Le tour du monde des séries francophones
Tandis que la Belgique francophone lance un ambitieux plan de développement des séries de fiction, trois ans après la Suisse romande, la France gagne des parts de marché à l’international avec des séries audacieuses comme « Les revenants » ou « Braquo » ; le Québec s’illustre avec « Unité 9 ». Quant à l’Afrique francophone, elle tente une percée vers les pays anglophones à l’occasion du DISCOP, marché africain des programmes de télévision qui se tient à Johannesburg du 6 au 8 novembre.
En 2009, la part de fiction nationale sur les chaînes francophones belges était de 0,7 %, selon l’observatoire européen de l’audiovisuel. Si la Flandre faisait beaucoup mieux, avec 6 % c’est qu’elle s’était dotée d’une politique de développement des séries. Ce constat a amené la RTBF et la Fédération Wallonie Bruxelles à mettre des moyens en commun pour un appel à projets clôturé en septembre dernier et qui doit aboutir à la mise en production de quatre séries de dix épisodes diffusables en prime time. 160 projets ont été reçus, dont dix seront retenus dans un premier temps pour une aide au développement (48 000 € par projet). Un premier écrémage aboutira ensuite à une nouvelle phase de développement des scénarios, puis à la production de six pilotes (200 000 € par projet), dont quatre seulement seront retenus au stade des aides à la production. Le budget total de ce plan d’aide aux séries est de 15 millions d’euros.
DYNAMISME DES FRANCOPHONES MINORITAIRES
La Suisse romande a engagé le même type de processus il y a trois ans. En 2009, la part des fictions nationales était, sur ce territoire, de 2,7 % (contre 28 % en France). Malgré un bassin de population étroit (1,7 million de personnes), la Télévision suisse romande est parvenue, lors de ses appels à projets à faire remonter quinze propositions dans un premier temps et jusqu’à vingt-cinq dernièrement. L’objectif quantitatif, qui était de produire deux séries de 340 minutes par an (avec un budget moyen de 9000 €/minute) a été atteint et le public est au rendez-vous. L’une des séries (« Port d’attache ») a pu atteindre 28 % de part d’audience ; une autre a même été préachetée par France Télévisions.
En France, la méthode des appels à projets joue également un rôle, quoique de façon moins systématique. Ainsi, la série "Candice Renoir", qui a connu la meilleure audience de démarrage pour une série policière en dix ans, est issue d’un appel « spécial séries policières » de France télévisions qui a suscité 25 propositions. « Dans un appel d’offres, remarque Caroline Lassa, créatrice de la série policière « Candice Renoir », tout le monde a sa chance. On évite l’effet du relationnel parisien ». Autre avantage : une mise en concurrence sérieuse permet de faire émerger des projets plus percutants. La grande force du système de production des séries américaines, au-delà des budgets disponibles, c’est sa capacité à organiser une compétition extrême : pour mille projets écrits, un seul atteint le stade de la mise en production pour une deuxième saison. Or, les séries qui déferlent sur le monde sont précisément celles qui ont passé ce cap de la deuxième saison. Elles sont donc le fruit d’un écrémage impitoyable au cours duquel 999 projets sur mille sont éliminés.
Le 2 octobre dernier, une table-ronde organisée par le Festival du Film Francophone de Namur autour de l’universitaire Sarah Sépulchre[1] a permis de confronter les expériences des pays francophones du Nord. Il en est ressorti une impression de contraste entre les petits pays, où les auteurs semblent pouvoir se montrer plus audacieux et plus libres, et la France, où régnerait la dictature de la fameuse « ménagère de moins de cinquante ans ». Ce personnage tyrannique qui incarne la cible prioritaire des annonceurs est censé exiger des programmes « fédérateurs ». « Ce qui est lourd, en France, avoue la productrice de « Candice Renoir », c’est que, pour avoir huit millions de téléspectateurs, il faut être fédérateur, au risque d’avoir une histoire moins forte. » Dans ce débat opposant l’universel et le particulier (« fédérateur » contre « segmentant » dans le jargon télévisuel). Alberto Chollet, de la Télévision suisse romande propose une voie médiane : « Ce qu’il faut chercher, c’est des histoires phénoménales qui se passent chez nous et que les autres auront envie de regarder ». Erwan Augoyard, auteur de la série « septième ciel – Belgique » cite l’exemple de la série québécoise « Unité 9 »[2], dont le thème (six femmes en prison) est typiquement « segmentant », ce qui n’a pas empêché une audience record.
