"Mon fils était écrivain" de Hadja Maï Niang: Le cri de cœur d'une femme de 93 ans
Le cinéaste Sembène Ousmane est mort il y a sept ans, le 09 juin 2007 à Dakar, la capitale sénégalaise. Se présentant comme sa fille spirituelle, la réalisatrice Hadjia Maï Niang a choisi la date du 09 juin 2014 pour la Première Mondiale de son film, au Théâtre Sorano (Dakar).
Pour nombre de cinéphiles, le film Mon fils était un écrivain, court-métrage sénégalais de 33 minutes est apparu comme un hommage à Feu Lamine Coura Guèye et surtout à son manuscrit " Le coût d'une évasion ". Pour la réalisatrice Hadja Maï Niang, " ce film est porté par deux symboles à savoir les voix de trois dames de fer et de cœur que sont Tata Annette Mbaye d'Erneville, Ndèye Coura Diop et Ndèye Siga Guèye et [quant au second symbole] le choix de la date du 9 juin qui coïncide avec l'anniversaire du décès du grand cinéaste Sembène Ousmane, mon père adoptif. "
Écrivain, chercheure, Professeure de Techniques en communication à l'Université de Thiès et directrice de Daaray Sembène Productions de Thiès, Hadja Maï Niang signe sa première réalisation cinématographique. Elle met le réel en abyme, dans un jeu de miroirs, fait de flash-backs, qui navigue entre fiction et documentaire.
Et c'est le théâtre national Daniel Sorano de Dakar qu'elle a choisi, en ce 9 juin 2014, anniversaire du décès de Sèmbène Ousmane, pour lancer l'Avant-première de sa production. Interpellée au terme de la projection, Hadja Maï Niang confie que "ce film est une fiction qui s'inspire de la réalité. À l'image de Mame Coura qui, elle, n'est pas fictive, mais réelle... Ce manuscrit très intéressant que la dame avait entre ses mains, je l'ai acheté et publié en 2004, et quand je faisais la promotion du livre, j'ai eu l'idée d'en faire un film."
Mon fils était un écrivain, c'est le cri de cœur de Mame Coura Diop, actrice principale, illettrée certes, mais déterminée à rendre public les écrits de son fils, Lamine Coura Guèye. Ce dernier n'eut pas le temps de finir son manuscrit car décédé suite à l'effondrement d'un bâtiment à la Médina (Dakar). " Dans l'intention de réhabiliter le défunt fils de Mame Coura Diop, âgée de 93 ans, de la soulager avant qu'elle ne finisse ses jours, nous faisons dire à cette dame de fer dans ce court métrage : Mon fils était un écrivain°", avait expliqué la réalisatrice Hadja Maï Niang.
C'est aussi le choix des plans et du cadre de vie de Mame Coura Diop, toujours assise au milieu de la cour. Ce film remet aussi sur le tapis la problématique des coupures intempestives de l'énergie électrique, drame africain vécu au quotidien mêlé au bas niveau de vie, notamment dans ce village de Ngallèle, dans la région de Saint-Louis.
À travers cette fiction, Hadja Maï Niang met en avant la bravoure et la détermination d'une femme africaine qui, malgré son âge et ses rides, se bat pour perpétuer la mémoire de son enfant. La vieille dame est émue au plus profond de son être par le chant de Abdou Guité Seck qui magnifie les mérites de son fils. L'inspiration et la forme du film (en prise avec le réel et militant) s'expliquent par le rôle central que joue le cinéaste sénégalais Ousmane Sembène dans la vie de la réalisatrice. Elle le présente comme un père adoptif. Ne dit-elle d'ailleurs pas de Sembène Ousmane qu'il valorise l'assertion "Djiguène là !" ["C'est une femme, en langue wolove", ndlr] en comparaison à "Goor là !" ["C'est un homme", en wolof]. Il y a ici une référence au court-métrage " Borom Sarret " qui " démystifie le mythe masculin, pour célébrer le courage de la femme ", selon l'analyse de la créatrice et non moins universitaire.
