Fièvres, lauréat surprise du FESPACO
Alors que sa tenue était encore hypothétique moins de deux mois avant le coup d'envoi, le FESPACO 2015 s'est déroulé sans accroc. Avec un palmarès inattendu et un public toujours fidèle au rendez-vous.
Le palmarès du FESPACO 2015 a réservé beaucoup de surprises :
Le film « Timbuktu » n’a reçu que deux prix (meilleur décor et meilleure musique) tandis que la plus haute récompense, l’Etalon d’or de Yennenga est allée au film « Fièvres » de Hicham Ayouch, un film très fort mettant en scène des personnages issus de l’immigration (Maroc et Afrique noire). Tourné intégralement en banlieue parisienne, le film n'a pas connu le succès escompté lors de sa sortie dans les salles françaises (933 entrées, malgré plusieurs récompenses dans les festivals - Marrakech, Alexandrie, Tanger, Festival du film arabe de Fameck). Si Hicham Ayouch (frère de Nabil, lauréat du FESPACO en 2001) a prononcé un vibrant plaidoyer pour l'Afrique, son film a été produit sans intervention du Centre cinématographique marocain. Outre les financements français (CNC - Fonds Images de la Diversité), il a bénéficié des différents fonds de la région du golfe persique : Sana Film Fund, Doha Film Fund et Festival d’Abu Dhabi).
Sur les 13 films présents en compétition officielle qui avaient été soutenus par le Fonds de l’OIF (soit 18 % du total des films sélectionnés), 6 ont été primés. Au total, plus d’un tiers des prix (35 % - compétition officielle et prix spéciaux - hors prix des écoles de cinéma) sont allés à des films soutenus par l’OIF.
Le film « L’œil du cyclone », qui a obtenu le plus grand nombre de prix (deux prix spéciaux et cinq prix du palmarès officiel) a été salué comme le meilleur film d’Afrique sub-saharienne. Mais il faut tenir compte du fait que le jury a boudé « Timbuktu », vraisemblablement à cause de la reconnaissance internationale dont a bénéficié du film (les jurés ont pu estimer qu’il n’avait pas besoin d’une reconnaissance africaine...).
« L’œil du cyclone », réalisé par le burkinabè Sékou Traoré et écrit par l’Espagnol Luis Marquès (résident en Afrique de l’Ouest depuis plus de vingt ans et en cours d’acquisition de la nationalité burkinabè), est un film qui a bénéficié du soutien de l’OIF à chaque étape de sa production :
- bourse de développement de long-métrage du Festival d’Amiens, financée par l’OIF
- participation aux Ateliers Sud Ecriture (Tunisie, financement OIF et CNC français)
- intervention d’une consultante prise en charge par l’OIF qui a permis l’obtention d’un financement ACP Films (Secrétariat des ACP/Union européenne) d’un montant de 300 000 euros ;
- aide du Fonds francophone de production audiovisuelle du sud pour un montant de 40 000 €
- intervention du Fonds de garantie des Industries culturelles pour déblocage d’un crédit bancaire au stade du tournage du film.
A noter que l’actrice principale du film, Mouna Ndiaye, qui a reçu le prix de la meilleure interprétation féminine, avait également été choisie par l’OIF pour animer le concours de pitch, trois jours avant la proclamation du palmarès officiel.
La moisson de prix de « L’œil du cyclone pourrait aider le film à faire une carrière intéressante en salles, à la fois en Afrique et dans les pays du Nord. Le film vise au moins 40 000 entrées au Burkina Faso où il est très attendu.
« L’œil du cyclone » a l’avantage d’être un film grand public qui a séduit à la fois les spectateurs africains et les festivaliers venus du nord. Il raconte l’histoire d’une jeune avocate chargée de défendre un ancien enfant-soldat ayant passé vingt ans au sein d’une rébellion armée au cours de laquelle il a commis de nombreuses atrocités. Le film pose la question de la réinsertion des dizaines de milliers de combattants des guerres civiles africaines ainsi que celle de la nécessité d’une justice indépendante.
