Fonds d’aide aux cinémas du Sud : la reprise ?
Les montants accordés par les fonds d’aide internationaux basés en Europe ont baissé de plus de dix pour cent entre 2010 et 2011. Mais 2012 pourrait être une année de relance et de meilleure coordination entre ba
A la suite d'une première concertation des bailleurs de fonds du cinéma du Sud organisée pendant le festival d'Amiens à l'initiative du ministère de la Culture et du CNC français, le Fonds Hubert Bals accueillera, fin janvier, à l’occasion du Festival de Rotterdam, les représentants des différents fonds d’aide au cinéma du Sud basés en Europe. Cette rencontre vise à harmoniser les procédures et à faciliter l’accès à l’information pour les bénéficiaires. Elle intervient dans un contexte de baisse des montants accordés. 2011 a, en effet, été une année de vaches maigres au cours de laquelle le cumul des montants alloués par les fonds d’aide ayant un fonctionnement continu (avec une à quatre commissions par an, selon les cas) a baissé de plus de 10 % par rapport à l’année précédente (premier tableau). Ce chiffre s'obtient sans tenir compte des aides européennes (attribuées dans le cadre du Fonds Européen de Développement et mises en oeuvre par le Secrétariat du Groupe des Etats ACP - programme ACP Films) qui, elles, sont appelées à doubler à partir de 2012.
Après la crise, la reprise ?
L'année 2012 devrait être beaucoup plus faste avec l'annonce d'environ 2,8 millions d’euros d’aides à la production d'ACP Films, mais aussi grâce à la mutation du Fonds Sud, qui disparaît au profit d’un Fonds d’aide aux « Cinémas du Monde » doté désormais de 6 millions d’euros par an. Ce chiffre a de quoi faire rêver quand on le compare aux 2,5 millions dont disposait l’ancien Fonds Sud mais il est à relativiser car, d’une part, le nouveau fonds recevra des demandes du monde entier et, d’autre part, le plafond de budget de production fixé auparavant pour les films présentés au Fonds Sud a été supprimé. Le risque que les pays du Sud, désormais mis en concurrence avec l’Amérique du Nord, l’Europe et le Japon, ne souffrent de la nouvelle règle du jeu, n’est pas à négliger. C’est pourquoi les autorités françaises ont pris soin de préciser que « le nouveau fonds accordera toute leur place aux projets issus des cinématographies les plus fragiles, en particulier des pays d’Afrique sub-saharienne. »[ii]
La proposition visant à harmoniser les procédures des différents fonds et rendre leur fonctionnement plus transparent, proposition qui sera discutée lors de la réunion d'Amsterdam, est également un moyen d’éviter la marginalisation des pays « les plus fragiles ». Actuellement, on observe une très grande disparité entre les différents fonds d’aide. Certains ont une spécialité géographique (Fonds francophone, ACP Films mais aussi Open Doors, opération du festival de Locarno qui accueille chaque année une région du monde ou un pays différent) ; d’autres se limitent à un genre (le documentaire de création pour le Fonds Jan Vrijman) ou encore à un format (le long-métrage pour le Fonds Sud). Les montants accordés dans le cadre d’une aide à la production vont de 10 000 euros pour le Fonds Jan Vrijman à 300 000 euros pour ACP Films. Certains fonds se limitent à l’aide à la production (Fonds francophone, Fonds Sud, Visions Sud Est), d’autres soutiennent également la distribution et les actions de formation.
Les fonds se différencient aussi par leur caractère plus ou moins sélectif. Si le fonds francophone retient une candidature sur trois (voire une sur deux lors de certaines commissions), et le Fonds Sud, trois sur dix, le Fonds Jan Vrijman a financé moins de 5 % des 404 projets qui lui ont été soumis lors de sa première commission de 2011. Le fonds suisse Vision Sud Est est également très sélectif, avec à peine plus de 5 % de projets retenus, depuis sa création en 2005.
Cette diversité des fonds d’aide n’empêche pas certains producteurs francophones de cumuler les aides. Ainsi « Un homme qui crie » de Mahamat Saleh Haroun a été aidé à la fois par le Fonds francophone, ACP Films, le Fonds Hubert Bals et le World Cinema Fund de Berlin. Sur la période 2010-2011, les productions de pays francophones ont obtenu 21 % des aides du Fonds Sud et 14 % de celles du Fonds Jan Vrijman[iii] ; en revanche, cinq projets seulement (Egypte, Vietnam et Rwanda) ont bénéficié du fonds Hubert Bals.
Pour plus d'informations sur les différents fonds d'aide : www.souslarbreapalabres.org
[i] Programme financé par l’Union européenne et mis en œuvre par le Secrétariat des Etats ACP (Afrique, Caraïbe, Pacifique).