Vibrant hommage à Ousmane Sembène
C'est le 7ème anniversaire de la mort de l'illustre cinéaste Sembène Ousmane (né le 1er janvier 1923 à Ziguinchor, au sud du Sénégal), que la directrice du centre Daaray Sembène Films Production de Thiès (Dakar) a choisi pour faire l'avant-première de sa production.
"Je me suis dit que tous les ans je célébrerai la mémoire de Ousmane Sembène qui a porté les images du continent africain dans le monde entier... Et je pense que le pari a été gagné. Mais cela ne s'arrêtera pas là." Cet hommage, elle le lui rend chaque année car Hadja Maï Niang, élevée par l'écrivain et cinéaste Sembène Ousmane, se rappelle que son mentor lui disait toujours : "Les études d'abord, le cinéma après". Un père adoptif qu'elle a côtoyé pendant plus de 16 ans et qui l'a mis en rapport avec le père Jean Vast, puis le père Lambert qui l'initièrent respectivement à l'écriture filmique et à la réalisation cinématographique.
C'est ainsi que Hadja Maï Niang obtint un Master professionnel en cinéma et audiovisuel, en 2008 à l'Université de Paris III Sorbonne Nouvelle.
La même année, elle réalisa deux films pédagogiques : " Le mutisme parlant de l'enfant dans cinq films de Sembène Ousmane " et " Les autres arts de Sembène Ousmane : les photos et les portraits peints de révolutionnaires ". Des films destinés aux études universitaires. La " fille de Sembène " a soutenue en 2009 à l'Université Paris 12 Val-de-Marne une thèse intitulée "Littérature et cinéma dans le champ de création de Sembène Ousmane : la source des adaptations".
En juin 2012, elle publia une pièce de théâtre intitulée " Le Monstre Généreux du Quartier ". Dans cet ouvrage, Hadja Maï Niang reste conforme aux idéaux de son " père adoptif " surnommé "l'Aîné des Anciens". Elle y fait la critique des sociétés et des gouvernements africains avec une gestion peu orthodoxe des autorités sur fond de corruption et d'autres vices.
Ulvaeus BALOGOUN
Africiné, Dakar
pour Images Francophones
Fiche technique du film
Titre : Mon fils était un écrivain (My son was a Writer)
Pays : Sénégal
Année : 2014
Réalisation : Hadja Maï Niang
Production : Daaray Sembène Films Production
Genre : Fiction
Date de sortie : 09 juin 2014
Durée : 33 minutes
Acteurs : Mame Coura Diop (Mame Coura)
Madeleine Ngandoul (Mado)
Badara Fall (Momo)
Abdou Guité Seck (Guité)
Photo : Sembène Ousmane (1923-2007).
Crédit : DR (Malick Ndir).
Trailer - Mon fils était un écrivain, de Hadja Maï Niang from Africiné www.africine.org on Vimeo.
Écrivain, chercheure, Professeure de Techniques en communication à l'Université de Thiès et directrice de Daaray Sembène Productions de Thiès, Hadja Maï Niang signe sa première réalisation cinématographique. Elle met le réel en abyme, dans un jeu de miroirs, fait de flash-backs, qui navigue entre fiction et documentaire.
Et c'est le théâtre national Daniel Sorano de Dakar qu'elle a choisi, en ce 9 juin 2014, anniversaire du décès de Sèmbène Ousmane, pour lancer l'Avant-première de sa production. Interpellée au terme de la projection, Hadja Maï Niang confie que "ce film est une fiction qui s'inspire de la réalité. À l'image de Mame Coura qui, elle, n'est pas fictive, mais réelle... Ce manuscrit très intéressant que la dame avait entre ses mains, je l'ai acheté et publié en 2004, et quand je faisais la promotion du livre, j'ai eu l'idée d'en faire un film."
Mon fils était un écrivain, c'est le cri de cœur de Mame Coura Diop, actrice principale, illettrée certes, mais déterminée à rendre public les écrits de son fils, Lamine Coura Guèye. Ce dernier n'eut pas le temps de finir son manuscrit car décédé suite à l'effondrement d'un bâtiment à la Médina (Dakar). " Dans l'intention de réhabiliter le défunt fils de Mame Coura Diop, âgée de 93 ans, de la soulager avant qu'elle ne finisse ses jours, nous faisons dire à cette dame de fer dans ce court métrage : Mon fils était un écrivain°", avait expliqué la réalisatrice Hadja Maï Niang.
