenu un tribunal : la Cour Suprême du Sénégal. Loti derrière les mers blancs, un parc d'attraction, le Magic Land, s'est installé il y a douze ans. Outre des manèges, une piscine et un hotel, le Magic Land ajoute désormais à ses infrastructures un complexe de salles de cinéma baptisé Sembène Ousmane, l'écrivain et cinéaste mondialement connu. Il est prévu l'ouverture d'autres salles dans certaines villes du Sénégal comme Saint-Louis, l'ancienne capitale. Donc, à l'instar de Berni Goldblat au Burkina Faso (salle Ciné Guimbi, Bobo Dioulasso) ou les salles FilmOne du Nigeria, des investisseurs privés africains s'engagent à nouveau dans la consolidation ou la reconstruction du secteur de l'exploitation cinéma sur le continent. Youssef Saleh, le promoteur, est le prorpiétaire de la chaîne de restaurants "La Gondole" et du Magic Land, un parc d'attraction.
Lors de la pré-inauguration en décembre par Abdou Latif Coulibaly, Ministre de la Culture, Abdoulaye Fall qui est le Directeur Général du complexe nous a accordé un entretien (avec la complicité de l'unniversitaire Maguèye Kassé, grand spécialiste de l'œuvre de Sembène Ousmane) que nous publions maintenant que l'inauguration officielle s'est faite ce 31 mars 2018. Entretien.
Là on est devant la salle Mambéty. Elle fait combien de places, Colonel Fall ?
Elle fait 400 places. 350 au rez-de-chaussée et 50 au balcon
Et le Complexe Sembène, c'est composé de quoi ?
Le Complexe Sembène est composé de trois salles de cinéma. Deux salles qui peuvent projeter les films en 3D et une salle de 50 places de 5D exceptionnellement pour les enfants. Il y a également, en sous-sol une salle d'animation, pour ne pas dire une salle de night-club etc… où on peut faire du karaoké, un peu de présence musicale ou meême des danseurs. C'est une salle multiforme qui peut passer pour des mariages ou des anniversaires. Au 1er étage, on a une salle de jeu, où il a des salles de billars, ce qui est un peu exceptionnel au Sénégal, des babyfoots, des clippers, etc.
Quand va démarrer les projections ?
Nous attendons le retour de monsieur le Président de la république. C'est pourquoi nous avons invité le Ministre de la Culture à une visite pré-inaugurale, pour voir, comme il est proche de lui de lui rendre compte de tout ce qu'il a vu. Et selon son agenda, il va fixer une date pour une inauguration [elle a eu lieu finalemet le 31 mars 2018, ndlr].
Est-ce que vous avez une idée de la programmation ? C'est une salle Sembène Ousmane. Il y aurait du cinéma local, étranger aussi ?
Voilà. On a prévu tous les genres de films, sauf les films interdits, il n'y a pas lieu de le préciser. Donc tous les films d'actualité, aussi bien étrangers que locaux, africains, sénégalais ou autres, pour que tout le monde puisse avoir réponse à ses goûts.
Combien a coûté la construction de ce complexe ?
Environ 3 millards [environ 4,5 millions d'euros]. On n'a pas le chiffre précis, mais c'est dans les environs.
Et qui est le promoteur ?
C'est Monsieur Youssef Saleh, le PDG du Groupe Saleh.
Et vous, quel est votre parcours ?
Je suis Directeur Général de Magic Land. Je suis colonel de Gendarmerie à la retraite. J'ai été Commandant de la Région Ouest et j'ai fini Chef de Cabinet du Haut-Commandant de la Gendarmerie Nationale.
Pourquoi avoir choisi de construire le Complexe ici, derrière la Cour Suprême, à côté du Magic Land ? Est-ce qu'il y a une signification particulière pour l'endroit ?
Pour l'endroit, d'abord vous savez que l'on est à l'étroit à Dakar ; il y a presque plus de places libres. Et ici, à l'époque, c'était en 2002, il y avait cet espace qui était libre. Comme c'est en front de mer, en bord de mer, on avait pensé à faire ce parc. On dispose aussi d'un hôtel [Le terrou bi, ndlr] (beaucoup de gens ne le savent pas), c'est un hôtel de plus de 80 chambres. Ona fait le Complexe du Magic Land, avec un parc à manèges, des terrains de jeux, un terrain de cirque, un chapiteau de mariage, des terrains de footbal, de basket et la plus grande piscine d'Afrique de l'Ouest, L'Aqualand, se trouve aussi ici. C'est après qu'on a simplement pensé à enlever le chapiteau qui était là [ où se dresse désormais le complexe cinématographique, ndlr] où jouaient les jeunes Pi & Ji que vous connaissez peut-être…
Pardon, c'est qui les P N J ?
Ce sont des jumeaux qui travaillent aussi à la télé et à la radio, ils font aussi de l'animation. Ils venaient faire leurs soirées dansantes ici. On a enlevé ce chapiteau qu'ils utilisaient pour construire le complexe cinématographique.
Propos recueillis par
Adama Djitome Diatta, Fatou Kiné Sène et Thierno I. Dia
Africiné Magazine, Dakar
pour Images Francophones
Image : Abdoulaye Fall, directeur du Complexe (en costume cravate) et Maguèye Kassé, universitaire et spécialiste de Sembène
Crédit : Thierno I. Dia, pour Africiné Magazine