Deux séries africaines au festival de la Rochelle
Le festival de la fiction TV (12 au 16 septembre) présente "Les rois de Ségou" (saison 2) et "Noces croisées".
À l’initiative de TV5 monde, la deuxième saison de la série « Les rois de Ségou » (PHOTO) sera présentée au public du festival de La Rochelle, qui avait déjà pu découvrir la première saison en septembre 2011. La série de Boubacar Sidibé venait alors de connaître une programmation exceptionnelle en « prime time » sur TV5 Afrique (diffusion des vingt-et-un épisodes de 26 minutes en sept soirées spéciales).
Si le cinéma africain a abordé à maintes reprises l’histoire du continent, beaucoup plus rares sont les productions télévisées à caractère historique (1). Le défi est en effet immense, tant les problèmes de décors, de costumes, d’accessoires, et donc de budget, apparaissent insurmontables, en particulier lorsqu’il s’agit, comme pour « Les rois de Ségou », de faire revivre des personnages des XVIIIè et XIXè siècles. Mais Boubacar Sidibé a su relever ce défi en tournant dans des villages où l’architecture de terre a été préservée (2) et en tirant parti de la vitalité de l’artisanat du bogolan auquel le styliste malien Chris Seydou avait redonné ses lettres de noblesse à partir des années 80.
Le tour de force est d’autant plus remarquable que l’auteur-réalisateur a pris le parti de tourner en français. Ce choix lui a valu quelques critiques au Mali où le bambara, langue nationale archi-dominante, est précisément la langue des rois de Ségou. Mais en voulant donner une audience internationale à sa série, Boubacar Sidibé a réussi son pari. L’usage du français ne donne pas un ton artificiel à l’histoire car les dialogues, finement écrits et parfois pleins d’humour, sont imprégnés de la culture bambara, pétris d’adages et de métaphores savoureuses.
Le tournage de la deuxième saison des « Rois de Ségou », achevé au lendemain du coup d’Etat du 22 mars 2012, a été marqué par un drame : le décès du directeur photo Abdrahamane Somé, emporté par la maladie au dernier jour des prises de vue. Professionnel aussi talentueux que modeste, Somé était l’époux de Fatoumata Coulibaly, réalisatrice et comédienne étonnamment modeste, elle aussi, malgré une carrière impressionnante.
Elle a joué dans de nombreux films africains, dont La Genèse de Cheick Oumar Sissoko, Moolaadé, de Sembene Ousmane où elle tient le premier rôle et, tout récemment, Un pas en avant – les dessous de la corruption de Sylvestre Amoussou. Aussi auteure de plusieurs documentaires primés notamment au FESPACO et au festival « Vues d’Afrique » de Montréal, Fatoumata Coulibaly a été l’assistante de Boubacar Sidibé sur l’ensemble de la série « Les rois de Ségou » dont les deux saisons totalisent 41 épisodes de 26 minutes. Comme l’an dernier, Boubacar Sidibé sera présent à La Rochelle.
La seconde série africaine présentée par le festival de la fiction TV est « Noces croisées ». Il s’agit de la toute première série pré-achetée par TV5monde et diffusée sur l’ensemble de son réseau. Cette série burkinabèe met en scène deux amis, l’un chrétien et l’autre musulman, qui aiment chacun une jeune fille de l’autre religion.
« Noces croisées » est réalisée par Bernard Yameogo et co-écrite par Noraogo Sawadogo, auteur prolifique et inspiré qui s’est déjà illustré dans les séries « Taxi Brousse », « Commissariat de Tampy », « L’as du lycée », « Petit sergent » et sur le film « Le fauteuil » de Missa Hébié.
Pierre Barrot
(1) On peut citer notamment « Sarraounia » de Med Hondo, « Adanggaman », de Roger Gnoan Mbala, « Le grand blanc de Lambaréné », de Bassek Ba Kobhio, « Lumumba » de Raoul Peck (que l’on assimile parfois à un cinéaste africain à cause de son enfance congolaise) et, plus récemment, « Da Monzon – la conquête de Samanyana » de Sidi Diabaté, qui évoque également Ségou, à travers son roi le plus fameux.
