Écrans noirs 2017, tableau d'un marché naissant
Du 15 au 23 juillet prochain, la 21è édition du festival international Écrans noirs accueillera, un marché du film et des films majoritairement en découverte. Écrans noirs 2017 se déroulera à Yaoundé et Douala, Cameroun.
Les couleurs neuves du festival Écrans noirs se voient depuis quelques années. Bassek Ba Kobhio, son délégué général et fondateur a toujours manifesté son envie de laisser champ libre à la jeunesse. L'idée semble prendre réellement corps depuis l'année dernière. Son directeur Marcel Épée Mdodi se met véritablement au-devant de la scène. Pour le 21è festival Ecrans Noirs, la conférence de presse de lancement s'est tenue à l'auditorium de la fondation Tandeng Muna qui servira de salle de projection cette année. Bassek Ba Kobhio a juste brossé dans son propos introductif, le mercredi 07 juin dernier, l'ensemble des activités du festival avec la vision qui l'accompagne. On retiendra globalement qu'il joue davantage le rôle de veilleur, superviseur. Il évoquera la préoccupation de créer un réel marché du film de la sous-région dans les États de la communauté économique des États de l'Afrique Centrale (CEAC).
Des films engagés et bons
Comme l'année dernière, c'est la réalisatrice camerounaise Françoise Ellong qui a coordonné la programmation des films. On aura donc 21 pays, plus de 70 films et plusieurs invités à Yaoundé et Douala pour le 7è art. D'abord annoncé du 1er au 08 juillet, le festival Ecrans Noirs 2017 se tiendra à la fois à Yaoundé et Douala ; précisément du 15 au 23 juillet à Yaoundé et du 16 au 22 juillet à Douala, avec le soutien de Canal Olympia. Soit en même temps que le festival de Durban 2017.
Si Félicité de Alain Gomis, le dernier étalon d'Or de Yennenga au Fespaco (festival panafricaine de cinéma de Ouagadougou) est en ouverture le 15 juillet prochain au palais des congrès de Yaoundé, plus 70 films ont été retenus dans plusieurs catégories. Selon la programmatrice, les sélectionnés sont des films engagés et bons au cinéma. Ils défendent des causes et proposent des regards esthétiques remarquables. En clair, des films qui ont de l'audace. Pour l'annonce de la programmation, les journalistes ont été invités à prendre rendez-vous sur le site web du festival pour découvrir la sélection officielle à 18h heures du Cameroun.
Comme un défi, la sélection est un ensemble des films vus, inconnus du public mais en lice pour plusieurs prix et le très convoité Ecran d'Or. Le film Life Point d'Achille Brice, inconnu de la presse camerounaise et sélectionné parmi les 19 films longs métrages en compétition au dernier Fespaco, sera une véritable curiosité côté public. On y trouve L'orage africain : un continent sous influence du Béninois Sylvain Amoussou, étalon d'argent au Fespaco et habitué des Ecrans noirs. Face à lui, un autre film rencontré à Ouagadougou A mile in my shoes du Marocain Said Khallaf, Prix de la Critique au Fespaco 2017. Le Burkinabè Berni Goldblat avec son film Wallay donnera un autre ton. Tout comme on souligne, parmi les 10 longs métrages, l'Afrique Australe qui fait une belle entrée avec Kati Kati du Kenyan Mbithi Masya et l'Afrique orientale par Enkopa de l'Ethiopien Abraham Demissie.
Côté documentaire, c'est un savant melting-pot. On a les inconditionnels aînés sénégalais Ousmane William Mbaye avec son film Kemtiyu - Cheikh Anta qui se positionne comme le meilleur film documentaire actuel sur le continent. À sa suite, son compatriote Moussa Touré avec Bois d'ébène sur l'esclavage atlantique. La jeune gabonaise Samantha Biffot présentera L'Africain qui voulait voler, l'histoire d'un jeune gabonais passionné d'arts martiaux et qui a vu son rêve se réaliser en allant finalement vivre au pays des Shaoling. La Nigérienne Aicha Macky évoque le destin des femmes qui n'ont pas connu l'enfantement dans son pays, le Niger, où la société pose un regard froissant sur ce type de femme, dans L'arbre sans fruit. Dans cette combinaison féministe, La Camerounaise Rosine Mbakam arrive avec Les deux visages d'une femme bamilékée. Tandis que le Congolais de la République Démocratique Dieudo Hamadi présentera le monde de la guerre dans son pays la RDC dans Maman Colonelle.
