Le cinquantenaire du Fespaco s'est prolongé à Bobo-Dioulasso du 7 au 10 mars
Le Fespaco s'est étendu du 7 au 10 mars 2019 à Bobo-Dioulassou sur le chantier du cinéma Guimbi.
À l'occasion de son cinquantenaire, le festival panafricain de cinéma de Ouagadougou s'est prolongé dans une autre ville du Burkina Faso, une occasion pour les festivaliers de (re)découvrir les films primés et d'échanger avec les cinéastes. Alors que la capitale de Ouagadougou se vidait des festivités du cinquantenaire du Fespaco, à quelques 350 kilomètres de là, la ville de Bobo-Dioulasso, deuxième ville économique du Burkina Faso, s'apprêtait à accueillir une partie de la programmation sur les écrans du cinéma Guimbi, en cours de construction (ouverture officielle prévue en novembre 2019), de la Maison de la Culture et de la place Tiéfo Amoro. Pour l'occasion, Berni Goldblat réalisateur (Wallay, 2017) à l'initiative du projet de rétablissement du ciné Guimbi et son équipe recevait la délégation du Fespaco et plusieurs cinéastes burkinabè.
Films burkinabè à l'honneur Parmi les auteur.e.s présents, Michel K. Zongo (La Sirène de Faso Fani, 2016) qui présentait son dernier documentaire poignant '' Pas d'Or pour Kalsaka '', sur les conséquences sociales et environnementales de l'exploitation d'une mine d'or au sur les habitants du village. Hakilitan, Mémoire en fuite d'Issiaka Konate qui aborde la mémoire collective filmique quasi en péril lors des inondations de la Cinémathèque Africaine de Ouagadougou en septembre 2009. Le Loup d'Or de Balolé d'Aïcha Boro récompensé pour l'étalon de Yennenga du documentaire pour son 3ème long métrage qui relate des lendemains de la révolution pour les mineurs d'une carrière de granit en marge de la capitale. Duga, Les Charognards, second long métrage d'Hervé Éric Lengani, co-réalisé avec Abdoulaye Dao sorti tout droit de Ouaga Film Lab, fabrique de cinéma d'Afrique initié par Génération Films et très attendu dans les salles. Le Fou, le Génie et Le Sage de Maïmouna Ndiaye (L'Œil du Cyclone, 2015) quant à lui nous emmène dans l'univers obscur des personnes dites " folles " en quête de guérison dans un pays qui ne compte que quelques psychiatres. Fragile Espoir, premier court métrage d'Inoussa Baguin se place lui du coté de ceux qui restent sans nouvelles de leur proche parti en mer pour atteindre l'Europe.
REDA, une initiative pour booster la diffusion en Afrique de l'Ouest À l'issue d'une table ronde sur la diffusion des films en Afrique qui s'est tenue au Centre Régional pour les Arts Vivants en Afrique (CERAV) qui réunissait diverses professionnels de l'industrie des cinémas d'Afrique (diffuseurs, cinéastes, directeur de festival, directeur d'école de cinéma, critique de cinéma et responsable de programmation), plusieurs pistes ont été lancées pour s'attaquer à cette étape essentielle de la carrière d'un film qui demeure une calamité sur le continent. Parmi les initiatives exposées, un Réseau d'Exploitants de cinémas et Distributeurs Africains (REDA) qui regroupe des diffuseurs du Burkina Faso, Mali, Sénégal, Côte d'Ivoire et Tchad. Aussi, le réalisateur Oumar Dagnon (À bout de Souffle) a partagé son expérience à plusieurs casquettes allant du développement du film à la promotion et distribution de celui-ci en salle, tandis que la programmatrice Ouda El Amri (Canal Afrique) rappelle la nécessité de tenir compte des deux grandes catégories de films - d'auteur.es et commerciaux - afin de satisfaire l'audience. Enfin, l'ISIS par l'intermédiaire de son directeur Souleymane Ouedraogo, a annoncé la mise en place de formations du métier de diffuseur en vue de professionnaliser cette activité au pays. Dans un premier temps, locales et régionales, ces initiatives espèrent s'étendre à l'échelle continentale, du moins là où la diffusion des œuvres posent encore problème. À suivre donc !
Djia Mambu
Bobo-Dioulasso