Moussa Sène Absa tourne "C'est la vie !"
"C'est la vie" est une série télévisée panafricaine créée au Sénégal. Avec Marguerite Abouet à l'écriture et Emil Abossolo Mbo à la direction d'acteurs.
Le tournage de l’épisode pilote a débuté le 15 décembre à Dakar. La série met en scène un centre de santé à Ratanga, quartier populaire imaginaire où les sages-femmes ne sont pas toujours sages...
« C’est la vie » est un projet atypique. À l’origine, on trouve une ONG spécialisée dans la sensibilisation du public sur les questions de santé : le Réseau africain pour l’éducation, la santé et la citoyenneté (RAES). Cette association produit depuis plusieurs années des feuilletons radiophoniques en s’appuyant sur une méthode mise au point par le Mexicain Miguel Sabido. Il s’agit d’utiliser la fiction, pour susciter des changements de comportements. Les auditeurs ou les téléspectateurs s’identifient à des personnages dont l’évolution, au fil des épisodes, favorise une prise de conscience. La méthode Sabido permet d’avertir en divertissant. Pas de slogans pesants, pas de sermons mais des histoires qui donnent à réfléchir et des personnages qui vous entraînent dans leur sillage.
Le centre de santé de Ratanga concentre tous les ingrédients de la vie d’un quartier populaire africain : débrouille, magouilles, jalousies ou solidarité, amour et disputes. Mais les personnages principaux étant des sages-femmes, il y est aussi question de femmes mortes en couches, de viol et de violences conjugales. Pour autant, la série ne tombe jamais dans le mélodrame. On reste toujours « entre rire et larmes (…) C’est à la fois un drame et une comédie. C’est comme la vie » résume Hélène Bararuzunza, l’une des scénaristes.
«C’est la vie » est un projet qui n’a cessé de viser plus haut à chaque étape de son développement. Au départ, un coup de pouce de l’attaché audiovisuel de l’Ambassade de France à Dakar, qui permet d’aboutir à un premier pilote, imparfait mais utile pour mobiliser de nouveaux partenaires. Puis l’engagement de Canal France International et l’aide à la production du Fonds francophone (OIF / CIRTEF) rassurent les bailleurs de fonds intervenant sur le secteur de la santé maternelle et infantile (Fonds français MUSKOKA du Ministère des Affaires Etrangères versé à travers les agences des Nations Unies UNFPA/OMS et ONU Femmes).
En août 2013, un atelier d’écriture est organisé à Dakar, sous la conduite de Marguerite Abouet qu’Alexandre Rideau, le responsable de l’ONG RAES, a réussi à mobiliser, quelques semaines après la sortie de son film. L’auteure d’« Aya de Yopougon » accepte de s’initier à la méthode Sabido avant de superviser le travail d’une équipe de scénaristes. Les auteurs sénégalais – Christian Charles Sow, Mbarick Diagne, Fatoumata Keita et Daour Wade – sont rejoints par une jeune scénariste franco-burundaise sollicitée par Marguerite Abouet : Hélène Bararuzunza [1].
En octobre, Alexandre Rideau convainc Moussa Sène Absa de s’impliquer dans le projet. L’auteur de « Madame Brouette » témoigne de sa motivation dans la vidéo jointe à cet article : « Je vais faire en sorte que les personnages soient vraiment là : des moments forts, beaucoup de gros plans ; je vais m’attacher aux visages, aux corps, au son ».
Entre temps, Marguerite Abouet a présenté à Alexandre Rideau (producteur) Emil Abossolo Mbo qui prendra en charge la direction d’acteurs. Pour lui, « une aventure comme celle-là, basée en Afrique, menée par des gens de différentes origines, est extrêmement importante car elle permet à de jeunes Africains de se raconter de l’intérieur, de parler au monde de leur point de vue. »
L’équipe de premier choix constituée par Alexandre Rideau comprend également l’ingénieur du son Alioune Mbow (22 longs-métrages au compteur, dont trois grands prix du FESPACO) et Nasr Djépa, directeur-photo, diplômé de la FEMIS. Djepa est né à Dakar et y a tourné « L’appel des arènes » [réalisé par Cheikh A. Ndiaye et soutenu par le Fonds francophone, ndlr], en 2005.
On ne peut pas conclure sur ce beau projet sans citer les comédiens : Ibrahima Mbaye (déjà vu dans « Dakar Trottoirs » et « L’appel des arènes »), Awa Mbaye (qui a tourné avec Djibril Diop Mambéty et Sembène Ousmane), Aminata Mbaye, mais aussi de jeunes talents comme Awa Djiga-Kane, Christiane Dumont, Moona Yanni (jeune chanteuse-slameuse sénégalo-togolaise, également animatrice à la télévision sénégalaise), Adja Fatou Diallo, Christelle Mbaya.
Longue vie à « C’est la vie ».
Pierre Barrot
Photo : Le réalisateur Moussa Sène Absa, sur le plateau (le Chef Opérateur Nasr Djépa en arrière-plan).
Crédit : Tidiane Thiang.
[1] Diplômée du conservatoire européen d’Ecriture audiovisuelle (CEEA), Hélène Bararuzunza a participé à l’écriture de la série policière française « Section de recherche ». Elle a été lauréate du Fonds d’aide à l’innovation audiovisuelle du CNC pour deux projets à tourner en Afrique : « Le silence des grands lacs » (long-métrage) et « Arusha » (série télévisée de 8 x 52’ co-écrite avec Jeanne Aptekman et développée par Magneto Prod).
