Le cinéma québécois à la rencontre de l'Autre
Tourné au Congo, REBELLE (WAR WITCH) du Québécois Kim Nguyen représente le Canada à l'Oscar du meilleur film étranger 2013.
Le cinéma canadien français se porte bien, et même très bien. À l'abri de toute prétention, on pourrait même aller jusqu'à dire que chaque année, on peut s'attendre à un succès. Pas nécessairement le succès des box offices que l'on connaît aujourd'hui mais celui d'une œuvre qui fera l'objet d'un prix ou d'une reconnaissance internationale.
L'Afrique, du Nord au Sud
Rebelle du réalisateur québécois Kim Nguyen, vient d'être choisi pour représenter le Canada dans la course à l'Oscar du meilleur film en langue étrangère pour la prochaine cérémonie hollywoodienne prévue en février 2013. Alors que son précédent long métrage, La cité (2009), se passait en 1895 en Afrique du Nord, avec Jean-Marc Barr et Lotfi Abdelli, ce film se déroule en Afrique subsaharienne au 21ème siècle.
Rebelle (War Witch) relate l'histoire de Komona, une enfant soldat qui se voit attribuer le rôle de sorcière de guerre au sein d'une junte rebelle. Le film a remporté l'Ours d'argent de la Meilleure actrice (pour la Congolaise Rachel Mwanza) à la Berlinale 2012 ainsi que le prix du Meilleur film et de la Meilleure actrice au Festival de TriBeCa à New-York. Soulignons que la jeune actrice congolaise Rachel Mwanza est aussi présentement à l'affiche pour un autre long métrage, belge cette fois-ci : Kinshasa Kids de Marc-Henri Wajnberg.
Du jamais vu
Nominés aux Oscars dans la catégorie de Meilleur film en langue étrangère, Incendies de Denis Villeneuve en 2011 et Monsieur Lazhar de Philippe Falardeau en 2012 avaient créé l'émoi. En effet, pour la première fois, deux films canadiens étaient nominés deux années consécutives. C'est du jamais vu. En dehors de l'Oscar du Meilleur film étranger en 2003 avec Les invasions barbares de Denys Arcand, le Canada compte quatre autres films qui ont eu à être nominés à cette grande compétition internationale.
Citons Water de Deepa Metha en 2006, Jésus de Montréal en 1989 et Le Déclin de l'empire américain en 1986, tous deux réalisés par Denys Arcand. Monsieur Lazhar de Philippe Falardeau, dernier en liste, était le septième film canadien (dont six québécois) en nomination dans cette catégorie " Meilleur Film étranger ". Les Canadiennes et Canadiens croisent maintenant les doigts pour que Rebelle connaisse un parcours tout aussi prodigieux.
D'autre part, Inch'Allah, le nouveau film de la réalisatrice québécoise Anaïs Barbeau-Lavalette vient d'être présenté en primeur mondiale au Festival International du Film de Toronto. Très attendu par le public et les médias qui s'empressaient à l'idée de découvrir le dernier film canadien en vue, ce film est produit par Luc Déry et Kim McCraw, les mêmes producteurs qu'Incendies et Monsieur Lazhar. Le film retrace l'histoire d'une jeune québécoise habitant en Israël, obstétricienne dans la clinique d'un camp de réfugiés palestiniens en Cisjordanie et qui se voit entrainer dans le conflit israélo-palestinien.
Une œuvre à caractère multiculturel qui se projette dans l'univers de l'Autre et qui s'ouvre sur la diversité. Les deux derniers grand succès canadiens vont également dans ce sens. Tous deux produits par micro_scope, Incendies et Monsieur Lazhar, manifestent, chacun à leur manière, un intérêt particulier envers l'étranger, vers l'au-delà des frontières.
Ces films sont d'ailleurs loin d'être les seuls à avoir connu un certain succès, en accentuant le caractère multiculturel, la confrontation avec l'Autre. Ainsi, il y a Congorama de Philippe Falardeau (2006), Un dimanche à Kigali de Robert Favreau (2006), Journal d'un coopérant de Robert Morin, entre autres.
