Interview de Rosalie N'dah, présidente du Cinéma Numérique Ambulant du Bénin
"Nous sommes en amont, les salles de cinéma en aval. Nous encourageons la réouverture des salles de cinéma".
Existant depuis une quinzaine d'années au Bénin, le Cinéma numérique ambulant (Cna Bénin) a organisé plus de 17 000 projections sur l'ensemble du territoire national. Il a permis à des millions de personnes du monde rural de découvrir le cinéma, de l'aimer et de devenir des cinéphiles capables de payer l'accès aux salles de cinéma. Présidente du Cna Bénin, Rosalie N'dah nous a accordé un entretien dans lequel elle a présenté le réseau qui est affilié au Cinéma Numérique Ambulant Afrique (CNA-Afrique) et qui a pour objectifs d'amener les populations à découvrir le cinéma et d'éduquer le public à l'image. C'était l'occasion pour elle d'annoncer qu'un festival de cinéma itinérant verra jour en 2018.
Nous entendons parler depuis quelques années du Cinéma numérique ambulant (Cna-Bénin). Que peut-on retenir ?
Le Cna est un réseau d'associations basées au Bénin, au Niger, au Mali, au Burkina-Faso, au Cameroun, au Sénégal, au Togo, au Tchad et en France. Il a pour principal objectif la diffusion de films africains de fiction dans des régions où le cinéma n'existe pas, il forme le public à l'image. Indissociablement, le Cna projette des documents audio-visuels destinés à sensibiliser les spectateurs sur les graves problèmes de développement, de santé ou de société auxquels ils se heurtent. Le Cna dispose, en Afrique, de plusieurs unités mobiles de projections numériques capables de se rendre dans des villages enclavés, excentrés, à l'écart des principales voies de communication, le plus souvent privés d'électricité et d'accès à l'information.
Le Cna Bénin a été créé en 2002, suite à la création du Cinéma Numérique Ambulant (CNA) en France en 2001. Il s'est constitué en Association béninoise du Cinéma Numérique Ambulant (Abcna) en 2005. Il dispose aujourd'hui de deux unités mobiles de projections : une basée au Nord (Natitingou) et l'autre au Sud (Cotonou). Le Cna Bénin travaille en collaboration étroite avec le réseau des autres associations Cna, dont une structure de coordination dénommée Cna Afrique est basée à Ouagadougou au Burkina Faso. S'inscrivant dans une tradition de cinéma ambulant palliant au manque d'infrastructures de diffusion cinématographique, le Cna Bénin met ainsi en place un véritable outil de développement culturel et social au service des populations béninoises. Il apporte une contribution pour favoriser l'accès des populations à l'information et à la culture à l'occasion des projections de films. Il est disponible pour agir en partenariat avec des institutions et des Ong.
Quelle place occupe-t-il aujourd'hui dans le Cna Afrique ?
Le Cna Benin est une association membre du Cna Afrique et il est représenté dans son conseil d'administration.
Pourrions-nous avoir un bilan en termes de films projetés, de publics atteints, de budgets dépensés, de difficultés rencontrées à ce jour ?
Depuis 2002, le Cna Bénin a organisé plus de 17 000 projections sur l'ensemble du territoire béninois et a touché plusieurs millions de spectateurs. Les difficultés rencontrées par le Cna Bénin sont diverses. Entre autres, nous pouvons citer le manque de financement pour la réalisation des projections et le renouvellement de l'ensemble du matériel, les pistes défectueuses et difficiles d'accès et les aléas climatiques. Il faut noter que les Cna n'ont pas leur propre source de financement. Dans les différents pays, les structures Cna sont principalement soutenues par les coopérations françaises, belges, suisses et allemandes, l'Union européenne, et les Directions Nationales de la Cinématographie. Au Bénin, le Cna a déjà participé à plusieurs campagnes de sensibilisation avec Plan Bénin, les collectivités locales décentralisées, l'Unicef, Amnesty International, les Coopérations française, belge, allemande, suisse, l'Onudc, les programmes nationaux de lutte contre le Vih/Sida, les Programmes Nationaux de Lutte Contre le Paludisme, le Psicd (Ue), le Scac de l'Ambassade de France, etc. Dans le cadre des tournées purement culturelles, il a été fortement soutenu par l'Union Européenne et Africalia, une organisation belge de coopération.
A combien peut-on estimer le budget annuel du Cna-Bénin ?
Il est difficile de répondre à cette question car le budget varie énormément d'une année à l'autre.
