Françoise Ellong : « Je repars à mes premières amours : le huis-clos »
La réalisatrice et scénariste vient de boucler un stage intensif en scénario à Yaoundé. Alors que son dernier long métrage W.a.k.a. (qui a déjà raflé six prix) continue de faire le tour des festivals, elle en profite pour nous parler de son actualité cinématographique.
Quel est l’avantage d’un stage intensif ?
L’idée est que les gens apprennent très vite en peu de temps. Le stage durait de 10h à 18 heures, c’est des cours entiers pendant 5 jours non stop. Le côté intensif c’est qu’on emmagasine beaucoup d’informations en très peu de temps. Quand j’ai fait le premier stage pendant le festival les Rific en 2013, on avait 10 jours, donc on a pu s’étendre sur certains sujets. Sur un stage intensif comme celui là on va à l’essentiel. Ça donne un rythme de travail et ça oblige à vraiment travailler dans une autre dynamique. Quand on est dans une dynamique intensive, on a une autre approche, on appréhende différemment les choses. Ce qu’on apprend, on le fait de manière à le comprendre tout de suite.
Comment avez-vous jugé la concentration et l’intérêt des stagiaires ?
Ça se joue à plusieurs niveaux. Le premier jour détermine tout. Je commence toujours par une présentation. Je veux que les gens me disent les raisons pour lesquels ils ont atterri dans ce stage. Mais pas de manière directe. C’est plutôt : je décris ce que je fais, qui je suis, et comme ça on arrive à déceler les raisons. Parce qu’il faut retenir qu’un stage sur le scénario n’est pas destiné qu’aux cinéastes, mais à toutes les personnes qui côtoient le scénario. Là j’avais une bédéiste, j’avais un infographe, un comédien, une qui veut devenir vraiment scénariste, un cadreur, un réalisateur télé. C’est des profils différents mais qui ont l’avantage de côtoyer tous le scénario. Leur intérêt, moi je le mesure en créant une osmose entre les stagiaires. Il y a un échange perpétuel pendant tout le stage. Ce n’est pas un cours magistral. Je veux confronter leurs croyances et ce qui est en réalité. Mais ils sont impliqués et très actifs et cela montre tout leur intérêt.
Que dites-vous à ceux qui ne croient pas aux formations de cinq ou dix jours ?
Quand on connait le cinéma et qu’on est un professionnel on ne peut pas faire de telles déclarations. Il n’ya que des personnes qui ne s’y connaissent pas qui peuvent penser ça. Quand on est dans le domaine, on sait ce que c’est un stage intensif et à quoi il sert. Les stages intensifs existent dans tous les domaines. C’est comme dire, à quoi ça sert un master class ? Un master class ça dure quelques heures. Cette réflexion n’a pas de sens, surtout que l’idée n’est pas qu’après ce stage vous allez devenir des scénaristes. Après ce stage, vous écrirez différemment, vous aurez une autre manière de voir les choses. Et ça s’est vu après deux jours du stage. Mercredi, on écrit le premier scénario, sujet libre avec une contrainte d’un format au niveau de la durée du film. Entre l’exercice du pitch, l’exercice du scénario et le scénario final il y a eu une évolution considérable chez les stagiaires. Il faut encore qu’ils travaillent pour devenir des scénaristes, mais au moins maintenant quand ils ont écrit ils comprenaient pourquoi ils écrivaient d’une telle manière et non pas d’une autre. Ils avaient une rigueur, ils étaient beaucoup plus précis. Ils se sont rendus compte que l’écriture du scénario c’est la précision, c’est du concis, c’est de l’image ; que le scénario ce n’est pas de la littérature et qu’on ne peut pas y raconter sa vie. Le choix du bon mot. Pas un mot à la place d’un autre. La commande de fin de stage est une pub pour l’Agence digitale panafricaine Kouaba, de Marlène Owona. Celui dont le scénario est retenu sera rémunéré et verra le concret de son travail à la télévision.
Quel a été selon vous le moment le plus intéressant de ce stage ?
