L'Enseignement du cinéma au Burkina
Réunion de centres de formation, au sein de l'Institut Imagine de Ouagadougou et nouvel appui de la France (au-delà des pays francophones).
Alors que le jury de la compétition Film des écoles du Fespaco auréolait l'Institut Supérieur de l'Image et du Son (ISIS, Burkina Faso) et l'Institut de Formation aux Techniques de l'Information et de la Communication (IFTIC, Niger) respectivement du Prix de la Meilleure fiction et celui du Meilleur documentaire 2013, d'autres centres de formation se réunissaient le 26 février dernier au sein de l'Institut Imagine de Ouagadougou pour réfléchir sur l'avenir de l'enseignement du cinéma en Afrique.
Lorsque l’Institut Africain d’Études Cinématographiques (INAFEC) voit le jour à Ouagadougou en 1976, c’est tout un espoir pour les aspirants cinéastes au Sud du Sahara : pouvoir se former en Afrique dans la même perspective que l’Egyptian Cinematographic Institute fondé à Alexandrie en 1932. Malheureusement, l’INAFEC ferme ses portes en 1987 et un long désert s’ensuit, ponctué d’ateliers sporadiques organisés dans le cadre de coopérations bilatérales avec des pays du Nord ou de partenariats institutionnels.
Puis, dans les années 2000, une nouvelle mouvance s’impose aux quatre coins du continent : créer des écoles de cinéma en Afrique qui formeront localement les cinéastes de demain. Du Cap à Addis-Abeba, en passant par Accra, Niamey, Tunis, Dakar, Cotonou, Marrakech, Kigali et Kinshasa, nombreux sont les instituts, écoles de cinéma ou centres de formation dédiés au septième art qui fleurissent, aidés par l’arrivée de techniques de production numériques à moindre coût.
Des offres de formation sur le continent
Ce sont donc des réponses locales qui s’offrent aux jeunes générations, répondant ainsi à une demande grandissante et à la difficulté de financer des formations dans le Nord. Certes, les frais d’inscription sont encore et toujours trop élevés, pour le niveau de vie d’un citoyen moyen. Mais il s’agit-là d’une belle opportunité de prouver qu’il est possible de former localement des professionnels du cinéma en Afrique.
Certaines écoles proposent une formation initiale sur plusieurs années, débouchant soit sur un Brevet de technicien supérieur (BTS), une licence ou un master, dans les différents métiers du cinéma, de la télévision et du multimédia. D’autres favorisent la formation continue et le perfectionnement de professionnels déjà opérationnels sur le terrain mais qui souhaitent accroître leurs compétences et leurs expériences. Cependant, quel que soit le type d’école, la question de l’offre pédagogique et de son financement se pose face à un secteur en constante évolution.
Imagine quel futur pour l'enseignement du cinéma ?
Réunis à l'occasion de la célébration des dix ans de l'Institut Imagine de Ouagadougou (Burkina Faso), plusieurs écoles de cinéma se sont réunies pour débattre de la thématique « Imagine quel futur pour l'enseignement du cinéma ?». Côté Burkina Faso, il y avait trois écoles : l'Institut Supérieur de l’Image et du Son (ISIS), l'Institut Supérieur du Cinéma, de l’Audiovisuel et de la Musique (ISCAM) et l'Institut Imagine. Trois écoles étrangères étaient présente : la Huston School of Film & Digital Media (Irlande), Den Danske Filmskole (Danemark) et Lingnan University (Hong-Kong). Plusieurs interrogations étaient discutées : quand les technologies auront repoussé les frontières de la production et de la transmission massive d’images, les écoles de cinéma africaines sauront-elles relever les défis qui les attendent ? Sauront-elles répondre aux besoins réels des nouvelles générations de professionnels ? Les professionnels formés sauront-ils relever le défi de la production d’images et de récits dans lesquels l’Afrique se raconte à elle-même et au reste du monde ?
Pour Gaston Kaboré, vainqueur du dernier étalon de Yennenga burkinabè (Buud Yam, en 1997) ayant créé l'Institut Imagine en 2003 sur ses propres fonds, il n'y a pas de dogme ni d'idées préconçues. Les cinéastes africains et du Burkina Faso doivent raconter leur société, leurs rêves, leurs visions et acquérir l'habilité technique qui permettra de représenter l'Afrique sur les écrans de cinéma, de télévision, de téléphones portables et d'Internet. «Il faut inventer une économie et avoir la prétention que des films faits par nos cinéastes puissent être racontés au monde. L’Afrique est riche de contes, d'histoires et de légendes. Avec Imagine, nous voulons essayer d'être utiles comme l'ISIS au Burkina Faso car nous sommes dans la complémentarité».
