Louxor African Film Festival 2016 : Zoom sur les courts métrages !
Parmi une programmation dense de longs métrages de fictions, documentaires et d'ateliers, le format court africain joue aussi sa carte, en terre égyptienne.
Mutilations génitales, albinisme, enjeux de santé public, crimes d'honneur, violences domestiques, univers de l'enfance, panafricanisme, c'est autour de ces thématiques phares que ce sont articulés pas moins de vingt courts métrages programmés cette année à la 5ème édition du Festival du Cinéma Africain de Louxor (Luxor African Film Festival - LAFF). Coup de projecteur.
Louxor... ses temples, sa mythique vallée des rois, ses légendes, son festival du cinéma, difficile de ne pas succomber aux charmes de cette magnifique ville où Égypte ancienne et moderne flirtent depuis longtemps. Pendant six jours, dans ce cadre idyllique, du 17 au 23 mars, réalisateurs confirmés, jeunes réalisateurs, producteurs et quelques grandes figures du cinéma africain ont répondu à l'appel de l'équipe du Luxor African Film Festival - LAFF 2016. Le Festival est financé par les institutions nationales égyptiennes.
Organisé autour d'une programmation dense : longs métrages de fictions, documentaires et courts métrages, cette cinquième édition a également proposé toute une série de workshop avec de grands noms du cinéma comme Haile Gerima, Safi Faye, Danny Glover et Gaston Kaboré.
Ce dernier a d'ailleurs tenu à rappeler l'importance pour les cinéastes africains de créer leur propre public. "Il est évident que si nous faisons des films, c'est pour qu'ils soient vus et s'ils ne le sont pas c'est comme s'ils n'existaient pas. Il y a comme un obstacle majeur au sein de l'industrie cinématographique africaine : nos films sont étrangers sur nos propres territoires. Il faut que nous, les professionnels du cinéma, puissions prendre part à la construction et à l'édification de nos publics". Un appel entendu par de nombreux jeunes réalisateurs présents à Louxor.
Ainsi, dans cette vaste catégorie des courts métrages de fictions, le film Joy du réalisateur d'origine nigériane Solomon Onita Jr. a reçu la consécration suprême en remportant le prix du meilleur court métrage de fiction. Joy, c'est l'histoire d'une petite fille du même nom que sa mère essaye de protéger immanquablement d'une excision. "Au-delà des mutilations génitales, j'ai aussi voulu parler du choc des cultures confie Solomon Onita.. Souvent les personnes qui émigrent doivent tout faire pour prospérer dans le pays où elles s'installent. Mais quelle est la limite? Que doivent elles transmettre à leurs enfants? Il y a comme ça de nombreuses questions auxquelles doivent faire face des personnes qui ont immigré aux USA ou ailleurs. C'est aussi de cela que j'ai voulu parler dans mon film" insiste-t-il.
Dans la même catégorie, les festivaliers de LAFF ont pu découvrir Jareedy, une magnifique ode à l'enfance du réalisateur égyptien Mohamed Hisham. "J'ai souvent voyagé à Assouan et en Nubie. C'est là bas que j'ai entendu parler du jareedy, ce petit bateau en bois que les enfants fabriquent de leurs propres mains. Ce petit bateau, représente pour moi à la fois la peur mais aussi l'envie de conquérir le majestueux fleuve Nil. Konnaf, mon personnage principal est avare de paroles. Mais il lui arrive furtivement de s'ouvrir quand il va à la rencontre de Abraz, un vieil homme nubien, qui se bat pour retourner sur ses terres. C'est ce vieux monsieur qui donne la force à mon personnage d'affronter ses peurs et poursuivre ses rêves"
Télésourd de Matamba Kombila et Tetirano de Firoza Houssen relatent eux aussi la poursuite des rêves dans l'univers de l'enfance.
Télésourd c'est l'aventure de quatre adolescents gabonais qui vivent avec une déficience auditive. Ils décident d'inventer une application qui leur permettra de communiquer de manière efficiente avec leur entourage. "L'idée du projet de "Télésourd" c'était aussi de former les enfants aux métiers du cinéma et les intégrer dans la réalisation du film" confie la réalisatrice. "Nous avons organisé un atelier pendant sept jours avec les jeunes. A la fin du processus certains d'entre eux sont devenus les protagonistes du film et les autres ont fait partie intégrante de l'équipe de réalisation et de production. L'idée développée aussi dans le film est que cette application puisse intéresser des structures réputées en technologie qui pourraient permettre de réellement la mettre sur pied" conclut Matamba Kombila (Gabon).