Les initiatives belges, suisses et canadiennes donnent à penser que les pays où le français est minoritaire font preuve d’un plus grand dynamisme. Le scénariste français Martin Brossolet fait un parallèle avec les pays scandinaves : « En tant que petits pays, ils se sont inquiétés pour leur identité et ils se sont défendus ». Avec des résultats spectaculaires puisque les séries nordiques « Bron », « Borgen », « The killing », « Lilyhammer », « Real humans » et « Commissaire Winter » connaissent un immense succès dans leurs pays d’origine mais aussi à l’international.
PERCEE FRANÇAISE A L’INTERNATIONAL
Face à de tels succès, Martin Brossolet se livre à un exercice d’auto-flagellation typiquement français : « Nous sommes encore persuadés que Louis XIV est au pouvoir et que Napoléon règne sur l’Europe. Il faudra qu’on soit vraiment au fond pour donner un bon coup de pied avant de remonter. » Mais ce diagnostic franco-pessimiste est démenti par des études récentes. Les exportations de fictions françaises ont progressé de 14 % en 2012 et la tendance semble se confirmer en 2013 avec, notamment le succès historique de la série « Les revenants », déjà vendue dans vingt pays et plébiscitée par le public (1,8 million de spectateurs en moyenne au Royaume uni où elle a été diffusée en version originale sous-titrée, ce qui a même donné lieu à la diffusion de spots publicitaires en français[3]). En Allemagne, la série « Jo » a rassemblé 2 millions de téléspectateurs. Les séries françaises se sont même payé le luxe d’une percée aux Etats-Unis (diffusion des séries « Braquo », « Les revenants » et « Engrenages », achat de droits pour plusieurs remakes). La série policière « Engrenages » vendue dans près de soixante-dix pays est la première série française diffusée par la BBC depuis les années soixante.
Malgré ces succès internationaux, les fictions françaises sont beaucoup moins présentes en prime time sur les grandes chaînes nationales françaises qu’elles ne l’étaient il y a quelques années (41,1 % des soirées en 2012 contre 50,1 % en 2009). Mais cette tendance pourrait s’inverser dans les années à venir car, selon une étude NPA Conseil, les fictions françaises sont de plus en plus présentes en première partie de soirée (notamment grâce aux programmes courts). En outre, selon le CNC, elles ont connu en 2013 des résultats d’audience en prime time bien meilleurs que l’année précédente. Au premier semestre 2013, sur les cent meilleures audiences de fiction observées sur les cinq premières chaînes françaises, 47 ont été obtenues par des fictions françaises, contre 26 en 2012. Pour reprendre le discours de Martin Brossolet[4], peut-être le pays de Louis XIV et Napoléon a-t-il commencé à taper du pied pour remonter à la surface...
L’AFRIQUE A JOHANNESBURG
On ne saurait boucler ce rapide tour du monde des séries francophones sans parler de l’Afrique. Au DISCOP, marché africain des programmes audiovisuels qui se tient à Johannesburg du 6 au 8 novembre 2013, la société Côte Ouest Audiovisuel (premier fournisseur de contenus en Afrique francophone), présentera cinq séries d’Afrique francophone : « Les concessions » (Mali), « Histoire d’une vie », « Brouteur.com », « La villa d’à côté » et « Camouflage à Abidjan » (Côte d’Ivoire).
Diffa (Diffusion internationale de films et fictions d’Afrique) compte quatorze séries dans son catalogue et présentera cinq nouveautés (dont quatre ont été soutenues par le Fonds francophone de production audiovisuelle du Sud) : La sacoche de Boubakar Diallo (Burkina Faso) ; Dougouba Sigui de Boubacar Sidibé (Mali) ; Lex nostra de Gérard Nguélé (Cameroun) ; « Waga love » de Guy-Désiré Yameogo et « Du jour au lendemain » d’Adama Roamba (Burkina Faso).
Parmi les producteurs d’Afrique francophone présents à Johannesburg, on annonce Jean-Hubert Nankam (séries Class A, Teenagers et P’tit Bisou), Nana Kadidia Toumagnon (Les rois de Ségou et Dougouba Sigui) et Adama Roamba (« Du jour au lendemain » et « Petit sergent »).