Le film a récolté les prix suivants :
Prix spéciaux :
Run (long-métrage de Philippe Lacôte, Côte d’Ivoire) : prix du conseil de l’entente lors de la cérémonie officielle et mention au comédien Isaac de Bankolé lors des prix spéciaux
Des Etoiles (long-métrage de Dyana Gaye, Sénégal) : prix de la meilleure réalisatrice ouest-africaine décerné par la CEDEAO
Avant le printemps (long-métrage de Ahmed Atef, Egypte) : prix de l’Union européenne
Morbayassa (long-métrage de Cheick Fantamady Camara, Guinée) : prix Paul Robeson
La sirène de Faso Fani (long-métrage documentaire de Michel K. Zongo, Burkina Faso) : prix UEMOA du meilleur documentaire et prix de la Loterie nationale du Burkina Faso.
Le Palmarès officiel complet :
Etalon d’or : Fièvres de Hicham Ayouch (Maroc)
Etalon d’argent : Fadhma N’Soumer de Belkacem Hadjadj (Algérie)
Etalon de bronze : L’œil du cyclone de Sékou Traoré (Burkina Faso)
Prix Oumarou Ganda : L’œil du cyclone de Sékou Traoré (Burkina Faso)
Prix Paul Robeson : Morbayassa de Cheick Fantamady Camara (Guinée)
Prix du Conseil de l’Entente : Run de Philippe Lacôte (Côte d’Ivoire)
Prix de la meilleure réalisatrice ouest-africaine : Dyana Gaye (Sénégal, pour « Des Etoiles »)
Prix CEDEAO du meilleur long-métrage : L’œil du cyclone de Sékou Traoré (Burkina Faso)
Prix de l’Union européenne : Avant le printemps de Ahmed Atef (Egypte)
Prix de la meilleure interprétation féminine pour Mouna Ndiaye (Guinée/Sénégal/France) dans L’œil du cyclone de Sékou Traoré (Burkina Faso)
Prix de la meilleure interprétation masculine pour Fargass Assandé (Côte d’Ivoire) dans L’œil du cyclone de Sékou Traoré (Burkina Faso)
Prix du meilleur décor : Timbuktu d'Abderrahmane Sissako (Mauritanie)
Prix du meilleur scénario : Fadhma N’Soumer
Prix du meilleur montage : Fadhma N’Soumer
Prix du meilleur son : Fadhma N’Soumer
Prix de la meilleure image : « C’est eux les chiens » de Hicham Lasri (Maroc)
Prix de la meilleure musique : Timbuktu
Prix de la meilleure affiche : « Cellule 512 » de Missa Hébié (Burkina Faso)
Etalon d’or du meilleur documentaire : « Miners shot down » de Desai Rehad (Afrique du Sud)
Etalon d’argent du documentaire : « Devoir de mémoire » de Mamadou Cissé (Mali)
Etalon de bronze du documentaire : « Tango negro » de Dom Pedro (Angola)
Poulain d’or du meilleur court-métrage : « De l’eau et du sang » de Abdelilah Eljaouhary (Maroc)
Poulain d’argent du second court-métrage : « Madama Esther » de Luck Razanajaona (Madagascar)
Poulain de bronze du troisième court-métrage : « Zakaria » de Leyla Bouzid (Tunisie)
Mentions du jury court-métrages à « Twaaga » de Cédric Ido (Burkina Faso) et « Les avalés du grand bleu » de Kossivi Tchincoun (Togo)
Prix de la meilleure série télévisée : « Chroniques africaines » d’Alexandra Amon (Côte d’Ivoire)
Prix spécial du jury « séries télévisées » : « Eh les hommes ! Eh les femmes ! » d’Apolline Traoré (Burkina Faso)
Prix spécial du jury « films d’écoles de cinéma » : « The traveller » de Sedufia Peter (NAFTI, Ghana)
Prix du meilleur documentaire d’école : « Je danse, donc je suis » de Aissata Ouarma (ISIS, Burkina Faso)
Prix de la meilleure fiction d’école de cinéma : « Sagar » de Pape Abdoulaye Seck (Sénégal, élève de l’ESAV-Marrakech)
Prix de la critique africaine (FACC / Africiné)
1er Prix de la Critique : C'est eux les chiens de Hicham Lasri (Maroc).
2ème Prix de la critique : Timbuktu de Abderrhamane Sissako (Mauritanie).
3ème Prix de la critique : L'Oeil du Cyclone de Sékou Traoré (Burkina Faso).
Pierre Barrot
Images Francophones
Image : Didier Michon et Slimane Dazi dans une scène du film Fièvres de Hicham Ayouch.