Je dirai que la partie la plus intéressante c’est la prise de conscience des stagiaires. C’est un déclic dans leur tête en fait. Dans la pratique, l’exercice du pitch a été très intéressant. Ils se sont rendus compte qu’un pitch c’est très difficile à écrire et qu’il est important de l’apprendre par cœur. Ecrire un pitch tout comme un scénario ne s’improvise pas. Ils ont également beaucoup apprécié le fait qu’aujourd’hui ils sont capables de regarder un film et d’en déceler visuellement la structure. A partir du moment où je leur ai montré comment matérialiser visuellement une structure d’un scénario. Ils arrivent à voir, juste avec un graphique, que la structure est équilibrée ou déséquilibrée. Et quand on arrive à percevoir ça, c’est une prise de conscience.
Que prévoit la suite ?
Déjà il faut savoir que moi je fais un suivi des stagiaires. J’ai décidé de ne pas donner d’attestations parce que je trouve que c’est inutile, et les gens aiment beaucoup s’agripper aux diplômes. Je ne veux pas que ça devienne un argument d’autorité pour certains. Je ne dis pas qu’ils sont déjà des scénaristes, je dis qu’ils ont des clés en main pour encore aller plus loin dans l’apprentissage. Chaque stagiaire a déjà l’avantage que je leur déniche des opportunités. Par exemple trois d’entre eux ont été repérés par Madiba Olivier, le créateur du premier jeu vidéo African fantasy qui s’appelle Aurion. Il veut bosser avec eux. Il y a un autre qui va tenir le rôle principal de ma première série que j’ai écrite. J’ai également déniché un assistant caméra pour mes prochains projets de films, notamment mon long métrage qui arrive. Et puis, celle qui est réalisatrice de documentaire mais qui veut se lancer dans la fiction, je vais produire un de ses cours métrages avec ma boîte de production que je monte. Celle dont le scénario a été validé pour la pub va également réaliser le court métrage qui a été écrit pendant le stage et que je vais produire. Ils ont donc ce suivi plus mon carnet d’adresses que je débloque sans aucune limite pour eux. Après ça il y a d’autres stages qui vont arriver, la deuxième et la troisième session. Je ne suis pas là pour faire du remplissage, je veux certes dix stagiaires mais s’ils sont deux, quatre, six ou huit pour moi ça ne change rien. C’est ceux qui sont là qui m’intéressent et non les autres.
Vous tenez un stage en scénario, vous avez forcément décelé des lacunes dans ce domaine…
Je le dis souvent et peut-être je le répète beaucoup, mais sans scénario il n’y a pas de film. C’est inadmissible de bâcler cette étape, qui est la première dans la naissance d’un film. Ce qui est drôle c’est que chez nous, c’est cette étape qui est le plus souvent négligée. Des gens se lèvent, bricolent deux ou trois phrases et pensent avoir écrit un scénario. Il ne s’agit même pas d’écrire des histoires sur un papier et donner à une équipe ; il s’agit d’écrire un vrai scénario. Il y en a qui écrivent le scénario sur le plateau. Je suis désolée mais qui est capable d’écrire un vrai scénario au Cameroun aujourd’hui ? Le seul véritable que j’ai pu lire, côté francophone je précise, c’est Séraphin Kakouang. Donc, ceux qui pensent qu’ils peuvent bricoler le scénario et venir faire un chef d’œuvre après, ça ne marche pas.
Et si on parlait de vos projets…
Parmi les plus imminents il y a mon prochain long métrage qui s’appelle Kuntak. Ça va être mon actualité la plus récente. Dans quelques jours on va entrer officiellement dans la partie pré production. J’ai décidé de repartir un peu à mes premières amours, parce que moi je viens un peu du cinéma dit de genre. Les films que j’aime c’est les thrillers, les psychos angoisse, l’horreur, le fantastique. Les drames sociaux et moi ça ne fait pas bon ménage, c’est pour ça que je n’ai pas écrit W.a.k.a d’ailleurs. J’ai un autre long métrage en parallèle, The North Wing, c’est un projet sur lequel je travaille depuis des années, il est en bonne voie mais va mettre beaucoup plus de temps et il nécessite plus de moyens. Sinon je suis en train de monter une boîte de production. Je souhaite présenter des jeunes talents africains, en commençant par le Cameroun. Ce qui m’intéresse c’est des histoires africaines racontées par des locaux.
