Ecrans Noirs 2016, c'est comment ?
Walls de Narcisse Wandji (photo) meilleur court métrage camerounais. Les Larmes de Satan est Ecran d'Or 2016. Le Palmarès complet.
"Vous vivez à Yaoundé ?" La grimace qui s'étale fugacement sur le visage de Jean-Pierre Dikongué Pipa vaut toutes les réponses. Le réalisateur de Muna Moto (L'enfant de l'autre) habite à Douala qu'il va rejoindre dès le lendemain de l'ouverture des Ecrans Noirs 2016. Grand Prix du 4è Fespaco (Etalon d'or de Yennenga 1976) et lauréat de nombreuses autres récompenses pour ce film phare dont le Tanit d'argent 76 à Carthage et Grand Prix Georges Sadoul 1975, le cinéaste camerounais a reçu l'Écran d'Honneur (Prix Charles Mensah) le 15 juillet 2016, sur la scène du Palais des Congrès de Yaoundé, sous un standing ovation du public et des organisateurs. Délégué général de l'évènement, Bassek Ba Kobhio précise au micro qu'il est d'autant plus fier que ce trophée soit remis à Jean-Pierre Dikongué Pipa qu'en vingt ans d'existence ce dernier n'a jamais assisté au festival de Yaoundé. Il revient au Président du Conseil d'administration du Festival, Grégoire Owona, actuel Ministre du Travail et de la Sécurité Sociale du Cameroun de remettre le Prix qui sera accompagné d'un demi million de francs cfa (750 euros).
Est-ce pour devancer une question rabâchée ? Toujours est-il qu'il suspend son pas vers la sortie du village du festival où il venait de dîner avant de regagner l'hôtel des députés, pour nous dire : "ce n'est pas un film politique ; je veux dire que je n'ai pas cherché à faire un film politique". Ce n'est pas un fait isolé qui permet une analyse systémique ; plusieurs films africains montrent des personnages (de pouvoir) frappés de stérilité, d'impuissance sexuelle (temporaire) ou refusant d'avoir des enfants : Xala, 1974, Sembène Ousmane, l'émouvant Les Silences du Palais de la Tunisienne Moufida Tlatli ou encore Les couilles de l'éléphant du Gabonais Henri-Joseph Koumba-Bididi. A leur manière, ces oeuvres témoignent de l'insatisfaction des populations africains une fois débarrassées du joug colonial ; les nouvelles élites n'ont pas réussi à féconder une Afrique nouvelle, plus équitable.
Filmé en noir et blanc et magistralement monté par la regrettée André Davanture, Muna Moto (L'enfant de l'autre) raconte les amours contrariés de Ngando et Ndomé. Quand Ngando fait sa demande en mariage, la famille de la belle Ndomé lui rappelle qu'il doit s'acquitter de la dot. Orphelin, il fait appel à son oncle qui, déjà marié à trois femmes stériles, décide d'épouser la jeune fille qui attend un enfant de Ngando. Ce n'est pas seulement la stérilité qui est au cœur du film, c'est aussi la prévarication des puissants au détriment du petit peuple.
Mbalmayo, ville douce
Le lendemain, dimanche 16, dans l'après midi, c'est Jean-Pierre Bekolo qui enchantera les festivaliers, loin des salles de projection et même de Yaoundé. C'est à Mbalmayo, ville située à 45 minutes (et autant de kilomètres) de la capitale, que Martin Abega, Consul honoraire des Pays-Bas au Cameroun, remet au cinéaste le prestigieux Prix Prins Claus. Présentée par le journaliste Alioune Diop (Radio Sénégal International), la cérémonie se tient dans un cadre somptueux, verdoyant. Un hôtel inachevé domine une large prairie qui surplombe une rivière. Sur cette grande étendue, l'hôte du jour a réparti un barbecue (avec deux bouchers qui découpent et servent la viande de bœuf), séparé de plusieurs centaines de mètres du coin où le poulet est grillé, un feu pour le poisson pêché dans la rivière, un stand pour la bière, un autre à l'opposé où Ghislaine Monjap sert un jus de baobab très couru car onctueux et succulent. Plusieurs professionnels ont fait le déplacement : les actrices Nadège Beausson-Diagne (et sa maman) et Habi Touré, le cinéaste Jean-Marie Teno, les acteurs Gérard Essomba et Bruno Henry, la productrice allemande Bärbel Mauch, Sylvie Nwet (qui dirige avec Patricia Moune le Festival Yarha / Semaine Internationale du 1er film, dont la troisième édition a lieu du 5 au 12 novembre 2016, à Yaoundé), Filippe Sawadogo ancien Délégué Général du Fespaco, Lam Kaboré (TV 5), pour ne citer que quelques noms.
