Gaston Kaboré présente le Fonds Succès Cinéma
Lors du 10ème festival Quintessence de Ouidah, l’auteur de « Wend Kuuni » et « Buud Yam » a présenté un nouveau système d’aide à la production mis en place au Burkina Faso. Cette in
Qu'est ce que le fonds Succès Cinéma Burkina Faso ?
Gaston Kaboré : C'est un fonds d'aide automatique pour stimuler la production de films à petits budgets, produits par des producteurs ou des réalisateurs burkinabè, pour la consommation locale. Ces films, diffusés dans les salles commerciales du Burkina, devront avoir une durée de 70 minutes au moins. Sur la base des tickets payés par les spectateurs, les films qui atteindront plus de 10.000 entrées seront éligibles pour recevoir des aides de 10.000€ (6.559.500 FCFA), 15.000€ (9.839.355 FCFA) ou 30.000€ (19.678.710 FCFA) pour produire leur prochain film. La participation au fonds doit donc se faire avec un film déjà produit. Ce système d'aide automatique n'est pas une prime à la qualité du film ; même s'il est lié au nombre de spectateurs que celui-ci réunira. Ce n'est pas non plus une prime à la réalisation, car l'argent devra nécessairement être réinvesti dans une prochaine production.
Qu'attendez-vous de cette initiative ?
Gaston Kaboré : Nous pensons encourager en priorité les producteurs à faire des films avec de petits budgets pour la consommation locale. Cela va maintenir les réseaux de salles existants et comme on le sait, alors qu'elles ont presque partout fermé, le Burkina a la chance d'avoir encore des salles qui fonctionnent avec des exploitants et des distributeurs. C'est donc tous ensemble que nous essayons de mettre en place ce système. Nous espérons le voir se développer car nous avons pour l'instant reçu le soutien du Bureau de la décentralisation et de la coopération suisse à hauteur de 300.000€.
Avez-vous mis en place une étude de marché ?
Gaston Kaboré : Oui, nous avons approché des exploitants et des distributeurs et nous avons vu ce qui se faisait. Il faut que tout le monde joue le jeu de la transparence pour que cela puisse marcher. Dans un premier temps, l'étude de marché n'était pas stricto sensu nécessaire puisque nous savons que des gens vont au cinéma. Nous avons regardé les films que certains réalisateurs font et nous sommes dit que nous pouvions tabler sur cela pour commencer.
Quels sont les différentes étapes de ce projet ?
Gaston Kaboré : Nous avons fait une première période de test, nous ferons l'évaluation et ensuite nous ferons le lancement. Nous pouvons dire que le fonds a été officiellement lancé au Burkina. Nous avions donné une conférence de presse en août 2011.
Actuellement au Burkina Faso, y a-t-il un véritable contrôle des salles de cinéma ?
Gaston Kaboré : Le système que nous avons mis en place grâce à l'association Gestion de l'Aide Automatique Succès Cinéma Burkina Faso nous a obligé à mettre en place une billetterie. Vu que le fonds d’aide est basé sur le nombre de spectateurs en salle, il fallait que nous ayons un contrôle fiable et incontestable des entrées. Nous avons donc édité nos propres billets. Chaque jour, les entrées sont relevées et nous les comptabiliserons au bout d'une période donnée pour savoir quel film accède à quel seuil et à quel argent. L'objectif poursuivi est de permettre de stimuler la distribution des films au Burkina, de renforcer l'existence des salles et de mettre en œuvre une billetterie que nous n'avons jamais réussi à mettre en place après la mort de notre société nationale d'exploitation et de distribution cinématographique (SONACIB). Des professionnels suisses nous ont contacté pour mettre en place ce fonds et c'est grâce à la fédération des énergies entre producteurs, réalisateurs, exploitants et distributeurs que nous pouvons mettre cela en place, prouver que ça peut marcher et convaincre l’État de s'engager.
Pourquoi la Direction du cinéma burkinabè n'a-t-elle pas pris en charge ce projet ?
Gaston Kaboré : Si nous voulons le faire comme ça, cela ne marchera pas. Il faut qu'il y ait une rentabilité. L'argent que nous redonnerons aux producteurs, nous espérons qu'il aura, à long terme, un effet d'entraînement. Cela ne veut pas dire que nous agissons à l'encontre de l'administration ou des institutions gouvernementales mais c'est à nous de prouver que cela peut être fait de manière simple et pratique. La phase test va se terminer. Nous allons évaluer cela du 27 au 29 février et nous invitons des professionnels du Togo, du Bénin, de la Côte d'Ivoire, du Sénégal, du Niger et du Mali à venir voir ce que c'est, afin d’adapter le système à leur environnement. Nous espérons que cela créera quelque chose dans la sous-région.
Si le contrôle de la billetterie n'a jamais fonctionné, qu'est ce qui permettra, selon vous, d'éviter un échec ?
Gaston Kaboré : Tout le monde a intérêt à ce que cela marche. Les producteurs et les exploitants vont être vigilants. Les salles seront à terme assurées que des films seront faits. Les films le seront parce qu'ils auront intérêt à bénéficier de ce système. Et si leur qualité s'améliore, les salles auront aussi leur part puisque qu'elles sont le principal lieu d'exposition des films. Nous avons suffisamment réfléchi pour faire en sorte que les gens se sentent concernés et soient responsabilisés. S'il n'y a pas de transparence, le système mourra très vite. En revanche, si tout le monde joue le jeu, l’État s'y intéressera car pour l'instant, l'argent vient de la Suisse mais nous pourrons ensuite trouver des sponsors sur place et intéresser d'autres institutions européennes.
Combien de projets pourrez-vous financer grâce à l'apport de la Suisse ?
Gaston Kaboré : Tout dépend des seuils qu'atteindront les films. Avec 300.000€, nous pourrons tenir un an.
Propos recueillis par Claire Diao / Clap Noir
8 janvier 2012
Plus d'informations :
http://succescinema-bf.com/
http://www.africine.org/?menu=art&no=10374