Festival International du Film Francophone de Namur - FIFF 2016
L'esprit du FIFF ne tient pas à son palmarès
Le rideau est tombé sur le 31ème FIFF - Festival International du film francophone de Namur 2016 ce jeudi 6 octobre dans la capitale wallonne, Namur. Si elle a été placée sous le signe de la continuité et la tradition, cette édition n'a pas manqué de livrer plusieurs moments de joie cinéphilique.
Une clôture en beauté, mais…
La clôture d'un festival ne doit jamais être fortuite. Un festival ne finit pas seulement par la distribution des prix et un gala. Le plus important c'est le message qui se dégage de l'édition. De ce point de vue les programmeurs du FIFF ont de la suite dans les idées. Il y a du répondant entre le film d'ouverture et celui de la clôture. Tous les deux sont parmi les meilleures productions de l'année et tous les deux ont un message social extrêmement pertinent.
Sur ce thème, le film de la clôture monte d'un cran. La jeune Houda Beyamina donne de la réplique aux grands routiniers du cinéma. Avec Divines, sont premier long métrage, elle impulse une énergie extraordinaire au cinéma français et francophone. Après avoir remporté la caméra d'or au dernier festival de Cannes, ou les Dardenne compétaient pour la Palme d'or, voilà qu'elle reçoit les honneurs du festival francophone.
Divines est un film beur dirait-on. Mais la cinéaste refuse cette stigmatisation et parle de film sur la jeunesse française tout court. L'histoire de ces jeunes françaises des cités qui rêvent d'en finir avec la précarité et les frustrations rejoint le discours humaniste des Dardenne. Divines est aussi un film sur ceux qu'on ne voit pas, les sans voix/e, ceux qui sont à coté.
Un Palmarès en panne de couleurs
Le palmarès du 31ème FIFF est en contraste avec les deux films d'ouverture et de clôture. Les cinq prix officiels du festival sont allés à des films européens. Le Bayard d'or du meilleur film et le prix spécial du jury sont allés à deux films français : ORPHELINE d'Arnaud des Pallières et UNE JEUNE FILLE DE 90 ANS de Valeria Bruni Tedeschi et Yann Coridian. Les autres prix officiels sont des coproductions françaises. Pourtant présidé par Boulie Lanners le cinéaste de la nuance et de la subtilité, le jury aurait-il confondu cinéma francophone avec cinéma français ?
Il en est de même avec la compétition du court métrage. Les deux prix principaux ont été attribués à deux courts métrages français : QUE VIVE L'EMPEREUR d'Aude Léa Rapin et VILLE PERDUE de Julien Gaspar-Oliveri. Le seul souffle des contrés lointaines de la francophonie est venu de Québec puisque OH WHAT A WONDERFUL FEELING de François Jaros est reparti avec une mention spéciale.
On repart avec une impression de manque de couleurs. Aucun film du sud n'a attiré l'attention des jurys. Mais, un festival peut avoir des visions que le jury ne connaît pas nécessairement.
Reste la cinéphilie
Une chose est sure, et cela se confirme d'une édition à l'autre : le FIFF est un rendez-vous du cinéma francophone. La sélection de 156 films, dont 69 longs métrages, parmi les meilleurs qui ont été produits pendant l'année est un régal pour le spectateur. Ce n'est que le 1/10 des films proposés à la sélection cette année. Un bouquet de fleurs de toutes les couleurs. C'est le contenu d'un échange que l'on intercepte lorsqu'on est dans la longue file de spectateurs attendant d'entrer en salle. Un couple belge, connaisseur de la Tunisie et un Tunisien qui fait le déplacement chaque année pour assister au festival. Ils faisaient la queue pour voir un film qui incarne l'esprit francophone par excellence : Zaineb n'aime pas la neige (Zaineb takrahou ethelj) de Kaouther Ben Hania qui retrace le parcours d'émigration d'une famille tunisienne au Canada. Bénéficiaire du soutien de l'OIF, le film ouvrait la section dédiée au documentaire et qui est baptisée Place au Doc.
Ce ne sont pas là des professionnels du cinéma, juste des cinéphiles. Cela confirme l'idée que le FIFF est avant tout un espace de rencontre de la francophonie. Il y a les rencontres professionnelles comme Génération de Talents ! qui est la fusion de deux initiatives précédentes, en l'occurrence Echange de Talent(s) et Génération ! et comme FIFF Campus et Dans les traces d'atelier Grand Nord pour ne nommer que quelques unes.