Quels sont les lieux de diffusion ? Sont-ils appropriés ? Puisque vous êtes dans le numérique, les salles de cinéma vous manquent-elles ?
Les projections se déroulent en plein air, en milieu rural et dans les quartiers de ville. Les salles de cinéma ne nous manquent aucunement car le Cna peut transformer une cour d'école ou un terrain de football en une salle de cinéma. Le Cinéma numérique Ambulant reprend une vieille tradition qui se faisait dans les années 1895 mais avec des critères de qualité. Son équipement permet de tirer le meilleur parti des évolutions technologiques liées à l'avènement du numérique et du Dvd et ainsi de réaliser des projections de grande qualité. Notre vocation est donc d'être une salle de projection en plein air. Les lieux où nous nous installons sont appropriés, puisque nos projections sont ouvertes à tous et non payantes. Nous voulons rassembler le maximum de personnes autour de notre écran et nous pouvons avoir parfois jusqu'à 2 000, 3 000 spectateurs en une seule séance.
Le Cna n'est pas en opposition avec les salles de cinéma classique, au contraire, nous les complétons. Nous éduquons le public à l'image, nous amenons les populations à découvrir le cinéma, à l'aimer, à devenir des cinéphiles capables de payer l'accès aux salles de cinéma. Nous sommes en amont, les salles de cinéma en aval. Nous encourageons la réouverture des salles de cinéma partout dans le pays, pour que les milliers de personnes qui ont découvert le cinéma grâce à nous puissent continuer à en bénéficier.
Nous avons constaté que les activités du Cna sont au ralenti. Dites-nous ce qui se passe ?
Avec la crise économique qui n'épargne aucun secteur aujourd'hui, beaucoup de partenaires financiers du Cna Bénin ont vu leur budget restreint et cela a beaucoup contribué au ralentissement des activités. Nous travaillons durement à trouver de nouveaux partenaires et financements. Le Cna Bénin reprend cependant des couleurs. Heureusement pour le réseau des Cna, d'autres associations nationales se portent bien.
Nous avons aussi constaté que certains festivals de cinéma locaux sont rentrés dans les mêmes objectifs que vous en diffusant du cinéma dans des villages et hameaux du Bénin. Qu'est-ce que vous en pensez ?
Depuis la fermeture des salles de cinéma au Bénin et malgré les activités du Cna depuis plusieurs années, le cinéma est resté presque absent. C'est réjouissant si aujourd'hui certains festivals de cinéma ont le même objectif que le Cna : celui d'apporter l'image du cinéma africain où il n'existe pas. Ces diffusions viennent évidemment en complément aux activités du Cna qu'il exerce depuis plusieurs années. Rappelons ici que le Cna intervient beaucoup plus dans les villages enclavés, privés de loisirs, d'informations, d'électricité et à l'écart des principales voies de communication. L'activité du Cna est permanente sauf défaut de financement et on peut se réserver le bénéfice du doute quant au fait que les festivals de cinéma partagent les mêmes lieux de diffusion que lui.
Après plus d'une dizaine d'années d'existence et d'élargissement à d'autres pays, quelles sont les résolutions et recommandations issues de vos dernières rencontres éventuelles pour atteindre vos objectifs ?
Le réseau Cna d'abord pour but de consolider les Cna existant, et cela est fait. Cette consolidation porte sur le soutien (administratif, technique, financier) aux Cna qui traversent des périodes de crise ; la formation des personnels des Cna (la dernière s'est tenue du 14 août au 2 septembre 2017, dans la ville de Ouagadougou, à destination de tous les techniciens-projectionnistes) ; la mise en place de programmes de projections qui vont impliquer tous les pays, et même d'un festival de cinéma itinérant qui verra le jour en 2018, entre autres. Nous sommes aussi continuellement à la recherche de partenaires financiers.
Quelles sont vos relations (votre association) avec la Direction de la cinématographie béninoise, les écoles de cinéma du Bénin et les réalisateurs béninois ?
Le Cna Bénin est une structure culturelle sous tutelle de la Direction de la cinématographie béninoise (renommée depuis peu Centre National du Cinéma et de l'Image Animée du Bénin (Cncia-Bénin), ndlr] avec laquelle il entretient de bonnes relations. Dans le cadre de notre collaboration elle a été représentée pendant quelques années au sein du conseil d'administration du Cna Afrique par son ancien directeur, Monsieur Dorothée Dognon, dans le but de soutenir et d'encourager nos activités. A défaut de moyens pour acquérir les droits d'auteurs de grands films béninois, le Cna Bénin s'est contenté de nouer des partenariats avec certains réalisateurs béninois dans le cadre de la diffusion de leurs films pendant les campagnes de sensibilisation. Le développement de la culture béninoise part indiscutablement de la promotion de son cinéma et c'est dans cette lancée que le Cna Bénin reste ouvert pour accompagner tout jeune cinéaste désireux de faire connaitre ses films.
