Ciné banlieue, une école du savoir, à Dakar.

La nouvelle génération de réalisateurs sénégalais sort de la banlieue, comme ce fût le cas pour la musique rap, au début des années 2000.
"Le sens du partage et de la passion" c'est le crédo du ciné club Ciné banlieue niché aux Parcelles assainies. Sous la houlette de leur formateur Abdel Aziz Boye, les apprenants sont initiés aux rudiments du métier du cinéma. Focus sur cet espace culturel qui ne respire que pour le 7e art.
L'univers du cinéma attise les passions. Les jeunes sénégalais qui aspirent un jour à reprendre le flambeau des anciens cinéastes de l'envergure de Djibril Diop Mambéty, Ousmane Sembène et autres en savent quelque chose. De profils différents, la seule alternative qui s'offrent à eux, pour un jour réaliser leur rêve, à défaut de fréquenter une école de cinéma digne de ce nom, reste les ciné clubs. Et un en particulier a bonne presse auprès des jeunes vivants dans les banlieues : le Ciné banlieue.
Il faut se rendre jusqu'aux Parcelles assainies (Unité 26), pour découvrir cet écrin culturel. À la porte, l'enseigne indique : "Initiative Azal communication" ou encore "Espace de formation aux métiers de l'audiovisuel". C'est une petite maison peinte en jaune, perdue au milieu des nombreux immeubles qu'abrite ce quartier populaire, dans les faubourgs de Dakar.
Le maître des lieux est connu de tous. Il s'appelle Abdel Aziz Boye ; il est réalisateur. Sa passion pour le cinéma n'est plus un secret pour les professionnels du milieu. Abdel Aziz Boye est Chargé des activités culturelles à l'Université Cheikh Anta Diop de Dakar. Il voue son temps à l'apprentissage des jeunes dans le cinéma. Les pensionnaires du Ciné banlieue se retrouvent tous les week-ends (samedi et dimanche), à partir de 16 heures, pour "échanger", selon le mot du fondateur.
Nous nous y sommes rendus un dimanche. Un jour de plus pour ces cinéphiles qui partagent la même passion. Lorsqu'on franchit la porte, "Papa Boye", comme l'appellent affectueusement ses élèves, accueille le visiteur avec le sourire. Très éloquent, sa passion pour le cinéma est presque palpable sur son visage. Dans une première salle située à gauche de l'espace, quelques étudiants sont concentrés sur des feuilles blanches, assis devant des ordinateurs. Ils relisent des scénarios sur lesquels ils travaillent depuis un moment.
Dans la salle, au décor très modeste, des photos ornent le mur de part et d'autre. Abdel Aziz Boye exhibe fièrement les réalisations de ses apprenants en images. On peut les observer sur des clichés prises durant différentes sections de travail, derrière leur caméra, en groupe ou en compagnie de leur mentor dans des cérémonies et festivals. Les affiches des films réalisées par les jeunes issus du ciné club tapissent les murs, à perte de vue.
Ce n'est point une exposition photo, mais l'image de la fierté d'un homme qui, sourire aux lèvres, montre le fruit de tant d'années d'efforts réalisés dans des conditions titanesques. En continuant la visite, on découvre une véranda au milieu de la maison. Là, la séance de travail bat son plein. Les étudiants, captés par les textes qui se trouvent devant eux, lancent des regards furtifs aux alentours avant de retourner à leur occupation. "C'est la quatrième promotion de ciné banlieue, ils sont en train de travailler sur le scénario de leur film de fin de promotion" renseigne Abdel Aziz Boye.
De la véranda, il faut tourner à droite pour découvrir deux salles de classe. Ces dernières ont cette particularité qu'elles portent les noms d'illustres hommes du cinéma sénégalais. Nul doute donc que l'on se trouve dans un temple dédié au 7e art.
La première salle porte le nom de Djibril Diop Mambéty, la seconde, Ousmane Sembène. Avec une capacité d'accueil de 20 étudiants environ, les salles accueillent des séances de travail préparatoire pour les films. Elles font aussi office "de salles de dépouillement".
La visite des lieux nous amène sur la terrasse située sur le toit de la maison. L'espace, pouvant accueillir jusqu'à 1500 personnes, est le point d'ancrage du ciné club. Le public est convié tous les week-ends pour des séances de projection qui s'y déroulent.
M. Boye renseigne "il arrive que le lieu refuse du monde tant les gens se déplacent en masse pour suivre les projections. Les habitants du quartier profitent aussi du spectacle en se mettant sur leurs balcons". Cet engouement, pour cette activité, réjouit très fortement le mentor qui en parle comme l'apothéose d'une lutte amorcée il y'a bientôt 10 ans.
Maçons, chômeurs… mais tous cinéphiles
Ce dimanche-là, les apprenants de la quatrième promotion de ciné banlieue, très concentrés sur leur scénarios, s'échangent les idées. "Master pour tous", le titre du manuscrit sur lequel ils travaillent, renvoie tout naturellement à l'univers estudiantin. Pourtant, la plupart des pensionnaires des Parcelles assainies n'ont jamais mis pieds au temple du savoir. "Dans ma classe, j'ai des ouvriers, des maçons, des chômeurs, des élèves. Le niveau d'études n'est pas très important. Ce qui nous réunit ici c'est la passion et le partage, rien d'autre" lance fièrement Boye. Pour intégrer les classes, pas besoin d'un background particulier en cinématographie. Il suffit de vouloir apprendre et prendre en compte les conseils avisés du professeur. D'ailleurs, un apprenant désirant intégrer les cours, se manifeste et intègre "le groupe des débutants".