Ce qui fait le charme et l'importance du FIFF c'est de rassembler le monde francophone à travers le cinéma, le meilleur de l'année. Pour un cinéphile, il n'y a pas mieux que de venir a Namur pour voir une anthologie de films francophones : La fille inconnue des Dardenne, Divines de Houda Benyamina, Hissein Habré, une tragédie tchadienne de Mahamat-Saleh Haroun, Tour de France de Rachid Djaïdani etc. Pour les voir tous il faut faire plusieurs festivals. Le fait de les voir tous alignés dans un seul programme, c'est un régal de plus et seul le FIFF offre ceci.
par Hassouna Mansouri
Africiné Magazine, Bruxelles
pour Images Francophones
en collaboration avec Africultures
PALMARES FIFF 2016 - 31ème Festival International du Film Francophone de Namur Compétition Long Métrage
Bayard d'Or du Meilleur film : ORPHELINE d'Arnaud des Pallières (France)
Prix Spécial du Jury : UNE JEUNE FILLE DE 90 ANS, de Valeria Bruni Tedeschi et Yann Coridian (France)
Bayard du Meilleur scénario : Alina Grigore & Adrian Sitaru pour le film ILLÉGITIME, d'Adrian Sitaru (Roumanie/Pologne/France)
Bayard de la Meilleure photographie : MA VIE DE COURGETTE de Claude Barras (Suisse/France)
Bayard de la Meilleure comédienne : Adèle Haenel, Adèle Exarchopoulos, Véga Cuzytek, Solène Rigot, pour le film ORPHELINE d'Arnaud des Pallières (France)
Bayard du Meilleur comédien : Adrian Titieni, pour le film ILLÉGITIME d'Adrian Sitaru (Roumanie/Pologne/France)
Mention Spéciale : LE VOYAGE AU GROENLAND, de Sébastien Betbeder (France)
Compétition Première œuvre de fiction
Bayard de la Meilleure première œuvre de fiction : DIAMOND ISLAND, de Davy Chou (Cambodge/France/Allemagne/Thaïlande/Qatar)
Prix Découverte : TRAMONTANE, de Vatche Boulghourjian (Liban/ France/Qatar/Emirats Arabes Unis)
Compétition Court Métrage
Bayard du Meilleur Court Métrage : QUE VIVE L'EMPEREUR, d'Aude Léa Rapin (France)
Prix spécial du Jury : VILLEPERDUE, de Julien Gaspar-Oliveri (France)
Mention : OH WHAT A WONDERFUL FEELING, de François Jaros (Québec)
Compétition Nationale Fédération Wallonie-Bruxelles
Prix du Meilleur Court Métrage ANGELIKA, de Léopold Legrand (Belgique)
Prix spécial du Jury : LA SAISON DU SILENCE, de Tizian Büchi (Belgique/Suisse)
Prix de la Meilleure photographie : Camille Sultan, pour LA SAISON DU SILENCE de Tizian Büchi (Belgique/Suisse)
Prix d'interprétation : Hajar Koutaine, dans le film A l'ARRACHÉ d'Emmanuelle Nicot (Belgique)
Mention : CORPS, de Benjamin D'Aoust (Belgique)
Compétition Clips
Prix du Meilleur clip : DRIFTED, de Dent De Cuir (France/Québec)
Autres Prix
Prix du Public Long Métrage Fiction : IL A DÉJÀ TES YEUX, de Lucien Jean-Baptiste (France/Belgique)
Prix du Public Documentaire : UNE JEUNE FILLE DE 90 ANS, de Valeria Bruni Tedeschi & Yann Coridian (France)
Prix du Public Court Métrage : VILLEPERDUE, de Julien Gaspar-Oliveri (France)
Prix Off
Prix Cinevox - Long Métrage Belge (Meilleur film belge francophone de l'année) : NOCES, de Stephan Streker
Prix de la Critique - Long Métrage Belge : EVEN LOVERS GET THE BLUES, de Laurent MICHELI
Prix Be TV - Long Métrage : ORPHELINE, d'Arnaud des Pallières (France)
Prix ARTE - Court Métrage : LES DAUPHINES, de Juliette Klinke (Belgique)
Prix Format Court - Court Métrage International : UNE NUIT A TOKORIKI, de Roxana Stroe (Roumanie)
Prix RTBF - Court métrage belge : LES DAUPHINES, de Juliette Klinke (Belgique)
Prix BeTV - Court métrage belge : LULU, de Michiel Blanchart et Louise Dendraën (Belgique)
Image : Scène du film Divines (Caméra d'Or, Festival de Cannes 2016)
Crédit : Diaphana Films
Une clôture en beauté, mais…
La clôture d'un festival ne doit jamais être fortuite. Un festival ne finit pas seulement par la distribution des prix et un gala. Le plus important c'est le message qui se dégage de l'édition. De ce point de vue les programmeurs du FIFF ont de la suite dans les idées. Il y a du répondant entre le film d'ouverture et celui de la clôture. Tous les deux sont parmi les meilleures productions de l'année et tous les deux ont un message social extrêmement pertinent.
