L’OIF lance le projet Clap ACP
Dans le cadre du nouveau projet « Clap ACP », l’OIF va gérer, entre 2020 et 2022, 2,45 millions d’euros de financements européens en soutien aux coproductions des pays ACP (Afrique, Caraïbes, Pacifique). Clap ACP est un projet mis en oeuvre en partenariat avec le FONSIC de Côte d'Ivoire, avec la contribution financière de l'Union européenne et le soutien du Secrétariat du Groupe des Etats ACP.
Un peu plus de la moitié (52 %) des 2,45 millions d’euros affectés au projet Clap ACP transitera par le Fonds Image de la Francophonie. Une autre part, représentant 28 %, viendra abonder le Fonds de soutien à l’industrie cinématographique (FONSIC) de Côte d’Ivoire. Ces apports, représentant 80 % du financement européen alloué à l’OIF, permettront de multiplier par trois les montants attribués par le Fonds Image de la Francophonie et le FONSIC à des projets de réalisateurs originaires de pays du Groupe des Etats ACP. Pour être éligibles à ces financements, les projets devront être coproduits par au moins trois partenaires et la coproduction devra comporter des coproducteurs d'au moins 2 pays ACP différents, et si elle inclut des coproducteurs de pays non-ACP, ceux-ci devront être en nombre inférieur ou au plus égal aux coproducteurs originaires de pays ACP. Une part du financement européen alloué au projet Clap ACP (20 %) sera consacrée à l’accompagnement des projets bénéficiant d’une aide financière.
Pour mieux comprendre le mécanisme du « bonus ACP » qui sera mis en place dès janvier 2020, voici les réponses aux principales questions que peuvent se poser les professionnels du cinéma et de l’audiovisuel à propos de ce nouveau dispositif « Clap ACP ».
A partir de quand le nouveau dispositif fonctionnera-t-il ?
Dès janvier 2020 pour le Fonds Image de la Francophonie. Les dossiers déposés pour les sessions de mai devront prendre en compte la possibilité d’obtenir un financement européen en plus du montant habituellement attribué par le Fonds Image de la Francophonie. Cette possibilité n’existera, bien sûr, que pour les projets de réalisateurs ACP et seulement dans le cas où les conditions de coproduction exigées seront remplies. Afin de permettre aux producteurs de mieux se préparer, le calendrier du Fonds Image de la Francophonie a été légèrement modifié (dépôt des projets de documentaires ou de séries à partir du 15 janvier – au lieu du 1er habituellement ; dépôt des courts et longs-métrages de fiction à partir du 1er février). Le nouveau calendrier et le règlement adaptés sont à consulter à la page « Fonds francophone».
Pourquoi l’OIF gère-t-elle des financements européens ?
Au lieu de lancer des appels à projets directement auprès des producteurs (comme en 2011 - « ACP-Films » - ou 2012 - ACP Cultures ), le Secrétariat des ACP et la commission européenne ont choisi de confier la gestion de leurs budgets d’aide à la coproduction à plusieurs fonds d’aide déjà actifs. L’appel à projets « Appui aux coproductions ACP », lancé en avril 2019, a mis en jeu une première enveloppe de 6 millions d’euros (sur les 10 millions d’aides aux coproductions prévues dans le cadre du programme ACP-UE Cultures). Le consortium formé par l’OIF et le FONSIC s’est vu confier près de la moitié de ce montant : 2,45 millions d’euros.
Quels avantages pour les producteurs ACP ?
Le nouveau dispositif leur permettra de boucler plus rapidement le budget de leur film ou de leur série. Avec un seul dossier de production (moins contraignant que ne l’étaient les dossiers demandés lors des appels à projets ACP Films et ACP Cultures ), si leur projet est retenu, ils pourront cumuler l’aide du Fonds Image de la Francophonie ou du FONSIC et celle du programme ACP-UE Culture.
Un exemple ?
Le long-métrage de RDC « La vie est un chemin de fer » retenu lors de la dernière session du Fonds Image de la Francophonie, a obtenu un soutien de 60 000 €, intégralement financé par le budget propre de l’OIF affecté au Fonds Image de la Francophonie. Ce même projet, s’il avait été présenté en 2020, aurait pu prétendre à 3 x 60 000 = 180 000 €, dont 120 000 € de « bonus ACP ». Mais le déclenchement de ce « bonus » est soumis à une condition : l’existence d’un accord de coproduction impliquant au moins trois partenaires, dont deux au moins de pays ACP (différents).
Un rattrapage est-il possible pour des projets présentés avant 2020 et n’ayant pas pu profiter des financements européens ?