(2) Boubacar Sidibé a dû renoncer à la trop fameuse ville sainte de Djenné, célèbre pour sa grande mosquée et ses habitations intégralement construites en terre, mais défigurée par la prolifération des antennes paraboliques.
Si le cinéma africain a abordé à maintes reprises l’histoire du continent, beaucoup plus rares sont les productions télévisées à caractère historique (1). Le défi est en effet immense, tant les problèmes de décors, de costumes, d’accessoires, et donc de budget, apparaissent insurmontables, en particulier lorsqu’il s’agit, comme pour « Les rois de Ségou », de faire revivre des personnages des XVIIIè et XIXè siècles. Mais Boubacar Sidibé a su relever ce défi en tournant dans des villages où l’architecture de terre a été préservée (2) et en tirant parti de la vitalité de l’artisanat du bogolan auquel le styliste malien Chris Seydou avait redonné ses lettres de noblesse à partir des années 80.
Le tour de force est d’autant plus remarquable que l’auteur-réalisateur a pris le parti de tourner en français. Ce choix lui a valu quelques critiques au Mali où le bambara, langue nationale archi-dominante, est précisément la langue des rois de Ségou. Mais en voulant donner une audience internationale à sa série, Boubacar Sidibé a réussi son pari. L’usage du français ne donne pas un ton artificiel à l’histoire car les dialogues, finement écrits et parfois pleins d’humour, sont imprégnés de la culture bambara, pétris d’adages et de métaphores savoureuses.
Le tournage de la deuxième saison des « Rois de Ségou », achevé au lendemain du coup d’Etat du 22 mars 2012, a été marqué par un drame : le décès du directeur photo Abdrahamane Somé, emporté par la maladie au dernier jour des prises de vue. Professionnel aussi talentueux que modeste, Somé était l’époux de Fatoumata Coulibaly, réalisatrice et comédienne étonnamment modeste, elle aussi, malgré une carrière impressionnante.
Elle a joué dans de nombreux films africains, dont La Genèse de Cheick Oumar Sissoko, Moolaadé, de Sembene Ousmane où elle tient le premier rôle et, tout récemment, Un pas en avant – les dessous de la corruption de Sylvestre Amoussou. Aussi auteure de plusieurs documentaires primés notamment au FESPACO et au festival « Vues d’Afrique » de Montréal, Fatoumata Coulibaly a été l’assistante de Boubacar Sidibé sur l’ensemble de la série « Les rois de Ségou » dont les deux saisons totalisent 41 épisodes de 26 minutes. Comme l’an dernier, Boubacar Sidibé sera présent à La Rochelle.
La seconde série africaine présentée par le festival de la fiction TV est « Noces croisées ». Il s’agit de la toute première série pré-achetée par TV5monde et diffusée sur l’ensemble de son réseau. Cette série burkinabèe met en scène deux amis, l’un chrétien et l’autre musulman, qui aiment chacun une jeune fille de l’autre religion.
« Noces croisées » est réalisée par Bernard Yameogo et co-écrite par Noraogo Sawadogo, auteur prolifique et inspiré qui s’est déjà illustré dans les séries « Taxi Brousse », « Commissariat de Tampy », « L’as du lycée », « Petit sergent » et sur le film « Le fauteuil » de Missa Hébié.
Pierre Barrot
(1) On peut citer notamment « Sarraounia » de Med Hondo, « Adanggaman », de Roger Gnoan Mbala, « Le grand blanc de Lambaréné », de Bassek Ba Kobhio, « Lumumba » de Raoul Peck (que l’on assimile parfois à un cinéaste africain à cause de son enfance congolaise) et, plus récemment, « Da Monzon – la conquête de Samanyana » de Sidi Diabaté, qui évoque également Ségou, à travers son roi le plus fameux.
(2) Boubacar Sidibé a dû renoncer à la trop fameuse ville sainte de Djenné, célèbre pour sa grande mosquée et ses habitations intégralement construites en terre, mais défigurée par la prolifération des antennes paraboliques.