Diffusion internationale des films du Sud : Table-ronde OIF le 18 mai à Cannes
Rendez-vous samedi à 15 h au pavillon des cinémas du monde. A l’affiche Djo Munga, Gaston Kaboré, Yves Bigot, Anne-Dominique Toussaint et Daniela Elstner.
Le marché du cinéma se mondialise. La Chine y occupe une place grandissante (second marché depuis 2012, derrière les Etats-Unis et devant le Japon*). Les films du Sud peuvent-ils séduire distributeurs et vendeurs internationaux ? Le label Film du Sud est-il devenu un atout ou un handicap ? Des réalisateurs dont le pays est privé de salles de cinéma peuvent-ils prétendre au succès international ?
Pour répondre à ces questions, et à bien d’autres, l’Organisation Internationale de la Francophonie organise à Cannes une table-ronde qui sera animée par Youma Fall, ancienne directrice du Grand théâtre national de Dakar et nouvelle directrice de la diversité et du développement culturels à l’OIF. A ses côtés, cinq professionnels de renom prendront la parole face à un public également composé de professionnels (cinéastes, distributeurs, exploitants, représentants d’organismes de promotion). Parmi les intervenants : deux réalisateurs, une productrice, une spécialiste de l’exportation de films et un directeur de chaîne internationale.
Djo Munga est le réalisateur de « Viva Riva ! », le film d’Afrique francophone qui a connu la plus large distribution ces dernières années avec un parcours atypique allant des Etats-Unis à la France en passant par vingt-sept autres pays. Malgré l’engouement du public lors des quelques projections organisées en RDC, Djo Munga n’a pu être véritablement prophète en son pays, puisque celui-ci ne dispose d’aucun réseau de salles de cinéma digne de ce nom. Mais « Viva Riva ! » a suscité une telle curiosité à travers le monde qu’il est sorti sur cinq continents, allant jusqu’en Chine, en Nouvelle-Zélande, au Groenland, aux îles Salomon et au Danemark. Djo Munga a créé sa propre société de production (Suka !), qui a permis de faire émerger de nouveaux talents en RDC. Il participe également à la formation de jeunes réalisateurs.
Gaston Kaboré est l’une des personnalités les plus respectées du cinéma africain. Propulsé à vingt-sept ans à la tête du Centre cinématographique national de Haute Volta (devenue par la suite le Burkina Faso), il a donné une impulsion décisive au cinéma de son pays, avant de diriger la Fédération panafricaine des cinéastes pendant douze années qui ont coïncidé avec l’ « âge d’or du cinéma africain ». De sa carrière de cinéaste, on retient quatre longs-métrages qui ont tous marqué l’histoire du cinéma africain et dont le dernier, « Buud Yam » a obtenu le grand prix du Fespaco (en 1997) avant de décrocher le record des entrées en salles au Burkina. Depuis dix ans, Gaston Kaboré dirige l’institut de formation Imagine. Il a également contribué au lancement du Fonds Succès cinéma, un système d’aide à la production soutenu par la coopération suisse. Ce fonds incite à une meilleure exploitation des films puisqu’il accorde des aides (de 30 000, 15 000 et 10 000 euros) aux producteurs ayant atteint plus de 10 000 entrées en salles. On rêve d’un renouveau du parc de salles de cinéma en Afrique sub-saharienne qui pourrait être accompagné par un mécanisme de ce type, instaurant une liaison vertueuse entre production locale et fréquentation.
Yves Bigot est directeur général de TV5 Monde depuis janvier 2013. Dans quelques mois, la chaîne francophone fêtera ses trente ans. Elle est devenue la télévision généraliste la plus diffusée dans le monde, ce qui en fait le média le mieux placé pour accompagner la carrière internationale des films francophones et, en particulier des films du Sud. TV5 Monde dispose depuis fin avril d’un nouveau magazine « culture-société », « Rendez-vous au maquis » (présenté par Anastasie Tusieshe) qui fait la part belle aux productions culturelles africaines. En 2012, TV5 Monde a pré-acheté trois films du continent africain et a participé à leur promotion. Il s’agit de « La pirogue » de Moussa Touré, « Aujourd’hui », d’Alain Gomis et «Le repenti » de Merzak Allouache.