C'est aussi le choix des plans et du cadre de vie de Mame Coura Diop, toujours assise au milieu de la cour. Ce film remet aussi sur le tapis la problématique des coupures intempestives de l'énergie électrique, drame africain vécu au quotidien mêlé au bas niveau de vie, notamment dans ce village de Ngallèle, dans la région de Saint-Louis.
À travers cette fiction, Hadja Maï Niang met en avant la bravoure et la détermination d'une femme africaine qui, malgré son âge et ses rides, se bat pour perpétuer la mémoire de son enfant. La vieille dame est émue au plus profond de son être par le chant de Abdou Guité Seck qui magnifie les mérites de son fils. L'inspiration et la forme du film (en prise avec le réel et militant) s'expliquent par le rôle central que joue le cinéaste sénégalais Ousmane Sembène dans la vie de la réalisatrice. Elle le présente comme un père adoptif. Ne dit-elle d'ailleurs pas de Sembène Ousmane qu'il valorise l'assertion "Djiguène là !" ["C'est une femme, en langue wolove", ndlr] en comparaison à "Goor là !" ["C'est un homme", en wolof]. Il y a ici une référence au court-métrage " Borom Sarret " qui " démystifie le mythe masculin, pour célébrer le courage de la femme ", selon l'analyse de la créatrice et non moins universitaire.
Vibrant hommage à Ousmane Sembène
C'est le 7ème anniversaire de la mort de l'illustre cinéaste Sembène Ousmane (né le 1er janvier 1923 à Ziguinchor, au sud du Sénégal), que la directrice du centre Daaray Sembène Films Production de Thiès (Dakar) a choisi pour faire l'avant-première de sa production.
"Je me suis dit que tous les ans je célébrerai la mémoire de Ousmane Sembène qui a porté les images du continent africain dans le monde entier... Et je pense que le pari a été gagné. Mais cela ne s'arrêtera pas là." Cet hommage, elle le lui rend chaque année car Hadja Maï Niang, élevée par l'écrivain et cinéaste Sembène Ousmane, se rappelle que son mentor lui disait toujours : "Les études d'abord, le cinéma après". Un père adoptif qu'elle a côtoyé pendant plus de 16 ans et qui l'a mis en rapport avec le père Jean Vast, puis le père Lambert qui l'initièrent respectivement à l'écriture filmique et à la réalisation cinématographique.
C'est ainsi que Hadja Maï Niang obtint un Master professionnel en cinéma et audiovisuel, en 2008 à l'Université de Paris III Sorbonne Nouvelle.
La même année, elle réalisa deux films pédagogiques : " Le mutisme parlant de l'enfant dans cinq films de Sembène Ousmane " et " Les autres arts de Sembène Ousmane : les photos et les portraits peints de révolutionnaires ". Des films destinés aux études universitaires. La " fille de Sembène " a soutenue en 2009 à l'Université Paris 12 Val-de-Marne une thèse intitulée "Littérature et cinéma dans le champ de création de Sembène Ousmane : la source des adaptations".
En juin 2012, elle publia une pièce de théâtre intitulée " Le Monstre Généreux du Quartier ". Dans cet ouvrage, Hadja Maï Niang reste conforme aux idéaux de son " père adoptif " surnommé "l'Aîné des Anciens". Elle y fait la critique des sociétés et des gouvernements africains avec une gestion peu orthodoxe des autorités sur fond de corruption et d'autres vices.
Ulvaeus BALOGOUN
Africiné, Dakar
pour Images Francophones
Fiche technique du film
Titre : Mon fils était un écrivain (My son was a Writer)
Pays : Sénégal
Année : 2014
Réalisation : Hadja Maï Niang
Production : Daaray Sembène Films Production
Genre : Fiction
Date de sortie : 09 juin 2014
Durée : 33 minutes
Acteurs : Mame Coura Diop (Mame Coura)
Madeleine Ngandoul (Mado)
Badara Fall (Momo)
Abdou Guité Seck (Guité)
Photo : Sembène Ousmane (1923-2007).
Crédit : DR (Malick Ndir).