Femmes d'Afrique - Entretien avec Souad HOUSSEIN
Femmes d'Afrique Magazine, N° 76, Juillet 2017
"… Pour marquer plus fortement sa plus-value et son authenticité, le cinéma africain doit d'avantage puiser dans la richesse de l'histoire et de la littérature de son continent"
Comme l'a démontré la dernière édition du Festival Panafricain du cinéma et de la télévision (FESPACO) qui s'est tenue à Ouagadougou du 25 février au 4 mars 2017, le cinéma africain a amorcé une nouvelle phase de son évolution marquée notamment par un renouvellement des talents et un accroissement des financements privés qui promettent de meilleures perspectives de distribution et de diffusion de films à travers les opportunités offertes par le numérique. Pour analyser ces nouvelles tendances et défis que traversent le cinéma africain nous avons interviewé Madame Souad HOUSSEIN, (originaire de Djibouti) qui a suivi de près cette évolution en tant qu'expert du cinéma africain à l'Organisation internationale de la Francophonie (OIF).
Vous êtes impliquée depuis près d'une vingtaine d'années dans le soutien au cinéma francophone du sud. Outre cette expérience vous êtes aussi connue comme étant une militante du cinéma africain pourriez-vous nous dire comment vous avez perçu personnellement l'évolution de ce cinéma ?
J'ai pu observer trois différentes phases dans l'évolution du cinéma d'Afrique francophone depuis 1999, date à laquelle j'ai intégré la Direction du cinéma et des médias de l'OIF.
A cette époque, ce cinéma surtout le cinéma d'Afrique subsaharienne francophone dépendait en grande partie de financements publics bilatéraux et multilatéraux provenant essentiellement du Nord. C'était l'âge d'or du Fonds francophone de production audiovisuelle du Sud de l'OIF qui pouvait octroyer des montants pouvant aller jusqu'à 120 000 euros par long métrage.
D'autres institutions telles que TV5MONDE, Canal France International, le Conseil international des radios et télévisions francophones (CIRTEF), le Fond européen ACP, le Fonds Sud du Centre national du cinéma Français, ou encore le Fonds image Afrique du Ministère français des Affaires étrangères apportaient aussi des contributions conséquentes.
Durant cette période, paradoxalement, peu de films de cette région étaient produits mais ceux qui se faisaient étaient relativement bien financés. Les thématiques en vogue à l'époque portaient sur la dialectique entre tradition et modernité, les rapports avec les Occidentaux etc. Les films étaient conçus pour un public et des critiques plutôt du Nord. Ils étaient généralement produits par des producteurs basés au Nord. La principale ambition à l'époque était de montrer les oeuvres dans les festivals et d'y obtenir une récompense. La seconde phase s'est caractérisée par l'érosion des financements publics à partir de 2006 et le désengagement de certains bailleurs institutionnels. Les cinéastes africains ont dû s'adapter de force. Inspirés par le modèle de production du Nigéria, le géant de la production cinématographique au niveau continental, et surtout par l'avènement du numérique, bon nombre de jeunes cinéastes se sont mis à réaliser leurs films avec de petits budgets et parfois seuls. De nombreux festivals de cinéma se sont créés un peu partout en Afrique. Il y a eu également l'émergence de réalisateurs issus de sous régions peu représentées auparavant telles que l'Océan Indien et l'Afrique de l'Est. Le film de genre a fait son entrée avec des thématiques plus diversifiées explorant le registre de l'humour, de la politique ou de l'action. En dépit de cette conjoncture, les cinéastes ont fait preuve d'inventivité pour : réaliser à tout prix et montrer leurs films en Afrique. Désormais les films sont produits de plus en plus par des professionnels africains.
Enfin la troisième phase qui a commencé à mon avis vers 2012 a annoncé une certaine renaissance du cinéma africain. Elle est marquée par la multiplication des partenaires financiers.