L'Institut Imagine offre des formations continues gratuites à destination de professionnels du cinéma, de la télévision et du multimédia (autodidactes, confirmés ou très expérimentés) qui souhaitent se perfectionner dans leurs acquis ou ne pas perdre la main. L'Institut Supérieur de l'Image et du Son (ISIS) quant à lui propose des formations initiales en deux ans (pour un Brevet de technicien supérieur, BTS) ou en trois ans (débouchant sur un diplôme d'ingénieur). Ces deux parcours diplômants de l’ISIS permettent de former les professionnels du cinéma aux métiers de la création, de la technique, de la réalisation fiction et documentaire, du son, de l'image et du montage. Pour Prosper Ouédraogo, chargé de formation au sein de l'ISIS – et se considérant lui-même comme un « produit fini d'Imagine » -, « l'ISIS est le fruit d'une lutte depuis la fermeture de l'INAFEC. En 1994, nous avons constaté que la moyenne d'âge était élevée et que nous n'aurions bientôt plus de cinéastes. Pour faire face à l'amateurisme, nous avons créé cet institut de formation pour les nouvelles générations ».
Bientôt trois écoles de cinéma dans la capitale africaine du cinéma
À Ouagadougou, ville hôte du Fespaco, deux écoles se partagent donc la formation et le perfectionnement des professionnels de cinéma locaux, eux-mêmes mis à l'honneur par le Fespaco qui les invite à chaque édition dans les différents jurys officiels.
Si leurs publics ne se limitent pas au Burkina Faso (les deux établissements accueillent des étudiants et des formateurs d'Afrique et du monde entier), leurs besoins se font ressentir : plus de matériel technique côté ISIS, davantage de financements côté Imagine. Car si l'un est doté d'un statut d'établissement à caractère scientifique, culturel et technique financé par l’État burkinabè (l'ISIS) et les frais de scolarité, l'autre est un institut privé géré par une association (Imagine) et soutenu par des subventions et beaucoup de soutiens individuels – à commencer par celui de l'épouse de Gaston Kaboré dont l'efficacité discrète mais continue demeure le maillon fort de cette institution.
Les élèves de l'ISIS ont eu cette année encore la possibilité de concourir dans la compétition Films des écoles créée en 2011 par le Fespaco (qui ne comptait tristement que 5 écoles du continent en 2013). L’ISIS a remporté le prix de la meilleure fiction grâce à Une partie de nous de Jean-Baptiste Ouédraogo. Les stagiaires de l'Institut Imagine se sont plutôt fait remarquer dans la compétition long-métrage avec Nishan de l'Éthiopien Shumete Yidnekacchew et Moi Zaphira ! de Apolline Traoré (Burkina Faso). Le réalisateur Shumete Yidnekacchew a fait ses études à Imagine. Quand à la réalisatrice Apolline Traoré, elle a monté son film à Imagine où ses rushes ont servi d’outil pédagogique aux étudiants, en intelligence l’auteure de Moi Zaphira !
Encore méconnu, parce que tout juste créé, l'Institut Supérieur du Cinéma, de l’Audiovisuel et de la Musique (ISCAM) verra le jour courant 2013 et sera hébergé dans les locaux d'Imagine. Formé par l'Institut Supérieur des Métiers de l'Audiovisuel (ISMA) du Bénin, le musicologue Grégoire Kaboré ambitionne par ce biais d'intégrer la musique dans l'enseignement du cinéma : « C'est à Imagine que j'ai commencé à m'intéresser au cinéma. Puis, j'ai eu l'opportunité d'aller en effet me former, me spécialiser en audiovisuel et cinéma. L'idée d'ouvrir cet institut a germé depuis trois ans. À l'époque, il n'y avait pas de master à l'ISIS. Donc j'avais réfléchi pour prendre des étudiants en Bac 2 pour faire des licences et master professionnels. Après, l'ISIS a intégré les masters ; mais je me rends compte qu'il y a toujours besoin de formation ».
Ouvert aux bacheliers, prévoyant la Validation des acquis et de l'Expérience (VAE) et habilité par le Ministère de l'Enseignement Secondaire et Supérieur du Burkina Faso, l'ISCAM offrira des formations de niveau Licence, Master et à terme Doctorat, dans différents domaines du cinéma, de l'audiovisuel et de la musique. Souhaitant être reconnu par le Conseil africain et malgache de l'enseignement supérieur (CAMES), cet institut est, comme les autres, en recherche de partenaires et de subvention.