Originaire de Mbalmayo, Alexandre Biyidi (plus connu à travers les pseudonymes d'Eza Boto et Mongo Beti) y avait situé l'action de ses deux romans Ville cruelle (1954) et Le pauvre Christ de Bomba (1956). Cette notoriété littéraire explique que le lieu soit surnommé "ville cruelle". Gérard Essomba confie y avoir tourné son premier film (notre entretien avec lui n'a pu avoir lieu). Le convoi suit le soleil qui se couche pour retourner au village du festival, situé cette année au Musée national, sur le siège de l'ancien Palais présidentiel, en plein cœur du quartier administratif. Un bon choix et à renouveler, estime - sur son mur facebook - l'actrice et productrice Blanche Bana qui y tenait un stand pour sa nouvelle série de 26 minutes, Melting Pot, réalisée par Frank Olivier Ndema et qui sortira en janvier 2017 (lire son interview]).
Sur les quatre films soutenus par l'OIF, trois ont été primés.
Envoyés spéciaux de la chaîne parisienne Ubiznews, Miss Mahop, Dja et Teddy réalisent des reportages à chaud sur le festival. Le programme est riche entre l'hommage des 20 ans (dont le film d'ouverture Ezra), les différentes sections ainsi que les conférences de presse (parfaitement menées par Pélagie Ng'onana), l'impressionnante Masterclass de Gaston Kaboré, les ateliers et animations diverses. Ainsi, la nuit des séries proposée par Jean Patoudem actuellement à Yaoundé en tournage d'une nouvelle série, Aïssa, avec la Sénégalaise Rokhaya Niang (Madame brouette, …), le Tchadien Youssouf Djaoro (Daratt, …), des acteurs nationaux et étrangers. Le célèbre producteur et distributeur confie que c'est une comédie musicale panafricaine.
Parmi les invités du festival, il y avait aussi Moussa Touré qui a présenté son film TGV ; il en a profité pour faire des repérages : Yaoundé, la ville aux sept collines, est proprement envoûtante, avec des paysages à couper le souffle. Ses habitants lui donnent aussi une pulsation très forte. Le Gabon était fortement représenté avec Pauline Mvélé, membre du jury documentaires, Ruth Mygnolet Sandzou, Imunga Ivanga et Henri-Joseph Koumba Bididi, plus L'appel des ancêtres en compétition Afrique Centrale (avec l'Ivoirien Bakary Bamba dans le casting d'une production qui manque de souffle, malgré de bonnes intentions).
Laurent Chevallier a reçu le prix du Meilleur Documentaire étranger avec La Trace de Kandia, où il met en lumière l'histoire des griots Kouyaté, particulièrement celle de Sory Kandia Kouyaté, "la voix d'or du Manding" disparu en 1977 à l'âge de 44 ans et de son fils Kaabi. Jean-Marie Teno et Moussa Touré n'ont pas tari d'éloges sur ce film musical.
Hicham El Jebbari suit un détenu politique qui a quitté les geôles, après de longues années d'emprisonnement, avec l'idée de se venger de son tortionnaire : un ancien militaire, qui s'apprête à voyager avec sa famille vers le sud du Maroc. Unanimement salué par la critique, son film : Les Larmes de Satan de Hicham El Jebbari remporte le grand prix du festival, l'Ecran d'Or 2016 (Meilleur Long métrage de fiction des films en compétition).
Quatre films soutenus par l'OIF étaient en compétition : Sans regret de Jacques Trabi, Bonne nouvelle de Gérard Désiré Nguélé, Walls de Narcisse Wandji (photo) et le film documentaire Tahar Chériaa - A l'ombre du baobab de Mohammed Challouf (Mention spéciale documentaire). La mention spéciale accordée à Bruno Henry profite à Sans regret. Narcisse Wandji traduit avec subtilité le poisseux de la prison et l'arbitraire qui peut y conduire des honnêtes gens. Au-delà de l'univers, son traitement de la filiation est très fort, il réussit à ne pas s'enfermer dans son sujet pour explorer le doute distillé par l'extérieur (ici une entreprise accusant un administrateur de détournements) qui peut miner, à tout le moins, essayer de grignoter, une relation (là un père injustement accusé face à son fils qui semble ne pas avoir confiance, qui plus est son avocat). Les acteurs jouent avec mesure et Gérard Essomba étale toute sa classe, il capte la caméra et le micro, sans faire des tonnes. Dans un grand pays de cinéma aux productions sinistrées ou trop nollywoodiennes, il demeure un référent solide solide et multipliant les collaborations avec les jeunes auteurs.