Pour l'heure, le festival traverse l'Afrique et sa diaspora. La sélection intègre largement la palette des films Afrique et caraïbes. Un hommage appuyé sera consacré au père du cinéma gabonais Philippe Mory. Ce sera aussi l'occasion de revisiter sa longue filmographie en tant que acteur, réalisateur et même producteur. En section panorama, les films européens dominent la sélection. La grande attraction sur laquelle mise l'organisation est cette ouverture vers d'autres cinémas en direction de l'Afrique et son monde.
La réplique
L'année dernière, le Cameroun avait reçu un "happy end lost" (une fin malheureuse) dans sa propre compétition. Le jury présidé par Jean-Pierre Crépeau avec à ses côtés le critique de cinéma Thierno Dia avait refusé de donner le Prix du meilleur film camerounais. Principale raison. Des films faibles avec des histoires mal racontées. Ce fut un scandale. Conscient de cela, Marcel Épée Mdodi et son équipe se sont attelés à chercher des films camerounais de qualité. Visiblement la moisson est plus grande en quantité et en qualité. On retrouvera des films des jeunes pousses du cinéma local Orly de Francis Téné-K, Miranda de Blaise Ntedju, qui compte déjà plusieurs films à son actif ou encore Night in the grass field d'Elvis Tanwie (De Dadies), un pur produit de l'industrie naissance dans la zone anglophone.
À l'affiche des documentaires, seuls quatre films ont été retenus. Djambar, Sembène l'insoumis signé Eric Bodoulé Sosso, déjà en compétition au dernier Fespaco se positionne nettement avec plus de chance de remporter un prix face aux autres films dont sera la grande première pour le public.
Les jurys des différentes compétitions ont donc le temps de distinguer des films qui demeurent un point incitatif majeur pour le rendez-vous de Yaoundé. Si on constate que certains prix du palmarès ont disparu - notamment les distinctions dans les catégories meilleurs acteurs et actrices - la compétition Afrique Centrale y a aussi laissé quelques plumes. Un recentrement que l'organisation trouve plus intense pour l'enjeu de la compétition.
Le festival à l'ère d'un marché de film
Le festival ouvre sa sélection à la série télé dont la série angolaise Jikulumessu de Francisco Antunez et Hugo Xavier Manuel Pureza diffusée sur Canal. Jean-Pierre Bekolo offrira en exclusivité Our wishes sur la coopération germano-camerounaise. Projet débuté l'année dernière, sa série a déjà connu un succès en Europe avec quelques sorties. Aïssa de Jean-Roke Patoudem et sa constellation des stars sera aussi très attendue. Ces séries proposent des thématiques diverses. Les tons sont aussi disparates les uns les autres. Entre Rumble la série anglophone du Camerounais Billy Bob Ndive Lifong qui mise sur les drames familiaux et Alina de la Gabonaise Lidia Kassa, le public se délectera de cette réalité complexe de l'Afrique et ses cultures.
Mais la grande innovation de cette édition, c'est l'instauration d'un marché du film coordonné par le producteur et réalisateur Gérard Désiré Nguele. C'est un espace marchand où les diffuseurs, réalisateurs et autres porteurs de projets audiovisuels et cinématographiques physique ou en chantier pourraient échanger. Pour Bassek Ba Kobhio, l'idée est de donner plus de possibilités aux projets d'être vus, commercialisés et susciter une réelle politique de diffusion. Pour ce départ, seuls les pays de la CEAC sont concernés notamment : l'Angola, le Rwanda, le Gabon, la République Centrafricaine, la République démocratique du Congo, la Guinée équatoriale, le Tchad et le Cameroun.
Le colloque de cette édition planchera sur "la contribution du cinéma et l'audiovisuel au développement économique et socioculturel" thème de cette édition. C'est la jeune chercheuse en histoire du cinéma, Marie Nadège Tsogo qui assurera son animation du 19 au 20 juillet prochain en marge des projections.
25 ans de TV5
La montée des marches se fera au ton de la chaîne de télévision francophone TV5. Elle profitera du rendez-vous de Yaoundé pour célébrer ses 25 ans. C'est le film Félicité d'Alain Gomis qui ouvrira le bal. Plusieurs rencontres sont prévues en marge de cette célébration. L'association camerounaise des journalistes et critiques de cinéma, Cinepress, animera un journal quotidien pour donner plus de visibilité aux cinémas d'Afrique et d'ailleurs.