Soutien français vers le Sud
Comme à l'accoutumée, la France aime accompagner ce genre d'institutions par le biais des actions de son Ministère des affaires étrangères e européennes (MAEE), dans le cadre de son soutien aux cinématographies du Sud.
Ainsi, à la suite du panel organisé par l'Institut Imagine, les représentantes du département cinéma de l'Institut Français et de la Cinémathèque Afrique ont offert des DVD et des guides « des contrats audiovisuels et cinématographiques » à l'ISIS ainsi qu’à Imagine. Ministre déléguée au sein du Ministère des affaires étrangères et européennes chargée de la Francophonie, Yamina Benguigui a profité du Fespaco pour annoncer l'octroi de subventions via un Fonds de Solidarité Prioritaire (FSP) à ces deux établissements ainsi qu'à six autres sur le continent : la South African School of Motion Picture Medium and Live Performance (AFDA) créée en 1994 en Afrique du Sud; l'Institut supérieur de formation aux métiers du cinéma et de l'audiovisuel de l'Afrique Central (ISCAC), créé en 2001 au Cameroun; la Blue Nile Film and TV Academy créée en 2009 en Ethiopie; le National Film and Television Institute (NAFTI) créé en 1978 au Ghana; l'Institut de Formation aux Techniques de l'Information et de la Communication (IFTIC) créé en 1989 au Niger outre l'école de cinéma créée par le réalisateur Djo Tunda wa Munga en 2012 en République Démocratique du Congo.
Au total, une enveloppe de 265 000€ (173 575 000 FCFA) sera divisée entre ces huit écoles, pour un total de 33 125€ (21 696 875 FCFA) par institution. Le choix des écoles (anciennes/nouvelles, privées/publiques) montre un équilibre intéressant et l'ouverture linguistique du Ministère vers des écoles anglophones souligne une avancée importante. À trop se cantonner aux pays francophones, la France semblait oublier l'importance grandissante des nations anglophones en Afrique et de l'impact de leur production cinématographique de plus en plus dynamique. L'apport de cette enveloppe FSP, chaleureusement accueillie par les institutions, ne devra cependant pas dédouaner les différents gouvernements dans leur soutien aux cinématographies nationales et aux professionnels africains.
Claire Diao
Clap Noir
Photo : Gaston Kaboré (micro), entouré de ses invités. (c) Claire Diao
Lorsque l’Institut Africain d’Études Cinématographiques (INAFEC) voit le jour à Ouagadougou en 1976, c’est tout un espoir pour les aspirants cinéastes au Sud du Sahara : pouvoir se former en Afrique dans la même perspective que l’Egyptian Cinematographic Institute fondé à Alexandrie en 1932. Malheureusement, l’INAFEC ferme ses portes en 1987 et un long désert s’ensuit, ponctué d’ateliers sporadiques organisés dans le cadre de coopérations bilatérales avec des pays du Nord ou de partenariats institutionnels.
Puis, dans les années 2000, une nouvelle mouvance s’impose aux quatre coins du continent : créer des écoles de cinéma en Afrique qui formeront localement les cinéastes de demain. Du Cap à Addis-Abeba, en passant par Accra, Niamey, Tunis, Dakar, Cotonou, Marrakech, Kigali et Kinshasa, nombreux sont les instituts, écoles de cinéma ou centres de formation dédiés au septième art qui fleurissent, aidés par l’arrivée de techniques de production numériques à moindre coût.
Des offres de formation sur le continent
Ce sont donc des réponses locales qui s’offrent aux jeunes générations, répondant ainsi à une demande grandissante et à la difficulté de financer des formations dans le Nord. Certes, les frais d’inscription sont encore et toujours trop élevés, pour le niveau de vie d’un citoyen moyen. Mais il s’agit-là d’une belle opportunité de prouver qu’il est possible de former localement des professionnels du cinéma en Afrique.
Certaines écoles proposent une formation initiale sur plusieurs années, débouchant soit sur un Brevet de technicien supérieur (BTS), une licence ou un master, dans les différents métiers du cinéma, de la télévision et du multimédia. D’autres favorisent la formation continue et le perfectionnement de professionnels déjà opérationnels sur le terrain mais qui souhaitent accroître leurs compétences et leurs expériences. Cependant, quel que soit le type d’école, la question de l’offre pédagogique et de son financement se pose face à un secteur en constante évolution.