Crédit : Vingt-cinquième heure (La) / 25ème heure
Le film « Timbuktu » n’a reçu que deux prix (meilleur décor et meilleure musique) tandis que la plus haute récompense, l’Etalon d’or de Yennenga est allée au film « Fièvres » de Hicham Ayouch, un film très fort mettant en scène des personnages issus de l’immigration (Maroc et Afrique noire). Tourné intégralement en banlieue parisienne, le film n'a pas connu le succès escompté lors de sa sortie dans les salles françaises (933 entrées, malgré plusieurs récompenses dans les festivals - Marrakech, Alexandrie, Tanger, Festival du film arabe de Fameck). Si Hicham Ayouch (frère de Nabil, lauréat du FESPACO en 2001) a prononcé un vibrant plaidoyer pour l'Afrique, son film a été produit sans intervention du Centre cinématographique marocain. Outre les financements français (CNC - Fonds Images de la Diversité), il a bénéficié des différents fonds de la région du golfe persique : Sana Film Fund, Doha Film Fund et Festival d’Abu Dhabi).
Sur les 13 films présents en compétition officielle qui avaient été soutenus par le Fonds de l’OIF (soit 18 % du total des films sélectionnés), 6 ont été primés. Au total, plus d’un tiers des prix (35 % - compétition officielle et prix spéciaux - hors prix des écoles de cinéma) sont allés à des films soutenus par l’OIF.
Le film « L’œil du cyclone », qui a obtenu le plus grand nombre de prix (deux prix spéciaux et cinq prix du palmarès officiel) a été salué comme le meilleur film d’Afrique sub-saharienne. Mais il faut tenir compte du fait que le jury a boudé « Timbuktu », vraisemblablement à cause de la reconnaissance internationale dont a bénéficié du film (les jurés ont pu estimer qu’il n’avait pas besoin d’une reconnaissance africaine...).
« L’œil du cyclone », réalisé par le burkinabè Sékou Traoré et écrit par l’Espagnol Luis Marquès (résident en Afrique de l’Ouest depuis plus de vingt ans et en cours d’acquisition de la nationalité burkinabè), est un film qui a bénéficié du soutien de l’OIF à chaque étape de sa production :
- bourse de développement de long-métrage du Festival d’Amiens, financée par l’OIF
- participation aux Ateliers Sud Ecriture (Tunisie, financement OIF et CNC français)
- intervention d’une consultante prise en charge par l’OIF qui a permis l’obtention d’un financement ACP Films (Secrétariat des ACP/Union européenne) d’un montant de 300 000 euros ;
- aide du Fonds francophone de production audiovisuelle du sud pour un montant de 40 000 €
- intervention du Fonds de garantie des Industries culturelles pour déblocage d’un crédit bancaire au stade du tournage du film.
A noter que l’actrice principale du film, Mouna Ndiaye, qui a reçu le prix de la meilleure interprétation féminine, avait également été choisie par l’OIF pour animer le concours de pitch, trois jours avant la proclamation du palmarès officiel.
La moisson de prix de « L’œil du cyclone pourrait aider le film à faire une carrière intéressante en salles, à la fois en Afrique et dans les pays du Nord. Le film vise au moins 40 000 entrées au Burkina Faso où il est très attendu.
« L’œil du cyclone » a l’avantage d’être un film grand public qui a séduit à la fois les spectateurs africains et les festivaliers venus du nord. Il raconte l’histoire d’une jeune avocate chargée de défendre un ancien enfant-soldat ayant passé vingt ans au sein d’une rébellion armée au cours de laquelle il a commis de nombreuses atrocités. Le film pose la question de la réinsertion des dizaines de milliers de combattants des guerres civiles africaines ainsi que celle de la nécessité d’une justice indépendante.
Le film a récolté les prix suivants :
Prix spéciaux :
- Prix Sembene Ousmane/Ecobank
- Prix UEMOA du meilleur long-métrage
- Prix CEDEAO du meilleur long-métrage
- Prix de la meilleure interprétation féminine pour Mouna Ndiaye
- Prix de la meilleure interprétation masculine pour Fargass Assandé
- Prix Oumarou Ganda du meilleur premier long-métrage
- Etalon de bronze
Run (long-métrage de Philippe Lacôte, Côte d’Ivoire) : prix du conseil de l’entente lors de la cérémonie officielle et mention au comédien Isaac de Bankolé lors des prix spéciaux
Des Etoiles (long-métrage de Dyana Gaye, Sénégal) : prix de la meilleure réalisatrice ouest-africaine décerné par la CEDEAO
Avant le printemps (long-métrage de Ahmed Atef, Egypte) : prix de l’Union européenne
Morbayassa (long-métrage de Cheick Fantamady Camara, Guinée) : prix Paul Robeson
La sirène de Faso Fani (long-métrage documentaire de Michel K. Zongo, Burkina Faso) : prix UEMOA du meilleur documentaire et prix de la Loterie nationale du Burkina Faso.