Quoi de plus naturel, dirions-nous, que d'ouvrir avec La Fille inconnue, le nouveau film des frères Dardenne. La valeur et la renommée des deux cinéastes belges sont certes incontestables et il est fort cohérent de montrer le meilleur du cinéma francophone en ce début de festival. En outre, dans une nouvelle version depuis sa présentation à Cannes, le film est bien au diapason avec les débats qui secouent les sociétés dites d'émigration. La mort d'une jeune fille d'origine congolaise non identifiée et dans des conditions mystérieuses bouleverse la vie d'une jeune médecin qui se prépare pour une carrière brillante. La profonde crise de conscience pousse la jeune femme dans une introspection, non pas seulement de sa propre existence, mais du sens de la vie en société. L'ouverture sur l'altérité dans toutes ses ramifications commence par le peu d'attention qu'on doit prêter à ceux qui sont juste à côté.
Sur ce thème, le film de la clôture monte d'un cran. La jeune Houda Beyamina donne de la réplique aux grands routiniers du cinéma. Avec Divines, sont premier long métrage, elle impulse une énergie extraordinaire au cinéma français et francophone. Après avoir remporté la caméra d'or au dernier festival de Cannes, ou les Dardenne compétaient pour la Palme d'or, voilà qu'elle reçoit les honneurs du festival francophone.
Divines est un film beur dirait-on. Mais la cinéaste refuse cette stigmatisation et parle de film sur la jeunesse française tout court. L'histoire de ces jeunes françaises des cités qui rêvent d'en finir avec la précarité et les frustrations rejoint le discours humaniste des Dardenne. Divines est aussi un film sur ceux qu'on ne voit pas, les sans voix/e, ceux qui sont à coté.
Un Palmarès en panne de couleurs
Le palmarès du 31ème FIFF est en contraste avec les deux films d'ouverture et de clôture. Les cinq prix officiels du festival sont allés à des films européens. Le Bayard d'or du meilleur film et le prix spécial du jury sont allés à deux films français : ORPHELINE d'Arnaud des Pallières et UNE JEUNE FILLE DE 90 ANS de Valeria Bruni Tedeschi et Yann Coridian. Les autres prix officiels sont des coproductions françaises. Pourtant présidé par Boulie Lanners le cinéaste de la nuance et de la subtilité, le jury aurait-il confondu cinéma francophone avec cinéma français ?
Il en est de même avec la compétition du court métrage. Les deux prix principaux ont été attribués à deux courts métrages français : QUE VIVE L'EMPEREUR d'Aude Léa Rapin et VILLE PERDUE de Julien Gaspar-Oliveri. Le seul souffle des contrés lointaines de la francophonie est venu de Québec puisque OH WHAT A WONDERFUL FEELING de François Jaros est reparti avec une mention spéciale.
On repart avec une impression de manque de couleurs. Aucun film du sud n'a attiré l'attention des jurys. Mais, un festival peut avoir des visions que le jury ne connaît pas nécessairement.
Reste la cinéphilie
Une chose est sure, et cela se confirme d'une édition à l'autre : le FIFF est un rendez-vous du cinéma francophone. La sélection de 156 films, dont 69 longs métrages, parmi les meilleurs qui ont été produits pendant l'année est un régal pour le spectateur. Ce n'est que le 1/10 des films proposés à la sélection cette année. Un bouquet de fleurs de toutes les couleurs. C'est le contenu d'un échange que l'on intercepte lorsqu'on est dans la longue file de spectateurs attendant d'entrer en salle. Un couple belge, connaisseur de la Tunisie et un Tunisien qui fait le déplacement chaque année pour assister au festival. Ils faisaient la queue pour voir un film qui incarne l'esprit francophone par excellence : Zaineb n'aime pas la neige (Zaineb takrahou ethelj) de Kaouther Ben Hania qui retrace le parcours d'émigration d'une famille tunisienne au Canada. Bénéficiaire du soutien de l'OIF, le film ouvrait la section dédiée au documentaire et qui est baptisée Place au Doc.
Ce ne sont pas là des professionnels du cinéma, juste des cinéphiles. Cela confirme l'idée que le FIFF est avant tout un espace de rencontre de la francophonie. Il y a les rencontres professionnelles comme Génération de Talents ! qui est la fusion de deux initiatives précédentes, en l'occurrence Echange de Talent(s) et Génération ! et comme FIFF Campus et Dans les traces d'atelier Grand Nord pour ne nommer que quelques unes.