Imagine quel futur pour l'enseignement du cinéma ?
Réunis à l'occasion de la célébration des dix ans de l'Institut Imagine de Ouagadougou (Burkina Faso), plusieurs écoles de cinéma se sont réunies pour débattre de la thématique « Imagine quel futur pour l'enseignement du cinéma ?». Côté Burkina Faso, il y avait trois écoles : l'Institut Supérieur de l’Image et du Son (ISIS), l'Institut Supérieur du Cinéma, de l’Audiovisuel et de la Musique (ISCAM) et l'Institut Imagine. Trois écoles étrangères étaient présente : la Huston School of Film & Digital Media (Irlande), Den Danske Filmskole (Danemark) et Lingnan University (Hong-Kong). Plusieurs interrogations étaient discutées : quand les technologies auront repoussé les frontières de la production et de la transmission massive d’images, les écoles de cinéma africaines sauront-elles relever les défis qui les attendent ? Sauront-elles répondre aux besoins réels des nouvelles générations de professionnels ? Les professionnels formés sauront-ils relever le défi de la production d’images et de récits dans lesquels l’Afrique se raconte à elle-même et au reste du monde ?
Pour Gaston Kaboré, vainqueur du dernier étalon de Yennenga burkinabè (Buud Yam, en 1997) ayant créé l'Institut Imagine en 2003 sur ses propres fonds, il n'y a pas de dogme ni d'idées préconçues. Les cinéastes africains et du Burkina Faso doivent raconter leur société, leurs rêves, leurs visions et acquérir l'habilité technique qui permettra de représenter l'Afrique sur les écrans de cinéma, de télévision, de téléphones portables et d'Internet. «Il faut inventer une économie et avoir la prétention que des films faits par nos cinéastes puissent être racontés au monde. L’Afrique est riche de contes, d'histoires et de légendes. Avec Imagine, nous voulons essayer d'être utiles comme l'ISIS au Burkina Faso car nous sommes dans la complémentarité».
L'Institut Imagine offre des formations continues gratuites à destination de professionnels du cinéma, de la télévision et du multimédia (autodidactes, confirmés ou très expérimentés) qui souhaitent se perfectionner dans leurs acquis ou ne pas perdre la main. L'Institut Supérieur de l'Image et du Son (ISIS) quant à lui propose des formations initiales en deux ans (pour un Brevet de technicien supérieur, BTS) ou en trois ans (débouchant sur un diplôme d'ingénieur). Ces deux parcours diplômants de l’ISIS permettent de former les professionnels du cinéma aux métiers de la création, de la technique, de la réalisation fiction et documentaire, du son, de l'image et du montage. Pour Prosper Ouédraogo, chargé de formation au sein de l'ISIS – et se considérant lui-même comme un « produit fini d'Imagine » -, « l'ISIS est le fruit d'une lutte depuis la fermeture de l'INAFEC. En 1994, nous avons constaté que la moyenne d'âge était élevée et que nous n'aurions bientôt plus de cinéastes. Pour faire face à l'amateurisme, nous avons créé cet institut de formation pour les nouvelles générations ».
Bientôt trois écoles de cinéma dans la capitale africaine du cinéma
À Ouagadougou, ville hôte du Fespaco, deux écoles se partagent donc la formation et le perfectionnement des professionnels de cinéma locaux, eux-mêmes mis à l'honneur par le Fespaco qui les invite à chaque édition dans les différents jurys officiels.
Si leurs publics ne se limitent pas au Burkina Faso (les deux établissements accueillent des étudiants et des formateurs d'Afrique et du monde entier), leurs besoins se font ressentir : plus de matériel technique côté ISIS, davantage de financements côté Imagine. Car si l'un est doté d'un statut d'établissement à caractère scientifique, culturel et technique financé par l’État burkinabè (l'ISIS) et les frais de scolarité, l'autre est un institut privé géré par une association (Imagine) et soutenu par des subventions et beaucoup de soutiens individuels – à commencer par celui de l'épouse de Gaston Kaboré dont l'efficacité discrète mais continue demeure le maillon fort de cette institution.