Le festival 2017 s'annonce donc comme une édition, plus centrée sur les films et l'économie du cinéma. Plusieurs salles sont d'ailleurs préparées pour un festival éclaté dans les villes de Yaoundé et Douala.
Martial E. Nguéa,
Yaoundé, Africiné Magazine
pour Images Francophones
en collaboration avec Africultures
Photo : Bassek Ba Kobhio, délégué général et Marcel Épée Mdodi du festival (en arrière plan), lors de la conférence de presse d'Ecrans Noirs 2017
Crédit image : DR
Des films engagés et bons
Comme l'année dernière, c'est la réalisatrice camerounaise Françoise Ellong qui a coordonné la programmation des films. On aura donc 21 pays, plus de 70 films et plusieurs invités à Yaoundé et Douala pour le 7è art. D'abord annoncé du 1er au 08 juillet, le festival Ecrans Noirs 2017 se tiendra à la fois à Yaoundé et Douala ; précisément du 15 au 23 juillet à Yaoundé et du 16 au 22 juillet à Douala, avec le soutien de Canal Olympia. Soit en même temps que le festival de Durban 2017.
Si Félicité de Alain Gomis, le dernier étalon d'Or de Yennenga au Fespaco (festival panafricaine de cinéma de Ouagadougou) est en ouverture le 15 juillet prochain au palais des congrès de Yaoundé, plus 70 films ont été retenus dans plusieurs catégories. Selon la programmatrice, les sélectionnés sont des films engagés et bons au cinéma. Ils défendent des causes et proposent des regards esthétiques remarquables. En clair, des films qui ont de l'audace. Pour l'annonce de la programmation, les journalistes ont été invités à prendre rendez-vous sur le site web du festival pour découvrir la sélection officielle à 18h heures du Cameroun.
Comme un défi, la sélection est un ensemble des films vus, inconnus du public mais en lice pour plusieurs prix et le très convoité Ecran d'Or. Le film Life Point d'Achille Brice, inconnu de la presse camerounaise et sélectionné parmi les 19 films longs métrages en compétition au dernier Fespaco, sera une véritable curiosité côté public. On y trouve L'orage africain : un continent sous influence du Béninois Sylvain Amoussou, étalon d'argent au Fespaco et habitué des Ecrans noirs. Face à lui, un autre film rencontré à Ouagadougou A mile in my shoes du Marocain Said Khallaf, Prix de la Critique au Fespaco 2017. Le Burkinabè Berni Goldblat avec son film Wallay donnera un autre ton. Tout comme on souligne, parmi les 10 longs métrages, l'Afrique Australe qui fait une belle entrée avec Kati Kati du Kenyan Mbithi Masya et l'Afrique orientale par Enkopa de l'Ethiopien Abraham Demissie.
Côté documentaire, c'est un savant melting-pot. On a les inconditionnels aînés sénégalais Ousmane William Mbaye avec son film Kemtiyu - Cheikh Anta qui se positionne comme le meilleur film documentaire actuel sur le continent. À sa suite, son compatriote Moussa Touré avec Bois d'ébène sur l'esclavage atlantique. La jeune gabonaise Samantha Biffot présentera L'Africain qui voulait voler, l'histoire d'un jeune gabonais passionné d'arts martiaux et qui a vu son rêve se réaliser en allant finalement vivre au pays des Shaoling. La Nigérienne Aicha Macky évoque le destin des femmes qui n'ont pas connu l'enfantement dans son pays, le Niger, où la société pose un regard froissant sur ce type de femme, dans L'arbre sans fruit. Dans cette combinaison féministe, La Camerounaise Rosine Mbakam arrive avec Les deux visages d'une femme bamilékée. Tandis que le Congolais de la République Démocratique Dieudo Hamadi présentera le monde de la guerre dans son pays la RDC dans Maman Colonelle.
Pour l'heure, le festival traverse l'Afrique et sa diaspora. La sélection intègre largement la palette des films Afrique et caraïbes. Un hommage appuyé sera consacré au père du cinéma gabonais Philippe Mory. Ce sera aussi l'occasion de revisiter sa longue filmographie en tant que acteur, réalisateur et même producteur. En section panorama, les films européens dominent la sélection. La grande attraction sur laquelle mise l'organisation est cette ouverture vers d'autres cinémas en direction de l'Afrique et son monde.