Quels sont les genres de films diffusés et vos sources d'approvisionnement ?
Le Cna dispose d'un important fonds de documents audiovisuels de sensibilisation qui traite de sujets divers (prévention du Vih/Sida, du paludisme, éducation, hygiène, santé, vaccination, mariage précoce, excision, droits des femmes et des enfants, etc.). Ces films proviennent de nos partenaires, des télévisions, des associations, des institutions, des ONG et sont d'une grande efficacité. Ils apportent des éléments d'information et de connaissance très souvent ignorés. Certains font l'objet de séries et permettent ainsi un effet didactique en abordant un ou des sujets sous des angles divers et souvent croisés. Le Cna privilégie à ce titre les fictions de sensibilisation réalisées par des cinéastes africains (maliens, burkinabés, béninois, etc.).
Grâce à son réseau d'associations, le Cna dispose d'un fond propre de longs et courts métrages pour la plupart ouest africains. Nous acquérons les droits des films qui rentrent dans notre catalogue. Cette année, le Cna Afrique va en acquérir d'autres qui seront mis à la disposition de l'ensemble des Cna. Notre catalogue est renouvelé tous les deux ans.
Y-a-t-il des périodes dans lesquelles vous faites des tournées de projections ?
Le Cna n'a pas une période précise pour les tournées. Il réalise les projections selon les contrats signés avec ses partenaires. Toutefois, nos deux équipes partent en congé pendant la saison pluvieuse.
Selon vous, quelle place occupe le cinéma béninois et son paysage aujourd'hui sur le continent ?
Le cinéma béninois évolue mais reste jeune comparativement à d'autres cinématographies africaines. Vu les films béninois ayant remporté des prix lors des festivals des dernières années écoulées, le Bénin peut être optimiste en espérant très vite grandir pour devenir l'un des pays les plus talentueux sur le plan cinématographique.
Quels sont les projets du Cna Afrique pour impacter et s'imposer davantage ?
Le Cna Afrique travaille à se faire connaître davantage, en participant aux grands festivals africains et en allant à la rencontre des bailleurs de fonds internationaux. Nous travaillons avec les réalisateurs dans chaque pays où nous sommes installés, mais aussi avec les directions nationales de la cinématographie qui sont nos partenaires.
Propos recueillis par Hector Tovidokou
Cotonou, Africiné Magazine
pour Images Francophones
Image : Rosalie N'dah, Présidente de Cna Bénin
Crédit : DR
Nous entendons parler depuis quelques années du Cinéma numérique ambulant (Cna-Bénin). Que peut-on retenir ?
Le Cna est un réseau d'associations basées au Bénin, au Niger, au Mali, au Burkina-Faso, au Cameroun, au Sénégal, au Togo, au Tchad et en France. Il a pour principal objectif la diffusion de films africains de fiction dans des régions où le cinéma n'existe pas, il forme le public à l'image. Indissociablement, le Cna projette des documents audio-visuels destinés à sensibiliser les spectateurs sur les graves problèmes de développement, de santé ou de société auxquels ils se heurtent. Le Cna dispose, en Afrique, de plusieurs unités mobiles de projections numériques capables de se rendre dans des villages enclavés, excentrés, à l'écart des principales voies de communication, le plus souvent privés d'électricité et d'accès à l'information.
Le Cna Bénin a été créé en 2002, suite à la création du Cinéma Numérique Ambulant (CNA) en France en 2001. Il s'est constitué en Association béninoise du Cinéma Numérique Ambulant (Abcna) en 2005. Il dispose aujourd'hui de deux unités mobiles de projections : une basée au Nord (Natitingou) et l'autre au Sud (Cotonou). Le Cna Bénin travaille en collaboration étroite avec le réseau des autres associations Cna, dont une structure de coordination dénommée Cna Afrique est basée à Ouagadougou au Burkina Faso. S'inscrivant dans une tradition de cinéma ambulant palliant au manque d'infrastructures de diffusion cinématographique, le Cna Bénin met ainsi en place un véritable outil de développement culturel et social au service des populations béninoises. Il apporte une contribution pour favoriser l'accès des populations à l'information et à la culture à l'occasion des projections de films. Il est disponible pour agir en partenariat avec des institutions et des Ong.
