Otsobogo, Chartrand, Adeeb sont sélectionnés à Cannes (FIFP)
Parmi les évènements : Gala d'ouverture par Déborah Bellevy (Voix et Piano), hommage à Momar Gueye, Concerts d'Amadou & Mariam, Mamady Diabaté & Le Vibration Mandingue.
Se déroulant à Cannes (Espace Miramar, MJC Picaud et Novotel Montfleury), le Festival International du Film PanAfricain entend marquer son bel anniversaire. Sa 10ème édition est fidèle à sa vocation première : fait la part belle au cinéma indépendant, avec des films issus des 5 continents.
La Canadienne Martine Chartrand est à l'honneur avec deux films d'animation. D'abord son fameux BLACK SOUL (Âme Noire) (2000, 9min) et son tout récent MACPHERSON (2012, 10'52) qui raconte le lien d'amitié tissé au Québec, vers 1933, entre le célèbre poète Félix Leclerc et Frank Randolph Macpherson, un ingénieur-chimiste jamaïcain. Le travail de mémoire Le festival programme plusieurs films sur la problématique du souvenir. Nous en soulignerons juste trois. Le premier parle de la mémoire des corps, à travers un sculpteur de Mbigou (une pierre incroyable de finesse spécifique au Gabon). L'inspiration de l'artiste s'amuse, perdue au pied de la Tour Eiffel (Paris), claquemurée en noir et blanc. Le silence de son atelier n'étant pas assez fort pour faire taire les sourds halètements du passé. Quand ELLE tombe le pagne, l'inspiration monte enfin, drue et vertigineuse comme la petite mort. L'actrice centrafricaine Prudence Maïdou [photo], en quelques secondes muettes, éclabousse l'écran de son incandescence. Son prochain film où elle joue le rôle principal sort bientôt : Dakar Trottoirs, le 2ème long métrage d'Hubert Laba Ndao, Sénégal, financé par le Fonds francophone. Quant à Laurent Owondo (le sculpteur, universitaire et homme de théâtre consacré), il rend avec justesse l'émoi de la recherche d'un corps familier et évanescent. Avec DIALEMI (Elle s'amuse), Nadine Otsobogo signe un très beau film (son second court métrage de fiction) qui annihile les frontières. Lauréat du Poulain de Bronze au Fespaco 2013, coproduit par l'IGIS (Imunga Ivanga) et Djobusy (Nadine Otsobogo) financé par le Fonds francophone, le film est soutenu par Africiné, le plus grand site au monde consacré aux Cinémas africains et de la Diaspora. Le Gabon est dans la place !
DIALEMI Extrait from Djobusy Productions on Vimeo.
Autre court métrage africain : 5 Pounds de l'Égyptien Mohamed Adeeb. Cette fiction traite du tréfonds de l'amour filial quand une mère voit la maladie d'Alzheimer se glisser malencontreusement dans sa liste de courses. Les proches deviennent alors des ombres voire des ennemis. La mémoire du cœur n'étant pas un spectacle, Mohamed Adeeb fait sortir ses spectateurs de la rue pour les plonger dans la torpeur du clair-obscur, là où la solitude des quatre murs fait facilement régner sa loi.
Quant au documentaire Le Clown Chocolat de Samia Chala et Thierry Leclère (France), c'est une évocation à la fois poétique, ludique et historique de la vie tragique du clown Chocolat, artiste noir de cirque dans le Paris des années 1900, et premier acteur noir dans un rôle-titre sur une scène française, en 1911.
Des Premières et la Révolution
La révolution en Tunisie tient aussi une large place. Également au programme, la comédie Jeux de couple de Maxwell A. Cadevall où se mêlent malentendus, ruptures, réconciliations et amitiés en un jeu où la séduction tient un rôle important, dans une ville comme Paris avec ses avantages et ses inconvénients.
Signalons Ninah's dowry (La dot de Ninah) long métrage réalisé par Victor Viyuoh (Cameroun), dont c'est la Première Européenne. Inspiré de faits réels, le film raconte l'histoire de Ninah, excellente étudiante, qui est forcée d'abandonner ses études pour se marier. D'autres films sont aussi en Première au Festival International du Film Panafricain de Cannes.
Thierno I. DIA,
Images Francophones
Photo : L'actrice Prudence Maïdou
Crédit : Alain Paris