L’Afrique francophone n’en est qu’à ses premiers pas sur le marché international des séries. Avant d’entamer la bataille de l’exportation, la première étape est la reconquête des grilles des télévisions nationales, longtemps accaparées par les télénovelas d’Amérique latine et les productions américaines.
Sur ce plan, on observe un net progrès par rapport aux années 2000. En juin 2013, il y avait dans la grille de programmes de la télévision publique béninoise quatre séries africaines, dont deux diffusées en prime time ("Brouteurs.com" et "la Saga des héritiers"), tandis que deux autres étaient programmées dans l’après-midi : "Trois femmes, un village" et " Histoire d'une vie ". Quant à la première chaîne de télévision ivoirienne, à la même période, elle diffusait 82 épisodes de séries dans la semaine, dont 37 venaient d’Afrique (parmi lesquels 13 d’Afrique anglophone et 24 d’Afrique francophone, soit 29%). Sur 16 épisodes de séries diffusés en prime time, trois appartenaient à des séries ivoiriennes (18%).
Cette présence non négligeable des fictions africaines est d’autant plus méritoire que l’offre de programmes extérieurs au continent s’est multipliée et diversifiée. Sur le marché des télénovelas et autres feuilletons doublés en français, on ne trouve plus seulement le Brésil et le Mexique mais aussi la Colombie, le Venezuela, l'Argentine, l’Inde, les Philippines, la Turquie, l'Afrique du Sud, le Nigeria, le Kenya et quelques autres encore. Sur un marché désormais mondialisé, l’Afrique Francophone fait mieux que se défendre sur ses propres territoires. Il lui reste à monter d’un cran en qualité de production pour exporter. Le programme de formation « L’Afrique en séries » mené par Canal France International jusqu’en 2014 a permis de soutenir quatre producteurs du Cameroun et du Burkina Faso. On assiste aussi à l’apparition de nouvelles séries dans des pays comme le Togo, la Guinée ou le Sénégal où la production de fictions en français était jusqu’ici exceptionnelle ou inexistante.
Pierre Barrot
pierre.barrot@francophonie.org
Photo extraite de "Waga love" de Guy-Désiré Yameogo (Burkina Faso)
[1] Chargée de cours à l’Ecole de communication de l’Université catholique de Louvain, elle a dirigé l’ouvrage « Décoder les séries télévisées » (Editions De Boeck, Bruxelles). [2] Présentée au dernier festival de la fiction TV de La Rochelle. [3] Site « Le film français », 3 juin 2013. [4] Auteur de scénarios pour les séries « Alice Nevers », « La Crim’ », « Sœur Thérèse.com », « Section de recherches » et « Préjudices ».
DYNAMISME DES FRANCOPHONES MINORITAIRES
La Suisse romande a engagé le même type de processus il y a trois ans. En 2009, la part des fictions nationales était, sur ce territoire, de 2,7 % (contre 28 % en France). Malgré un bassin de population étroit (1,7 million de personnes), la Télévision suisse romande est parvenue, lors de ses appels à projets à faire remonter quinze propositions dans un premier temps et jusqu’à vingt-cinq dernièrement. L’objectif quantitatif, qui était de produire deux séries de 340 minutes par an (avec un budget moyen de 9000 €/minute) a été atteint et le public est au rendez-vous. L’une des séries (« Port d’attache ») a pu atteindre 28 % de part d’audience ; une autre a même été préachetée par France Télévisions.
En France, la méthode des appels à projets joue également un rôle, quoique de façon moins systématique. Ainsi, la série "Candice Renoir", qui a connu la meilleure audience de démarrage pour une série policière en dix ans, est issue d’un appel « spécial séries policières » de France télévisions qui a suscité 25 propositions. « Dans un appel d’offres, remarque Caroline Lassa, créatrice de la série policière « Candice Renoir », tout le monde a sa chance. On évite l’effet du relationnel parisien ». Autre avantage : une mise en concurrence sérieuse permet de faire émerger des projets plus percutants. La grande force du système de production des séries américaines, au-delà des budgets disponibles, c’est sa capacité à organiser une compétition extrême : pour mille projets écrits, un seul atteint le stade de la mise en production pour une deuxième saison. Or, les séries qui déferlent sur le monde sont précisément celles qui ont passé ce cap de la deuxième saison. Elles sont donc le fruit d’un écrémage impitoyable au cours duquel 999 projets sur mille sont éliminés.
