Le festival Africajarc inaugure sa competition de courts métrages d'Afrique et de la diaspora
Le village de Cajarc (Sud de la France) accueille les Afriques du 19 au 22 juillet 2018.
Lancé en 1999 à Cajarc dans le Lot, au Sud de la France, le festival Africajarc est pluridisciplinaire, alliant musique, cinéma, littérature, arts plastiques, conte, artisanat. Le festival programmait des projections. Cette année, Africajarc 2018 saute un pas en instituant une competition réunissant des courts métrages d'Afrique et de ses diasporas, sous la houlette de Colin Dupré, auteur du remarquable livre sur le Fespaco. L'intelligence de la programmation qu'il propose est de refuser de s'enfermer dans l'exclusivité (la competition réunit des films de 2015 ou plus récents) outre le fait de sauter par-dessus les frontières linguistique héritées de la colonisation.
Ainsi Terrain vague de Latifa SAID (Algérie / France / Portugal) qui nous entraîne dans une banlieue éloignée d'une grande ville où Omar, un ouvrier maghrébin, est mal à l'aise avec les femmes jusqu'à sa rencontre avec Rita, une prostituée. La réalisatrice algérienne a eu son film sélectionné dans 61 festivals, dans presque 30 pays différents, et a raflé 4 Prix CinEuphoria 2018 (trophées pour les meilleurs films produits ou co-produits par le Portugal) : celui du Meilleur Court-métrage, de la Meilleure Réalisation de Court-métrage, de la Meilleur Actrice dans un Court-métrage (pour Delphine Grandsart qui donne la réplique ici à l'immense Slimane Dazi explosif dans Rengaine de Rachid Djaidani) et le Prix Top de Courts-métrages outre 6 Nominations
Certains auront la surprise de découvrir l'œuvre de Jeremiah Mosese, réalisateur venant du Lesotho ; avant Behemoth - or the Game of God (où un prédicateur proclame détenir Dieu dans le cercueil qu'il transporte), il avait signé un magnifique film sur une adolescente d'exception refusant que la place des femmes soit clouée dans une cuisine ou dans un lit.
Coréalisé par Pape Bouname Lopy, Marc Recchia et Christophe Rolin, Dem Dem ! redessine avec finesse les destins qui se (dé)nouent concernant l'émigration forcée. Les 3 cinéastent bouturent ici les doutes des candidats à l'expatriation ainsi que la douleur de ceux qu'ils laissent derrière eux.
Hormis la competition, il y a plusieurs sections hors competition avec des longs et courts métrages (fictions et documentaires) dont L'Arbre à palimpseste film d'animation togolais d'Ingrid Agbo, Lakana, de Lova Nantenaina (en présence du réalisateur malgache, membre du jury présidé par Rama Thiaw, cinéaste) et Fallou d'Alassane Sy, subtil réflexion sur le terrorisme et surtout son antidote. Ces deux premiers courts métrages que je viens de citer ont bénéficié du soutien du Fonds Image de la Francophonie (OIF).
Thierno I. Dia
Images Francophones