Non décerné : le Prix du Meilleur film camerounais 2016
Composé de Christa Eka Assam, Daniel Sager, Florent Coulon, Thierno I. Dia et Jean-Claude Crépeau, le jury de la Compétition Films Afrique Centrale et Longs métrages camerounais a décidé de ne pas attribuer le Prix du Meilleur Long métrage camerounais. L'annonce par le Président du Jury, Jean-Claude Crépeau, jette un froid dans la salle du Palais des Congrès. "Un coup de massue" plutôt, estime Françoise Ellong sur son blog ; programmatrice de la cette édition, elle écrit que la "décision du Jury est avant tout à saluer". Dans un sondage sur son blog, 38% des avis exprimés jugent la décision " nécessaire " selon les résultats publiés le 26 juillet. Le festival est à saluer, car ses dirigeants n'ont nullement essayé d'entraver la position souveraine des 5 jurés ; particulièrement Marcel Epée, directeur du Festival et Bassek ba Kobhio, Délégué Général, avec l'ensemble de leur équipe, mis au courant quelques instants avant l'annonce officielle.
La volonté du jury est manifeste à la fois de ne pas froisser les réalisateurs en compétition et d'être exigeant. Tout en leur reconnaissant le mérite d'avoir proposé des films, les jurés ont estimé que la faiblesse des scénarios ne permet pas de délivrer le prix 2016 et encouragent le gouvernement à investir dans la formation cinématographique. On peut faire des films sans l'Etat et parfois même contre l'Etat, cependant on ne peut pas faire de cinéma sans les autorités publiques.
Représentant le chef de l'Etat, parrain du festival, le Professeur Narcisse Mouelle, Ministre des Arts et de la Culture, qui a clos le festival avec la même verve poétique qu'il l'a ouvert, a déclaré avoir bien reçu le message et vouloir œuvrer au développement du cinéma.
Pendant la cérémonie de remise des prix, la responsable de la chaîne française Canal Plus au Cameroun a encouragé Ecrans Noirs à s'ouvrir aux séries. Dans son discours, le délégué général Bassek ba Kobhio (qui a dédié la soirée à sa défunte sœur, morte le quatrième jour du festival dont elle était une fervente supporteuse, créant une forte émotion), a repris l'idée d'une édition ouverte aux séries télés. Or, c'est justement cette consanguinité entre cinéma et télévision qui tire la production vers le bas. L'esprit Nollywood du vite-fait-mal-fait prend le pas sur la culture cinématographique.
Il faut néanmoins faire la différence entre des productions aussi différentes que celles de Kunle Afolayan qui visent un public dépassant largement le petit écran et les VCD / DVD (il était présent et en compétition à Ecrans Noirs 2016 avec The CEO) des autres, façonnées par des auteurs qui n'ont cure de la forme ni du fond. La teneur globale des films est très télévisuelle. La facture est cependant différente : dans la compétition longs métrages camerounais les films venant du Cameroun anglophone sont techniquement très maîtrisés, comme Rose on a grave. La photo et le son sont généralement bons voire très bons, quand le scénario part parfois dans tous les sens, parasité souvent par une intrigue secondaire qui finit par prendre le pas sur l'intrigue principale ou bien des personnages secondaires trop développés sans avoir trop de place, comme dans une série télévisée (avec une action à venir en suspens). La séquence d'exposition est souvent une souffrance pour le spectateur avec de longs dialogues qui peuvent tourner autour d'un élément (une cravate à nouer, par exemple, dans Grave Erreur) qui devient insignifiant car abandonné le reste du film. Les acteurs surjouent alors, pour souvent combler le vide.
La veine moralisatrice trop appuyée est aussi un des grands défauts, comme dans Au-delà de la déchéance autour de deux jeunes ayant quitté leur famille pour vivre d'expédients (agressions, prostitution) et qui finiront par se rencontrer. C'est grâce à l'église qu'ils sortent l'une et l'autre de la rue, c'est devant la sacristie qu'ils s'embrassent, en plus il y a de longues tirades extraites de la Bible qui viennent empeser les dialogues. Tirée d'une histoire vraie, il y a de la bonne matière dans le fond, sauf que la manière (lumière, montage, le jeu) vient tout ruiner, même si l'acteur principal tire son épingle du jeu : le Prix du Meilleur acteur camerounais 2016 a été décerné à Martial Fonguieng (Laura Onyama est la Meilleure Actrice 2016 pour son rôle dans Kiss of Death ; le jury tenant à souligner son potentiel). Grand prince, le sponsor du Prix du Meilleur film camerounais décide de reporter sa dotation sur l'actrice et l'acteur qui se partagent ainsi un million.
Ecrans Noirs, c'est comment ?
Stéphanie Dongmo avait analysé avec finesse et passion en 2014 son attachement pour le festival de Yaoundé, en pointant les points forts et faiblesses, dans son article Chronique : Il faut sauver le festival Écrans noirs. Deux ans après, pour nous qui découvrons Ecrans Noirs, elle nous permet un regard distancié. La sélection est plus ouverte sur les récentes productions. Si l'esthétique télévisée domine c'est aussi le reflet d'une tendance prégnante du continent et qu'on retrouve aussi bien au Fespaco, au festival de Louxor ou d'autres évènements.
