Nofinofy de Michaël Andrianaly primé au festival cinéma du réel à Paris
Le jury composé de Corinne Castel, Michel Likpes, Claire Simon et Béatrice Thiriet attribue le prix de l'Institut français à Nofinofy
Depuis 1979, le festival Cinéma du Réel mêle documentaire, essai et expérimentation dans des sélections qui reflètent la diversité des genres et des formes d'approche cinématographiques du monde. C'est l'un des rares festivals de cinéma documentaire qui mettent l'accent sur le patrimoine et la mémoire du genre, tout en les faisant dialoguer avec la création contemporaine. Pour son édition de cette année, le jury longs-métrages a attribué deux prix (le prix de l'Institut français-Louis Marcorelles et le prix Loridan-Ivens - CNAP) à Nofinofy, un documentaire portrait soutenu par l'OIF qui s'interesse à un jeune coiffeur de Tamatave à Madagascar.
"Coiffeur, c'est un des plus beaux métiers : tu touches la tête d'un autre être humain." C'est par ces mots que Olivia Cooper-Hadjian décrit le documentaire de 72 minutes (Madagascar/France) produit par Sylvie Plunian (Les Films de la pluie) et Michaël Andrianaly (Imasoa Film). En touchant chaque fois à la tête d'un autre être humain pour gagner sa vie, Roméo semble en extraire aussi des peurs, des colères, et ces rêves qui donnent leur titre au film. Huis-clos itinérant, Nofinofy suit cet artisan qui cherche à trouver enfin un lieu digne où exercer son art, et se déplace en attendant, d'un quartier de Tamatave à un autre, de cabane en cabane. Ce qui ne change pas, au fil des mois, c'est que le salon de coiffure de Roméo reste un lieu de vie où des hommes (principalement) se retrouvent, boivent un verre, se racontent des blagues ou discutent très sérieusement de l'avenir de Madagascar. Car le dehors pénètre ce cocon, à travers les discours d'hommes politiques entendus à la radio, que les clients décortiquent en se demandant pourquoi ils se laissent piétiner.
La précarité géographique du salon de coiffure reflète celle de ces êtres qui se demandent comment se situer dans une société corrompue et injuste, où travailler ne suffit pas à gagner sa vie. Les spectres des addictions et de la délinquance hantent le film, menaçant de faire basculer des situations déjà fragiles. Au détour d'une conversation avec son jeune fils, témoin de la violence ambiante, on apprend que Roméo a lui-même connu la prison. Au fil du temps, le cinéaste se laisse un peu découvrir lui aussi, s'immisce discrètement dans le cadre pour offrir sa tête à Roméo, et rendre à son ami un peu de l'écoute et de l'attention que celui-ci offre quotidiennement à ses clients.
A Propos du réalisateur
Michaël Andrianaly est né en 1978. Il est réalisateur, monteur et photographe et vit à Tamatave, Madagascar. Après des études universitaires en commerce international et en gestion des entreprises, il s'est orienté ces dernières années vers le montage vidéo. Il a réalisé en 2013 son premier film documentaire, Todisoa et les pierres noires. Il a participé en mai 2014 à la formation de producteurs de films documentaires de création organisée à Tamatave par l'association Docmonde et a créé sa propre société de production, Imasoa Film.
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Crédit Image : Capture d'écran Youtube