DISCOP 2013 : la série TV « Les rois de Ségou » achetée par M-Net
La présence de la plateforme DIFFA (Diffusion de films et fictions d’Afrique) au marché des programmes africains, à Johannesburg, a permis de conclure la toute première vente d’une série d’Afrique francophone à un diffuseur anglophone. Bilan d’un DISCOP Africa devenu un vrai marché où les francophones peuvent tirer leur épingle du jeu.
« Les Rois de Ségou » (41 épisodes de 26 minutes) est une série historique de Boubacar Sidibé coproduite par Brico Films, Sarama Films et l’ORTM (la télévision publique malienne). Cette production qui a été aidée à hauteur de 150 000 euros par le Fonds francophone de production audiovisuelle du Sud (OIF / CIRTEF), sera diffusée en version originale sous-titrée en anglais sur l’une des huit chaînes « Africa Magic » du groupe de télévision à péage M-Net. Signé lors du DISCOP Africa 2013 qui s’est tenu du 6 au 8 novembre à Johannesburg, le contrat de vente est le résultat de démarches entreprises dès l’édition 2012 par DIFFA et la productrice des « Rois de Ségou », Nana Kadidia Toumagnon. Cette première vente pourrait être bientôt suivie d’une autre, M-Net ayant manifesté son intérêt pour la précédente série de Boubacar Sidibé, « Dou » (« La famille »).
DIFFA, qui a permis cette toute première vente en zone anglophone, est une structure de diffusion créée fin 2011 par Media Consulting Group (MCG, France) et Martika Productions (Côte d’Ivoire), avec le soutien de l’Organisation Internationale de la Francophonie. DIFFA était représentée à Johannesburg par Alain Modot, directeur de Media Consulting Group (MCG), Silvia Angrisani, responsable des ventes, et Jean Hubert Nankam, patron de Martika Production. Le producteur-réalisateur burkinabé Adama Roamba était également présent sur le stand DIFFA, aux côtés de Nana Kadidia Toumagnon, grâce au soutien du Ministère français des Affaires Etrangères.
À l’occasion de cette édition du DISCOP, DIFFA a présenté un catalogue d’environ 300 heures, composé principalement de fictions d’Afrique francophone[1] mais aussi de magazines (notamment ceux de la productrice ivoirienne Mathilde Lafarge[2]). DIFFA représente aujourd’hui 11 sociétés de production de 6 pays différents (Cameroun, Côte d’Ivoire, Burkina Faso, France, Mali, Nigeria). Avec quarante rendez-vous pendant le DISCOP, DIFFA a pu nouer des contacts prometteurs avec de nombreux diffuseurs, dont Canal Afrique, qui prépare le lancement, à partir de l’été 2014, de sa nouvelle chaîné dédiée aux séries africaines. Le lancement d’un bouquet africain par l’opérateur indien Zee TV pourrait également ouvrir des perspectives pour les fictions francophones.
DIFFA espère conclure très rapidement des ventes de séries avec la Télévision Ivoirienne, dont le directeur général Ahmadou Bakayoko était présent à Johannesburg, ainsi qu’avec la chaîne kenyane Zuku TV, qui semble disposée à diffuser des contenus francophones sous-titrés.
Les premiers pas de la fiction télévisée d’Afrique francophone en zone anglophone pourront être suivis de nouvelles avancées si les perspectives du marché permettent de passer du sous-titrage au doublage, grâce auquel les producteurs de fiction d’Afrique francophone pourraient lutter à armes égales avec leurs concurrents des zones anglophones, arabophones et lusophones, dont les œuvres sont d’ores et déjà disponibles en français. A l’occasion du DISCOP, Côte Ouest Audiovisuel, qui diffuse des programmes sur l’ensemble du continent, en français et en anglais, proposait un total de 2 000 heures de séries africaines provenant de dix-sept pays.
En préparation, Saburi, une série policière sud-africaine co-produite par Côte Ouest et la société sud-africaine Dv8 Films (13 épisodes d’une heure). Et, parmi les nouveautés, la première télénovela angolaise, disponible en français et en anglais : Windeck (120 fois 40’). Côté francophone, Cote Ouest Audiovisuel mettait en avant le long-métrage d’animation « Reine Pokou » (65’, réalisé par Abel Kouamé Nguessan), produit par le studio ivoirien Afrika Toon [3] et consacré à l’histoire de la mythique reine Ashanti fondatrice du royaume baoulé.
Parmi les innovations en matière de formats, à noter également, la première série de « scripted reality » d’Afrique francophone, présentée par Alessandra Amon de Ziv productions (Côte d’Ivoire). « Chroniques africaines » est une série de 13 fois 26 minutes, où des histoires qui pourraient être vraies sont mises en scène, avec des comédiens, sur un mode rappelant les émissions de téléréalité (recours aux interviews face caméra où le personnage revient sur les événements que l’on vient de vivre avec lui). Alessandra Amon est l’auteure de cette série réalisée par Siam Marley.