Il n'y a pas eu de lieu de projection déprogrammé ni de coupure d'électricité (sauf une baisse de tension un après-midi à l'Institut Français, ce qui a impacté deux films). Par contre, certains films programmés n'ont finalement pas été projetés pour indisponibilité : Hissein Habré, de Mahamat-Saleh Haroun, Sembène Ousmane une conscience africaine, de Samba Gadjigo, L'Ombre de Liberty, d'Imunga Ivanga. La qualité des projections peut être grandement améliorée, juste par des réglages ou la révision du matériel ou un pot de peinture sur le méchant trait qui raye le mur de la salle Sita Bella. Le festival prévoit de se doter de sa propre salle dans le futur.
Yaoundé et Ecrans Noirs ont énormément d'atouts. Le premier est la persévérance de son fondateur, car deux décennies sans interruption c'est un très beau challenge. Le second atout est l'équipe très motivée. La ville souffre d'un manque d'ouverture aux touristes, le festival peut aider les autorités à rendre plus attrayante la destination.
Les programmes n'ont été disponibles qu'après le début du festival ; arrivé à la fin de l'évènement le catalogue a été distribué avec parcimonie à quelques happy few, hélas.
La soirée des séries a amené un public familial au village du festival, ont remarqué plusieurs festivaliers. Dans les salles, c'était très clairsemé, comme l'a fait remarquer Nadège Beausson-Diagne lors de la clôture. Ainsi, pour sa première camerounaise, Naked Reality de Jean-Pierre Bekolo (glissé au dernier moment en compétition internationale) a attiré moins de 30 personnes à l'Institut français, ce qui est très surprenant. C'est sûr qu'on ne peut attendre d'un évènement ponctuel qu'il pallie la perte de l'habitude d'aller voir des films durant l'année. Blanche Bana a cependant raison dans son entretien avec Bonaberi.com: se plaindre du manque de salles n'explique pas tout, car il existe des lieux et des projections qu'il faut déjà remplir avant d'en revendiquer d'autres. Moins que l'absence des cinéphiles, ce qui retient l'attention ce sont les cinéastes, acteurs et techniciens pas assez présents à Ecrans Noirs. Se nourrir de l'expérience de Gaston Kaboré est une infinie richesse, Ecrans Noirs 2016 offrait cette opportunité ainsi qu'autres dont sa mission principale faire voir des films (dont certains n'en sont pas, il faut le dire sans complaisance). Pour ces aspects positifs et avec l'envie de consolider l'existant (dont surtout une équipe avec du cœur), on doit souhaiter très fort le meilleur au festival. Pour espérer continuer à y rencontrer Nadège Beausson-Diagne (avec sa formidable gouaille) ainsi que tous ceux qui donnent chair et sens au cinéma, ceux qui étaient présents et surtout ceux qui auraient voulu être présents.
Thierno I. Dia
Africiné Magazine, correspondant à Bordeaux
pour Images Francophones
en collaboration avec Africultures
LE PALMARES ECRANS NOIRS 2016 Écran d'Honneur (Prix Charles Mensah) : Jean-Pierre Dikongué Pipa
* Ecran d'Or (Meilleur Long métrage de fiction des films en compétition) : Les Larmes de Satan de Hicham El Jebbari, Maroc
* Ecran du Court (Meilleur court métrage de fiction des films en compétition) : Maman(s) de Maïmouna DOUCOURÉ, Sénégal
* Ecran du Doc (Sponsorisé par TV5MONDE) / Meilleur documentaire en compétition : Révolutionnaire(s) de Hassim-Tall BOUKAMBOU, Congo Brazza
* Ecran d'Afrique centrale (Sponsorisé par Royal Air Maroc) / Meilleur long métrage de fiction d'Afrique Centrale : ESCLAVAGE MODERNE DE FATOU de Pépiang TOUFDY, Tchad
* Ecran du film étranger (Meilleur long métrage de fiction étranger) : BEN et ARA de Nnegest LIKKÉ, USA
* Ecran du documentaire étranger (Meilleur documentaire étranger) : La Trace de Kandia de Laurent Chevallier, France
* Ecran du film camerounais (Sponsorisé par les Brasseries du Cameroun) / Meilleur long métrage camerounais : NON DECERNE, Cameroun
* Ecran du Documentaire camerounais (Meilleur documentaire camerounais) : Batcham, Dieu d'Appolo et la traversée du noir de VINCENT FOUODJI, Cameroun
* Ecran du court métrage camerounais (Sponsorisé par CANAL PLUS) / Meilleur court métrage de fiction : Walls, de Narcisse Wandji, Cameroun
* Ecran de l'interprétation féminine camerounaise (Meilleure comédienne des films camerounais en compétition) : Laura Onyama pour son rôle dans KISS OF DEATH, Cameroun
* Ecran de l'interprétation masculine camerounaise (Meilleur comédien des films camerounais en compétition) : MARTIAL FONGUIENG pour son rôle dans Au-delà de la déchéance, Cameroun
* Mentions spéciales du jury
Mention spéciale Documentaire : Mohammed CHALLOUF pour le documentaire Tahar Chériaa - A l'ombre du baobab, TUNISIE
Mention spéciale masculine : Bruno HENRY pour ses rôles dans les films DEALER (Congo Brazzaville) et SANS REGRET (Côte d'Ivoire), FRANCE
Mention spéciale féminin: ODILE MÜLLER pour le film KATUTURA, NAMIBIE
* Atelier "10 jours pour 1 film" (Sponsorisé par le Goethe insttitut, KFW, GIZ, FilmArche) : Frank Thierry LÉA MALLE pour son court métrage POINT DE VUE, Cameroun
Image : Le réalisateur camerounais Narcisse Wandji.
