Oscars, César : graines de diversité ?
Hollywood n’avait jamais couronné un film non anglo-saxon. La France n’avait jamais « césarisé » un acteur noir…
Le vent de la diversité aurait-il bousculé les deux plus grandes nations (historiquement parlant) du cinéma mondial ? Omar Sy est devenu le premier acteur noir jamais « césarisé » en France. Jean Dujardin, le premier acteur français récompensé à los Angeles. Et, pour la première fois depuis 83 ans, Hollywood a osé couronner un film extérieur au monde anglo-saxon (certes, si l’on ne parle pas anglais, il faut être muet comme « The Artist », observeront les sceptiques mais ne boudons quand même pas notre plaisir !). Enfin, l’oscar du meilleur film en langue étrangère est allé à un film iranien ; c’est la première fois qu’un pays appartenant au monde musulman obtient cette récompense qui, de 1948 à 2000 a toujours été décernée à des films d’Europe ou du continent américain (il a fallu attendre 2001 pour que soit retenu un film asiatique, puis 2006, pour que « Tsotsi » devienne le premier film africain récompensé). En France, le succès exceptionnel du film « Une séparation » d’Asghar Farhadi (près d’un million d’entrées en salles) a montré que le public était plus curieux ou plus audacieux que ne le pensent généralement les « professionnels de la profession » (ainsi nommés par Jean-Luc Godard). C’est ce même public qui a plébiscité Omar Sy au point de faire du film « Intouchables » le deuxième plus grand succès de l’histoire du cinéma français. Ce succès populaire a précédé la reconnaissance par la critique et les professionnels.
Toutes ces surprises et ces premières fois sont de bon augure. Puissent-elles être les signes avant-coureurs d’une période de plus grande ouverture et, en particulier d’une ouverture accrue des marchés du Nord aux films du Sud.
Pierre Barrot