Au total, cette seconde édition du DISCOP en terre sud-africaine aura permis de confirmer l’apparition d’un véritable marché des programmes africains[4] sur lequel les francophones ne sont plus seulement spectateurs ou acheteurs. Au-delà des avancées constatées du côté des productions africaines, on note une présence accrue des fournisseurs de programmes français qui avaient longtemps délaissé (voire dédaigné) le continent africain. TV France International, l’organisme de promotion des programmes français, n’a pas encore pleinement misé sur le DISCOP mais il a tout au moins assuré une présence, aux côtés de distributeurs importants comme TF1 International, France Télévisions distribution, 100 % distribution et Ampersand (distributeur de documentaires).
Responsable de 100 % distribution (structure créée par les sociétés françaises Making prod. et Tetra Média et proposant leurs séries[5]), Betty Sulty-Johnson estime qu’une nouvelle génération de séries, servies par une écriture plus efficace, est en train de modifier l’image négative qu’ont longtemps eu sur les marchés internationaux les fictions françaises qui n’étaient pas non plus prophètes en leur pays, la France se distinguant, parmi les grands pays européens par un public plus friand de séries américaines que de productions locales (contrairement aux publics britannique et allemand, notamment). Mais cette faiblesse des fictions françaises semble appartenir au passé puisque leurs résultats à l’exportation ont connu une croissance record en 2012 ( 14 %). Parmi les séries phares présentées au DISCOP figurait « No limit », la première série télévisée écrite par Luc Besson.
Pierre Barrot
Images Francophones
pierre.barrot@francophonie.org
Photo : Nana Kadidia Toumagnon, productrice de la série « Les Rois de Ségou » et Segun Osinuga, Acquisitions Manager M-Net Africa signent la vente historique de la série « Les Rois de Ségou » à l’occasion du DISCOP 2013.
Crédit : Pierre Barrot, OIF.
[1] Dont les séries La sacoche (Boubakar Diallo), Lex Nostra (Gérard Nguélé), Du jour au lendemain, Celibatorium, Petit Sergent (Adama Roamba), Les rois de Ségou, Dou et Dougouba Sigui (Boubacar Sidibé), Class’A, Teenagers, P’tit Bisou, Vert Olive (Production Jean Hubert Nankam), Waga love (Guy-Désiré Yameogo) et bien d’autres, ainsi que les films Aya de Yopougon, Toiles d’araignées, Julie et Romeo, Cœur de lion, Traque à Ouaga, Sofia, etc. [2] Blackamorphoses, Piments et foufou. [3] Le prochain projet d’ Afrika Toon sera consacré à Soundjata Keïta, fondateur de l’empire mandingue. [4] Les organisateurs ont enregistré 1 400 participants, soit 200 de plus qu’en 2012. [5]« Le village français », « Chérif », « Les hommes de l’ombre », «Empreinte criminelle », « Equipe médicale d’urgence », etc.
DIFFA, qui a permis cette toute première vente en zone anglophone, est une structure de diffusion créée fin 2011 par Media Consulting Group (MCG, France) et Martika Productions (Côte d’Ivoire), avec le soutien de l’Organisation Internationale de la Francophonie. DIFFA était représentée à Johannesburg par Alain Modot, directeur de Media Consulting Group (MCG), Silvia Angrisani, responsable des ventes, et Jean Hubert Nankam, patron de Martika Production. Le producteur-réalisateur burkinabé Adama Roamba était également présent sur le stand DIFFA, aux côtés de Nana Kadidia Toumagnon, grâce au soutien du Ministère français des Affaires Etrangères.
À l’occasion de cette édition du DISCOP, DIFFA a présenté un catalogue d’environ 300 heures, composé principalement de fictions d’Afrique francophone[1] mais aussi de magazines (notamment ceux de la productrice ivoirienne Mathilde Lafarge[2]). DIFFA représente aujourd’hui 11 sociétés de production de 6 pays différents (Cameroun, Côte d’Ivoire, Burkina Faso, France, Mali, Nigeria). Avec quarante rendez-vous pendant le DISCOP, DIFFA a pu nouer des contacts prometteurs avec de nombreux diffuseurs, dont Canal Afrique, qui prépare le lancement, à partir de l’été 2014, de sa nouvelle chaîné dédiée aux séries africaines. Le lancement d’un bouquet africain par l’opérateur indien Zee TV pourrait également ouvrir des perspectives pour les fictions francophones.
DIFFA espère conclure très rapidement des ventes de séries avec la Télévision Ivoirienne, dont le directeur général Ahmadou Bakayoko était présent à Johannesburg, ainsi qu’avec la chaîne kenyane Zuku TV, qui semble disposée à diffuser des contenus francophones sous-titrés.