La réplique
L'année dernière, le Cameroun avait reçu un "happy end lost" (une fin malheureuse) dans sa propre compétition. Le jury présidé par Jean-Pierre Crépeau avec à ses côtés le critique de cinéma Thierno Dia avait refusé de donner le Prix du meilleur film camerounais. Principale raison. Des films faibles avec des histoires mal racontées. Ce fut un scandale. Conscient de cela, Marcel Épée Mdodi et son équipe se sont attelés à chercher des films camerounais de qualité. Visiblement la moisson est plus grande en quantité et en qualité. On retrouvera des films des jeunes pousses du cinéma local Orly de Francis Téné-K, Miranda de Blaise Ntedju, qui compte déjà plusieurs films à son actif ou encore Night in the grass field d'Elvis Tanwie (De Dadies), un pur produit de l'industrie naissance dans la zone anglophone.
À l'affiche des documentaires, seuls quatre films ont été retenus. Djambar, Sembène l'insoumis signé Eric Bodoulé Sosso, déjà en compétition au dernier Fespaco se positionne nettement avec plus de chance de remporter un prix face aux autres films dont sera la grande première pour le public.
Les jurys des différentes compétitions ont donc le temps de distinguer des films qui demeurent un point incitatif majeur pour le rendez-vous de Yaoundé. Si on constate que certains prix du palmarès ont disparu - notamment les distinctions dans les catégories meilleurs acteurs et actrices - la compétition Afrique Centrale y a aussi laissé quelques plumes. Un recentrement que l'organisation trouve plus intense pour l'enjeu de la compétition.
Le festival à l'ère d'un marché de film
Le festival ouvre sa sélection à la série télé dont la série angolaise Jikulumessu de Francisco Antunez et Hugo Xavier Manuel Pureza diffusée sur Canal. Jean-Pierre Bekolo offrira en exclusivité Our wishes sur la coopération germano-camerounaise. Projet débuté l'année dernière, sa série a déjà connu un succès en Europe avec quelques sorties. Aïssa de Jean-Roke Patoudem et sa constellation des stars sera aussi très attendue. Ces séries proposent des thématiques diverses. Les tons sont aussi disparates les uns les autres. Entre Rumble la série anglophone du Camerounais Billy Bob Ndive Lifong qui mise sur les drames familiaux et Alina de la Gabonaise Lidia Kassa, le public se délectera de cette réalité complexe de l'Afrique et ses cultures.
Mais la grande innovation de cette édition, c'est l'instauration d'un marché du film coordonné par le producteur et réalisateur Gérard Désiré Nguele. C'est un espace marchand où les diffuseurs, réalisateurs et autres porteurs de projets audiovisuels et cinématographiques physique ou en chantier pourraient échanger. Pour Bassek Ba Kobhio, l'idée est de donner plus de possibilités aux projets d'être vus, commercialisés et susciter une réelle politique de diffusion. Pour ce départ, seuls les pays de la CEAC sont concernés notamment : l'Angola, le Rwanda, le Gabon, la République Centrafricaine, la République démocratique du Congo, la Guinée équatoriale, le Tchad et le Cameroun.
Le colloque de cette édition planchera sur "la contribution du cinéma et l'audiovisuel au développement économique et socioculturel" thème de cette édition. C'est la jeune chercheuse en histoire du cinéma, Marie Nadège Tsogo qui assurera son animation du 19 au 20 juillet prochain en marge des projections.
25 ans de TV5
La montée des marches se fera au ton de la chaîne de télévision francophone TV5. Elle profitera du rendez-vous de Yaoundé pour célébrer ses 25 ans. C'est le film Félicité d'Alain Gomis qui ouvrira le bal. Plusieurs rencontres sont prévues en marge de cette célébration. L'association camerounaise des journalistes et critiques de cinéma, Cinepress, animera un journal quotidien pour donner plus de visibilité aux cinémas d'Afrique et d'ailleurs.
Le festival 2017 s'annonce donc comme une édition, plus centrée sur les films et l'économie du cinéma. Plusieurs salles sont d'ailleurs préparées pour un festival éclaté dans les villes de Yaoundé et Douala.
Martial E. Nguéa,
Yaoundé, Africiné Magazine
pour Images Francophones
en collaboration avec Africultures
Photo : Bassek Ba Kobhio, délégué général et Marcel Épée Mdodi du festival (en arrière plan), lors de la conférence de presse d'Ecrans Noirs 2017
Crédit image : DR