Avec une mention spéciale pour le jeune Maneva aux Rencontres du Film Court de Madagascar en 2015, Tetirano nous plonge dans la vie de Maneva et sa grand mère. "A Madagascar quand on est vraiment pauvre, on mange le anana, ce sont des feuilles. Pour subvenir à leurs besoins, sa grand mère est obligée de faire la lessive des autres, donc ils ne peuvent pas se payer autre chose que ces feuilles ", explique Firoza Houssen. A l'école dans laquelle va Maneva, on leur apprend que si on mange du poisson, on devient plus intelligent et on est en bonne santé. Un jour, sa grand-mère tombe malade et il se dit qu'il ira pêcher pour guérir sa grand-mère.
" Ce que je veux partager dans ce film, c'est que dans la vie, peu importe les objectifs que tu veux atteindre, on fait tout pour y arriver mais s'il a été écrit que tu ne les atteindras jamais, tu n'y arriveras pas, c'est ce message que j'ai voulu faire passer", nous confie Firoza Houssen.
Avec pas moins de vingt courts métrages, cette cinquième édition du festival du film africain de Louxor aura proposé un panorama de plusieurs thématiques fortes qui jonchent la réalité sur le continent africain. L'un des seuls bémols du LAFF reste la durée, un peu trop courte du festival. Il est tout simplement impossible de voir tous les films documentaires, courts métrages et longs métrages proposés en six jours lors de ce Luxor African Film Festival - LAFF 2016 !
Wendy BASHI
Africiné, correspondante à Bruxelles
pour Images Francophones,
en collaboration avec Africultures
Image : Photomontage Affiche et images du film égyptien Jareedy
Crédit : DR
Louxor... ses temples, sa mythique vallée des rois, ses légendes, son festival du cinéma, difficile de ne pas succomber aux charmes de cette magnifique ville où Égypte ancienne et moderne flirtent depuis longtemps. Pendant six jours, dans ce cadre idyllique, du 17 au 23 mars, réalisateurs confirmés, jeunes réalisateurs, producteurs et quelques grandes figures du cinéma africain ont répondu à l'appel de l'équipe du Luxor African Film Festival - LAFF 2016. Le Festival est financé par les institutions nationales égyptiennes.
Organisé autour d'une programmation dense : longs métrages de fictions, documentaires et courts métrages, cette cinquième édition a également proposé toute une série de workshop avec de grands noms du cinéma comme Haile Gerima, Safi Faye, Danny Glover et Gaston Kaboré.
Ce dernier a d'ailleurs tenu à rappeler l'importance pour les cinéastes africains de créer leur propre public. "Il est évident que si nous faisons des films, c'est pour qu'ils soient vus et s'ils ne le sont pas c'est comme s'ils n'existaient pas. Il y a comme un obstacle majeur au sein de l'industrie cinématographique africaine : nos films sont étrangers sur nos propres territoires. Il faut que nous, les professionnels du cinéma, puissions prendre part à la construction et à l'édification de nos publics". Un appel entendu par de nombreux jeunes réalisateurs présents à Louxor.
Ainsi, dans cette vaste catégorie des courts métrages de fictions, le film Joy du réalisateur d'origine nigériane Solomon Onita Jr. a reçu la consécration suprême en remportant le prix du meilleur court métrage de fiction. Joy, c'est l'histoire d'une petite fille du même nom que sa mère essaye de protéger immanquablement d'une excision. "Au-delà des mutilations génitales, j'ai aussi voulu parler du choc des cultures confie Solomon Onita.. Souvent les personnes qui émigrent doivent tout faire pour prospérer dans le pays où elles s'installent. Mais quelle est la limite? Que doivent elles transmettre à leurs enfants? Il y a comme ça de nombreuses questions auxquelles doivent faire face des personnes qui ont immigré aux USA ou ailleurs. C'est aussi de cela que j'ai voulu parler dans mon film" insiste-t-il.