Les premiers pas de la fiction télévisée d’Afrique francophone en zone anglophone pourront être suivis de nouvelles avancées si les perspectives du marché permettent de passer du sous-titrage au doublage, grâce auquel les producteurs de fiction d’Afrique francophone pourraient lutter à armes égales avec leurs concurrents des zones anglophones, arabophones et lusophones, dont les œuvres sont d’ores et déjà disponibles en français. A l’occasion du DISCOP, Côte Ouest Audiovisuel, qui diffuse des programmes sur l’ensemble du continent, en français et en anglais, proposait un total de 2 000 heures de séries africaines provenant de dix-sept pays.
En préparation, Saburi, une série policière sud-africaine co-produite par Côte Ouest et la société sud-africaine Dv8 Films (13 épisodes d’une heure). Et, parmi les nouveautés, la première télénovela angolaise, disponible en français et en anglais : Windeck (120 fois 40’). Côté francophone, Cote Ouest Audiovisuel mettait en avant le long-métrage d’animation « Reine Pokou » (65’, réalisé par Abel Kouamé Nguessan), produit par le studio ivoirien Afrika Toon [3] et consacré à l’histoire de la mythique reine Ashanti fondatrice du royaume baoulé.
Parmi les innovations en matière de formats, à noter également, la première série de « scripted reality » d’Afrique francophone, présentée par Alessandra Amon de Ziv productions (Côte d’Ivoire). « Chroniques africaines » est une série de 13 fois 26 minutes, où des histoires qui pourraient être vraies sont mises en scène, avec des comédiens, sur un mode rappelant les émissions de téléréalité (recours aux interviews face caméra où le personnage revient sur les événements que l’on vient de vivre avec lui). Alessandra Amon est l’auteure de cette série réalisée par Siam Marley.
Au total, cette seconde édition du DISCOP en terre sud-africaine aura permis de confirmer l’apparition d’un véritable marché des programmes africains[4] sur lequel les francophones ne sont plus seulement spectateurs ou acheteurs. Au-delà des avancées constatées du côté des productions africaines, on note une présence accrue des fournisseurs de programmes français qui avaient longtemps délaissé (voire dédaigné) le continent africain. TV France International, l’organisme de promotion des programmes français, n’a pas encore pleinement misé sur le DISCOP mais il a tout au moins assuré une présence, aux côtés de distributeurs importants comme TF1 International, France Télévisions distribution, 100 % distribution et Ampersand (distributeur de documentaires).
Responsable de 100 % distribution (structure créée par les sociétés françaises Making prod. et Tetra Média et proposant leurs séries[5]), Betty Sulty-Johnson estime qu’une nouvelle génération de séries, servies par une écriture plus efficace, est en train de modifier l’image négative qu’ont longtemps eu sur les marchés internationaux les fictions françaises qui n’étaient pas non plus prophètes en leur pays, la France se distinguant, parmi les grands pays européens par un public plus friand de séries américaines que de productions locales (contrairement aux publics britannique et allemand, notamment). Mais cette faiblesse des fictions françaises semble appartenir au passé puisque leurs résultats à l’exportation ont connu une croissance record en 2012 ( 14 %). Parmi les séries phares présentées au DISCOP figurait « No limit », la première série télévisée écrite par Luc Besson.
Pierre Barrot
Images Francophones
pierre.barrot@francophonie.org
Photo : Nana Kadidia Toumagnon, productrice de la série « Les Rois de Ségou » et Segun Osinuga, Acquisitions Manager M-Net Africa signent la vente historique de la série « Les Rois de Ségou » à l’occasion du DISCOP 2013.
Crédit : Pierre Barrot, OIF.
[1] Dont les séries La sacoche (Boubakar Diallo), Lex Nostra (Gérard Nguélé), Du jour au lendemain, Celibatorium, Petit Sergent (Adama Roamba), Les rois de Ségou, Dou et Dougouba Sigui (Boubacar Sidibé), Class’A, Teenagers, P’tit Bisou, Vert Olive (Production Jean Hubert Nankam), Waga love (Guy-Désiré Yameogo) et bien d’autres, ainsi que les films Aya de Yopougon, Toiles d’araignées, Julie et Romeo, Cœur de lion, Traque à Ouaga, Sofia, etc. [2] Blackamorphoses, Piments et foufou. [3] Le prochain projet d’ Afrika Toon sera consacré à Soundjata Keïta, fondateur de l’empire mandingue. [4] Les organisateurs ont enregistré 1 400 participants, soit 200 de plus qu’en 2012. [5]« Le village français », « Chérif », « Les hommes de l’ombre », «Empreinte criminelle », « Equipe médicale d’urgence », etc.