Crédit : Yvon Ngassam / DR
Est-ce pour devancer une question rabâchée ? Toujours est-il qu'il suspend son pas vers la sortie du village du festival où il venait de dîner avant de regagner l'hôtel des députés, pour nous dire : "ce n'est pas un film politique ; je veux dire que je n'ai pas cherché à faire un film politique". Ce n'est pas un fait isolé qui permet une analyse systémique ; plusieurs films africains montrent des personnages (de pouvoir) frappés de stérilité, d'impuissance sexuelle (temporaire) ou refusant d'avoir des enfants : Xala, 1974, Sembène Ousmane, l'émouvant Les Silences du Palais de la Tunisienne Moufida Tlatli ou encore Les couilles de l'éléphant du Gabonais Henri-Joseph Koumba-Bididi. A leur manière, ces oeuvres témoignent de l'insatisfaction des populations africains une fois débarrassées du joug colonial ; les nouvelles élites n'ont pas réussi à féconder une Afrique nouvelle, plus équitable.
Filmé en noir et blanc et magistralement monté par la regrettée André Davanture, Muna Moto (L'enfant de l'autre) raconte les amours contrariés de Ngando et Ndomé. Quand Ngando fait sa demande en mariage, la famille de la belle Ndomé lui rappelle qu'il doit s'acquitter de la dot. Orphelin, il fait appel à son oncle qui, déjà marié à trois femmes stériles, décide d'épouser la jeune fille qui attend un enfant de Ngando. Ce n'est pas seulement la stérilité qui est au cœur du film, c'est aussi la prévarication des puissants au détriment du petit peuple.
Mbalmayo, ville douce
Le lendemain, dimanche 16, dans l'après midi, c'est Jean-Pierre Bekolo qui enchantera les festivaliers, loin des salles de projection et même de Yaoundé. C'est à Mbalmayo, ville située à 45 minutes (et autant de kilomètres) de la capitale, que Martin Abega, Consul honoraire des Pays-Bas au Cameroun, remet au cinéaste le prestigieux Prix Prins Claus. Présentée par le journaliste Alioune Diop (Radio Sénégal International), la cérémonie se tient dans un cadre somptueux, verdoyant. Un hôtel inachevé domine une large prairie qui surplombe une rivière. Sur cette grande étendue, l'hôte du jour a réparti un barbecue (avec deux bouchers qui découpent et servent la viande de bœuf), séparé de plusieurs centaines de mètres du coin où le poulet est grillé, un feu pour le poisson pêché dans la rivière, un stand pour la bière, un autre à l'opposé où Ghislaine Monjap sert un jus de baobab très couru car onctueux et succulent. Plusieurs professionnels ont fait le déplacement : les actrices Nadège Beausson-Diagne (et sa maman) et Habi Touré, le cinéaste Jean-Marie Teno, les acteurs Gérard Essomba et Bruno Henry, la productrice allemande Bärbel Mauch, Sylvie Nwet (qui dirige avec Patricia Moune le Festival Yarha / Semaine Internationale du 1er film, dont la troisième édition a lieu du 5 au 12 novembre 2016, à Yaoundé), Filippe Sawadogo ancien Délégué Général du Fespaco, Lam Kaboré (TV 5), pour ne citer que quelques noms.
Originaire de Mbalmayo, Alexandre Biyidi (plus connu à travers les pseudonymes d'Eza Boto et Mongo Beti) y avait situé l'action de ses deux romans Ville cruelle (1954) et Le pauvre Christ de Bomba (1956). Cette notoriété littéraire explique que le lieu soit surnommé "ville cruelle". Gérard Essomba confie y avoir tourné son premier film (notre entretien avec lui n'a pu avoir lieu). Le convoi suit le soleil qui se couche pour retourner au village du festival, situé cette année au Musée national, sur le siège de l'ancien Palais présidentiel, en plein cœur du quartier administratif. Un bon choix et à renouveler, estime - sur son mur facebook - l'actrice et productrice Blanche Bana qui y tenait un stand pour sa nouvelle série de 26 minutes, Melting Pot, réalisée par Frank Olivier Ndema et qui sortira en janvier 2017 (lire son interview]).
