Clôture des Trophées Francophones du Cinéma, à Saint-Louis du Sénégal

Se voulant comme les "Oscars" des cinématographies de la francophonie, les Trophées Francophones du Cinéma célèbrent chaque année la richesse et la diversité du cinéma des pays de la francophonie. Cette manifestation annuelle et itinérante a pour objectif principal d'encourager la diversité et la liberté de création cinématographique au sein des pays de la francophonie, d'attirer l'attention des publics sur ces cinémas, et d'y stimuler le dynamisme de leur filière audiovisuelle.

C'est dans l'ancienne capitale sénégalaise, Saint-Louis, que les Trophées Francophones du Cinéma se sont posés du 20 novembre au 8 décembre 2018, avec des projections hors les murs le soir dans les villages de Mpal, Rao, Gandiol, Ross Béthio, Richard Toll, Dagana, Podor.

Deux Sénégalais à l'honneur

À chaque édition, les Trophées Francophones du Cinéma rendent hommage à une réalisatrice ou réalisateur du pays d'accueil. Cette 6ème édition s'est faite sous le sceau du cinéaste sénégalais Moussa Touré. Les Trophées Francophones ont tenu à lui rendre hommage. Son film La pirogue avait remporté le Grand Prix (Trophée francophone du long métrage de fiction) en 2013, lors de la première édition de cet évènement à Dakar, Sénégal.

En tant que réalisateur (après avoir débuté comme acteur et chef éclairagiste), il a tourné son premier long métrage en tant que réalisateur Toubab Bi (1991), entre le Sénégal et la France, Mouss Diouf et Khalil Sock Guèye dans les premiers rôles, Avec Makéna Diop, Bernard Giraudeau et Philippine Leroy- Beaulieu, le détonnant TGV (1997) précède La pirogue, poignant témoignage sur les drames de l'émigration forcée. Ses succès en cinéma (fiction), ne doivent pas faire oublier son parcours en documentaire : dont l'hilarant Les techniciens nos cousins (2009), Nous sommes nombreuses / To zali e bele (2003) sur les courageuses congolaises résilientes et Poussières de ville (2002) au Congo aussi où il retourne actuellement pour son prochain film documentaire, étant dans une formidable créatrice (second volet tunisien de son exploration de l'esclavage, possible suite de TGV, voir interview à paraître sur Africiné Magazine). Le cinéaste sénégalais a initié le festival ''Moussa invite'' à Mbao et Rufisque (Sénégal) faisant la promotion de documentaires africains réalisés par des Africains. Également engagé dans la production, Moussa Touré est le producteur exécutif du film Les caprices d'un fleuve de Bernard Giraudeau (1996) où il joue le rôle d'Hannibal et où figure aussi l'acteur Richard Bohringer, l'autre Sénégalais à l'honneur à Saint-Louis. Le comédien français s'est vu accorder la nationalité sénégalaise en 2002. Il est un artiste touche à tout : musicien, écrivain et réalisateur (C'est beau une ville la nuit, 2006).

Un palmarès masculin et des invités féminins

Présidée par Abderrahmane Sissako, la 6ème édition des Trophées Francophones du Cinéma s'est terminée par la Cérémonie de remise des Trophées, samedi 08 décembre au Quai des arts de la ville de Saint-Louis (Sénégal). Cette année, l'organisation des Trophées Francophones du Cinéma a choisi de valoriser un panel particulièrement féminin de talents : pas moins de 7 comédiennes, réalisatrices et stylistes étaient conviées à la remise des prix. Ce sont les actrices Baya Medhaffar (remarquée dans À peine j'ouvre les yeux, de la Tunisienne Leyla Bouzid, Trophée Francophone du long métrage de fiction en 2016), Marème Ndiaye (révélée dans Maman(s) de Maïmouna Doucouré, Trophée Francophone du court métrage en 2017), la Québécoise Sophie Desmarais (elle s'est démarquée dans Le démantèlement de Sébastien Pilote, film primé en 2014 pour le Trophée Francophone du long métrage de fiction), Daro Thiam (un de principaux rôles féminins de la série sénégalaise Dinama Nekh) et la Belge Natacha Reigner (César 1999 du meilleur espoir féminin pour La Vie rêvée des anges d'Érick Zonca) ainsi que la styliste Claire Shmaus Kane avec la réalisatrice-productrice Katy Léna Ndiaye (Traces, empreintes de femmes 2003, En Attendant les hommes, 2007, sans oublier Oumy Ndour, journaliste sénégalaise. Cependant, le palmarès 2018 est hélas massivement dominé par les hommes qui ont réalisé tous les huit films primés (FÉLICITÉ d'Alain Gomis et MAMAN COLONELLE réalisé par Dieudo Hamadi ont bénéficié d'un soutien du Fonds Image de la Francophonie, OIF).

Diffusée sur la RTS (Radio Télévision du Sénégal), la 6ème Cérémonie de remise des Trophées Francophones du Cinéma 2018 est rediffusée sur les différents canaux de TV5Monde le Jeudi 13 décembre à partir de 21h00 (sauf pour TV5 Québec/Canada : le dimanche 16 décembre à 01h30, heure de Montréal). Pour les horaires précis et toute info supplémentaire, merci de voir le site officiel des Trophées. Le grand compositeur Wasis Diop (voir photo) était présent à Saint-Louis.

Palmarès 2018

Trophée francophone de l'interprétation féminine 2018

Attribué à Véronique Tshanda Beya Mputu dans le film FÉLICITÉ réalisé par Alain Gomis

Trophée francophone de l'interprétation masculine 2018

Attribué à Ahmed Magdy dans le film ALI, LA CHÈVRE ET IBRAHIM réalisé par Sherif El Bendary

Trophée francophone du second rôle féminin 2018

Attribué à Diamand Abou Abboud dans le film L'INSULTE réalisé par Ziad Doueiri

Trophée francophone du second rôle masculin 2018

Attribué à Arieh Worthalter dans le film RAZZIA réalisé par Nabil Ayouch

Trophée francophone de la réalisation 2018

Attribué à Robin Campillo pour le film 120 BATTEMENTS PAR MINUTE

Trophée francophone du scénario 2018

Attribué à Ziad Doueiri et Joëlle Touma pour le film L'INSULTE réalisé par Ziad Doueiri

Trophée francophone du court métrage 2018

Attribué à ON EST BIEN COMME ÇA réalisé par Mehdi Barsaoui

Trophée francophone du long métrage documentaire 2018

Attribué à MAMAN COLONELLE réalisé par Dieudo Hamadi

Trophée francophone du long métrage de fiction 2018

Attribué à UNE FAMILLE SYRIENNE réalisé par Philippe Van Leeuw

Thierno I. Dia
Africiné Magazine, Dakar,
pour Images Francophones
africine@africine.org

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Crédit image : DR / Trophées Francophones