Le Palmarès officiel complet :
Etalon d’or : Fièvres de Hicham Ayouch (Maroc)
Etalon d’argent : Fadhma N’Soumer de Belkacem Hadjadj (Algérie)
Etalon de bronze : L’œil du cyclone de Sékou Traoré (Burkina Faso)
Prix Oumarou Ganda : L’œil du cyclone de Sékou Traoré (Burkina Faso)
Prix Paul Robeson : Morbayassa de Cheick Fantamady Camara (Guinée)
Prix du Conseil de l’Entente : Run de Philippe Lacôte (Côte d’Ivoire)
Prix de la meilleure réalisatrice ouest-africaine : Dyana Gaye (Sénégal, pour « Des Etoiles »)
Prix CEDEAO du meilleur long-métrage : L’œil du cyclone de Sékou Traoré (Burkina Faso)
Prix de l’Union européenne : Avant le printemps de Ahmed Atef (Egypte)
Prix de la meilleure interprétation féminine pour Mouna Ndiaye (Guinée/Sénégal/France) dans L’œil du cyclone de Sékou Traoré (Burkina Faso)
Prix de la meilleure interprétation masculine pour Fargass Assandé (Côte d’Ivoire) dans L’œil du cyclone de Sékou Traoré (Burkina Faso)
Prix du meilleur décor : Timbuktu d'Abderrahmane Sissako (Mauritanie)
Prix du meilleur scénario : Fadhma N’Soumer
Prix du meilleur montage : Fadhma N’Soumer
Prix du meilleur son : Fadhma N’Soumer
Prix de la meilleure image : « C’est eux les chiens » de Hicham Lasri (Maroc)
Prix de la meilleure musique : Timbuktu
Prix de la meilleure affiche : « Cellule 512 » de Missa Hébié (Burkina Faso)
Etalon d’or du meilleur documentaire : « Miners shot down » de Desai Rehad (Afrique du Sud)
Etalon d’argent du documentaire : « Devoir de mémoire » de Mamadou Cissé (Mali)
Etalon de bronze du documentaire : « Tango negro » de Dom Pedro (Angola)
Poulain d’or du meilleur court-métrage : « De l’eau et du sang » de Abdelilah Eljaouhary (Maroc)
Poulain d’argent du second court-métrage : « Madama Esther » de Luck Razanajaona (Madagascar)
Poulain de bronze du troisième court-métrage : « Zakaria » de Leyla Bouzid (Tunisie)
Mentions du jury court-métrages à « Twaaga » de Cédric Ido (Burkina Faso) et « Les avalés du grand bleu » de Kossivi Tchincoun (Togo)
Prix de la meilleure série télévisée : « Chroniques africaines » d’Alexandra Amon (Côte d’Ivoire)
Prix spécial du jury « séries télévisées » : « Eh les hommes ! Eh les femmes ! » d’Apolline Traoré (Burkina Faso)
Prix spécial du jury « films d’écoles de cinéma » : « The traveller » de Sedufia Peter (NAFTI, Ghana)
Prix du meilleur documentaire d’école : « Je danse, donc je suis » de Aissata Ouarma (ISIS, Burkina Faso)
Prix de la meilleure fiction d’école de cinéma : « Sagar » de Pape Abdoulaye Seck (Sénégal, élève de l’ESAV-Marrakech)
Prix de la critique africaine (FACC / Africiné)
1er Prix de la Critique : C'est eux les chiens de Hicham Lasri (Maroc).
2ème Prix de la critique : Timbuktu de Abderrhamane Sissako (Mauritanie).
3ème Prix de la critique : L'Oeil du Cyclone de Sékou Traoré (Burkina Faso).
Pierre Barrot
Images Francophones
Image : Didier Michon et Slimane Dazi dans une scène du film Fièvres de Hicham Ayouch.
Crédit : Vingt-cinquième heure (La) / 25ème heure