Les élèves de l'ISIS ont eu cette année encore la possibilité de concourir dans la compétition Films des écoles créée en 2011 par le Fespaco (qui ne comptait tristement que 5 écoles du continent en 2013). L’ISIS a remporté le prix de la meilleure fiction grâce à Une partie de nous de Jean-Baptiste Ouédraogo. Les stagiaires de l'Institut Imagine se sont plutôt fait remarquer dans la compétition long-métrage avec Nishan de l'Éthiopien Shumete Yidnekacchew et Moi Zaphira ! de Apolline Traoré (Burkina Faso). Le réalisateur Shumete Yidnekacchew a fait ses études à Imagine. Quand à la réalisatrice Apolline Traoré, elle a monté son film à Imagine où ses rushes ont servi d’outil pédagogique aux étudiants, en intelligence l’auteure de Moi Zaphira !
Encore méconnu, parce que tout juste créé, l'Institut Supérieur du Cinéma, de l’Audiovisuel et de la Musique (ISCAM) verra le jour courant 2013 et sera hébergé dans les locaux d'Imagine. Formé par l'Institut Supérieur des Métiers de l'Audiovisuel (ISMA) du Bénin, le musicologue Grégoire Kaboré ambitionne par ce biais d'intégrer la musique dans l'enseignement du cinéma : « C'est à Imagine que j'ai commencé à m'intéresser au cinéma. Puis, j'ai eu l'opportunité d'aller en effet me former, me spécialiser en audiovisuel et cinéma. L'idée d'ouvrir cet institut a germé depuis trois ans. À l'époque, il n'y avait pas de master à l'ISIS. Donc j'avais réfléchi pour prendre des étudiants en Bac 2 pour faire des licences et master professionnels. Après, l'ISIS a intégré les masters ; mais je me rends compte qu'il y a toujours besoin de formation ».
Ouvert aux bacheliers, prévoyant la Validation des acquis et de l'Expérience (VAE) et habilité par le Ministère de l'Enseignement Secondaire et Supérieur du Burkina Faso, l'ISCAM offrira des formations de niveau Licence, Master et à terme Doctorat, dans différents domaines du cinéma, de l'audiovisuel et de la musique. Souhaitant être reconnu par le Conseil africain et malgache de l'enseignement supérieur (CAMES), cet institut est, comme les autres, en recherche de partenaires et de subvention.
Soutien français vers le Sud
Comme à l'accoutumée, la France aime accompagner ce genre d'institutions par le biais des actions de son Ministère des affaires étrangères e européennes (MAEE), dans le cadre de son soutien aux cinématographies du Sud.
Ainsi, à la suite du panel organisé par l'Institut Imagine, les représentantes du département cinéma de l'Institut Français et de la Cinémathèque Afrique ont offert des DVD et des guides « des contrats audiovisuels et cinématographiques » à l'ISIS ainsi qu’à Imagine. Ministre déléguée au sein du Ministère des affaires étrangères et européennes chargée de la Francophonie, Yamina Benguigui a profité du Fespaco pour annoncer l'octroi de subventions via un Fonds de Solidarité Prioritaire (FSP) à ces deux établissements ainsi qu'à six autres sur le continent : la South African School of Motion Picture Medium and Live Performance (AFDA) créée en 1994 en Afrique du Sud; l'Institut supérieur de formation aux métiers du cinéma et de l'audiovisuel de l'Afrique Central (ISCAC), créé en 2001 au Cameroun; la Blue Nile Film and TV Academy créée en 2009 en Ethiopie; le National Film and Television Institute (NAFTI) créé en 1978 au Ghana; l'Institut de Formation aux Techniques de l'Information et de la Communication (IFTIC) créé en 1989 au Niger outre l'école de cinéma créée par le réalisateur Djo Tunda wa Munga en 2012 en République Démocratique du Congo.
Au total, une enveloppe de 265 000€ (173 575 000 FCFA) sera divisée entre ces huit écoles, pour un total de 33 125€ (21 696 875 FCFA) par institution. Le choix des écoles (anciennes/nouvelles, privées/publiques) montre un équilibre intéressant et l'ouverture linguistique du Ministère vers des écoles anglophones souligne une avancée importante. À trop se cantonner aux pays francophones, la France semblait oublier l'importance grandissante des nations anglophones en Afrique et de l'impact de leur production cinématographique de plus en plus dynamique. L'apport de cette enveloppe FSP, chaleureusement accueillie par les institutions, ne devra cependant pas dédouaner les différents gouvernements dans leur soutien aux cinématographies nationales et aux professionnels africains.
Claire Diao
Clap Noir
Photo : Gaston Kaboré (micro), entouré de ses invités. (c) Claire Diao