Anne-Dominique Toussaint est productrice (Les films des Tournelles). Elle s’est lancée dans ce métier pour accompagner le passage derrière la caméra de son frère, l’écrivain Jean-Philippe Toussaint. Parmi les films qu’elle a produits : « Respiro », « Le coût de la vie », « Les beaux gosses », « Rengaine », mais aussi les films de la réalisatrice libanaise Nadine Labaki, « Caramel » en 2006, puis « Et maintenant, on va où ? » en 2011. Ces deux films ont connu une carrière internationale exceptionnelle. 2 millions d’entrées dans le monde pour « Caramel » (dont 500 000 en France et 150 000 aux Etats-Unis ) et 1,2 millions pour « Et maintenant, on va où ? ». Ce dernier film a atteint 300 000 entrées au Liban, preuve que l’on peut conquérir le monde tout en étant plébiscité dans son pays.
Daniela Elstner est la directrice de Doc & Films International, société spécialisée dans la vente internationale. Elle est également vice-présidente de l’Association (française) des Exportateurs de Films. Dans son catalogue figurent actuellement de nombreux films du Sud « Assistance mortelle » (Raoul Peck, Haïti), « Le repenti », « Normal » et « Harragas » (Merzak Allouache, Algérie), La vierge, les Coptes et moi (Namir Abdel Messeeh,Egypte), Conq Binh (Lam Lê, Vietnam), Le test (Davy Chou, Cambodge), ainsi que des documentaires d’Osvalde Lewat, Nadia el Fani, Jean-Marie Teno, Idrissou Mora-Kpaï, Rithy Panh, Moussa Ouane.
Seront également présents à la table-ronde du 18 mai : Boris Van Gils, producteur de « Viva Riva », Jean Patoudem, producteur et distributeur de films et de programmes de télévision africains (de retour du Beijing Film Market), Rithy Panh, dont les films ont plusieurs fois été sélectionnés à Cannes et dont le dernier long-métrage « L’image manquante » est présenté dans la section « Un certain regard », Louis Dussault, président du Regroupement des distributeurs indépendants de Films du Québec (il a lui-même distribué les films « Bosta », « La pirogue », « Faro » et « Le repenti »), Martin Bidou, programmateur de la nouvelle salle parisienne « Le Louxor », qui met l’accent sur les films du Sud, Valérie Mouroux, directrice du cinéma à l’Institut français, qui assume un double rôle de diffusion non commerciale des films du Sud et de soutien à la production (Fabrique des cinémas du monde et Aide aux cinémas du monde), Jean-Christophe Baubiat, chargé des études et marchés à uniFrance, l’organisme de promotion internationale des films français, Enrico Chiesa, responsable du portail VOD Africafilms.tv et du programme Mobiciné.
Rendez-vous le 18 mai à 15 h au pavillon des cinémas du monde situé au village international (pavillon 113).
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Illustrations : affiches de « Et maintenant, on va où ? » de Nadine Labaki et « Viva Riva » de Djo Munga.
*Le marché chinois de l’exploitation en salles a connu une croissance de 33% en 2012 selon l’édition du 14 janvier 2013 du magazine américain Variety. Dans le même numéro, on trouve les chiffres de recettes en salles des cent films les plus performants à l’échelle mondiale en 2012. Tandis que les productions américaines ou anglo-américaines (James Bond) cumulent plus de 88% des recettes comptabilisées, les autres pays ne recueillent que des miettes. Ainsi, la France, malgré une année exceptionnellement faste et une seconde place, ne dépasse pas 4,4% des recettes mondiales sur cet échantillon des 100 premiers films. Viennent ensuite le Japon, la Chine et la Corée du Sud, puis l’Allemagne, l’Espagne et la Turquie. L’Inde, malgré sa production foisonnante et ses milliards de spectateurs (mais avec un prix moyen du ticket de cinéma très bas) ne figure même pas sur l’écran-radar de Variety.
