Le Fonds Image de la Francophonie soutient neuf nouveaux projets
La commission cinéma-fiction a retenu cinq films et quatre développements de scénarios
La commission cinéma-fiction du Fonds Image de la Francophonie réunie à Paris le 9 mai 2019 sous la présidence de Rithy Panh a retenu les projets suivants :
- " Pathé Diallo ", long-métrage de Gahité Fofana (Guinée), aide au développement ;
- " Ragno ", long-métrage de Firoza Zahir Houssen (Madagascar), aide au développement ;
- " 1986 ", long-métrage de Amelia Umuhire (Rwanda), aide au développement ;
- " Galadio ", long-métrage de Berni Goldblat (Burkina Faso), aide au développement.
L'enveloppe affectée à ces quatre aides au développement est de 40 000 € et sera répartie en fonction du coût des dispositifs d'accompagnement (résidences, ateliers d'écriture, script-doctoring et bourses d'écriture) qui seront retenus et mis en place avec différents partenaires pour ces projets.
- " A success story ", court-métrage de Rami Jarboui (Tunisie), aide à la production de 10 000 €
- " La mer et ses vagues ", long-métrage de Liana Kassir (Liban), aide à la production de 60 000 €
- " Soad ", long-métrage de Ayten Amine (Egypte), aide à la production de 60 000 €
- " La vie me va bien ", long-métrage de Alhadj Ulad Mohand (Maroc), aide à la production de 60 000 €
- " Nameless ", long-métrage de Mutiganda Wa Nkunda (Rwanda), aide à la finition de 10 000 €
Pathé Diallo
long-métrage de Gahité Fofana (Guinée)
Pathé Diallo (1934-2008), célèbre journaliste sportif et officier des services secrets, aimait se raconter à travers l'épopée du Hafia Football Club de Conakry. Dans les années 70, sous l'emprise idéologique de la Révolution guinéenne, cette équipe a remporté, à trois reprises, la Coupe d'Afrique des Clubs Champions. Une compétition instaurée par le fondateur du panafricanisme, Kwamé Nkrumah.
Les récits tragi-comiques de Pathé Diallo dévoilent, avec le football en toile de fond, les égarements d'un État pionnier de l'émancipation contemporaine africaine, des luttes contre l'impérialisme, du combat anticolonialiste, etc.
Ragno
Long-métrage de Firoza Zahir Houssen (Madagascar)
Ragno est l'histoire d'une petite fille de 7ans qui vit avec sa famille à Madagascar où il ne pleut plus depuis sa naissance. Ceux qui ont les moyens de quitter le pays sont déjà partis et ceux qui n'ont d'autre choix que de rester vivent de l'aide humanitaire. Chaque trimestre, la localité est ravitaillée en packs d'eau et en nourriture surgelée. Ce que la population malgache ignore c'est que ce sont des dons interdits à la vente. Certaines personnes influentes et manipulatrices ne donnent que la nourriture gratuitement et vendent l'eau à prix d'or ou l'échangent contre des objets de valeur. Dans cet environnement sec et aride chaque membre de la famille tente de s'accrocher à quelque chose pour survivre. Sa mère Mino, une femme de 44 ans, est adepte d'une secte religieuse où le "guide" promet une forte pluie qui sauvera le pays, en échange des biens de ses fidèles.
1986
Long-métrage de Amelia Umuhire (Rwanda)
Nous sommes en 1986. Innocent Seminega, un étudiant rwandais de 28 ans, arrive à Fauvillers, un petit village dans la région belge des Ardennes pour mener une étude anthropologique sur la population.
"Dès que la porte s'ouvrait, une expression familière apparaissait sur les visages de mes hôtes ; certains d'entre eux sursautaient même à la vue d'un étranger à leur porte : leur expression de surprise probablement renforcée par la présence d'un homme noir. "
Innocent Seminega dans "Un Village Ardennais"
Ce scénario est adapté de la thèse de doctorat du père de la Réalisatrice.
Galadio
Long-métrage de Berni Goldblat (Burkina Faso)
L'histoire est librement inspirée du roman " Galadio " de Didier Daeninckx. Allemagne, 1939. Ulrich Ruden, quinze ans, est un adolescent de Duisbourg comme les autres. Né d'une mère allemande et d'un père tirailleur sénégalais, il est la preuve de l'occupation des troupes coloniales françaises lors de la Première Guerre mondiale. Pour les nazis, Ulrich n'est donc qu'un "nègre métis", passible du crime de "trahison à la race". Pour se protéger, son oncle allemand, Konrad Ruden, aspirant SS, l'abandonne à Berlin aux bons soins d'un impresario mafieux, collectionneur d'art africain et pourvoyeur de travaux précaires pour les Afroallemands de la capitale. Ulrich atterrit dans les studios de cinéma de Babelsberg, Hollywood nazi dirigé par Goebbels. L'adolescent n'a d'autres choix que de devenir un figurant dans le "cinéma colonial", outil de propagande et de révisionnisme historique. Ecartelé entre la nécessité quotidienne et la quête identitaire, Ulrich accepte de se compromettre dans l'espoir de se sauver lui-même. Mais la Seconde Guerre mondiale éclate et Ulrich croise Soumaïla Drabo, un prisonnier de guerre africain des troupes françaises, déporté afin de servir de main-d'oeuvre gratuite dans les films de propagande. Traumatisé, Drabo revit, lors des tournages, son passé douloureux dans l'Afrique en carton de Babelsberg. Séparés par l'origine, la culture, la langue, cette rencontre va changer le cours de leur histoire. Au coeur de la machine à fantasmes nazie, deux hommes vont découvrir le courage de s'émanciper, alors que l'espoir de la liberté menace leur existence même.