Sur les quatre films soutenus par l'OIF, trois ont été primés.
Envoyés spéciaux de la chaîne parisienne Ubiznews, Miss Mahop, Dja et Teddy réalisent des reportages à chaud sur le festival. Le programme est riche entre l'hommage des 20 ans (dont le film d'ouverture Ezra), les différentes sections ainsi que les conférences de presse (parfaitement menées par Pélagie Ng'onana), l'impressionnante Masterclass de Gaston Kaboré, les ateliers et animations diverses. Ainsi, la nuit des séries proposée par Jean Patoudem actuellement à Yaoundé en tournage d'une nouvelle série, Aïssa, avec la Sénégalaise Rokhaya Niang (Madame brouette, …), le Tchadien Youssouf Djaoro (Daratt, …), des acteurs nationaux et étrangers. Le célèbre producteur et distributeur confie que c'est une comédie musicale panafricaine.
Parmi les invités du festival, il y avait aussi Moussa Touré qui a présenté son film TGV ; il en a profité pour faire des repérages : Yaoundé, la ville aux sept collines, est proprement envoûtante, avec des paysages à couper le souffle. Ses habitants lui donnent aussi une pulsation très forte. Le Gabon était fortement représenté avec Pauline Mvélé, membre du jury documentaires, Ruth Mygnolet Sandzou, Imunga Ivanga et Henri-Joseph Koumba Bididi, plus L'appel des ancêtres en compétition Afrique Centrale (avec l'Ivoirien Bakary Bamba dans le casting d'une production qui manque de souffle, malgré de bonnes intentions).
Laurent Chevallier a reçu le prix du Meilleur Documentaire étranger avec La Trace de Kandia, où il met en lumière l'histoire des griots Kouyaté, particulièrement celle de Sory Kandia Kouyaté, "la voix d'or du Manding" disparu en 1977 à l'âge de 44 ans et de son fils Kaabi. Jean-Marie Teno et Moussa Touré n'ont pas tari d'éloges sur ce film musical.
Hicham El Jebbari suit un détenu politique qui a quitté les geôles, après de longues années d'emprisonnement, avec l'idée de se venger de son tortionnaire : un ancien militaire, qui s'apprête à voyager avec sa famille vers le sud du Maroc. Unanimement salué par la critique, son film : Les Larmes de Satan de Hicham El Jebbari remporte le grand prix du festival, l'Ecran d'Or 2016 (Meilleur Long métrage de fiction des films en compétition).
Quatre films soutenus par l'OIF étaient en compétition : Sans regret de Jacques Trabi, Bonne nouvelle de Gérard Désiré Nguélé, Walls de Narcisse Wandji (photo) et le film documentaire Tahar Chériaa - A l'ombre du baobab de Mohammed Challouf (Mention spéciale documentaire). La mention spéciale accordée à Bruno Henry profite à Sans regret. Narcisse Wandji traduit avec subtilité le poisseux de la prison et l'arbitraire qui peut y conduire des honnêtes gens. Au-delà de l'univers, son traitement de la filiation est très fort, il réussit à ne pas s'enfermer dans son sujet pour explorer le doute distillé par l'extérieur (ici une entreprise accusant un administrateur de détournements) qui peut miner, à tout le moins, essayer de grignoter, une relation (là un père injustement accusé face à son fils qui semble ne pas avoir confiance, qui plus est son avocat). Les acteurs jouent avec mesure et Gérard Essomba étale toute sa classe, il capte la caméra et le micro, sans faire des tonnes. Dans un grand pays de cinéma aux productions sinistrées ou trop nollywoodiennes, il demeure un référent solide solide et multipliant les collaborations avec les jeunes auteurs.
Non décerné : le Prix du Meilleur film camerounais 2016
Composé de Christa Eka Assam, Daniel Sager, Florent Coulon, Thierno I. Dia et Jean-Claude Crépeau, le jury de la Compétition Films Afrique Centrale et Longs métrages camerounais a décidé de ne pas attribuer le Prix du Meilleur Long métrage camerounais. L'annonce par le Président du Jury, Jean-Claude Crépeau, jette un froid dans la salle du Palais des Congrès. "Un coup de massue" plutôt, estime Françoise Ellong sur son blog ; programmatrice de la cette édition, elle écrit que la "décision du Jury est avant tout à saluer". Dans un sondage sur son blog, 38% des avis exprimés jugent la décision " nécessaire " selon les résultats publiés le 26 juillet. Le festival est à saluer, car ses dirigeants n'ont nullement essayé d'entraver la position souveraine des 5 jurés ; particulièrement Marcel Epée, directeur du Festival et Bassek ba Kobhio, Délégué Général, avec l'ensemble de leur équipe, mis au courant quelques instants avant l'annonce officielle.
