« L’Affaire Chebeya, crime d’Etat ? », de Thierry Michel
Le film est menacé d'interdiction en RDC.
Le film "L'affaire Chebeya, un crime d'Etat ?" fait l'objet d'une demande d'interdiction en République Démocratique du Congo où il a été tourné. Sorti en France le 4 avril 2012, il continue sa carrière internationale. Ce documentaire vient d'obtenir le Prix du Jury au Festival de cinéma de Valenciennes, soit un 3e prix en moins d'un mois après le Prix du Public du 17e Afrika Film Festival en Belgique ainsi que le Grand Prix du Festival International du Film des Droits de l'Homme 2012 de Paris
Présenté le 9 mars à Genève aux Nations Unis, dans le cadre de la Session Annuelle du CONSEIL DES DROITS DE L’HOMME DES NATIONS UNIES, ainsi qu'au FESTIVAL INTERNATIONAL SUR LES DROITS HUMAINS DE GENÈVE (WWW.FIFDH.ORG/2012), il a été sélectionné au prochain 28ÈME FESTIVAL INTERNATIONAL DE CINÉMA VUES D'AFRIQUE A MONTRÉAL (WWW.VUESDAFRIQUE.ORG).
Dans un courrier alarmant adressé le 7 avril dernier à la presse, le réalisateur Thierry Michel écrit : "nous venons d'apprendre que le Ministre de la Justice de la RDC, Monsieur Luzolo Bambi, demande à la commission nationale de la censure l'interdiction de diffusion du film sur l'ensemble du territoire de la République Démocratique du Congo" .
Le cinéaste belge a joint une copie de la lettre envoyée par le Ministre LUZOLO Bambi Lessa au Président de la République congolaise ainsi qu'aux plus hautes autorités de la République, dont le Procureur Général et l'Administrateur Général de l'Agence Nationale de Renseignement l'ANR (Sûreté d'Etat).
La presse congolaise s'est fait l'écho de cette volonté de de censure, particulièrement Le Phare de Kinshasa dans son édition du vendredi 6 avril 2012, avec un article signé F.M.
Thierry Michel s'interroge sur l'opportunité d'interdire, avant le prochain sommet de la francophonie à Kinshasa en octobre prochain, un film co-produit par la chaîne francophone TV5, soutenu par plusieurs autres partenaires internationaux comme la FIDH et les coopérations belges et suédoises, et dont la projection à Genève a été parrainée par l'OIF. Le 23 juin 2010, Abdou diouf, Secrétaire général de la Francophonie avait rendu hommage à Floribert Chebeya en ces termes : "militant infatigable de la cause des droits de l’Homme dans son pays, il était également un partenaire fidèle de l’OIF."
Du 10 au 30 juillet prochain, une diffusion du film est programmée dans plusieurs villes et provinces de la RDC (Kinshasa, Kisangani, Bukavu, Lubumbashi) . Cette diffusion est organisée de manière conjointe par de nombreuses organisations de défense des droits de l'homme, les avocats de ce méga-procès, le Centre Carter, Osisa, mais aussi parmi d'autres partenaires la Délégation Wallonie Bruxelles, l'Ambassade de France et celle de Suède.
Ce long métrage documentaire suit en détail un procès exceptionnel devant la cour militaire de Kinshasa, suite à la découverte cinq mois plus tôt du corps sans vie de Floribert Chebeya, défenseur réputé des Droits de l'Homme, le 2 juin 2010. Macabre mise en scène sexuelle, sa mort apparait très rapidement aux yeux de certains analystes comme un meurtre perpétré par les services de la police.
Pour Thierry Michel, "la question se pose : peut-on assassiner Floribert une 2ème fois en interdisant ce film sur le procès de ses assassins ? D'autant que les victimes ont déjà subi la double peine en étant obligées de partir en exil à l'étranger. De même que le témoin camerounais Gomer Martel, installé en RDC où il gérait ses affaires depuis de très nombreuses années et qui n'a eu d'autre choix que de fuir le pays."
A lire : la critique de Michel Amarger publiée le 03 avril sur Africiné et celle d'Olivier Barlet parue le 04 avril sur Africultures, ainsi que l'entretien de Claire Diao avec le réalisateur le 30 mars à Louvain, Belgique, pour Clap Noir.
A écouter : Thierry Michel sur le blog de Claire Diao, We love African Films.