iREP international Documentary Film Festival 2017 : du 16 au 19 mars 2017
6ème édition. Jihan El Tahri, invitée d'honneur.
"Archiver l'Afrique" est le thème du festival iRep 2017 . Des décennies après les indépendances, le recours à l'Europe est toujours prégnant, selon les organisateurs, pour porter un regard sur la culture et l'histoire africaines. Les films documentaires peuvent permettre une réponse adéquate pour sortir du mécanisme de l'oubli. Se raconter est essentiel pour construire une nation ; c'est pourquoi le Festival de cinéma documentaire de Lagos Irep 2017 se propose d'explorer les possibilités ouvertes en Afrique afin d'amener son passé historique dans un système d'archives par la recherche, la préservation, la numérisation, la question des droits et le rapatriement digital.
Le programme 2017 se compose de quatre jours de projections de films documentaires, des ateliers, des forums de discussion, avec des invités de plusieurs pays : Allemagne, Etats-Unis, Afrique du Sud, Egypte, Mali, Ghana, Cameroun.
L'invitée d'honneure
Quand l'historiographie classique acceptera de sortir de ses carcans disciplinaires, les films de Jihan El Tahri figureront en bonne place pour (ré)écrire / lire l'histoire de l'Afrique. La réalisatrice franco-égyptienne Jihan El Tahri a créé l'évènement avec chacun de ses films dont tous sont nécessaires pour saisir un pan de l'histoire africaine. Dans Cuba une odyssée africaine (2006), elle fait émerger un volet majeur de l'histoire: plus de 500 000 soldats cubains ont cheminé sur le continent, pendant trois décennies, affrontant les contre-révolutionnaires (de Mobutu, au Congo, aux tenants de l'apartheid en Afrique du Sud et en Namibie). Ce n'est pas seulement le sujet qui est ébouriffant ; Jihan El Tahri impressionne par la qualité de ses témoins, comme pour ses autres films : des généraux cubains à Fidel Castro lui-même, en passant par des gens directement liés aux évènements qui a conduit l'armée cubaine (un moment menée par Che Guevara, après l'assassinat de Patrice Lumumba) du Congo à la Guinée Bissau. La mythologie sud-africaine voulait que la libération de Mandela fût voulue par un réalisme national, Cuba une odyssée africaine nous apprend qu'elle était une condition pour mettre fin à l'affrontement adamatin que les Cubains opposaient à l'armée sud-africaine. Installée en Afrique du Sud, Behind the rainbow (2009) n'est pas seulement une analyse intelligente du délitement du pouvoir post-apartheid, c'est une réflexion globale sur les dangers du populisme.
La révolte des Égyptiens provoquait l'exil du roi Farouk le 25 janvier 1952 et 59 ans plus tard le départ d'Hosni Moubarak le 25 janvier 2011. Les Pharaons de l'Égypte moderne (2015) revisite 60 ans d'histoire contemporaine de l'Égypte, en s'appuyant sur quatre piliers récurrents : l'armée, la société civile, les Frères musulmans et les interactions du pays avec les puissances étrangères. Une analyse fine s'appuyant sur des archives inédites, des extraits de films égyptiens et des témoignages de personnalités publiques de premier plan.
Chaque soir, à Lagos, un de ses trois films sera projeté et suivi par un débat intitulé "JIHAN EN CONVERSATION" où la brillante réalisatrice abordera la manière dont elle construit ses documentaires en utilisant les archives. Jihan dispensera aussi une Masterclass lors de la table-ronde des producteurs programmée par le festival. Jihan est engagée dans plusieurs associations ou institutions travaillant pour les cinémas africains. Elle a dénoncé il y a quelques jours la désastreuse qualité de la sélection du Fespaco 2017 (Ouaga), en appelant - aux côtés de nombreux cinéastes et critiques - à un véritable sursaut, avec une véritable direction artistique pour ce festival panafricain.
Thierno I. Dia
Images Francophones
Crédit : DR Image : la réalisatrice-productrice Jihan El Tahri
Le programme 2017 se compose de quatre jours de projections de films documentaires, des ateliers, des forums de discussion, avec des invités de plusieurs pays : Allemagne, Etats-Unis, Afrique du Sud, Egypte, Mali, Ghana, Cameroun.
L'invitée d'honneure
Quand l'historiographie classique acceptera de sortir de ses carcans disciplinaires, les films de Jihan El Tahri figureront en bonne place pour (ré)écrire / lire l'histoire de l'Afrique. La réalisatrice franco-égyptienne Jihan El Tahri a créé l'évènement avec chacun de ses films dont tous sont nécessaires pour saisir un pan de l'histoire africaine. Dans Cuba une odyssée africaine (2006), elle fait émerger un volet majeur de l'histoire: plus de 500 000 soldats cubains ont cheminé sur le continent, pendant trois décennies, affrontant les contre-révolutionnaires (de Mobutu, au Congo, aux tenants de l'apartheid en Afrique du Sud et en Namibie). Ce n'est pas seulement le sujet qui est ébouriffant ; Jihan El Tahri impressionne par la qualité de ses témoins, comme pour ses autres films : des généraux cubains à Fidel Castro lui-même, en passant par des gens directement liés aux évènements qui a conduit l'armée cubaine (un moment menée par Che Guevara, après l'assassinat de Patrice Lumumba) du Congo à la Guinée Bissau. La mythologie sud-africaine voulait que la libération de Mandela fût voulue par un réalisme national, Cuba une odyssée africaine nous apprend qu'elle était une condition pour mettre fin à l'affrontement adamatin que les Cubains opposaient à l'armée sud-africaine. Installée en Afrique du Sud, Behind the rainbow (2009) n'est pas seulement une analyse intelligente du délitement du pouvoir post-apartheid, c'est une réflexion globale sur les dangers du populisme.
La révolte des Égyptiens provoquait l'exil du roi Farouk le 25 janvier 1952 et 59 ans plus tard le départ d'Hosni Moubarak le 25 janvier 2011. Les Pharaons de l'Égypte moderne (2015) revisite 60 ans d'histoire contemporaine de l'Égypte, en s'appuyant sur quatre piliers récurrents : l'armée, la société civile, les Frères musulmans et les interactions du pays avec les puissances étrangères. Une analyse fine s'appuyant sur des archives inédites, des extraits de films égyptiens et des témoignages de personnalités publiques de premier plan.
Chaque soir, à Lagos, un de ses trois films sera projeté et suivi par un débat intitulé "JIHAN EN CONVERSATION" où la brillante réalisatrice abordera la manière dont elle construit ses documentaires en utilisant les archives. Jihan dispensera aussi une Masterclass lors de la table-ronde des producteurs programmée par le festival. Jihan est engagée dans plusieurs associations ou institutions travaillant pour les cinémas africains. Elle a dénoncé il y a quelques jours la désastreuse qualité de la sélection du Fespaco 2017 (Ouaga), en appelant - aux côtés de nombreux cinéastes et critiques - à un véritable sursaut, avec une véritable direction artistique pour ce festival panafricain.
Thierno I. Dia
Images Francophones
Crédit : DR Image : la réalisatrice-productrice Jihan El Tahri