Encore un écran de verre, à franchir, comme en France
Si on peut observer cette tendance à caractère multiculturel à l'écran, on ne peut pas en dire autant de l'autre coté de l'écran, au niveau de la réalisation. Incendies, dont le récit se déroule au Liban, est basé sur la pièce de l'auteur et cinéaste d'origine libanaise Wajdi Mouawad, qui est donc à l'origine du scénario. Le multiculturalisme que le Canada connait aujourd'hui semble très bien se transmettre au cinéma par l'entremise de réalisateurs québécois. Ceux-ci abordent la diversité avec une approche suffisamment crédible, une attitude libre, voire rassurante. Ce qui plait aux Canadiens et Canadiennes qui découvrent ainsi l'Autre, à travers l'objectif d'une caméra canadienne, le regard d'un réalisateur québécois, le point de vue d'une personne qui partage la même culture, les mêmes valeurs qu'eux.
" Je crois qu'on se donne tout simplement plus confiance sur la liberté de parler des autres, explique Luc Déry, fondateur de la société de production micro_scope, " Dès qu'on ouvre le propos et qu'on s'y met, le rapport et l'identification à l'étranger sont plus faciles pour les gens de se mettre dans la peau du personnage ", dit-il.
L'approche met aussi en confiance le public étranger et extérieur qui apprécie ce recul, cette impartialité en quelque sorte. Un réalisateur issu de la minorité l'aurait sans doute abordé différemment, avec un certain regard, risquant ainsi d'écarter les chances de voir un gros producteur investir dans son film.
En effet, peu de cinéastes francophones issus de l'immigration parviennent à se creuser une place au sein de l'industrie du cinéma québécois, si on compare à la France où il existe déjà un répertoire de grands réalisateurs d'origine étrangère tels que Rachid Bouchareb (Little Senegal, Indigènes, London River) ou encore Yamina Benguigui (Le plafond de verre) adjointe au maire de Paris et devenue en 2012 Ministre déléguée à la Francophonie.
Curieusement du côté du Canada anglais, on dénombre bon nombre de cinéaste issus de l'immigration, même si les films connaissent un moindre succès auprès du public canadien que ceux de leurs collègues francophones : Atom Egoyan (De beaux lendemains, en anglais The Sweet Hereafter), d'origine arménienne et né en Égypte ; ainsi que Deepa Metha (Hollywood-Bollywood), d'origine indienne ; Norma Chang (Double Happiness), d'origine chinoise ; de même que Clément Virgo (Rude) d'origine jamaïcaine ; sans oublier Ruba Nadda, d'origine syrienne, dont le film Inescapable vient d'être projeté au Festival international du Film de Toronto.
" Ceci peut trouver une explication dans le fait que la culture quotidienne des Canadiens anglais est beaucoup moins exprimée que celle de la culture canadienne française, explique André Loiselle, professeur de cinéma à l'Université de Carlton à Ottawa. " Au Québec, il existe une identité pure laine, bien plus ancrée. C'est un peuple qui se sent constamment menacé, donc en réaction à la menace il va produire toujours plus", poursuit-il.
Le cinéma canadien… francophone
Si on regarde du côté du financement, en plus de miser sur un projet de film qui peut rapporter, les sociétés de productions publiques, essentiellement Téléfilm (fédéral) et SODEC (provincial), mettent d'avantage l'emphase sur un film qui présente un profil culturel, voire multiculturel. C'est une notion importante pour le Canada dont l'image se veut être celle d'un pays qui demeure ouvert aux différentes cultures et aux immigrants. Sans être de la propagande pour autant, cette conduite véhicule une image positive et c'est de bonne guerre. Cependant, pour obtenir un financement, la politique de la maison veut que les rôles clés de réalisateurs, scénaristes, producteurs, monteurs, soient occupés au minimum par deux Canadiens.
À peu près 20% des films francophones projetés sur les écrans de cinémas canadiens sont faits au Québec. Si l'on considère qu'en général un pays dans lequel le cinéma se porte bien projette environ 10% de films faits dans ce même pays, c'est plutôt bien parti. Toutefois, ce fait n'existe pas dans le cinéma canadien anglais où à peine 3% des films canadiens anglais sont vus dans les salles de cinéma au pays. " À ce jour, on peut dire que le cinéma canadien français connaît pratiquement un équilibre parfait avec une panoplie de genre de films qui touchent des publics plus restreint comme par exemple les films d'épouvante ou les films d'auteur, explique André Loiselle, Plusieurs types de films coexistent, c'est un signe que le cinéma québécois se porte bien ".