Lire l'intégralité de l'entretien (en PDF), en cliquant sur le lien.
Le site de Femmes d'Afrique Magazine : http://femmesdafrique.com/French/
Crédit image : DR
Comme l'a démontré la dernière édition du Festival Panafricain du cinéma et de la télévision (FESPACO) qui s'est tenue à Ouagadougou du 25 février au 4 mars 2017, le cinéma africain a amorcé une nouvelle phase de son évolution marquée notamment par un renouvellement des talents et un accroissement des financements privés qui promettent de meilleures perspectives de distribution et de diffusion de films à travers les opportunités offertes par le numérique. Pour analyser ces nouvelles tendances et défis que traversent le cinéma africain nous avons interviewé Madame Souad HOUSSEIN, (originaire de Djibouti) qui a suivi de près cette évolution en tant qu'expert du cinéma africain à l'Organisation internationale de la Francophonie (OIF).
Vous êtes impliquée depuis près d'une vingtaine d'années dans le soutien au cinéma francophone du sud. Outre cette expérience vous êtes aussi connue comme étant une militante du cinéma africain pourriez-vous nous dire comment vous avez perçu personnellement l'évolution de ce cinéma ?
J'ai pu observer trois différentes phases dans l'évolution du cinéma d'Afrique francophone depuis 1999, date à laquelle j'ai intégré la Direction du cinéma et des médias de l'OIF.
A cette époque, ce cinéma surtout le cinéma d'Afrique subsaharienne francophone dépendait en grande partie de financements publics bilatéraux et multilatéraux provenant essentiellement du Nord. C'était l'âge d'or du Fonds francophone de production audiovisuelle du Sud de l'OIF qui pouvait octroyer des montants pouvant aller jusqu'à 120 000 euros par long métrage.
D'autres institutions telles que TV5MONDE, Canal France International, le Conseil international des radios et télévisions francophones (CIRTEF), le Fond européen ACP, le Fonds Sud du Centre national du cinéma Français, ou encore le Fonds image Afrique du Ministère français des Affaires étrangères apportaient aussi des contributions conséquentes.
Durant cette période, paradoxalement, peu de films de cette région étaient produits mais ceux qui se faisaient étaient relativement bien financés. Les thématiques en vogue à l'époque portaient sur la dialectique entre tradition et modernité, les rapports avec les Occidentaux etc. Les films étaient conçus pour un public et des critiques plutôt du Nord. Ils étaient généralement produits par des producteurs basés au Nord. La principale ambition à l'époque était de montrer les oeuvres dans les festivals et d'y obtenir une récompense. La seconde phase s'est caractérisée par l'érosion des financements publics à partir de 2006 et le désengagement de certains bailleurs institutionnels. Les cinéastes africains ont dû s'adapter de force. Inspirés par le modèle de production du Nigéria, le géant de la production cinématographique au niveau continental, et surtout par l'avènement du numérique, bon nombre de jeunes cinéastes se sont mis à réaliser leurs films avec de petits budgets et parfois seuls. De nombreux festivals de cinéma se sont créés un peu partout en Afrique. Il y a eu également l'émergence de réalisateurs issus de sous régions peu représentées auparavant telles que l'Océan Indien et l'Afrique de l'Est. Le film de genre a fait son entrée avec des thématiques plus diversifiées explorant le registre de l'humour, de la politique ou de l'action. En dépit de cette conjoncture, les cinéastes ont fait preuve d'inventivité pour : réaliser à tout prix et montrer leurs films en Afrique. Désormais les films sont produits de plus en plus par des professionnels africains.
Enfin la troisième phase qui a commencé à mon avis vers 2012 a annoncé une certaine renaissance du cinéma africain. Elle est marquée par la multiplication des partenaires financiers.
Lire l'intégralité de l'entretien (en PDF), en cliquant sur le lien.
Le site de Femmes d'Afrique Magazine : http://femmesdafrique.com/French/
Crédit image : DR