Disparition du producteur Eric Névé
Mort à 57 ans, il avait produit notamment « La pirogue » et « Wulu ».
Eric Névé est un producteur qui a marqué le cinéma africain en accompagnant Moussa Touré, Daouda Coulibaly, Angèle Diabang et Marguerite Abouet. Mort le 21 juillet à la veille de ses 58 ans (d’un accident cardio-vasculaire), il avait consacré une grande partie des dix dernières années de sa vie à des projets africains, avec notamment deux longs-métrages marquants : « La pirogue » de Moussa Touré et « Wulu » de Daouda Coulibaly. Deux films ambitieux qu’il défendait à la fois avec fierté et insatisfaction. Les 12 000 entrées de Wulu dans les salles françaises lui avaient laissé un goût amer que l’obtention du Trophée du meilleur film francophone n’avait pas effacé.
Eric Névé a présidé pendant plusieurs années le Groupe francophone d’UniFrance(1), forum d’échange qui a favorisé la renaissance actuelle des réseaux de salles et des circuits de distribution cinématographiques en Afrique francophone. Avec sa société de production « La chauve souris », il préparait le premier long-métrage de fiction de Marguerite Abouet « La belle vie », co-écrit avec Judith Godinot et qui avait obtenu l’aide au développement du CNC en 2017. Eric Névé avait dû renoncer, en revanche, à produire le premier long-métrage de fiction d’Angèle Diabang, « Une si longue lettre » (adapté du roman de Mariama Bâ), que la réalisatrice a repris avec sa propre société, Karoninka.
Dans la première partie de sa carrière, Eric Névé avait produit « Dobermann » de Ian Kounen (1997) et plusieurs films de Frédéric Schoendorffer, ainsi que les premiers longs-métrages de Romain Gavras et Kim Chapiron, fondateurs avec Toumani Sangaré et Ladj Ly du collectif Kourtrajmé.
Il avait même porté, en 2008, une superproduction à 15 millions d’euros, « Les femmes de l’ombre » de Jean-Paul Salomé, avec Sophie Marceau et Julie Depardieu. Le film avait fait plus de 800 000 entrées en France et autant en Chine.
Eric Névé laissera le souvenir d’un producteur exigeant, engagé au service d’un cinéma indépendant dont la force et la qualité devaient nécessairement, selon lui, aboutir à une rencontre avec le public.
(1) organisme de promotion du cinéma français à l'international.