Journal des JCC 2014, un festival avec une équipe énergique, infatigable autour de Dora Bouchoucha
Du 29 novembre au 6 décembre, la 25ème session des Journées Cinématographiques de Carthage s’est déroulée à Tunis et de nombreuses villes du pays.
Samedi 29 Novembre
Y a t-il des films tunisiens aux Journées Cinématographiques de Carthage - JCC 2014 ? À voir la croisade d'une association de producteurs contre la directrice Dora Bouchoucha (PHOTO) accusée de vouloir ignorer la production nationale, on se mettait à en douter avant de débarquer à Tunis. En réalité, le programme ne se contente pas de sélectionner un film tunisien en compétition (Bidoune 2, de Jilani Saâdi, dans la catégorie long métrage fiction), deux courts métrages en compétition aussi (Peau de colle, de Kaouther Ben Hania [Tanit d'or 2014, et soutenu par le Fonds Francophone, ndlr] et Chouf de Imen Dellil). Il y a également douze films tunisiens dans la compétition nationale et enfin quinze productions nationales dans le Panorama du Cinéma Tunisien.
Ce qui prouve que les JCC cette année ont décidé de faire la démonstration que le cinéma tunisien existe bien et qu'il est assez florissant.
Ce Samedi soir, Théâtre Municipal, ouverture des 25° JCC en musique, tapis rouge et foule nombreuse sur l'Avenue Bourguiba avec Timbuktu de Abderrahmane Sissako. Danny Glover préside le jury international. À ses côtés, Moussa Touré, Mena Shalaby, Selma Baccar, Nadir Moknèche, Rénato Berta, Rim Khcheich. A qui reviendra le Tanit d'Or ?
Dimanche 30 Novembre
Pas de surprise. L'accueil, l'organisation des JCC sont impeccables. Autour de Dora Bouchoucha pour gérer cette machine complexe qu'est un festival : une équipe énergique, infatigable, soucieuse à chaque instant de résoudre chaque problème, de faire face avec le sourire et de canaliser l'indescriptible mouvement des invités au 2° étage de l'hôtel Africa, le coeur battant des JCC.
Les sponsors des JCC sont nombreux et puissants, parmi eux Tunisair, TV5, la Francophonie, Arte, UBI, Société Générale, CNC...Titre ce matin d'un quotidien de Tunis sur les JCC : "La Joie est de retour !"
Salle Ibn Rachiq, 12h, film documentaire : The Unbearable Presence of Asmahan de Azza El-Hassan (Jordanie). Descendante d'une famille noble syro-libanaise druze, la chanteuse et actrice Asmahane a eu une vie traversée de gloire et de crises profondes, divorces, excès d'alcool et de drogues, Des archives et témoignages sont rassemblés ici pour commémorer la séduisante star dont la voix envoûtait les foules d'Orient.
Salle du Théâtre Municipal, 17h, Décor d'Ahmad Abdalla (Egypte) en compétition. La salle est vite comble. Et pour empêcher la foule restée dehors de pénétrer de force, le gardien boucle les portes avec des cadenas ! Chose à ne pas faire. On sait les périls des salles où des gens sont bloqués, en cas d'incendie.
Longuement applaudi, l'acteur Khaled Abol Naga, star du cinéma égyptien, monte sur scène pour présenter le film avec le réalisateur. A l'évidence, l'histoire ressemble à du "déjà vu", un film dans un film. Ici, la jeune scénographe a des hallucinations, ne sachant plus ce qui est réel ou fiction. Le réalisateur n'évite pas les poncifs du genre, mais à la fin le public applaudit encore.
Lundi 1° Décembre
Le grand mérite des JCC, c'est aussi d'avoir programmé des Masters Class (British cinéma, BFI), des hommages (Samba Félix Ndiaye, Omar Amiralay...), des expositions ("L'Ogresse" de Nacer Khémir) et des films du monde entier (Naomi Kawase, Maurice Piallat, Denis Arcand, Nuri Bilge Ceylan...).
Salle La Palace 11H, Le Grand Kilapy (The Great Kilapy), long métrage fiction du réalisateur Zézé Gamboa (Angola). Ce film est fait avec goût : décors, costumes, musique, danses et même striptease.... L'histoire se passe à Luanda, durant la période où le peuple angolais combattait pour sa libération et où les militants du MPLA subissaient une féroce répression de la PIDE, la police de Salazar.