La volonté du jury est manifeste à la fois de ne pas froisser les réalisateurs en compétition et d'être exigeant. Tout en leur reconnaissant le mérite d'avoir proposé des films, les jurés ont estimé que la faiblesse des scénarios ne permet pas de délivrer le prix 2016 et encouragent le gouvernement à investir dans la formation cinématographique. On peut faire des films sans l'Etat et parfois même contre l'Etat, cependant on ne peut pas faire de cinéma sans les autorités publiques.
Représentant le chef de l'Etat, parrain du festival, le Professeur Narcisse Mouelle, Ministre des Arts et de la Culture, qui a clos le festival avec la même verve poétique qu'il l'a ouvert, a déclaré avoir bien reçu le message et vouloir œuvrer au développement du cinéma.
Pendant la cérémonie de remise des prix, la responsable de la chaîne française Canal Plus au Cameroun a encouragé Ecrans Noirs à s'ouvrir aux séries. Dans son discours, le délégué général Bassek ba Kobhio (qui a dédié la soirée à sa défunte sœur, morte le quatrième jour du festival dont elle était une fervente supporteuse, créant une forte émotion), a repris l'idée d'une édition ouverte aux séries télés. Or, c'est justement cette consanguinité entre cinéma et télévision qui tire la production vers le bas. L'esprit Nollywood du vite-fait-mal-fait prend le pas sur la culture cinématographique.
Il faut néanmoins faire la différence entre des productions aussi différentes que celles de Kunle Afolayan qui visent un public dépassant largement le petit écran et les VCD / DVD (il était présent et en compétition à Ecrans Noirs 2016 avec The CEO) des autres, façonnées par des auteurs qui n'ont cure de la forme ni du fond. La teneur globale des films est très télévisuelle. La facture est cependant différente : dans la compétition longs métrages camerounais les films venant du Cameroun anglophone sont techniquement très maîtrisés, comme Rose on a grave. La photo et le son sont généralement bons voire très bons, quand le scénario part parfois dans tous les sens, parasité souvent par une intrigue secondaire qui finit par prendre le pas sur l'intrigue principale ou bien des personnages secondaires trop développés sans avoir trop de place, comme dans une série télévisée (avec une action à venir en suspens). La séquence d'exposition est souvent une souffrance pour le spectateur avec de longs dialogues qui peuvent tourner autour d'un élément (une cravate à nouer, par exemple, dans Grave Erreur) qui devient insignifiant car abandonné le reste du film. Les acteurs surjouent alors, pour souvent combler le vide.
La veine moralisatrice trop appuyée est aussi un des grands défauts, comme dans Au-delà de la déchéance autour de deux jeunes ayant quitté leur famille pour vivre d'expédients (agressions, prostitution) et qui finiront par se rencontrer. C'est grâce à l'église qu'ils sortent l'une et l'autre de la rue, c'est devant la sacristie qu'ils s'embrassent, en plus il y a de longues tirades extraites de la Bible qui viennent empeser les dialogues. Tirée d'une histoire vraie, il y a de la bonne matière dans le fond, sauf que la manière (lumière, montage, le jeu) vient tout ruiner, même si l'acteur principal tire son épingle du jeu : le Prix du Meilleur acteur camerounais 2016 a été décerné à Martial Fonguieng (Laura Onyama est la Meilleure Actrice 2016 pour son rôle dans Kiss of Death ; le jury tenant à souligner son potentiel). Grand prince, le sponsor du Prix du Meilleur film camerounais décide de reporter sa dotation sur l'actrice et l'acteur qui se partagent ainsi un million.
Ecrans Noirs, c'est comment ?
Stéphanie Dongmo avait analysé avec finesse et passion en 2014 son attachement pour le festival de Yaoundé, en pointant les points forts et faiblesses, dans son article Chronique : Il faut sauver le festival Écrans noirs. Deux ans après, pour nous qui découvrons Ecrans Noirs, elle nous permet un regard distancié. La sélection est plus ouverte sur les récentes productions. Si l'esthétique télévisée domine c'est aussi le reflet d'une tendance prégnante du continent et qu'on retrouve aussi bien au Fespaco, au festival de Louxor ou d'autres évènements.
Il n'y a pas eu de lieu de projection déprogrammé ni de coupure d'électricité (sauf une baisse de tension un après-midi à l'Institut Français, ce qui a impacté deux films). Par contre, certains films programmés n'ont finalement pas été projetés pour indisponibilité : Hissein Habré, de Mahamat-Saleh Haroun, Sembène Ousmane une conscience africaine, de Samba Gadjigo, L'Ombre de Liberty, d'Imunga Ivanga. La qualité des projections peut être grandement améliorée, juste par des réglages ou la révision du matériel ou un pot de peinture sur le méchant trait qui raye le mur de la salle Sita Bella. Le festival prévoit de se doter de sa propre salle dans le futur.
Yaoundé et Ecrans Noirs ont énormément d'atouts. Le premier est la persévérance de son fondateur, car deux décennies sans interruption c'est un très beau challenge. Le second atout est l'équipe très motivée. La ville souffre d'un manque d'ouverture aux touristes, le festival peut aider les autorités à rendre plus attrayante la destination.