Quelle place occupe-t-il aujourd'hui dans le Cna Afrique ?
Le Cna Benin est une association membre du Cna Afrique et il est représenté dans son conseil d'administration.
Pourrions-nous avoir un bilan en termes de films projetés, de publics atteints, de budgets dépensés, de difficultés rencontrées à ce jour ?
Depuis 2002, le Cna Bénin a organisé plus de 17 000 projections sur l'ensemble du territoire béninois et a touché plusieurs millions de spectateurs. Les difficultés rencontrées par le Cna Bénin sont diverses. Entre autres, nous pouvons citer le manque de financement pour la réalisation des projections et le renouvellement de l'ensemble du matériel, les pistes défectueuses et difficiles d'accès et les aléas climatiques. Il faut noter que les Cna n'ont pas leur propre source de financement. Dans les différents pays, les structures Cna sont principalement soutenues par les coopérations françaises, belges, suisses et allemandes, l'Union européenne, et les Directions Nationales de la Cinématographie. Au Bénin, le Cna a déjà participé à plusieurs campagnes de sensibilisation avec Plan Bénin, les collectivités locales décentralisées, l'Unicef, Amnesty International, les Coopérations française, belge, allemande, suisse, l'Onudc, les programmes nationaux de lutte contre le Vih/Sida, les Programmes Nationaux de Lutte Contre le Paludisme, le Psicd (Ue), le Scac de l'Ambassade de France, etc. Dans le cadre des tournées purement culturelles, il a été fortement soutenu par l'Union Européenne et Africalia, une organisation belge de coopération.
A combien peut-on estimer le budget annuel du Cna-Bénin ?
Il est difficile de répondre à cette question car le budget varie énormément d'une année à l'autre.
Quels sont les lieux de diffusion ? Sont-ils appropriés ? Puisque vous êtes dans le numérique, les salles de cinéma vous manquent-elles ?
Les projections se déroulent en plein air, en milieu rural et dans les quartiers de ville. Les salles de cinéma ne nous manquent aucunement car le Cna peut transformer une cour d'école ou un terrain de football en une salle de cinéma. Le Cinéma numérique Ambulant reprend une vieille tradition qui se faisait dans les années 1895 mais avec des critères de qualité. Son équipement permet de tirer le meilleur parti des évolutions technologiques liées à l'avènement du numérique et du Dvd et ainsi de réaliser des projections de grande qualité. Notre vocation est donc d'être une salle de projection en plein air. Les lieux où nous nous installons sont appropriés, puisque nos projections sont ouvertes à tous et non payantes. Nous voulons rassembler le maximum de personnes autour de notre écran et nous pouvons avoir parfois jusqu'à 2 000, 3 000 spectateurs en une seule séance.
Le Cna n'est pas en opposition avec les salles de cinéma classique, au contraire, nous les complétons. Nous éduquons le public à l'image, nous amenons les populations à découvrir le cinéma, à l'aimer, à devenir des cinéphiles capables de payer l'accès aux salles de cinéma. Nous sommes en amont, les salles de cinéma en aval. Nous encourageons la réouverture des salles de cinéma partout dans le pays, pour que les milliers de personnes qui ont découvert le cinéma grâce à nous puissent continuer à en bénéficier.
Nous avons constaté que les activités du Cna sont au ralenti. Dites-nous ce qui se passe ?
Avec la crise économique qui n'épargne aucun secteur aujourd'hui, beaucoup de partenaires financiers du Cna Bénin ont vu leur budget restreint et cela a beaucoup contribué au ralentissement des activités. Nous travaillons durement à trouver de nouveaux partenaires et financements. Le Cna Bénin reprend cependant des couleurs. Heureusement pour le réseau des Cna, d'autres associations nationales se portent bien.
Nous avons aussi constaté que certains festivals de cinéma locaux sont rentrés dans les mêmes objectifs que vous en diffusant du cinéma dans des villages et hameaux du Bénin. Qu'est-ce que vous en pensez ?
Depuis la fermeture des salles de cinéma au Bénin et malgré les activités du Cna depuis plusieurs années, le cinéma est resté presque absent. C'est réjouissant si aujourd'hui certains festivals de cinéma ont le même objectif que le Cna : celui d'apporter l'image du cinéma africain où il n'existe pas. Ces diffusions viennent évidemment en complément aux activités du Cna qu'il exerce depuis plusieurs années. Rappelons ici que le Cna intervient beaucoup plus dans les villages enclavés, privés de loisirs, d'informations, d'électricité et à l'écart des principales voies de communication. L'activité du Cna est permanente sauf défaut de financement et on peut se réserver le bénéfice du doute quant au fait que les festivals de cinéma partagent les mêmes lieux de diffusion que lui.