Le 2 octobre dernier, une table-ronde organisée par le Festival du Film Francophone de Namur autour de l’universitaire Sarah Sépulchre[1] a permis de confronter les expériences des pays francophones du Nord. Il en est ressorti une impression de contraste entre les petits pays, où les auteurs semblent pouvoir se montrer plus audacieux et plus libres, et la France, où régnerait la dictature de la fameuse « ménagère de moins de cinquante ans ». Ce personnage tyrannique qui incarne la cible prioritaire des annonceurs est censé exiger des programmes « fédérateurs ». « Ce qui est lourd, en France, avoue la productrice de « Candice Renoir », c’est que, pour avoir huit millions de téléspectateurs, il faut être fédérateur, au risque d’avoir une histoire moins forte. » Dans ce débat opposant l’universel et le particulier (« fédérateur » contre « segmentant » dans le jargon télévisuel). Alberto Chollet, de la Télévision suisse romande propose une voie médiane : « Ce qu’il faut chercher, c’est des histoires phénoménales qui se passent chez nous et que les autres auront envie de regarder ». Erwan Augoyard, auteur de la série « septième ciel – Belgique » cite l’exemple de la série québécoise « Unité 9 »[2], dont le thème (six femmes en prison) est typiquement « segmentant », ce qui n’a pas empêché une audience record.
Les initiatives belges, suisses et canadiennes donnent à penser que les pays où le français est minoritaire font preuve d’un plus grand dynamisme. Le scénariste français Martin Brossolet fait un parallèle avec les pays scandinaves : « En tant que petits pays, ils se sont inquiétés pour leur identité et ils se sont défendus ». Avec des résultats spectaculaires puisque les séries nordiques « Bron », « Borgen », « The killing », « Lilyhammer », « Real humans » et « Commissaire Winter » connaissent un immense succès dans leurs pays d’origine mais aussi à l’international.
PERCEE FRANÇAISE A L’INTERNATIONAL
Face à de tels succès, Martin Brossolet se livre à un exercice d’auto-flagellation typiquement français : « Nous sommes encore persuadés que Louis XIV est au pouvoir et que Napoléon règne sur l’Europe. Il faudra qu’on soit vraiment au fond pour donner un bon coup de pied avant de remonter. » Mais ce diagnostic franco-pessimiste est démenti par des études récentes. Les exportations de fictions françaises ont progressé de 14 % en 2012 et la tendance semble se confirmer en 2013 avec, notamment le succès historique de la série « Les revenants », déjà vendue dans vingt pays et plébiscitée par le public (1,8 million de spectateurs en moyenne au Royaume uni où elle a été diffusée en version originale sous-titrée, ce qui a même donné lieu à la diffusion de spots publicitaires en français[3]). En Allemagne, la série « Jo » a rassemblé 2 millions de téléspectateurs. Les séries françaises se sont même payé le luxe d’une percée aux Etats-Unis (diffusion des séries « Braquo », « Les revenants » et « Engrenages », achat de droits pour plusieurs remakes). La série policière « Engrenages » vendue dans près de soixante-dix pays est la première série française diffusée par la BBC depuis les années soixante.
Malgré ces succès internationaux, les fictions françaises sont beaucoup moins présentes en prime time sur les grandes chaînes nationales françaises qu’elles ne l’étaient il y a quelques années (41,1 % des soirées en 2012 contre 50,1 % en 2009). Mais cette tendance pourrait s’inverser dans les années à venir car, selon une étude NPA Conseil, les fictions françaises sont de plus en plus présentes en première partie de soirée (notamment grâce aux programmes courts). En outre, selon le CNC, elles ont connu en 2013 des résultats d’audience en prime time bien meilleurs que l’année précédente. Au premier semestre 2013, sur les cent meilleures audiences de fiction observées sur les cinq premières chaînes françaises, 47 ont été obtenues par des fictions françaises, contre 26 en 2012. Pour reprendre le discours de Martin Brossolet[4], peut-être le pays de Louis XIV et Napoléon a-t-il commencé à taper du pied pour remonter à la surface...
