Dieudonné Alaka nous a quittés
Producteur talentueux et engagé, il est décédé le 18 janvier à Paris à l’âge de 35 ans, après des années d’une lutte contre la maladie qui ne l’a pas empêché d’être un bâtisseur infatigable. Malgré son jeune âge, il laisse un héritage exceptionnel : des films puissants, une pépinière de talents (le Yaoundé Film Lab) et un cursus de formation au cinéma à l’université de Yaoundé.
Réalisateur, producteur, entrepreneur culturel, formateur, citoyen engagé, président d’un club de football, Dieudonné Alaka semblait pouvoir tout faire. Et tout réussir. Le film « Le spectre de Boko Haram » de Cyrielle Raingou, pour lequel il s’est battu pendant plusieurs années vient d’être sélectionné par le Festival de Rotterdam et le Fespaco. Le Yaoundé Film Lab, qu’il a créé, prépare sa quatrième édition. Le master professionnel « cinéma » de l’Université de Yaoundé fondé par lui en 2020 avec le professeur Donatus Fai Tangem accueille sa deuxième promotion. Le court-métrage de fiction « Garibou » du réalisateur malien Seydou Cissé est en cours de finition. La série « Bana », première série policière d’Afrique centrale au format 52’, est à l’écriture.
L’OIF a soutenu ce projet de série ainsi que plusieurs films produits par Dieudonné Alaka (Garibou, Taamaden, Le spectre de Boko Haram). Elle a accompagné le Yaoundé Film Lab et le séminaire Filmac (voué au lancement d’un fonds d’aide régional en Afrique centrale) dont il a été l’un des principaux artisans en 2022. Dieudonné a été choisi par l’OIF pour accompagner les films documentaires soutenus par le projet Clap ACP et mis en valeur sur la plateforme OuiCoprod. Là encore, son intervention a abouti à des résultats tangibles pour plusieurs projets.
C’est un partenaire compétent, talentueux et dévoué à la promotion des jeunes professionnels, que nous avons perdu. L’équipe cinéma/audiovisuel de l’OIF s’associe à la peine de ses proches et s’efforcera d’apporter sa contribution à la poursuite des chantiers qu’il a mis en route.
En moins de dix ans, Dieudonné Alaka aura marqué le paysage audiovisuel et cinématographique africain en multipliant les initiatives innovantes et fécondes. Son parcours illustre de façon exemplaire ce que peut produire l’excellence alliée à l’engagement. S’il a collectionné les diplômes (master de l’université de Yaoundé et de l’Université Gaston Berger de Saint-Louis du Sénégal, diplôme de l’Ecole de journalisme de Yaoundé et doctorat de l’Université de Yaoundé 1), c’est l’accumulation des compétences qu’il recherchait et ces compétences elles-mêmes n’étaient pour lui que des moyens au service de sa capacité à agir. Puisse son action se poursuivre et puisse son exemple inspirer de nouveaux engagements au service de ce qui était l'une de ses raisons de vivre : la promotion des talents, de l’énergie et de la création.