Les programmes n'ont été disponibles qu'après le début du festival ; arrivé à la fin de l'évènement le catalogue a été distribué avec parcimonie à quelques happy few, hélas.
La soirée des séries a amené un public familial au village du festival, ont remarqué plusieurs festivaliers. Dans les salles, c'était très clairsemé, comme l'a fait remarquer Nadège Beausson-Diagne lors de la clôture. Ainsi, pour sa première camerounaise, Naked Reality de Jean-Pierre Bekolo (glissé au dernier moment en compétition internationale) a attiré moins de 30 personnes à l'Institut français, ce qui est très surprenant. C'est sûr qu'on ne peut attendre d'un évènement ponctuel qu'il pallie la perte de l'habitude d'aller voir des films durant l'année. Blanche Bana a cependant raison dans son entretien avec Bonaberi.com: se plaindre du manque de salles n'explique pas tout, car il existe des lieux et des projections qu'il faut déjà remplir avant d'en revendiquer d'autres. Moins que l'absence des cinéphiles, ce qui retient l'attention ce sont les cinéastes, acteurs et techniciens pas assez présents à Ecrans Noirs. Se nourrir de l'expérience de Gaston Kaboré est une infinie richesse, Ecrans Noirs 2016 offrait cette opportunité ainsi qu'autres dont sa mission principale faire voir des films (dont certains n'en sont pas, il faut le dire sans complaisance). Pour ces aspects positifs et avec l'envie de consolider l'existant (dont surtout une équipe avec du cœur), on doit souhaiter très fort le meilleur au festival. Pour espérer continuer à y rencontrer Nadège Beausson-Diagne (avec sa formidable gouaille) ainsi que tous ceux qui donnent chair et sens au cinéma, ceux qui étaient présents et surtout ceux qui auraient voulu être présents.
Thierno I. Dia
Africiné Magazine, correspondant à Bordeaux
pour Images Francophones
en collaboration avec Africultures
LE PALMARES ECRANS NOIRS 2016 Écran d'Honneur (Prix Charles Mensah) : Jean-Pierre Dikongué Pipa
* Ecran d'Or (Meilleur Long métrage de fiction des films en compétition) : Les Larmes de Satan de Hicham El Jebbari, Maroc
* Ecran du Court (Meilleur court métrage de fiction des films en compétition) : Maman(s) de Maïmouna DOUCOURÉ, Sénégal
* Ecran du Doc (Sponsorisé par TV5MONDE) / Meilleur documentaire en compétition : Révolutionnaire(s) de Hassim-Tall BOUKAMBOU, Congo Brazza
* Ecran d'Afrique centrale (Sponsorisé par Royal Air Maroc) / Meilleur long métrage de fiction d'Afrique Centrale : ESCLAVAGE MODERNE DE FATOU de Pépiang TOUFDY, Tchad
* Ecran du film étranger (Meilleur long métrage de fiction étranger) : BEN et ARA de Nnegest LIKKÉ, USA
* Ecran du documentaire étranger (Meilleur documentaire étranger) : La Trace de Kandia de Laurent Chevallier, France
* Ecran du film camerounais (Sponsorisé par les Brasseries du Cameroun) / Meilleur long métrage camerounais : NON DECERNE, Cameroun
* Ecran du Documentaire camerounais (Meilleur documentaire camerounais) : Batcham, Dieu d'Appolo et la traversée du noir de VINCENT FOUODJI, Cameroun
* Ecran du court métrage camerounais (Sponsorisé par CANAL PLUS) / Meilleur court métrage de fiction : Walls, de Narcisse Wandji, Cameroun
* Ecran de l'interprétation féminine camerounaise (Meilleure comédienne des films camerounais en compétition) : Laura Onyama pour son rôle dans KISS OF DEATH, Cameroun
* Ecran de l'interprétation masculine camerounaise (Meilleur comédien des films camerounais en compétition) : MARTIAL FONGUIENG pour son rôle dans Au-delà de la déchéance, Cameroun
* Mentions spéciales du jury
Mention spéciale Documentaire : Mohammed CHALLOUF pour le documentaire Tahar Chériaa - A l'ombre du baobab, TUNISIE
Mention spéciale masculine : Bruno HENRY pour ses rôles dans les films DEALER (Congo Brazzaville) et SANS REGRET (Côte d'Ivoire), FRANCE
Mention spéciale féminin: ODILE MÜLLER pour le film KATUTURA, NAMIBIE
* Atelier "10 jours pour 1 film" (Sponsorisé par le Goethe insttitut, KFW, GIZ, FilmArche) : Frank Thierry LÉA MALLE pour son court métrage POINT DE VUE, Cameroun
Image : Le réalisateur camerounais Narcisse Wandji.
Crédit : Yvon Ngassam / DR