Jihan El-Tahri et le Fespaco "Nous les cinéastes de la diapsora..."
Témoignage de Jihan El-Tahri dans une série diffusée par TV5Monde et produite par Cinékap avec la participation de l'OIF en prélude au cinquantenaire du Fespaco.
A mon premier Fespaco, il y avait une espèce de cassure : la jeunesse avait décidé de créer la Guilde des cinéastes africains. C'était très animé. Pour moi, c'était un peu la révolution et j'adore les révolutions. Donc, j'étais tout excitée et je voulais participer ; je lève la main et, là, quelqu'un me dit " Non, on parle des Africains ". Et je dis : " Mais je suis Africaine ". " Non, tu es blanche. " Je proteste : " Mais ça ne va pas ! ". Et ça a été mon prstrongier clash, à propos de cette cassure entre Nord et Sud. Et maintenant, quasiment tous mes films traitent de cette question-là. C'est aussi au Fespaco que j'ai vu le film " Rage " [de Newton Aduaka] qui m'a bouleversé. C'était un film d'une grande puissance, qui parlait d'une histoire de métissage et en même temps, cela traitait de notre histoire à tous, surtout nous, les cinéastes de la diaspora.
Notre cœur appartient à l'endroit d'où l'on vient mais celui qui part perd sa place. Quand on revient chez nous, on nous regarde comme des invités. Donc, ce besoin d'appartenance, on le retrouve entre nous. Et, donc, Newton et son film " Rage ", avec cette déchirure chez cet enfant métis qui n'arrive pas à trouver sa place, ça me touchait personnellement. Je suis consciente qu'au Fespaco, il y a tellement de gens, il y a tellement de films et c'est un festival tellement énorme que c'est difficile… Mais l'organisation doit être un peu plus disciplinée. Ce n'est pas possible qu'il y ait des films importants pour l'époque, visuellement novateurs et que l'on réclame partout, et que ces films-là soient écartés du Fespaco. Il faut que l'on soit rigoureux et que l'on soit à la hauteur de l'importance de ce festival.
Propos recueillis par Balufu Bakupa-Kanyinda (entretien Cinékap)
KAD
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