Le Festival du Film Francophone de Namur - FIFF 2015, Belgique
Édition digne d'un trentième anniversaire. La Tunisienne Leyla Bouzid (en photo) primée.
Le festival du film francophone de Namur s'est déroulé du 2 au 9 octobre, sous le signe de la fête. 30 ans de festival où le film francophone était célébré à chaque session. Il fallait bien que la trentième édition ait des couleurs de fête particulière. Au moment même où la maturité de la manifestation se confirme, l'on choisit, suite dans les idées oblige, de se tourner vers le futur pour donner de l'espoir à des nouvelles générations de cinéastes francophones prêts, eux aussi, à relever le défi de la relève.
La maturité
Le FIFF se veut au diapason de la dynamique du cinéma francophone. Les premières mondiales ont fait florès comme celle de Préjudice d'Antoine Cuypers qui donna le coup d'envoi à l'édition 2015, et Je suis à vous tout de suite, le premier long métrage de Baya Kasmi en a fermé la parenthése. Le festival a permis au public de découvrir les films francophones les plus en vue cette année et qui ont représenté la francophonie dans les festivals les plus prestigieux : Much Loved de Nabil Ayouch (Maroc) qui, après le festival de Cannes continue son odyssée dans les quatre coins du monde. Les équipes de Tempête de Samuel Collardey (France) et de A peine j'ouvre les yeux de Leyla Bouzid (Tunisie) ne se sont pas encore remises de l'émotion vénitienne que le FIFF les accueille chaleureusement sur le tapis rouge de l'Eldorado, le cinéma mythique de Namur.
Le palmarès n'est que routine, en pouvait-il être autrement. Le festival a décerné, comme d'habitude une cagnotte de 77.500 €. Le Jury officiel des longs métrages, présidé par le grand routier Olivier Gourmet et celui des courts métrages mené par l'actrice de talent Lubna Azabal ont veillé à ce que cela serve le rayonnement des films. Que Tempête emporte le grand prix, Le Bayard d'Or, n'est pas une surprise. Que l'acteur du même film, Dominique Leborne, soit consacré comme meilleur acteur de l'édition, non plus. Il en a eu un avant goût à Venise où il remporta le même prix. Mais il faut, toutefois, saluer le tact et la pertinence du jury des longs métrages pour l'attribution du prix de la meilleure interprétation féminine à Loubna Abidar dans Much Loved du Marocain Nabil Ayouch. L'actrice est condamnée à voyager incessamment de peur de rentrer dans son pays, le Maroc, parce que depuis le passage du film à Cannes, elle n'arrête pas de recevoir de menaces de liquidation physique. Quant au film lui-même qui portraiture quatre prostituées, il est interdit de distribution dans son propre pays, alors qu'il fait le tour du monde.
Les yeux vers le futur
La place dédiée aux jeunes cinéastes francophones n'est pas une nouveauté à Namur. La compétition des premières oeuvres a depuis longtemps représenté une antichambre de la grande scène cinématographique francophone. À cette trentième édition, le la a été donné avec la première oeuvre d'Antoine Cuypers, Préjudice, film d'ouverture 2015.
Cette année aussi, la compétition des premières œuvres a été richement fournie. Le Jury Emile Cantillon, composé de jeunes de 18 à 25 ans, a visionné pas moins de 16 longs métrages parmis les oeuvres les plus prometteuses. Au final c'est la Tunisienne Leyla Bouzid qui remporte la mise : quelques 7.500 € offerts par la Fédération Wallonie-Bruxelles au distributeur pour la promotion et la diffusion en salles commerciales en Belgique et 2.500 € déboursés par La Ville de Namur pour la promotion et la diffusion au sein des salles des centres culturels de la Quadrature du Cercle (Belgique).
Namur, pépinière de talents
Le FIFF n'est pas seulement une scène où les oeuvres sont à voir. C'est aussi un laboratoire où les rencontres professionnelles et les ateliers sont autant de perspectives de développement des métiers du cinéma dans le monde francophone.
