Concertation OIF-Collectif ACP Films : un premier bilan
Créé fin août 2020 par une trentaine de cinéastes d’Afrique et des Caraïbes, le Collectif ACP Films a présenté ses doléances et engagé le dialogue avec l’OIF.
L’Administrateur de l’OIF, Geoffroi Montpetit, a eu, le 2 juillet 2021, une séance de travail en visioconférence avec une délégation du Collectif ACP Films composée de Marie-Clémence Andriamonta-Paes, Nadine Otsobogo et Issa Serge Coelo. Sont également intervenus lors de cette réunion Nivine Khaled, directrice de la Langue française et de la diversité des cultures francophones de l’OIF, Souad Houssein, spécialiste de programme chargée du cinéma et Pierre Barrot, spécialiste de programme chargé de l’audiovisuel.
Les représentants du collectif ont présenté leurs principales doléances qui ont porté sur le manque de transparence du fonctionnement du Fonds image de la Francophonie ainsi que la complexité et la trop grande variabilité du règlement. Ils ont également contesté l’article de ce règlement limitant à cinq le nombre d’aides à la production pouvant être accordées à un même réalisateur ainsi que le seuil de 40 % de financement acquis exigé pour un dépôt de dossier de demande de financement. La crainte d’une plus grande attention aux programmes de télévision aux dépens du cinéma a également été exprimée et des questions ont été posées sur le mode de calcul du « bonus ACP » (supplément de financement européen accordé aux coproductions ACP), dont le Collectif craint qu’il ne soit compensé par une baisse des montants engagés sur le budget propre de l’OIF.
Sur ces derniers points, l’Administrateur de l’OIF a précisé que le montant total attribué par le Fonds Image de la Francophonie avait connu, entre 2019 et 2020 une hausse de 104 %, due en grande partie à l’apport de fonds européens dans le cadre du projet Clap ACP. Sur la même période, l’OIF n’a pas profité de ce financement extérieur pour relâcher son effort puisque le montant engagé sur son propre budget a augmenté de 15 %[1].
Sur les différents points évoqués, l’OIF s’est engagée à poursuivre la concertation avec le collectif mais aussi avec d’autres organisations professionnelles d’Afrique et d’autres continents afin de rendre le fonctionnement du Fonds plus lisible et plus prévisible. Mme Khaled a souligné le fait que la complexité des règles était parfois le prix à payer pour assurer un volume de financement plus important, comme l’OIF a su le faire en 2020 et 2021 en lançant d’abord le projet Clap ACP, puis le Fonds Francophonie TV5MONDEplus. Toutefois, la volonté de clarifier le règlement du Fonds image de la Francophonie a été affirmée et l’OIF s’est engagée dès la réunion du 2 juillet sur deux réformes en particulier : la publication des noms de tous les membres des commissions de sélection du Fonds Image de la Francophonie et le retrait de l’article limitant à cinq le nombres d’aide à la production pouvant être accordées à un même réalisateur. Cet article, introduit dans le règlement du Fonds en 2017 dans le but de donner plus de chances aux jeunes réalisateurs, avait été contesté par plusieurs cinéastes africains auxquels le quotidien français Libération avait donné la parole en avril 2021. Etant donné le ton très polémique de l’article l’Administrateur de l’OIF avait estimé que le fait d’exercer un droit de réponse n’était pas le meilleur moyen d’engager un dialogue constructif et qu’il valait mieux, selon ses termes « s’asseoir autour d’une table ». Ce qui a été fait le 2 juillet, même si la réunion s’est tenue en visioconférence compte tenu du contexte sanitaire.
[1] Si l’on prend en compte uniquement les montants octroyés à des projets de pays ACP, la hausse, entre 2019 et 2020, a été de 31,8 % pour le budget OIF et de 194,5 % pour le budget total, incluant la contribution de l’Union européenne.