A success story
Court-métrage de Rami Jarboui (Tunisie)
Taha, instituteur, vit avec sa femme et leur fille dans un modeste appartement de Tunis. Il donne des cours particuliers pour boucler ses fins de mois. Accablé par les soucis du quotidien, il s'évanouit subitement dans la rue. En retrouvant ses esprits, il réalise qu'il ne peut plus avancer. A chaque fois qu'il essaie, il tombe. Il ne peut marcher qu'à reculons. Paniqué, il consulte un médecin qui ne parvient pas à diagnostiquer son étrange maladie et lui prescrit une batterie de tests. Taha, toujours à court d'argent, va d'abord se renseigner auprès de la Caisse de Sécurité Sociale pour savoir s'il pourra être remboursé. En expliquant à une guichetière en quoi consiste son mal, il l'offusque en lui révélant qu'il s'est mis à reculer depuis quelques jours, oubliant que dans le dialecte populaire tunisien le verbe "reculer " évoque l'homosexualité. La fonctionnaire l'insulte et le quiproquo provoque un tel raffut que témoins filment la dispute et la postent sur internet. La nouvelle se répand rapidement sur la toile et Taha devient la risée de tout le monde. Partout, il est vilipendé, insulté et agressé. Sa femme préfère le quitter avec leur fille que de devoir assumer le scandale. Peu de temps après, la maladie de Taha qu'on croyait orpheline s'avère pandémique. Elle se répand partout dans le pays et on ne compte plus le nombre de personnes qui en sont atteintes. La Tunisie tout entière avance à reculons.
La mer et ses vagues
Long-métrage de Liana Kassir (Liban), aide à la production de 60 000 €. Production : Kafard Films, France
Selim, le gardien de l'ancien phare de Beyrouth, est mis à la porte pour laisser place aux projets immobiliers d'une ville en pleine expansion. Il passe sa dernière nuit seul dans son phare, parmi les fantômes de son passé, hanté par la légende d'un naufrage. Au même moment, deux clandestins descendent de la montagne vers la ville. Alors que Mansour, blessé au ventre, remonte la piste des passeurs dans les rues de Beyrouth, la jeune et tempétueuse Najwa se prépare à partir en mer.
Soad
Long-métrage de Ayten Amine (Egypte), aide à la production de 60 000 €. Production : Nomadis Images, Tunisie.
A Zaqazig, petite ville rurale du Delta égyptien connue pour son conservatisme et ses ragots fratricides, Souad, 19 ans, vit dans une famille de la classe moyenne musulmane avec sa petite soeur, Rabab. Souad mène une double vie : pure et voilée aux yeux de sa famille, elle entretient, via son smartphone, de multiples relations virtuelles avec des hommes d'autres villes. Son partenaire le plus proche est Ahmed, activiste social et influenceur avec qui elle a un lien ambigu, ni pleinement romantique ni tout à fait platonique. Alors qu'ils parlent au téléphone chaque nuit, se confiant l'un à l'autre et s'appréciant mutuellement, ils ne se rencontrent jamais en vrai. Souad est obsédée par son image publique et son apparence : elle ne cesse de mentir à propos de sa vie personnelle aux amis comme aux étrangers ; dans ces mensonges, elle créé des mondes imaginaires où l'abondance matérielle, le romantisme et le bonheur prévalent, mais en réalité sa vie est limitée par sa pauvreté relative et surtout par le conservatisme de la société dans laquelle elle vit. Il y a quelque chose de mystérieux chez Souad : elle se voile la face, au sens propre comme au sens figuré. Elle ne cesse de tromper ses parents, ses amis et même Ahmed. Seule sa soeur Rabab est consciente de la relation problématique que Souad entretient avec la vérité…
La vie me va bien
Long-métrage de Alhadj Ulad Mohand (Maroc), aide à la production de 60 000 €
Production Kasbah Films, Tanger
Milieu des années 90, dans une petite ville au nord du Maroc : Fouad est le technicien chargé des lignes téléphoniques. Une maladie neurologique bouleverse sa vie et celle de sa famille. Entre Fouad, sa femme Rita et leurs enfants, une nouvelle histoire se joue. Dans la maison, il y aura l'amour, le chagrin et le souvenir. Pendant que Fouad agonise, la famille se redécouvre, le temps passe et les escarres apparaissent... l'envie de vivre est inextinguible.
Nameless
Long-métrage de Mutiganda Wa Nkunda (Rwanda), aide à la finition de 10 000 €
Production : Tanit Films, France
Kathy, perd son travail de serveuse après avoir été harcelée par deux vieux clients masculins et avoir osé s'en plaindre à sa supérieure. Désormais sans emploi, elle rencontre Philbert, qui était son client au bar. Ils entament une relation amoureuse qui se termine par une grossesse inattendue. Malgré son diplôme universitaire, Philbert est sans emploi, lui aussi. Il rêve de travailler à son compte et commence par vendre des vêtements dans la rue, à la sauvette mais finit par accepter un emploi d'agent de sécurité. Après la naissance du bébé, le couple ne parvient plus à subvenir à ses besoins. Kathy décide recommence à vendre des vêtements de seconde main, mais elle est prise dans une descente de la police et elle perd toute sa marchandise. Au fil des jours, la pression financière s'accentue et pousse le jeune couple dans ses retranchements. La tension et le désespoir surgissent entre eux. Le film est inspiré de faits réels.