J’ai déjà deux courts métrages que je vais produire, mais aussi mon premier concept de série. Il a été parmi les finalistes des Trophées francophones 2015 à Abidjan. Le premier s’intitule Sous le même ciel, écrit par moi et réalisé par Nabe Daone. Les petits anges, écrit par Rostand Wandja qui signera également la réalisation. W.a.k.a. fait son chemin seul maintenant, moi je suis passée à autre chose. La structure va s’appeler Muna Mouto Films (« Les films d’une fille » en langue douala), à ne pas confondre avec Muna Moto le film de Dikongue Pipa. Le logo c’est une petite fille d’à peu près deux ans avec une sphère. Une référence à la renaissance. Si on veut que quelque chose naisse de nouveau, il faut repartir à la base et la base c’est redevenir un enfant, reprendre les fondamentaux. La sphère c’est le côté globe parce qu’on fait des histoires universelles. Ce sont des histoires africaines mais avec lesquelles on veut atteindre tout le monde. Le mot Films est écrit à l’envers, on le lit de droite à gauche. C’est pour dire qu’il faut sortir des sentiers battus. Il faut trouver une autre direction qui va faire changer les choses. Si on a toujours essayé les choses dans une direction et que ça ne fonctionne pas, il faudrait changer de direction pour voir ce que ça donne.
Dites-nous en un peu plus sur Kuntak…
Là je suis dans la configuration d’un projet structuré, il y a des informations que je ne suis pas autorisée à sortir. Ce n’est pas Comme W.a.k.a qui est un film indépendant, donc je fais ce que je veux. Mais n’empêche que je vais tourner au Cameroun entre Yaoundé et Bafoussam. J’ai envie de faire un des plus beaux huis clos qui ait été fait en Afrique. Pour l’équipe, je vais retravailler avec plusieurs personnes que j’ai rencontrées dans W.a.k.a. Jean Ndoumbè qui est mon binôme, il a été mon premier assistant mais il va occuper un autre rôle. Ymolujo sera premier assistant ; je vais faire venir un assistant réalisateur du Maroc. Le chef opérateur et le preneur de son seront les mêmes que dans W.a.k.a. (Thomas Moren et Jean Marc Cédot), ils font partie des personnes dont je ne me sépare pas. Il y a aussi Saul James mon compositeur. Je vais certainement travailler avec Barry Amayen que j’admire beaucoup ; avec Saint Père Abiassi pour la déco, Pierre Tenzeu en machiniste. Côté production et comédiens je ne peux pas encore me prononcer.
Propos recueillis par Pélagie Ng’onana
Africiné Magazine, Yaoundé,
pour Images Francophones
Crédit : DR
L’idée est que les gens apprennent très vite en peu de temps. Le stage durait de 10h à 18 heures, c’est des cours entiers pendant 5 jours non stop. Le côté intensif c’est qu’on emmagasine beaucoup d’informations en très peu de temps. Quand j’ai fait le premier stage pendant le festival les Rific en 2013, on avait 10 jours, donc on a pu s’étendre sur certains sujets. Sur un stage intensif comme celui là on va à l’essentiel. Ça donne un rythme de travail et ça oblige à vraiment travailler dans une autre dynamique. Quand on est dans une dynamique intensive, on a une autre approche, on appréhende différemment les choses. Ce qu’on apprend, on le fait de manière à le comprendre tout de suite.
Comment avez-vous jugé la concentration et l’intérêt des stagiaires ?
Ça se joue à plusieurs niveaux. Le premier jour détermine tout. Je commence toujours par une présentation. Je veux que les gens me disent les raisons pour lesquels ils ont atterri dans ce stage. Mais pas de manière directe. C’est plutôt : je décris ce que je fais, qui je suis, et comme ça on arrive à déceler les raisons. Parce qu’il faut retenir qu’un stage sur le scénario n’est pas destiné qu’aux cinéastes, mais à toutes les personnes qui côtoient le scénario. Là j’avais une bédéiste, j’avais un infographe, un comédien, une qui veut devenir vraiment scénariste, un cadreur, un réalisateur télé. C’est des profils différents mais qui ont l’avantage de côtoyer tous le scénario. Leur intérêt, moi je le mesure en créant une osmose entre les stagiaires. Il y a un échange perpétuel pendant tout le stage. Ce n’est pas un cours magistral. Je veux confronter leurs croyances et ce qui est en réalité. Mais ils sont impliqués et très actifs et cela montre tout leur intérêt.
Que dites-vous à ceux qui ne croient pas aux formations de cinq ou dix jours ?