Contrairement au cinéma canadien français qui a connu un recul de l'industrie après la fin des années 60'avant la reprise du début des années 80', le cinéma canadien anglais n'a pas connu de période creuse, du fait de l'omniprésence du cinéma d'Hollywood qui a toujours dominé colossalement son marché. Convaincre un public''abonné'' au cinéma américain de passer aux films canadiens relève du défi. Mis à part quelques grands cinéastes comme David Cronenberg (La Mouche, Dead zone), qu'on prend d'ailleurs souvent pour un Américain, ou Atom Egoyan (The Sweet Hereafter, Chloe) par exemple, les cinéastes anglophones canadiens sont essentiellement connus des cinéphiles et des festivals, mais peu en dehors des milieux de l'industrie.
Quant au cinéma québécois, il fait pratiquement partie du quotidien franco-canadien comme le démontre André Loiselle, professeur de cinéma à l'Université de Carlton à Ottawa : " Du côté francophone, il existe une présence de films canado-français depuis la fin de la Seconde guerre mondiale avec l'occupation nazie, dit-il. À partir de cette période beaucoup de productions vont être faites au Canada, ce qui a eu pour effet que les Canadiens francophones ont appris à apprécier leur propre cinéma, à créer leurs propres vedettes, etc… Autant, ils aiment le divertissement français, autant ils apprécient le leur".
Le cinéma québécois avait d'ailleurs été très vite qualifié de cinéma d'auteur, notamment dû aux relations entre les jeunes cinéastes québécois et français de l'époque (Claude Jutra, François Truffaut, Pierre Perrault, Gilles Groulx etc.). Si la France a toujours imposé un certain quota de projections sur ses propres écrans, le Canada n'en a pas fait une priorité officielle, du moins jusqu'à présent. La seule politique culturelle consiste en ce que les films projetés soient aussi en langue française.
Avec davantage d'intérêt pour la diversité, les films à caractère multiculturel, constitue un véritable défi pour l'industrie cinématographique québécoise.
Par Djia Mambu
Africiné, Montréal
Septembre 2012
L'Afrique, du Nord au Sud
Rebelle du réalisateur québécois Kim Nguyen, vient d'être choisi pour représenter le Canada dans la course à l'Oscar du meilleur film en langue étrangère pour la prochaine cérémonie hollywoodienne prévue en février 2013. Alors que son précédent long métrage, La cité (2009), se passait en 1895 en Afrique du Nord, avec Jean-Marc Barr et Lotfi Abdelli, ce film se déroule en Afrique subsaharienne au 21ème siècle.
Rebelle (War Witch) relate l'histoire de Komona, une enfant soldat qui se voit attribuer le rôle de sorcière de guerre au sein d'une junte rebelle. Le film a remporté l'Ours d'argent de la Meilleure actrice (pour la Congolaise Rachel Mwanza) à la Berlinale 2012 ainsi que le prix du Meilleur film et de la Meilleure actrice au Festival de TriBeCa à New-York. Soulignons que la jeune actrice congolaise Rachel Mwanza est aussi présentement à l'affiche pour un autre long métrage, belge cette fois-ci : Kinshasa Kids de Marc-Henri Wajnberg.
Du jamais vu
Nominés aux Oscars dans la catégorie de Meilleur film en langue étrangère, Incendies de Denis Villeneuve en 2011 et Monsieur Lazhar de Philippe Falardeau en 2012 avaient créé l'émoi. En effet, pour la première fois, deux films canadiens étaient nominés deux années consécutives. C'est du jamais vu. En dehors de l'Oscar du Meilleur film étranger en 2003 avec Les invasions barbares de Denys Arcand, le Canada compte quatre autres films qui ont eu à être nominés à cette grande compétition internationale.