Pour répondre à ces questions, et à bien d’autres, l’Organisation Internationale de la Francophonie organise à Cannes une table-ronde qui sera animée par Youma Fall, ancienne directrice du Grand théâtre national de Dakar et nouvelle directrice de la diversité et du développement culturels à l’OIF. A ses côtés, cinq professionnels de renom prendront la parole face à un public également composé de professionnels (cinéastes, distributeurs, exploitants, représentants d’organismes de promotion). Parmi les intervenants : deux réalisateurs, une productrice, une spécialiste de l’exportation de films et un directeur de chaîne internationale.
Djo Munga est le réalisateur de « Viva Riva ! », le film d’Afrique francophone qui a connu la plus large distribution ces dernières années avec un parcours atypique allant des Etats-Unis à la France en passant par vingt-sept autres pays. Malgré l’engouement du public lors des quelques projections organisées en RDC, Djo Munga n’a pu être véritablement prophète en son pays, puisque celui-ci ne dispose d’aucun réseau de salles de cinéma digne de ce nom. Mais « Viva Riva ! » a suscité une telle curiosité à travers le monde qu’il est sorti sur cinq continents, allant jusqu’en Chine, en Nouvelle-Zélande, au Groenland, aux îles Salomon et au Danemark. Djo Munga a créé sa propre société de production (Suka !), qui a permis de faire émerger de nouveaux talents en RDC. Il participe également à la formation de jeunes réalisateurs.
Gaston Kaboré est l’une des personnalités les plus respectées du cinéma africain. Propulsé à vingt-sept ans à la tête du Centre cinématographique national de Haute Volta (devenue par la suite le Burkina Faso), il a donné une impulsion décisive au cinéma de son pays, avant de diriger la Fédération panafricaine des cinéastes pendant douze années qui ont coïncidé avec l’ « âge d’or du cinéma africain ». De sa carrière de cinéaste, on retient quatre longs-métrages qui ont tous marqué l’histoire du cinéma africain et dont le dernier, « Buud Yam » a obtenu le grand prix du Fespaco (en 1997) avant de décrocher le record des entrées en salles au Burkina. Depuis dix ans, Gaston Kaboré dirige l’institut de formation Imagine. Il a également contribué au lancement du Fonds Succès cinéma, un système d’aide à la production soutenu par la coopération suisse. Ce fonds incite à une meilleure exploitation des films puisqu’il accorde des aides (de 30 000, 15 000 et 10 000 euros) aux producteurs ayant atteint plus de 10 000 entrées en salles. On rêve d’un renouveau du parc de salles de cinéma en Afrique sub-saharienne qui pourrait être accompagné par un mécanisme de ce type, instaurant une liaison vertueuse entre production locale et fréquentation.
Yves Bigot est directeur général de TV5 Monde depuis janvier 2013. Dans quelques mois, la chaîne francophone fêtera ses trente ans. Elle est devenue la télévision généraliste la plus diffusée dans le monde, ce qui en fait le média le mieux placé pour accompagner la carrière internationale des films francophones et, en particulier des films du Sud. TV5 Monde dispose depuis fin avril d’un nouveau magazine « culture-société », « Rendez-vous au maquis » (présenté par Anastasie Tusieshe) qui fait la part belle aux productions culturelles africaines. En 2012, TV5 Monde a pré-acheté trois films du continent africain et a participé à leur promotion. Il s’agit de « La pirogue » de Moussa Touré, « Aujourd’hui », d’Alain Gomis et «Le repenti » de Merzak Allouache.
