Maroc : Much Loved (Nabil Ayouch), interdit de diffusion
Un communiqué du Ministère de la Communication a tranché. La mobilisation ne faiblit pas, autant chez ceux qui sont ravis de la décision gouvernementale que ceux qui sont consternés par cette censure.
Sélectionné au festival de Cannes (Quinzaine des Réalisateurs 2015), le nouveau film de Nabil Ayouch fait l'objet de vifs débats. Insultes, voire plus grave encore, des menaces de mort sont proférées à l'encontre du cinéaste marocain et des actrices du film (que pour l'heure, hormis les festivaliers de Cannes, peu de gens ont vu).
Ce sont des extraits du film qui ont enflammé la toile d'abord, puis le macadam chérifien (le parti conservateur Istiqal a manifesté pour exprimer son courroux, signale HuffingtonPostMaghreb.com). Un extrait montre les 4 femmes (sujet du film) en taxi, en train d'aller au travail et utilisant des mots d'usage courant dans leur métier. Tout irait dans le meilleur des mondes n'eût été ledit métier : le plus vieux du monde.
Certains partisans de la censure estiment ne pas faire partie des conservateurs et reprochent au film de desservir son propos, en usant de dialogues vulgaires (pour les extraits qu'ils ont pu voir) au lieu de recourir à un langage plus châtié qui aurait mis le film à portée de tout public. De là à dire que Much Love ("Très aimées") est un film qui présente toutes les femmes marocaines comme des prostituées ; c'est un pas que certains ont franchi allégrement. Avec la montée des extrémismes, il est à craindre qu'un dialogue ne soit pas toujours possible, ce qui est bien dommage.
Auteur du livre "Les Étoiles de Sidi Moumen" qui a servi à faire le scénario du film Les Etoiles de Dieu, l'écrivain Mahi Binebine dénonce les " inquisiteurs aux desseins pervers" dans Telquel.ma. L'artiste appelle l'opinion publique à ne pas se laisser manipuler, car lui il a vu le film qu'il qualifié de " regard porté avec une tendresse infinie sur quelques jeunes femmes au triste destin, un regard juste, humain ".
Pour Nabil Ayouch interrogé par Le360°.ma, son film ne doit pas être vu par tout le monde. Intellectuels et politiques invitent à ne pas céder à l'hystérie collective et estiment que ce qui donne une mauvaise image au Maroc, ce n'est pas de parler du tabou, c'est de faire d'un sujet de société (universel) un tabou au Maroc.
Dans un entretien accordé à Telerama.fr (cliquez pour lire l'article complet), le cinéaste terminait en disant : " Si on veut réduire ce film au sexe parce qu'il parle de prostituées, on lui enlève sa substance ".
Une communauté s'est formée sur les réseaux sociaux, réclamant le droit de laisser parler librement la société civile et la jeunesse marocaine qui s'escriment à apporter leur voix au concert des nations, même au prix de notes discordantes. Elle clame : " La censure nuit à l'image de mon pays " (www.facebook.com/SoutienNB)
Nabil Ayouch avait déjà subi les foudres de la censure pour Une minute de soleil en moins (2002). Much Loved s'ajoute à une longue série de films blacklistés (CasaNegra, …) pour leur langage cru, sans aller jusqu'à l'interdiction (précédant même l'examen par la commission de censure).
La représentation des femmes dans les cinémas africains passe souvent difficilement : Les Saignantes (Cameroun, 2009) avait failli être censuré et son réalisateur, Jean-Pierre Békolo, avait décidé de ne pas présenter à la Commission de censure son film suivant, Le Président (2013). L'époustouflante adaptation de Carmen avait valu au Sénégalais Jo Gaye Ramaka des menaces de mort quelques jours avant la sortie officielle du film Karmen.
Thierno I. Dia
Images Francophones
Crédit Image : DR
Ce sont des extraits du film qui ont enflammé la toile d'abord, puis le macadam chérifien (le parti conservateur Istiqal a manifesté pour exprimer son courroux, signale HuffingtonPostMaghreb.com). Un extrait montre les 4 femmes (sujet du film) en taxi, en train d'aller au travail et utilisant des mots d'usage courant dans leur métier. Tout irait dans le meilleur des mondes n'eût été ledit métier : le plus vieux du monde.
Certains partisans de la censure estiment ne pas faire partie des conservateurs et reprochent au film de desservir son propos, en usant de dialogues vulgaires (pour les extraits qu'ils ont pu voir) au lieu de recourir à un langage plus châtié qui aurait mis le film à portée de tout public. De là à dire que Much Love ("Très aimées") est un film qui présente toutes les femmes marocaines comme des prostituées ; c'est un pas que certains ont franchi allégrement. Avec la montée des extrémismes, il est à craindre qu'un dialogue ne soit pas toujours possible, ce qui est bien dommage.
Auteur du livre "Les Étoiles de Sidi Moumen" qui a servi à faire le scénario du film Les Etoiles de Dieu, l'écrivain Mahi Binebine dénonce les " inquisiteurs aux desseins pervers" dans Telquel.ma. L'artiste appelle l'opinion publique à ne pas se laisser manipuler, car lui il a vu le film qu'il qualifié de " regard porté avec une tendresse infinie sur quelques jeunes femmes au triste destin, un regard juste, humain ".
Pour Nabil Ayouch interrogé par Le360°.ma, son film ne doit pas être vu par tout le monde. Intellectuels et politiques invitent à ne pas céder à l'hystérie collective et estiment que ce qui donne une mauvaise image au Maroc, ce n'est pas de parler du tabou, c'est de faire d'un sujet de société (universel) un tabou au Maroc.
Dans un entretien accordé à Telerama.fr (cliquez pour lire l'article complet), le cinéaste terminait en disant : " Si on veut réduire ce film au sexe parce qu'il parle de prostituées, on lui enlève sa substance ".
Une communauté s'est formée sur les réseaux sociaux, réclamant le droit de laisser parler librement la société civile et la jeunesse marocaine qui s'escriment à apporter leur voix au concert des nations, même au prix de notes discordantes. Elle clame : " La censure nuit à l'image de mon pays " (www.facebook.com/SoutienNB)
Nabil Ayouch avait déjà subi les foudres de la censure pour Une minute de soleil en moins (2002). Much Loved s'ajoute à une longue série de films blacklistés (CasaNegra, …) pour leur langage cru, sans aller jusqu'à l'interdiction (précédant même l'examen par la commission de censure).
La représentation des femmes dans les cinémas africains passe souvent difficilement : Les Saignantes (Cameroun, 2009) avait failli être censuré et son réalisateur, Jean-Pierre Békolo, avait décidé de ne pas présenter à la Commission de censure son film suivant, Le Président (2013). L'époustouflante adaptation de Carmen avait valu au Sénégalais Jo Gaye Ramaka des menaces de mort quelques jours avant la sortie officielle du film Karmen.
Thierno I. Dia
Images Francophones
Crédit Image : DR