Quand on connait le cinéma et qu’on est un professionnel on ne peut pas faire de telles déclarations. Il n’ya que des personnes qui ne s’y connaissent pas qui peuvent penser ça. Quand on est dans le domaine, on sait ce que c’est un stage intensif et à quoi il sert. Les stages intensifs existent dans tous les domaines. C’est comme dire, à quoi ça sert un master class ? Un master class ça dure quelques heures. Cette réflexion n’a pas de sens, surtout que l’idée n’est pas qu’après ce stage vous allez devenir des scénaristes. Après ce stage, vous écrirez différemment, vous aurez une autre manière de voir les choses. Et ça s’est vu après deux jours du stage. Mercredi, on écrit le premier scénario, sujet libre avec une contrainte d’un format au niveau de la durée du film. Entre l’exercice du pitch, l’exercice du scénario et le scénario final il y a eu une évolution considérable chez les stagiaires. Il faut encore qu’ils travaillent pour devenir des scénaristes, mais au moins maintenant quand ils ont écrit ils comprenaient pourquoi ils écrivaient d’une telle manière et non pas d’une autre. Ils avaient une rigueur, ils étaient beaucoup plus précis. Ils se sont rendus compte que l’écriture du scénario c’est la précision, c’est du concis, c’est de l’image ; que le scénario ce n’est pas de la littérature et qu’on ne peut pas y raconter sa vie. Le choix du bon mot. Pas un mot à la place d’un autre. La commande de fin de stage est une pub pour l’Agence digitale panafricaine Kouaba, de Marlène Owona. Celui dont le scénario est retenu sera rémunéré et verra le concret de son travail à la télévision.
Quel a été selon vous le moment le plus intéressant de ce stage ?
Je dirai que la partie la plus intéressante c’est la prise de conscience des stagiaires. C’est un déclic dans leur tête en fait. Dans la pratique, l’exercice du pitch a été très intéressant. Ils se sont rendus compte qu’un pitch c’est très difficile à écrire et qu’il est important de l’apprendre par cœur. Ecrire un pitch tout comme un scénario ne s’improvise pas. Ils ont également beaucoup apprécié le fait qu’aujourd’hui ils sont capables de regarder un film et d’en déceler visuellement la structure. A partir du moment où je leur ai montré comment matérialiser visuellement une structure d’un scénario. Ils arrivent à voir, juste avec un graphique, que la structure est équilibrée ou déséquilibrée. Et quand on arrive à percevoir ça, c’est une prise de conscience.
Que prévoit la suite ?
Déjà il faut savoir que moi je fais un suivi des stagiaires. J’ai décidé de ne pas donner d’attestations parce que je trouve que c’est inutile, et les gens aiment beaucoup s’agripper aux diplômes. Je ne veux pas que ça devienne un argument d’autorité pour certains. Je ne dis pas qu’ils sont déjà des scénaristes, je dis qu’ils ont des clés en main pour encore aller plus loin dans l’apprentissage. Chaque stagiaire a déjà l’avantage que je leur déniche des opportunités. Par exemple trois d’entre eux ont été repérés par Madiba Olivier, le créateur du premier jeu vidéo African fantasy qui s’appelle Aurion. Il veut bosser avec eux. Il y a un autre qui va tenir le rôle principal de ma première série que j’ai écrite. J’ai également déniché un assistant caméra pour mes prochains projets de films, notamment mon long métrage qui arrive. Et puis, celle qui est réalisatrice de documentaire mais qui veut se lancer dans la fiction, je vais produire un de ses cours métrages avec ma boîte de production que je monte. Celle dont le scénario a été validé pour la pub va également réaliser le court métrage qui a été écrit pendant le stage et que je vais produire. Ils ont donc ce suivi plus mon carnet d’adresses que je débloque sans aucune limite pour eux. Après ça il y a d’autres stages qui vont arriver, la deuxième et la troisième session. Je ne suis pas là pour faire du remplissage, je veux certes dix stagiaires mais s’ils sont deux, quatre, six ou huit pour moi ça ne change rien. C’est ceux qui sont là qui m’intéressent et non les autres.