Depuis plusieurs années, les différents ateliers ont vu passer des talents de tous bords. Les auteurs se sont encore une fois donné rendez-vous dans le cadre de Dans les traces de l'Atelier Grand Nord. Pour la 12ème année successive, le Forum de Namur reste un rendez-vous incontournable. Echanges de talent(s) est aussi un moment de grande importance pour les acteurs francophones. Les élus de cette année sont Marème Demba Ly (Sénégal), Pierre-Luc Lafontaine (Québec), Louise Manteau (Belgique/France), Baya Medhaffar (Tunisie) et Joren Seldeslachts (Belgique). L'atelier Génération 2015 ! et les rencontres avec réalisateurs, agents et directeurs de casting présents au Festival qu'il favorise, est un excellent outil de développement.
La nouveauté de cette année s'appelle la Manufacture de Namur. 15 étudiants en réalisation venus de 15 écoles de cinéma accompagnés par leurs représentants pédagogiques des différentes institutions, ont été invités au festival dans le cadre d'une toute nouvelle initiative. C'est un véritable réseau d'écoles de cinéma Francophones et une projection dans le future et l'accompagnement des artisans du le cinéma francophone de demain. Les écoles participantes sont : l'INSAS (Belgique), l'IAD (Belgique), l'HELB (Belgique), l'ESRA (Belgique), le KASK (Belgique), l'ISMA (Bénin), l'ISIS (Burkina Faso), le Fresnoy (France), la NDU (Liban), l'ESAV (Maroc), l'INIS (Québec), l'UNATC (Roumanie), la HEAD (Suisse), l'ECAL (Suisse) et l'ISAMM (Tunisie). Et pour bien favoriser la transition entre les générations, chaque étudiant a été invité à réaliser un court métrage dans lequel il/elle s'inspire d'un film primé au FIFF. Au final les films ont été projetés lors d'une séance spéciale à la fin du festival.
Encore une fois le FIFF fait preuve d'imagination et surprend par une capacité originale de se renouveler. Annonce est faite d'autres surprises dans le cadre de la prochaine édition. A suivre donc …
par Hassouna Mansouri
Envoyé spécial à Namur
Magazine Africiné (Dakar), Grand Reporter basé à Amsterdam
pour Images Francophones
Image : La Réalisatrice tunisienne Leyla Bouzid,
Crédit : DR.
La maturité
Le FIFF se veut au diapason de la dynamique du cinéma francophone. Les premières mondiales ont fait florès comme celle de Préjudice d'Antoine Cuypers qui donna le coup d'envoi à l'édition 2015, et Je suis à vous tout de suite, le premier long métrage de Baya Kasmi en a fermé la parenthése. Le festival a permis au public de découvrir les films francophones les plus en vue cette année et qui ont représenté la francophonie dans les festivals les plus prestigieux : Much Loved de Nabil Ayouch (Maroc) qui, après le festival de Cannes continue son odyssée dans les quatre coins du monde. Les équipes de Tempête de Samuel Collardey (France) et de A peine j'ouvre les yeux de Leyla Bouzid (Tunisie) ne se sont pas encore remises de l'émotion vénitienne que le FIFF les accueille chaleureusement sur le tapis rouge de l'Eldorado, le cinéma mythique de Namur.
Le palmarès n'est que routine, en pouvait-il être autrement. Le festival a décerné, comme d'habitude une cagnotte de 77.500 €. Le Jury officiel des longs métrages, présidé par le grand routier Olivier Gourmet et celui des courts métrages mené par l'actrice de talent Lubna Azabal ont veillé à ce que cela serve le rayonnement des films. Que Tempête emporte le grand prix, Le Bayard d'Or, n'est pas une surprise. Que l'acteur du même film, Dominique Leborne, soit consacré comme meilleur acteur de l'édition, non plus. Il en a eu un avant goût à Venise où il remporta le même prix. Mais il faut, toutefois, saluer le tact et la pertinence du jury des longs métrages pour l'attribution du prix de la meilleure interprétation féminine à Loubna Abidar dans Much Loved du Marocain Nabil Ayouch. L'actrice est condamnée à voyager incessamment de peur de rentrer dans son pays, le Maroc, parce que depuis le passage du film à Cannes, elle n'arrête pas de recevoir de menaces de liquidation physique. Quant au film lui-même qui portraiture quatre prostituées, il est interdit de distribution dans son propre pays, alors qu'il fait le tour du monde.