Dans la même catégorie, les festivaliers de LAFF ont pu découvrir Jareedy, une magnifique ode à l'enfance du réalisateur égyptien Mohamed Hisham. "J'ai souvent voyagé à Assouan et en Nubie. C'est là bas que j'ai entendu parler du jareedy, ce petit bateau en bois que les enfants fabriquent de leurs propres mains. Ce petit bateau, représente pour moi à la fois la peur mais aussi l'envie de conquérir le majestueux fleuve Nil. Konnaf, mon personnage principal est avare de paroles. Mais il lui arrive furtivement de s'ouvrir quand il va à la rencontre de Abraz, un vieil homme nubien, qui se bat pour retourner sur ses terres. C'est ce vieux monsieur qui donne la force à mon personnage d'affronter ses peurs et poursuivre ses rêves"
Télésourd de Matamba Kombila et Tetirano de Firoza Houssen relatent eux aussi la poursuite des rêves dans l'univers de l'enfance.
Télésourd c'est l'aventure de quatre adolescents gabonais qui vivent avec une déficience auditive. Ils décident d'inventer une application qui leur permettra de communiquer de manière efficiente avec leur entourage. "L'idée du projet de "Télésourd" c'était aussi de former les enfants aux métiers du cinéma et les intégrer dans la réalisation du film" confie la réalisatrice. "Nous avons organisé un atelier pendant sept jours avec les jeunes. A la fin du processus certains d'entre eux sont devenus les protagonistes du film et les autres ont fait partie intégrante de l'équipe de réalisation et de production. L'idée développée aussi dans le film est que cette application puisse intéresser des structures réputées en technologie qui pourraient permettre de réellement la mettre sur pied" conclut Matamba Kombila (Gabon).
Avec une mention spéciale pour le jeune Maneva aux Rencontres du Film Court de Madagascar en 2015, Tetirano nous plonge dans la vie de Maneva et sa grand mère. "A Madagascar quand on est vraiment pauvre, on mange le anana, ce sont des feuilles. Pour subvenir à leurs besoins, sa grand mère est obligée de faire la lessive des autres, donc ils ne peuvent pas se payer autre chose que ces feuilles ", explique Firoza Houssen. A l'école dans laquelle va Maneva, on leur apprend que si on mange du poisson, on devient plus intelligent et on est en bonne santé. Un jour, sa grand-mère tombe malade et il se dit qu'il ira pêcher pour guérir sa grand-mère.
" Ce que je veux partager dans ce film, c'est que dans la vie, peu importe les objectifs que tu veux atteindre, on fait tout pour y arriver mais s'il a été écrit que tu ne les atteindras jamais, tu n'y arriveras pas, c'est ce message que j'ai voulu faire passer", nous confie Firoza Houssen.
Des rêves encore et toujours ! Dans son film Eti Koro Ntu Agynia, le réalisateur Sammuel Obeng Boateng incite la jeunesse à embrasser l'idéologie du panafricanisme. "J'ai voulu parler de l'unité africaine à travers les yeux d'un artiste à qui Kwame Nkrumah avait demandé de produire une œuvre qui exprimerait le plus fidèlement possible l'unité africaine. Je pense qu'en tant qu'Africains, nous devons être en mesure de raconter nos propres histoires. Je suis intimement persuadé que si nous autres Africains restons sur notre continent pour concourir à son développement, un jour l'immigration se fera dans le sens opposé. Ce sont les Européens qui se battront pour venir vivre chez nous"
Avec pas moins de vingt courts métrages, cette cinquième édition du festival du film africain de Louxor aura proposé un panorama de plusieurs thématiques fortes qui jonchent la réalité sur le continent africain. L'un des seuls bémols du LAFF reste la durée, un peu trop courte du festival. Il est tout simplement impossible de voir tous les films documentaires, courts métrages et longs métrages proposés en six jours lors de ce Luxor African Film Festival - LAFF 2016 !
Wendy BASHI
Africiné, correspondante à Bruxelles
pour Images Francophones,
en collaboration avec Africultures
Image : Photomontage Affiche et images du film égyptien Jareedy
Crédit : DR