Citons Water de Deepa Metha en 2006, Jésus de Montréal en 1989 et Le Déclin de l'empire américain en 1986, tous deux réalisés par Denys Arcand. Monsieur Lazhar de Philippe Falardeau, dernier en liste, était le septième film canadien (dont six québécois) en nomination dans cette catégorie " Meilleur Film étranger ". Les Canadiennes et Canadiens croisent maintenant les doigts pour que Rebelle connaisse un parcours tout aussi prodigieux.
D'autre part, Inch'Allah, le nouveau film de la réalisatrice québécoise Anaïs Barbeau-Lavalette vient d'être présenté en primeur mondiale au Festival International du Film de Toronto. Très attendu par le public et les médias qui s'empressaient à l'idée de découvrir le dernier film canadien en vue, ce film est produit par Luc Déry et Kim McCraw, les mêmes producteurs qu'Incendies et Monsieur Lazhar. Le film retrace l'histoire d'une jeune québécoise habitant en Israël, obstétricienne dans la clinique d'un camp de réfugiés palestiniens en Cisjordanie et qui se voit entrainer dans le conflit israélo-palestinien.
Une œuvre à caractère multiculturel qui se projette dans l'univers de l'Autre et qui s'ouvre sur la diversité. Les deux derniers grand succès canadiens vont également dans ce sens. Tous deux produits par micro_scope, Incendies et Monsieur Lazhar, manifestent, chacun à leur manière, un intérêt particulier envers l'étranger, vers l'au-delà des frontières.
Ces films sont d'ailleurs loin d'être les seuls à avoir connu un certain succès, en accentuant le caractère multiculturel, la confrontation avec l'Autre. Ainsi, il y a Congorama de Philippe Falardeau (2006), Un dimanche à Kigali de Robert Favreau (2006), Journal d'un coopérant de Robert Morin, entre autres.
Encore un écran de verre, à franchir, comme en France
Si on peut observer cette tendance à caractère multiculturel à l'écran, on ne peut pas en dire autant de l'autre coté de l'écran, au niveau de la réalisation. Incendies, dont le récit se déroule au Liban, est basé sur la pièce de l'auteur et cinéaste d'origine libanaise Wajdi Mouawad, qui est donc à l'origine du scénario. Le multiculturalisme que le Canada connait aujourd'hui semble très bien se transmettre au cinéma par l'entremise de réalisateurs québécois. Ceux-ci abordent la diversité avec une approche suffisamment crédible, une attitude libre, voire rassurante. Ce qui plait aux Canadiens et Canadiennes qui découvrent ainsi l'Autre, à travers l'objectif d'une caméra canadienne, le regard d'un réalisateur québécois, le point de vue d'une personne qui partage la même culture, les mêmes valeurs qu'eux.
" Je crois qu'on se donne tout simplement plus confiance sur la liberté de parler des autres, explique Luc Déry, fondateur de la société de production micro_scope, " Dès qu'on ouvre le propos et qu'on s'y met, le rapport et l'identification à l'étranger sont plus faciles pour les gens de se mettre dans la peau du personnage ", dit-il.
L'approche met aussi en confiance le public étranger et extérieur qui apprécie ce recul, cette impartialité en quelque sorte. Un réalisateur issu de la minorité l'aurait sans doute abordé différemment, avec un certain regard, risquant ainsi d'écarter les chances de voir un gros producteur investir dans son film.
En effet, peu de cinéastes francophones issus de l'immigration parviennent à se creuser une place au sein de l'industrie du cinéma québécois, si on compare à la France où il existe déjà un répertoire de grands réalisateurs d'origine étrangère tels que Rachid Bouchareb (Little Senegal, Indigènes, London River) ou encore Yamina Benguigui (Le plafond de verre) adjointe au maire de Paris et devenue en 2012 Ministre déléguée à la Francophonie.
Curieusement du côté du Canada anglais, on dénombre bon nombre de cinéaste issus de l'immigration, même si les films connaissent un moindre succès auprès du public canadien que ceux de leurs collègues francophones : Atom Egoyan (De beaux lendemains, en anglais The Sweet Hereafter), d'origine arménienne et né en Égypte ; ainsi que Deepa Metha (Hollywood-Bollywood), d'origine indienne ; Norma Chang (Double Happiness), d'origine chinoise ; de même que Clément Virgo (Rude) d'origine jamaïcaine ; sans oublier Ruba Nadda, d'origine syrienne, dont le film Inescapable vient d'être projeté au Festival international du Film de Toronto.