« C’est la vie » est un projet atypique. À l’origine, on trouve une ONG spécialisée dans la sensibilisation du public sur les questions de santé : le Réseau africain pour l’éducation, la santé et la citoyenneté (RAES). Cette association produit depuis plusieurs années des feuilletons radiophoniques en s’appuyant sur une méthode mise au point par le Mexicain Miguel Sabido. Il s’agit d’utiliser la fiction, pour susciter des changements de comportements. Les auditeurs ou les téléspectateurs s’identifient à des personnages dont l’évolution, au fil des épisodes, favorise une prise de conscience. La méthode Sabido permet d’avertir en divertissant. Pas de slogans pesants, pas de sermons mais des histoires qui donnent à réfléchir et des personnages qui vous entraînent dans leur sillage.
C'est la Vie ! from ONG RAES on Vimeo.
Un tel projet aurait pu rebuter les professionnels de l’audiovisuel, parfois mal à l’aise lorsque les intentions ne sont ni purement artistiques ni limitées au divertissement. Mais la force du projet « C’est la vie » est son ancrage dans les réalités quotidiennes de l’Afrique subsaharienne. En avril 2013, l’ONG RAES, qui a créé la société Keewu Production pour mener à bien le projet, réunit des sages-femmes venues de plusieurs pays d’Afrique de l’Ouest et d’Afrique centrale. Leurs témoignages vont nourrir les histoires d’une série qui a l’ambition de toucher les téléspectateurs « de Madagascar à Dakar ».Le centre de santé de Ratanga concentre tous les ingrédients de la vie d’un quartier populaire africain : débrouille, magouilles, jalousies ou solidarité, amour et disputes. Mais les personnages principaux étant des sages-femmes, il y est aussi question de femmes mortes en couches, de viol et de violences conjugales. Pour autant, la série ne tombe jamais dans le mélodrame. On reste toujours « entre rire et larmes (…) C’est à la fois un drame et une comédie. C’est comme la vie » résume Hélène Bararuzunza, l’une des scénaristes.
«C’est la vie » est un projet qui n’a cessé de viser plus haut à chaque étape de son développement. Au départ, un coup de pouce de l’attaché audiovisuel de l’Ambassade de France à Dakar, qui permet d’aboutir à un premier pilote, imparfait mais utile pour mobiliser de nouveaux partenaires. Puis l’engagement de Canal France International et l’aide à la production du Fonds francophone (OIF / CIRTEF) rassurent les bailleurs de fonds intervenant sur le secteur de la santé maternelle et infantile (Fonds français MUSKOKA du Ministère des Affaires Etrangères versé à travers les agences des Nations Unies UNFPA/OMS et ONU Femmes).
En août 2013, un atelier d’écriture est organisé à Dakar, sous la conduite de Marguerite Abouet qu’Alexandre Rideau, le responsable de l’ONG RAES, a réussi à mobiliser, quelques semaines après la sortie de son film. L’auteure d’« Aya de Yopougon » accepte de s’initier à la méthode Sabido avant de superviser le travail d’une équipe de scénaristes. Les auteurs sénégalais – Christian Charles Sow, Mbarick Diagne, Fatoumata Keita et Daour Wade – sont rejoints par une jeune scénariste franco-burundaise sollicitée par Marguerite Abouet : Hélène Bararuzunza [1].
En octobre, Alexandre Rideau convainc Moussa Sène Absa de s’impliquer dans le projet. L’auteur de « Madame Brouette » témoigne de sa motivation dans la vidéo jointe à cet article : « Je vais faire en sorte que les personnages soient vraiment là : des moments forts, beaucoup de gros plans ; je vais m’attacher aux visages, aux corps, au son ».
Entre temps, Marguerite Abouet a présenté à Alexandre Rideau (producteur) Emil Abossolo Mbo qui prendra en charge la direction d’acteurs. Pour lui, « une aventure comme celle-là, basée en Afrique, menée par des gens de différentes origines, est extrêmement importante car elle permet à de jeunes Africains de se raconter de l’intérieur, de parler au monde de leur point de vue. »
L’équipe de premier choix constituée par Alexandre Rideau comprend également l’ingénieur du son Alioune Mbow (22 longs-métrages au compteur, dont trois grands prix du FESPACO) et Nasr Djépa, directeur-photo, diplômé de la FEMIS. Djepa est né à Dakar et y a tourné « L’appel des arènes » [réalisé par Cheikh A. Ndiaye et soutenu par le Fonds francophone, ndlr], en 2005.
On ne peut pas conclure sur ce beau projet sans citer les comédiens : Ibrahima Mbaye (déjà vu dans « Dakar Trottoirs » et « L’appel des arènes »), Awa Mbaye (qui a tourné avec Djibril Diop Mambéty et Sembène Ousmane), Aminata Mbaye, mais aussi de jeunes talents comme Awa Djiga-Kane, Christiane Dumont, Moona Yanni (jeune chanteuse-slameuse sénégalo-togolaise, également animatrice à la télévision sénégalaise), Adja Fatou Diallo, Christelle Mbaya.
Longue vie à « C’est la vie ».
Pierre Barrot
Photo : Le réalisateur Moussa Sène Absa, sur le plateau (le Chef Opérateur Nasr Djépa en arrière-plan).
Crédit : Tidiane Thiang.
[1] Diplômée du conservatoire européen d’Ecriture audiovisuelle (CEEA), Hélène Bararuzunza a participé à l’écriture de la série policière française « Section de recherche ». Elle a été lauréate du Fonds d’aide à l’innovation audiovisuelle du CNC pour deux projets à tourner en Afrique : « Le silence des grands lacs » (long-métrage) et « Arusha » (série télévisée de 8 x 52’ co-écrite avec Jeanne Aptekman et développée par Magneto Prod).