Anne-Dominique Toussaint est productrice (Les films des Tournelles). Elle s’est lancée dans ce métier pour accompagner le passage derrière la caméra de son frère, l’écrivain Jean-Philippe Toussaint. Parmi les films qu’elle a produits : « Respiro », « Le coût de la vie », « Les beaux gosses », « Rengaine », mais aussi les films de la réalisatrice libanaise Nadine Labaki, « Caramel » en 2006, puis « Et maintenant, on va où ? » en 2011. Ces deux films ont connu une carrière internationale exceptionnelle. 2 millions d’entrées dans le monde pour « Caramel » (dont 500 000 en France et 150 000 aux Etats-Unis ) et 1,2 millions pour « Et maintenant, on va où ? ». Ce dernier film a atteint 300 000 entrées au Liban, preuve que l’on peut conquérir le monde tout en étant plébiscité dans son pays.
Daniela Elstner est la directrice de Doc & Films International, société spécialisée dans la vente internationale. Elle est également vice-présidente de l’Association (française) des Exportateurs de Films. Dans son catalogue figurent actuellement de nombreux films du Sud « Assistance mortelle » (Raoul Peck, Haïti), « Le repenti », « Normal » et « Harragas » (Merzak Allouache, Algérie), La vierge, les Coptes et moi (Namir Abdel Messeeh,Egypte), Conq Binh (Lam Lê, Vietnam), Le test (Davy Chou, Cambodge), ainsi que des documentaires d’Osvalde Lewat, Nadia el Fani, Jean-Marie Teno, Idrissou Mora-Kpaï, Rithy Panh, Moussa Ouane.
Seront également présents à la table-ronde du 18 mai : Boris Van Gils, producteur de « Viva Riva », Jean Patoudem, producteur et distributeur de films et de programmes de télévision africains (de retour du Beijing Film Market), Rithy Panh, dont les films ont plusieurs fois été sélectionnés à Cannes et dont le dernier long-métrage « L’image manquante » est présenté dans la section « Un certain regard », Louis Dussault, président du Regroupement des distributeurs indépendants de Films du Québec (il a lui-même distribué les films « Bosta », « La pirogue », « Faro » et « Le repenti »), Martin Bidou, programmateur de la nouvelle salle parisienne « Le Louxor », qui met l’accent sur les films du Sud, Valérie Mouroux, directrice du cinéma à l’Institut français, qui assume un double rôle de diffusion non commerciale des films du Sud et de soutien à la production (Fabrique des cinémas du monde et Aide aux cinémas du monde), Jean-Christophe Baubiat, chargé des études et marchés à uniFrance, l’organisme de promotion internationale des films français, Enrico Chiesa, responsable du portail VOD Africafilms.tv et du programme Mobiciné.
Rendez-vous le 18 mai à 15 h au pavillon des cinémas du monde situé au village international (pavillon 113).
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Illustrations : affiches de « Et maintenant, on va où ? » de Nadine Labaki et « Viva Riva » de Djo Munga.
*Le marché chinois de l’exploitation en salles a connu une croissance de 33% en 2012 selon l’édition du 14 janvier 2013 du magazine américain Variety. Dans le même numéro, on trouve les chiffres de recettes en salles des cent films les plus performants à l’échelle mondiale en 2012. Tandis que les productions américaines ou anglo-américaines (James Bond) cumulent plus de 88% des recettes comptabilisées, les autres pays ne recueillent que des miettes. Ainsi, la France, malgré une année exceptionnellement faste et une seconde place, ne dépasse pas 4,4% des recettes mondiales sur cet échantillon des 100 premiers films. Viennent ensuite le Japon, la Chine et la Corée du Sud, puis l’Allemagne, l’Espagne et la Turquie. L’Inde, malgré sa production foisonnante et ses milliards de spectateurs (mais avec un prix moyen du ticket de cinéma très bas) ne figure même pas sur l’écran-radar de Variety.