Curieusement, malgré le contexte de violence, Zézé Gamboa a fait une comédie pleine de scènes de boites de nuit, de restaurants luxueux, de limousines, parce que le héros est un bon vivant et sans doute cherche à cacher ses activités militantes en faveur du MPLA en passant du bon temps entouré de jolies femmes... Mise en scène réussie servie par de bons acteurs : Patricia Bull, Lázaro Ramos, Pedro Hossi.
Salle ABC, 18h, Beats of the Antonov, documentaire en compétition de Hajooj Kuka (Soudan). Travail confus, peu professionnel, on retiendra seulement le grand désespoir des villageois du sud Soudan quand les bombes de l'armée d'Omar el Bachir atteignent leurs villages.
Mardi 2 Décembre
Salle ABC, 15h30, Ady gasy (The Malagasy Way) de Nantenaina Lova (Madagascar), documentaire en compétition.
"Les Chinois fabriquent et les Malgaches réparent". Les Malgaches sont adeptes du "système M" et recyclent tout à partir de rien. Les objets venus de Chine, vélos, briquets, pneus, chaussures, radios sont "arrangés" à leur manière. Une plaque de fer devient aussitôt une brouette ! Joyeux documentaire sur la grande débrouille dans une ile qui ne fabrique rien mais qui recycle tout.
Salle du Théâtre Municipal, 20H30, Des Etoiles, long métrage fiction en compétition de Dyana Gaye (Sénégal). Public nombreux, ambiance chaleureuse, muni de son superbe appareil photo, Thierno Dia capte cette ambiance enjouée qui précède la projection. Le travail de Dyana Gaye est d'abord un lucide constat sociologique et politique sur le problème de l'immigration. On voit ce qu'on voit rarement dans d'autres films sur le même sujet : ceux qui parviennent à quitter leur terre africaine croyant trouver le paradis ailleurs mais qui souvent en bavent. Et ceux qui sont nés ailleurs, à New York par exemple, qui découvrent l'Afrique et Dakar et qui sont enchantés. Le film de Dyana Gaye est l'anti-thèse de beaucoup de productions qui affublent sur la même question. C'est l'exact contraire de la thèse connue : ailleurs, c'est mieux que chez nous. Des Etoiles est un film sensible et bien fait.
Mercredi 3 Décembre
Salle Le Colisée, 12h, L'Oranais de Lyes Salem (Algérie) en compétition. Le Colisée était pendant des années le pôle d'attraction des JCC. La salle est restée intacte, propre, accueillante. Lyes Salem a reçu une longue ovation, le bouche à oreille a bien fonctionné à Tunis, son film attire beaucoup de monde. Africiné en a déjà parlé (là durant sa sélection à Abdu Dhabi et ici également, lors de sa sortie française).
Salle du Théâtre Municipal, 17h30, Soleils, long métrage fiction en compétition de Dani Kouyaté et Olivier Delahaye (Burkina Faso). Pas de chance : beaucoup de spectateurs fuient la projection, des rangées entières claquent les sièges. Le film leur parait bavard, incompréhensible. Un torrent bavard en effet qui gâche tout. Les co-réalisateurs ont manqué de modestie. Pour retracer les longues péripéties de l'histoire africaine, ils convoquent dans un désordre désolant et confus : le roi belge, Voltaire, Hegel, Mandela, Aimé Césaire, Cheikh Anta Diop, Lamizana, les griots, les toubabs, les chasseurs... L'effet est abracadabrant.
Jeudi 4 Décembre
Tunis, pendant les JCC, devient un repaire incontournable du cinéma. C'est ici que ça se passe. Les films, les débats, les fêtes, les rencontres. Au Lobby Bar de l'Africa, la parole est libre. Beaucoup de femmes aussi viennent le soir pour parler, boire et rire...
Salle Ibn Rachiq, 14h, Veve, long métrage fiction de Simon Mukali (Kenya) en compétition. C'est un thriller bien fait, placé à juste titre dans la compétition. Rythme rapide, mise en scène , décors, jeu des acteurs brillants. Un film d'autant plus attachant qu'on voit rarement des productions du Kenya. Dans un pays où apparemment tout est permis, on voit un trafiquant puissant, notoirement connu et apparemment jamais inquiété qui ne laisse aucune chance aux fermiers, accapare leurs terres et leurs récoltes, brûlent les fermes des récalcitrants. Les coups tordus sont sa spécialité. La salle a applaudi à la fin non le bandit mais le bon travail du réalisateur...