" Ceci peut trouver une explication dans le fait que la culture quotidienne des Canadiens anglais est beaucoup moins exprimée que celle de la culture canadienne française, explique André Loiselle, professeur de cinéma à l'Université de Carlton à Ottawa. " Au Québec, il existe une identité pure laine, bien plus ancrée. C'est un peuple qui se sent constamment menacé, donc en réaction à la menace il va produire toujours plus", poursuit-il.
Le cinéma canadien… francophone
Si on regarde du côté du financement, en plus de miser sur un projet de film qui peut rapporter, les sociétés de productions publiques, essentiellement Téléfilm (fédéral) et SODEC (provincial), mettent d'avantage l'emphase sur un film qui présente un profil culturel, voire multiculturel. C'est une notion importante pour le Canada dont l'image se veut être celle d'un pays qui demeure ouvert aux différentes cultures et aux immigrants. Sans être de la propagande pour autant, cette conduite véhicule une image positive et c'est de bonne guerre. Cependant, pour obtenir un financement, la politique de la maison veut que les rôles clés de réalisateurs, scénaristes, producteurs, monteurs, soient occupés au minimum par deux Canadiens.
À peu près 20% des films francophones projetés sur les écrans de cinémas canadiens sont faits au Québec. Si l'on considère qu'en général un pays dans lequel le cinéma se porte bien projette environ 10% de films faits dans ce même pays, c'est plutôt bien parti. Toutefois, ce fait n'existe pas dans le cinéma canadien anglais où à peine 3% des films canadiens anglais sont vus dans les salles de cinéma au pays. " À ce jour, on peut dire que le cinéma canadien français connaît pratiquement un équilibre parfait avec une panoplie de genre de films qui touchent des publics plus restreint comme par exemple les films d'épouvante ou les films d'auteur, explique André Loiselle, Plusieurs types de films coexistent, c'est un signe que le cinéma québécois se porte bien ".
Contrairement au cinéma canadien français qui a connu un recul de l'industrie après la fin des années 60'avant la reprise du début des années 80', le cinéma canadien anglais n'a pas connu de période creuse, du fait de l'omniprésence du cinéma d'Hollywood qui a toujours dominé colossalement son marché. Convaincre un public''abonné'' au cinéma américain de passer aux films canadiens relève du défi. Mis à part quelques grands cinéastes comme David Cronenberg (La Mouche, Dead zone), qu'on prend d'ailleurs souvent pour un Américain, ou Atom Egoyan (The Sweet Hereafter, Chloe) par exemple, les cinéastes anglophones canadiens sont essentiellement connus des cinéphiles et des festivals, mais peu en dehors des milieux de l'industrie.
Quant au cinéma québécois, il fait pratiquement partie du quotidien franco-canadien comme le démontre André Loiselle, professeur de cinéma à l'Université de Carlton à Ottawa : " Du côté francophone, il existe une présence de films canado-français depuis la fin de la Seconde guerre mondiale avec l'occupation nazie, dit-il. À partir de cette période beaucoup de productions vont être faites au Canada, ce qui a eu pour effet que les Canadiens francophones ont appris à apprécier leur propre cinéma, à créer leurs propres vedettes, etc… Autant, ils aiment le divertissement français, autant ils apprécient le leur".
Le cinéma québécois avait d'ailleurs été très vite qualifié de cinéma d'auteur, notamment dû aux relations entre les jeunes cinéastes québécois et français de l'époque (Claude Jutra, François Truffaut, Pierre Perrault, Gilles Groulx etc.). Si la France a toujours imposé un certain quota de projections sur ses propres écrans, le Canada n'en a pas fait une priorité officielle, du moins jusqu'à présent. La seule politique culturelle consiste en ce que les films projetés soient aussi en langue française.
Avec davantage d'intérêt pour la diversité, les films à caractère multiculturel, constitue un véritable défi pour l'industrie cinématographique québécoise.
Par Djia Mambu
Africiné, Montréal
Septembre 2012