Pour les projets de réalisateurs originaires de pays à faible revenu par habitant, le Fonds Image de la Francophonie permet un cumul entre aide à la production et aide à la finition. Certains projets ayant reçu une aide à la production avant 2020 pourraient bénéficier du « bonus ACP » au titre de l’aide à la finition, à condition que la plus grande partie du tournage ait lieu après le dépôt du dossier de demande d'aide à la finition et qu'un début de pré-montage puisse être livré avant la réunion de la commission de sélection. Ces projets devront aussi satisfaire aux conditions de coproduction fixées.
Pourquoi cette obligation de coproduction ?
L’union fait la force. Un projet associant trois coproducteurs a plus de chances d’aboutir car chaque partenaire apporte les moyens matériels et humains dont il dispose mais aussi ses contacts et sa capacité à déclencher l’engagement de partenaires financiers, de diffuseurs ou de distributeurs. Les coproductions, quand elles se font entre partenaires de plusieurs pays, ont l’avantage d’additionner les possibilités de soutien offertes dans chacun de ces pays. Ce cumul d’avantages nationaux sera facilité si les Etats en question sont liés par des accords de coproduction cinématographiques ou audiovisuels. Ainsi, la Côte d’Ivoire est liée au Burkina Faso par le Traité d’action culturelle et au Sénégal par un accord de coproduction.
L’apport de financements européens va-t-il permettre d’augmenter la production ?
Pas nécessairement car les Fonds d’aide gérant des financements UE-ACP vont – comme auparavant – sélectionner les meilleurs projets mais l’apport de financements plus important permettra à ces projets d’être plus ambitieux. C’est l’élévation de la qualité, plus que l’augmentation de la quantité qui sera visée. Toutefois, un impact sur le nombre de productions entreprises devrait être obtenu à terme car les meilleurs producteurs pourront plus rapidement faire aboutir leur projets et seront donc à même d’en entreprendre de nouveaux.
En quoi va consister l’accompagnement proposé aux bénéficiaires par le Fonds Image de la Francophonie et le FONSIC ?
Il y aura, d’abord, un diagnostic de chaque projet, permettant d’identifier ce qui pourrait apparaître comme des points faibles (le scénario, le niveau de financement, les capacités de l’équipe technique, les accords passés – ou non – avec des distributeurs ou des diffuseurs). Des interventions de spécialistes seront alors prises en charge par le projet Clap ACP (conseillers, experts, coachs, formateurs) pour corriger les lacunes ou les faiblesses identifiées et permettre aux projets d’aboutir plus rapidement et dans de meilleures conditions.
Le projet Clap ACP sera-t-il mené au détriment des pays non ACP ?
On ne peut pas dire cela car le mode de sélection des projets par le Fonds Image de la Francophonie ne changera pas. La règle du « que le meilleur gagne » sera respectée et le choix des commissions se portera sur des projets d’Afrique du Nord, du Moyen-Orient ou d’Asie du Sud-Est à chaque fois que ces projets parviendront à se démarquer par leur qualité artistique et leur niveau d’ambition. On peut s’attendre, toutefois, à terme, et grâce aux aides financières et aux mesures d’accompagnement du projet Clap ACP, à un rééquilibrage des aides du Fonds Image de la Francophonie en faveur des pays ACP, dont la part relative a diminué, au cours de la décennie écoulée (par exemple, le Burkina Faso, premier bénéficiaire du fonds au début des années 2010, a été détrôné par le Maroc, puis par la Tunisie).
Par rapport aux précédents programmes d’aide à la production mis en œuvre par le Secrétariat des ACP et l’Union européenne, quels sont les principaux changements attendus ?
Dans le cadre du projet Clap ACP, les aides accordées seront réparties sur un plus grand nombre de bénéficiaires, pour deux raisons. D’une part, il y a un plafonnement de l’aide européenne (maximum 200 000 € au lieu de 500 000 € lors de l’appel à projets de 2012). D’autre part, les aides accordées par les programmes ACP Films, puis ACP Cultures à l’issue des appels à projets de 2011 et 2012 étaient allées en quasi-totalité à des longs-métrages de fiction (la seule exception étant une série documentaire). Dans le cadre du projet Clap ACP, les financements européens pourront aller à tous les types de programmes éligibles au Fonds Image de la Francophonie et au FONSIC : courts-métrages ou longs-métrages, productions unitaires ou séries, fictions ou documentaires.
Pour tout renseignement sur le projet Clap ACP, contactez :
Pierre Barrot, pierre.barrot@francophonie.org
Clap ACP est un projet mis en oeuvre avec la contribution financière de l'Union européenne et le soutien du Secrétariat du Groupe des Etats ACP.