Salle Le Palace, 18h30, Looking for Muhyiddin (hommage des JCC à Nacer Khemir). Un film documentaire passionnant de 180 minutes. Le grand penseur, mystique, savant, poète soufi Muhyddin (Ibn Arabi) a vécu à Damas au XIV° siècle. Nacer Khemir part à la rencontre de ses adeptes, à Damas, Le Caire, Istanbul, Oxford, New york, Konya... Ces spécialistes du soufisme nous transportent au coeur de l'oeuvre d'Ibn Arabi et la somptuosité des images des mosquées de Damas, du Caire , d'Istanbul, de l'Alhambra de Grenade reflète la beauté spectaculaire de ce film. Nacer Khemir évoque aussi l'Emir Abdelkader, adepte aussi de la pensée soufie, qui a voulu habiter dans le même palais que Muhyddin quand il était en exil à Damas.
Vendredi 5 Décembre
Salle Le Palace 11H, Dias de Campo (Journée à la campagne) de Raoul Ruiz (hommage au cinéma chilien). Drôle, très étrange histoire où l'on parle des vivants comme s'ils étaient déjà morts. Exemple de dialogue : "Comment va ton père ?" "Il va bien merci, il est mort". " Tu le salueras de ma part."
Les personnages sont là, devant nous, mais ils sont déjà dans la tombe. Magnifique mise en scène de feu Raoul Ruiz qui se laisse aller à ses penchants de poésie, de surréalisme. Grand et authentique auteur.
Salle Le Palace, 18h30, Par où commencer ? de Nacer Khemir. Autoproduit pour 7000 dollars, tourné en 6 jours, monté en quelques semaines, il s'agit de l'idée très personnelle de l'auteur de ce qui se passe dans son pays après la révolution. Choses à faire et ne pas faire. Exemple, Nacer regrette qu'en Tunisie il ya 20.000 bars et seulement 10 salles de cinéma correctes. L'auteur aborde tous les sujets. Il compare l'édition de livres en France et en Tunisie. Il appelle le gouvernement à donner un rôle important à la culture.
Azzedine Mabrouki
Africiné / Alger
Correspondance spéciale, à Tunis
pour Images Francophones
En Photo : Dora Bouchoucha, Directrice des JCC.
Crédit : Thierno I. Dia / Africiné
Y a t-il des films tunisiens aux Journées Cinématographiques de Carthage - JCC 2014 ? À voir la croisade d'une association de producteurs contre la directrice Dora Bouchoucha (PHOTO) accusée de vouloir ignorer la production nationale, on se mettait à en douter avant de débarquer à Tunis. En réalité, le programme ne se contente pas de sélectionner un film tunisien en compétition (Bidoune 2, de Jilani Saâdi, dans la catégorie long métrage fiction), deux courts métrages en compétition aussi (Peau de colle, de Kaouther Ben Hania [Tanit d'or 2014, et soutenu par le Fonds Francophone, ndlr] et Chouf de Imen Dellil). Il y a également douze films tunisiens dans la compétition nationale et enfin quinze productions nationales dans le Panorama du Cinéma Tunisien.
Ce qui prouve que les JCC cette année ont décidé de faire la démonstration que le cinéma tunisien existe bien et qu'il est assez florissant.
Ce Samedi soir, Théâtre Municipal, ouverture des 25° JCC en musique, tapis rouge et foule nombreuse sur l'Avenue Bourguiba avec Timbuktu de Abderrahmane Sissako. Danny Glover préside le jury international. À ses côtés, Moussa Touré, Mena Shalaby, Selma Baccar, Nadir Moknèche, Rénato Berta, Rim Khcheich. A qui reviendra le Tanit d'Or ?
Dimanche 30 Novembre
Pas de surprise. L'accueil, l'organisation des JCC sont impeccables. Autour de Dora Bouchoucha pour gérer cette machine complexe qu'est un festival : une équipe énergique, infatigable, soucieuse à chaque instant de résoudre chaque problème, de faire face avec le sourire et de canaliser l'indescriptible mouvement des invités au 2° étage de l'hôtel Africa, le coeur battant des JCC.
Les sponsors des JCC sont nombreux et puissants, parmi eux Tunisair, TV5, la Francophonie, Arte, UBI, Société Générale, CNC...Titre ce matin d'un quotidien de Tunis sur les JCC : "La Joie est de retour !"