Ce qui fait le charme et l'importance du FIFF c'est de rassembler le monde francophone à travers le cinéma, le meilleur de l'année. Pour un cinéphile, il n'y a pas mieux que de venir a Namur pour voir une anthologie de films francophones : La fille inconnue des Dardenne, Divines de Houda Benyamina, Hissein Habré, une tragédie tchadienne de Mahamat-Saleh Haroun, Tour de France de Rachid Djaïdani etc. Pour les voir tous il faut faire plusieurs festivals. Le fait de les voir tous alignés dans un seul programme, c'est un régal de plus et seul le FIFF offre ceci.
par Hassouna Mansouri
Africiné Magazine, Bruxelles
pour Images Francophones
en collaboration avec Africultures
PALMARES FIFF 2016 - 31ème Festival International du Film Francophone de Namur Compétition Long Métrage
Bayard d'Or du Meilleur film : ORPHELINE d'Arnaud des Pallières (France)
Prix Spécial du Jury : UNE JEUNE FILLE DE 90 ANS, de Valeria Bruni Tedeschi et Yann Coridian (France)
Bayard du Meilleur scénario : Alina Grigore & Adrian Sitaru pour le film ILLÉGITIME, d'Adrian Sitaru (Roumanie/Pologne/France)
Bayard de la Meilleure photographie : MA VIE DE COURGETTE de Claude Barras (Suisse/France)
Bayard de la Meilleure comédienne : Adèle Haenel, Adèle Exarchopoulos, Véga Cuzytek, Solène Rigot, pour le film ORPHELINE d'Arnaud des Pallières (France)
Bayard du Meilleur comédien : Adrian Titieni, pour le film ILLÉGITIME d'Adrian Sitaru (Roumanie/Pologne/France)
Mention Spéciale : LE VOYAGE AU GROENLAND, de Sébastien Betbeder (France)
Compétition Première œuvre de fiction
Bayard de la Meilleure première œuvre de fiction : DIAMOND ISLAND, de Davy Chou (Cambodge/France/Allemagne/Thaïlande/Qatar)
Prix Découverte : TRAMONTANE, de Vatche Boulghourjian (Liban/ France/Qatar/Emirats Arabes Unis)
Compétition Court Métrage
Bayard du Meilleur Court Métrage : QUE VIVE L'EMPEREUR, d'Aude Léa Rapin (France)
Prix spécial du Jury : VILLEPERDUE, de Julien Gaspar-Oliveri (France)
Mention : OH WHAT A WONDERFUL FEELING, de François Jaros (Québec)
Compétition Nationale Fédération Wallonie-Bruxelles
Prix du Meilleur Court Métrage ANGELIKA, de Léopold Legrand (Belgique)
Prix spécial du Jury : LA SAISON DU SILENCE, de Tizian Büchi (Belgique/Suisse)
Prix de la Meilleure photographie : Camille Sultan, pour LA SAISON DU SILENCE de Tizian Büchi (Belgique/Suisse)
Prix d'interprétation : Hajar Koutaine, dans le film A l'ARRACHÉ d'Emmanuelle Nicot (Belgique)
Mention : CORPS, de Benjamin D'Aoust (Belgique)
Compétition Clips
Prix du Meilleur clip : DRIFTED, de Dent De Cuir (France/Québec)
Autres Prix
Prix du Public Long Métrage Fiction : IL A DÉJÀ TES YEUX, de Lucien Jean-Baptiste (France/Belgique)
Prix du Public Documentaire : UNE JEUNE FILLE DE 90 ANS, de Valeria Bruni Tedeschi & Yann Coridian (France)
Prix du Public Court Métrage : VILLEPERDUE, de Julien Gaspar-Oliveri (France)
Prix Off
Prix Cinevox - Long Métrage Belge (Meilleur film belge francophone de l'année) : NOCES, de Stephan Streker
Prix de la Critique - Long Métrage Belge : EVEN LOVERS GET THE BLUES, de Laurent MICHELI
Prix Be TV - Long Métrage : ORPHELINE, d'Arnaud des Pallières (France)
Prix ARTE - Court Métrage : LES DAUPHINES, de Juliette Klinke (Belgique)
Prix Format Court - Court Métrage International : UNE NUIT A TOKORIKI, de Roxana Stroe (Roumanie)
Prix RTBF - Court métrage belge : LES DAUPHINES, de Juliette Klinke (Belgique)
Prix BeTV - Court métrage belge : LULU, de Michiel Blanchart et Louise Dendraën (Belgique)
Image : Scène du film Divines (Caméra d'Or, Festival de Cannes 2016)
Crédit : Diaphana Films