Après plus d'une dizaine d'années d'existence et d'élargissement à d'autres pays, quelles sont les résolutions et recommandations issues de vos dernières rencontres éventuelles pour atteindre vos objectifs ?
Le réseau Cna d'abord pour but de consolider les Cna existant, et cela est fait. Cette consolidation porte sur le soutien (administratif, technique, financier) aux Cna qui traversent des périodes de crise ; la formation des personnels des Cna (la dernière s'est tenue du 14 août au 2 septembre 2017, dans la ville de Ouagadougou, à destination de tous les techniciens-projectionnistes) ; la mise en place de programmes de projections qui vont impliquer tous les pays, et même d'un festival de cinéma itinérant qui verra le jour en 2018, entre autres. Nous sommes aussi continuellement à la recherche de partenaires financiers.
Quelles sont vos relations (votre association) avec la Direction de la cinématographie béninoise, les écoles de cinéma du Bénin et les réalisateurs béninois ?
Le Cna Bénin est une structure culturelle sous tutelle de la Direction de la cinématographie béninoise (renommée depuis peu Centre National du Cinéma et de l'Image Animée du Bénin (Cncia-Bénin), ndlr] avec laquelle il entretient de bonnes relations. Dans le cadre de notre collaboration elle a été représentée pendant quelques années au sein du conseil d'administration du Cna Afrique par son ancien directeur, Monsieur Dorothée Dognon, dans le but de soutenir et d'encourager nos activités. A défaut de moyens pour acquérir les droits d'auteurs de grands films béninois, le Cna Bénin s'est contenté de nouer des partenariats avec certains réalisateurs béninois dans le cadre de la diffusion de leurs films pendant les campagnes de sensibilisation. Le développement de la culture béninoise part indiscutablement de la promotion de son cinéma et c'est dans cette lancée que le Cna Bénin reste ouvert pour accompagner tout jeune cinéaste désireux de faire connaitre ses films.
Quels sont les genres de films diffusés et vos sources d'approvisionnement ?
Le Cna dispose d'un important fonds de documents audiovisuels de sensibilisation qui traite de sujets divers (prévention du Vih/Sida, du paludisme, éducation, hygiène, santé, vaccination, mariage précoce, excision, droits des femmes et des enfants, etc.). Ces films proviennent de nos partenaires, des télévisions, des associations, des institutions, des ONG et sont d'une grande efficacité. Ils apportent des éléments d'information et de connaissance très souvent ignorés. Certains font l'objet de séries et permettent ainsi un effet didactique en abordant un ou des sujets sous des angles divers et souvent croisés. Le Cna privilégie à ce titre les fictions de sensibilisation réalisées par des cinéastes africains (maliens, burkinabés, béninois, etc.).
Grâce à son réseau d'associations, le Cna dispose d'un fond propre de longs et courts métrages pour la plupart ouest africains. Nous acquérons les droits des films qui rentrent dans notre catalogue. Cette année, le Cna Afrique va en acquérir d'autres qui seront mis à la disposition de l'ensemble des Cna. Notre catalogue est renouvelé tous les deux ans.
Y-a-t-il des périodes dans lesquelles vous faites des tournées de projections ?
Le Cna n'a pas une période précise pour les tournées. Il réalise les projections selon les contrats signés avec ses partenaires. Toutefois, nos deux équipes partent en congé pendant la saison pluvieuse.
Selon vous, quelle place occupe le cinéma béninois et son paysage aujourd'hui sur le continent ?
Le cinéma béninois évolue mais reste jeune comparativement à d'autres cinématographies africaines. Vu les films béninois ayant remporté des prix lors des festivals des dernières années écoulées, le Bénin peut être optimiste en espérant très vite grandir pour devenir l'un des pays les plus talentueux sur le plan cinématographique.
Quels sont les projets du Cna Afrique pour impacter et s'imposer davantage ?
Le Cna Afrique travaille à se faire connaître davantage, en participant aux grands festivals africains et en allant à la rencontre des bailleurs de fonds internationaux. Nous travaillons avec les réalisateurs dans chaque pays où nous sommes installés, mais aussi avec les directions nationales de la cinématographie qui sont nos partenaires.
Propos recueillis par Hector Tovidokou
Cotonou, Africiné Magazine
pour Images Francophones
Image : Rosalie N'dah, Présidente de Cna Bénin
Crédit : DR