Salle Ibn Rachiq, 12h, film documentaire : The Unbearable Presence of Asmahan de Azza El-Hassan (Jordanie). Descendante d'une famille noble syro-libanaise druze, la chanteuse et actrice Asmahane a eu une vie traversée de gloire et de crises profondes, divorces, excès d'alcool et de drogues, Des archives et témoignages sont rassemblés ici pour commémorer la séduisante star dont la voix envoûtait les foules d'Orient.
Salle du Théâtre Municipal, 17h, Décor d'Ahmad Abdalla (Egypte) en compétition. La salle est vite comble. Et pour empêcher la foule restée dehors de pénétrer de force, le gardien boucle les portes avec des cadenas ! Chose à ne pas faire. On sait les périls des salles où des gens sont bloqués, en cas d'incendie.
Longuement applaudi, l'acteur Khaled Abol Naga, star du cinéma égyptien, monte sur scène pour présenter le film avec le réalisateur. A l'évidence, l'histoire ressemble à du "déjà vu", un film dans un film. Ici, la jeune scénographe a des hallucinations, ne sachant plus ce qui est réel ou fiction. Le réalisateur n'évite pas les poncifs du genre, mais à la fin le public applaudit encore.
Lundi 1° Décembre
Le grand mérite des JCC, c'est aussi d'avoir programmé des Masters Class (British cinéma, BFI), des hommages (Samba Félix Ndiaye, Omar Amiralay...), des expositions ("L'Ogresse" de Nacer Khémir) et des films du monde entier (Naomi Kawase, Maurice Piallat, Denis Arcand, Nuri Bilge Ceylan...).
Salle La Palace 11H, Le Grand Kilapy (The Great Kilapy), long métrage fiction du réalisateur Zézé Gamboa (Angola). Ce film est fait avec goût : décors, costumes, musique, danses et même striptease.... L'histoire se passe à Luanda, durant la période où le peuple angolais combattait pour sa libération et où les militants du MPLA subissaient une féroce répression de la PIDE, la police de Salazar.
Curieusement, malgré le contexte de violence, Zézé Gamboa a fait une comédie pleine de scènes de boites de nuit, de restaurants luxueux, de limousines, parce que le héros est un bon vivant et sans doute cherche à cacher ses activités militantes en faveur du MPLA en passant du bon temps entouré de jolies femmes... Mise en scène réussie servie par de bons acteurs : Patricia Bull, Lázaro Ramos, Pedro Hossi.
Salle ABC, 18h, Beats of the Antonov, documentaire en compétition de Hajooj Kuka (Soudan). Travail confus, peu professionnel, on retiendra seulement le grand désespoir des villageois du sud Soudan quand les bombes de l'armée d'Omar el Bachir atteignent leurs villages.
Mardi 2 Décembre
Salle ABC, 15h30, Ady gasy (The Malagasy Way) de Nantenaina Lova (Madagascar), documentaire en compétition.
"Les Chinois fabriquent et les Malgaches réparent". Les Malgaches sont adeptes du "système M" et recyclent tout à partir de rien. Les objets venus de Chine, vélos, briquets, pneus, chaussures, radios sont "arrangés" à leur manière. Une plaque de fer devient aussitôt une brouette ! Joyeux documentaire sur la grande débrouille dans une ile qui ne fabrique rien mais qui recycle tout.
Salle du Théâtre Municipal, 20H30, Des Etoiles, long métrage fiction en compétition de Dyana Gaye (Sénégal). Public nombreux, ambiance chaleureuse, muni de son superbe appareil photo, Thierno Dia capte cette ambiance enjouée qui précède la projection. Le travail de Dyana Gaye est d'abord un lucide constat sociologique et politique sur le problème de l'immigration. On voit ce qu'on voit rarement dans d'autres films sur le même sujet : ceux qui parviennent à quitter leur terre africaine croyant trouver le paradis ailleurs mais qui souvent en bavent. Et ceux qui sont nés ailleurs, à New York par exemple, qui découvrent l'Afrique et Dakar et qui sont enchantés. Le film de Dyana Gaye est l'anti-thèse de beaucoup de productions qui affublent sur la même question. C'est l'exact contraire de la thèse connue : ailleurs, c'est mieux que chez nous. Des Etoiles est un film sensible et bien fait.