L’AFRIQUE A JOHANNESBURG
On ne saurait boucler ce rapide tour du monde des séries francophones sans parler de l’Afrique. Au DISCOP, marché africain des programmes audiovisuels qui se tient à Johannesburg du 6 au 8 novembre 2013, la société Côte Ouest Audiovisuel (premier fournisseur de contenus en Afrique francophone), présentera cinq séries d’Afrique francophone : « Les concessions » (Mali), « Histoire d’une vie », « Brouteur.com », « La villa d’à côté » et « Camouflage à Abidjan » (Côte d’Ivoire).
Diffa (Diffusion internationale de films et fictions d’Afrique) compte quatorze séries dans son catalogue et présentera cinq nouveautés (dont quatre ont été soutenues par le Fonds francophone de production audiovisuelle du Sud) : La sacoche de Boubakar Diallo (Burkina Faso) ; Dougouba Sigui de Boubacar Sidibé (Mali) ; Lex nostra de Gérard Nguélé (Cameroun) ; « Waga love » de Guy-Désiré Yameogo et « Du jour au lendemain » d’Adama Roamba (Burkina Faso).
trailer Diffa from lorenzo cioffi on Vimeo.
Parmi les producteurs d’Afrique francophone présents à Johannesburg, on annonce Jean-Hubert Nankam (séries Class A, Teenagers et P’tit Bisou), Nana Kadidia Toumagnon (Les rois de Ségou et Dougouba Sigui) et Adama Roamba (« Du jour au lendemain » et « Petit sergent »).
L’Afrique francophone n’en est qu’à ses premiers pas sur le marché international des séries. Avant d’entamer la bataille de l’exportation, la première étape est la reconquête des grilles des télévisions nationales, longtemps accaparées par les télénovelas d’Amérique latine et les productions américaines.
Sur ce plan, on observe un net progrès par rapport aux années 2000. En juin 2013, il y avait dans la grille de programmes de la télévision publique béninoise quatre séries africaines, dont deux diffusées en prime time ("Brouteurs.com" et "la Saga des héritiers"), tandis que deux autres étaient programmées dans l’après-midi : "Trois femmes, un village" et " Histoire d'une vie ". Quant à la première chaîne de télévision ivoirienne, à la même période, elle diffusait 82 épisodes de séries dans la semaine, dont 37 venaient d’Afrique (parmi lesquels 13 d’Afrique anglophone et 24 d’Afrique francophone, soit 29%). Sur 16 épisodes de séries diffusés en prime time, trois appartenaient à des séries ivoiriennes (18%).
Cette présence non négligeable des fictions africaines est d’autant plus méritoire que l’offre de programmes extérieurs au continent s’est multipliée et diversifiée. Sur le marché des télénovelas et autres feuilletons doublés en français, on ne trouve plus seulement le Brésil et le Mexique mais aussi la Colombie, le Venezuela, l'Argentine, l’Inde, les Philippines, la Turquie, l'Afrique du Sud, le Nigeria, le Kenya et quelques autres encore. Sur un marché désormais mondialisé, l’Afrique Francophone fait mieux que se défendre sur ses propres territoires. Il lui reste à monter d’un cran en qualité de production pour exporter. Le programme de formation « L’Afrique en séries » mené par Canal France International jusqu’en 2014 a permis de soutenir quatre producteurs du Cameroun et du Burkina Faso. On assiste aussi à l’apparition de nouvelles séries dans des pays comme le Togo, la Guinée ou le Sénégal où la production de fictions en français était jusqu’ici exceptionnelle ou inexistante.
Pierre Barrot
pierre.barrot@francophonie.org
Photo extraite de "Waga love" de Guy-Désiré Yameogo (Burkina Faso)
[1] Chargée de cours à l’Ecole de communication de l’Université catholique de Louvain, elle a dirigé l’ouvrage « Décoder les séries télévisées » (Editions De Boeck, Bruxelles). [2] Présentée au dernier festival de la fiction TV de La Rochelle. [3] Site « Le film français », 3 juin 2013. [4] Auteur de scénarios pour les séries « Alice Nevers », « La Crim’ », « Sœur Thérèse.com », « Section de recherches » et « Préjudices ».