Les yeux vers le futur
La place dédiée aux jeunes cinéastes francophones n'est pas une nouveauté à Namur. La compétition des premières oeuvres a depuis longtemps représenté une antichambre de la grande scène cinématographique francophone. À cette trentième édition, le la a été donné avec la première oeuvre d'Antoine Cuypers, Préjudice, film d'ouverture 2015.
Cette année aussi, la compétition des premières œuvres a été richement fournie. Le Jury Emile Cantillon, composé de jeunes de 18 à 25 ans, a visionné pas moins de 16 longs métrages parmis les oeuvres les plus prometteuses. Au final c'est la Tunisienne Leyla Bouzid qui remporte la mise : quelques 7.500 € offerts par la Fédération Wallonie-Bruxelles au distributeur pour la promotion et la diffusion en salles commerciales en Belgique et 2.500 € déboursés par La Ville de Namur pour la promotion et la diffusion au sein des salles des centres culturels de la Quadrature du Cercle (Belgique).
Namur, pépinière de talents
Le FIFF n'est pas seulement une scène où les oeuvres sont à voir. C'est aussi un laboratoire où les rencontres professionnelles et les ateliers sont autant de perspectives de développement des métiers du cinéma dans le monde francophone.
Depuis plusieurs années, les différents ateliers ont vu passer des talents de tous bords. Les auteurs se sont encore une fois donné rendez-vous dans le cadre de Dans les traces de l'Atelier Grand Nord. Pour la 12ème année successive, le Forum de Namur reste un rendez-vous incontournable. Echanges de talent(s) est aussi un moment de grande importance pour les acteurs francophones. Les élus de cette année sont Marème Demba Ly (Sénégal), Pierre-Luc Lafontaine (Québec), Louise Manteau (Belgique/France), Baya Medhaffar (Tunisie) et Joren Seldeslachts (Belgique). L'atelier Génération 2015 ! et les rencontres avec réalisateurs, agents et directeurs de casting présents au Festival qu'il favorise, est un excellent outil de développement.
La nouveauté de cette année s'appelle la Manufacture de Namur. 15 étudiants en réalisation venus de 15 écoles de cinéma accompagnés par leurs représentants pédagogiques des différentes institutions, ont été invités au festival dans le cadre d'une toute nouvelle initiative. C'est un véritable réseau d'écoles de cinéma Francophones et une projection dans le future et l'accompagnement des artisans du le cinéma francophone de demain. Les écoles participantes sont : l'INSAS (Belgique), l'IAD (Belgique), l'HELB (Belgique), l'ESRA (Belgique), le KASK (Belgique), l'ISMA (Bénin), l'ISIS (Burkina Faso), le Fresnoy (France), la NDU (Liban), l'ESAV (Maroc), l'INIS (Québec), l'UNATC (Roumanie), la HEAD (Suisse), l'ECAL (Suisse) et l'ISAMM (Tunisie). Et pour bien favoriser la transition entre les générations, chaque étudiant a été invité à réaliser un court métrage dans lequel il/elle s'inspire d'un film primé au FIFF. Au final les films ont été projetés lors d'une séance spéciale à la fin du festival.
Encore une fois le FIFF fait preuve d'imagination et surprend par une capacité originale de se renouveler. Annonce est faite d'autres surprises dans le cadre de la prochaine édition. A suivre donc …
par Hassouna Mansouri
Envoyé spécial à Namur
Magazine Africiné (Dakar), Grand Reporter basé à Amsterdam
pour Images Francophones
Image : La Réalisatrice tunisienne Leyla Bouzid,
Crédit : DR.