Mercredi 3 Décembre
Salle Le Colisée, 12h, L'Oranais de Lyes Salem (Algérie) en compétition. Le Colisée était pendant des années le pôle d'attraction des JCC. La salle est restée intacte, propre, accueillante. Lyes Salem a reçu une longue ovation, le bouche à oreille a bien fonctionné à Tunis, son film attire beaucoup de monde. Africiné en a déjà parlé (là durant sa sélection à Abdu Dhabi et ici également, lors de sa sortie française).
Salle du Théâtre Municipal, 17h30, Soleils, long métrage fiction en compétition de Dani Kouyaté et Olivier Delahaye (Burkina Faso). Pas de chance : beaucoup de spectateurs fuient la projection, des rangées entières claquent les sièges. Le film leur parait bavard, incompréhensible. Un torrent bavard en effet qui gâche tout. Les co-réalisateurs ont manqué de modestie. Pour retracer les longues péripéties de l'histoire africaine, ils convoquent dans un désordre désolant et confus : le roi belge, Voltaire, Hegel, Mandela, Aimé Césaire, Cheikh Anta Diop, Lamizana, les griots, les toubabs, les chasseurs... L'effet est abracadabrant.
Jeudi 4 Décembre
Tunis, pendant les JCC, devient un repaire incontournable du cinéma. C'est ici que ça se passe. Les films, les débats, les fêtes, les rencontres. Au Lobby Bar de l'Africa, la parole est libre. Beaucoup de femmes aussi viennent le soir pour parler, boire et rire...
Salle Ibn Rachiq, 14h, Veve, long métrage fiction de Simon Mukali (Kenya) en compétition. C'est un thriller bien fait, placé à juste titre dans la compétition. Rythme rapide, mise en scène , décors, jeu des acteurs brillants. Un film d'autant plus attachant qu'on voit rarement des productions du Kenya. Dans un pays où apparemment tout est permis, on voit un trafiquant puissant, notoirement connu et apparemment jamais inquiété qui ne laisse aucune chance aux fermiers, accapare leurs terres et leurs récoltes, brûlent les fermes des récalcitrants. Les coups tordus sont sa spécialité. La salle a applaudi à la fin non le bandit mais le bon travail du réalisateur...
Salle Le Palace, 18h30, Looking for Muhyiddin (hommage des JCC à Nacer Khemir). Un film documentaire passionnant de 180 minutes. Le grand penseur, mystique, savant, poète soufi Muhyddin (Ibn Arabi) a vécu à Damas au XIV° siècle. Nacer Khemir part à la rencontre de ses adeptes, à Damas, Le Caire, Istanbul, Oxford, New york, Konya... Ces spécialistes du soufisme nous transportent au coeur de l'oeuvre d'Ibn Arabi et la somptuosité des images des mosquées de Damas, du Caire , d'Istanbul, de l'Alhambra de Grenade reflète la beauté spectaculaire de ce film. Nacer Khemir évoque aussi l'Emir Abdelkader, adepte aussi de la pensée soufie, qui a voulu habiter dans le même palais que Muhyddin quand il était en exil à Damas.
Vendredi 5 Décembre
Salle Le Palace 11H, Dias de Campo (Journée à la campagne) de Raoul Ruiz (hommage au cinéma chilien). Drôle, très étrange histoire où l'on parle des vivants comme s'ils étaient déjà morts. Exemple de dialogue : "Comment va ton père ?" "Il va bien merci, il est mort". " Tu le salueras de ma part."
Les personnages sont là, devant nous, mais ils sont déjà dans la tombe. Magnifique mise en scène de feu Raoul Ruiz qui se laisse aller à ses penchants de poésie, de surréalisme. Grand et authentique auteur.
Salle Le Palace, 18h30, Par où commencer ? de Nacer Khemir. Autoproduit pour 7000 dollars, tourné en 6 jours, monté en quelques semaines, il s'agit de l'idée très personnelle de l'auteur de ce qui se passe dans son pays après la révolution. Choses à faire et ne pas faire. Exemple, Nacer regrette qu'en Tunisie il ya 20.000 bars et seulement 10 salles de cinéma correctes. L'auteur aborde tous les sujets. Il compare l'édition de livres en France et en Tunisie. Il appelle le gouvernement à donner un rôle important à la culture.
Azzedine Mabrouki
Africiné / Alger
Correspondance spéciale, à Tunis
pour Images Francophones
En Photo : Dora Bouchoucha, Directrice des JCC.
Crédit : Thierno I. Dia / Africiné