Vous tenez un stage en scénario, vous avez forcément décelé des lacunes dans ce domaine…
Je le dis souvent et peut-être je le répète beaucoup, mais sans scénario il n’y a pas de film. C’est inadmissible de bâcler cette étape, qui est la première dans la naissance d’un film. Ce qui est drôle c’est que chez nous, c’est cette étape qui est le plus souvent négligée. Des gens se lèvent, bricolent deux ou trois phrases et pensent avoir écrit un scénario. Il ne s’agit même pas d’écrire des histoires sur un papier et donner à une équipe ; il s’agit d’écrire un vrai scénario. Il y en a qui écrivent le scénario sur le plateau. Je suis désolée mais qui est capable d’écrire un vrai scénario au Cameroun aujourd’hui ? Le seul véritable que j’ai pu lire, côté francophone je précise, c’est Séraphin Kakouang. Donc, ceux qui pensent qu’ils peuvent bricoler le scénario et venir faire un chef d’œuvre après, ça ne marche pas.
Et si on parlait de vos projets…
Parmi les plus imminents il y a mon prochain long métrage qui s’appelle Kuntak. Ça va être mon actualité la plus récente. Dans quelques jours on va entrer officiellement dans la partie pré production. J’ai décidé de repartir un peu à mes premières amours, parce que moi je viens un peu du cinéma dit de genre. Les films que j’aime c’est les thrillers, les psychos angoisse, l’horreur, le fantastique. Les drames sociaux et moi ça ne fait pas bon ménage, c’est pour ça que je n’ai pas écrit W.a.k.a d’ailleurs. J’ai un autre long métrage en parallèle, The North Wing, c’est un projet sur lequel je travaille depuis des années, il est en bonne voie mais va mettre beaucoup plus de temps et il nécessite plus de moyens. Sinon je suis en train de monter une boîte de production. Je souhaite présenter des jeunes talents africains, en commençant par le Cameroun. Ce qui m’intéresse c’est des histoires africaines racontées par des locaux.
J’ai déjà deux courts métrages que je vais produire, mais aussi mon premier concept de série. Il a été parmi les finalistes des Trophées francophones 2015 à Abidjan. Le premier s’intitule Sous le même ciel, écrit par moi et réalisé par Nabe Daone. Les petits anges, écrit par Rostand Wandja qui signera également la réalisation. W.a.k.a. fait son chemin seul maintenant, moi je suis passée à autre chose. La structure va s’appeler Muna Mouto Films (« Les films d’une fille » en langue douala), à ne pas confondre avec Muna Moto le film de Dikongue Pipa. Le logo c’est une petite fille d’à peu près deux ans avec une sphère. Une référence à la renaissance. Si on veut que quelque chose naisse de nouveau, il faut repartir à la base et la base c’est redevenir un enfant, reprendre les fondamentaux. La sphère c’est le côté globe parce qu’on fait des histoires universelles. Ce sont des histoires africaines mais avec lesquelles on veut atteindre tout le monde. Le mot Films est écrit à l’envers, on le lit de droite à gauche. C’est pour dire qu’il faut sortir des sentiers battus. Il faut trouver une autre direction qui va faire changer les choses. Si on a toujours essayé les choses dans une direction et que ça ne fonctionne pas, il faudrait changer de direction pour voir ce que ça donne.
Dites-nous en un peu plus sur Kuntak…
Là je suis dans la configuration d’un projet structuré, il y a des informations que je ne suis pas autorisée à sortir. Ce n’est pas Comme W.a.k.a qui est un film indépendant, donc je fais ce que je veux. Mais n’empêche que je vais tourner au Cameroun entre Yaoundé et Bafoussam. J’ai envie de faire un des plus beaux huis clos qui ait été fait en Afrique. Pour l’équipe, je vais retravailler avec plusieurs personnes que j’ai rencontrées dans W.a.k.a. Jean Ndoumbè qui est mon binôme, il a été mon premier assistant mais il va occuper un autre rôle. Ymolujo sera premier assistant ; je vais faire venir un assistant réalisateur du Maroc. Le chef opérateur et le preneur de son seront les mêmes que dans W.a.k.a. (Thomas Moren et Jean Marc Cédot), ils font partie des personnes dont je ne me sépare pas. Il y a aussi Saul James mon compositeur. Je vais certainement travailler avec Barry Amayen que j’admire beaucoup ; avec Saint Père Abiassi pour la déco, Pierre Tenzeu en machiniste. Côté production et comédiens je ne peux pas encore me prononcer.
Propos recueillis par Pélagie Ng’onana
Africiné Magazine, Yaoundé,
pour Images Francophones
Crédit : DR