Après quelques week-ends passés au sein de ce groupe, il commence à se familiariser avec la rédaction d'un scénario et du synopsis, avant d'aller sur le terrain pour les tournages. Boye privilégie l'écriture de fiction au documentaire et tout naturellement des courts-métrages aux longs. Le matériel de tournage est loué chez des particuliers et les bonnes volontés souhaitant soutenir Boye et ses élèves. La structure ne possède aucun matériel en son nom car livrée à elle-même. Sans financement ni appui de l'État, le formateur est le seul soutien de sa propre structure.
Vers 19 heures 30, l'après midi s'achève avec la projection de deux documentaires. Une réalisatrice a été invitée pour l'occasion afin de montrer son travail réalisé durant le stage de l'université de la Fémis 2014 à Paris. Durant ce stage, Aminata Ndao Fall a réalisé un court-métrage de onze minutes sur l'univers des cimetières intitulé " Le feu follet ". A la fin de la projection, les élèves ont partagé avec la réalisatrice, son expérience européenne et discuté sur son travail. Vers 20 heures 30, les chaises rangées, les poignets de main francs échangés pour se dire au revoir et clap de fin pour ce week end de travail et de partage.
De la banlieue aux festivals internationaux
L'émergence des productions des réalisateurs issus de la banlieue, reste la satisfaction première de leur formateur. Il faut dire que depuis ses débuts, les élèves sortis de son ciné club sont souvent acclamés dans les festivals nationaux et internationaux. L'exemple du réalisateur Moly Kane reste le plus illustratif de l'aboutissement de son combat. Avec son film Moly sélectionné au Festival de Cannes 2011, le jeune réalisateur a gravi, pour le grand bonheur de son mentor, les marches de ce festival, aux côtés de Euzhan Palcy, productrice martiniquaise de la seconde version du film. Le film a également été primé au dernier FESPACO 2013 (Festival Panafricain du Cinéma et de la télévision de Ouagadougou), ainsi qu'au Festival Cinémas d'Afrique d'Angers 2013.
De plus, ces dernières années, les candidats représentants le Sénégal au concours de courts-métrages ouest-africains Clap Ivoire (Abidjan) sont la plupart sortis de la structure. D'ailleurs, cette année, la réalisatrice Kady Diédhiou est revenue de Côte d'Ivoire (01-05 septembre), avec le Prix du Meilleur documentaire 2014, pour son court-métrage Guinaw Rail (Derrière les rails). Le film raconte le quotidien d'une femme d'âge mûr, obligée de se lever tous les matins à l'aube, pour aller chercher du poisson pour ensuite les revendre afin de nourrir sa famille.
Sur le plan national, c'est le réalisateur et acteur Ismaël Thiam qui porte haut le flambeau de Ciné banlieue. Ses films rencontrent un franc succès dans les festivals comme Festival de cinéma Image et vie 2013 et Cortos Rek 2014, avec son film Dakar - Dakar, une vision trépidante de la rue dakaroise à travers la lucarne d'un car rapide (car de transport en commun).
Ciné banlieue, Ciné Ucad : même vision et même sens du partage
Les activités du ciné club de l'Université Cheikh Anta Diop de Dakar Ciné Ucad, sont intrinsèquement liées à celles du ciné banlieue. C'est le même sens du partage, la même dévotion pour le 7e art et surtout, les deux clubs partagent le même mentor. Ciné Ucad est le premier à commencer ses activités dans les années 2000 et est essentiellement destiné aux étudiants désireux être initié au monde du cinéma. De là, le concept s'est délocalisé dans la banlieue afin de permettre à tous les profils de pouvoir jouir de l'expertise de Abdel Aziz Boye.
"Je suis venu dans la banlieue avec l'idée de faire profiter les jeunes d'ici. J'ai tout d'abord été a Guediawaye, puis à Pikine et enfin en 2010, j'ai trouvé cette maison aux Parcelles assainies qui m'a plu, parce qu'il me fallait un lieu pour regrouper tous ces jeunes qui m'entouraient, ces passionnés de cinéma qui voulaient être initié aux rudiments cinématographiques. Ils viennent de partout. Ils n'ont pas les moyens de payer une formation dans l'audiovisuel " éclaire M. Boye.
Le formateur doit débourser la bagatelle de 150 000 fcfa (environ 230 euros) mensuellement pour payer le loyer sans compter les autres charges récurrentes. Mais il assure que jamais, il ne se plaint de cette charge. De façon poétique et un brin romanesque, il définit son engagement envers ciné banlieue comme étant "la rencontre d'un senior fou de cinéma et une jeunesse avide de connaissances, passionnée d'art. Un petit groupe qui s'active pour entretenir la flamme afin qu'elle ne s'éteigne pas "
De cette expérience, deux festivals ont déjà vu le jour. Le premier, Campus films festival, s'est tenu du 07 au 09 février 2013 à l'Ucad. Ce festival est un cadre de restitution de tout le travail qui a été effectué par les différentes promotions de ciné Ucad en termes de réalisations et d'écriture de scénarios. Il a pour ambition de faire connaître, aimer, et promouvoir le cinéma sénégalais par le biais des réalisations de ces jeunes étudiants qui ont choisi de s'ouvrir aux humanités, à l'art, à la culture et de ne plus se confiner seulement à leur spécialité.
La banlieue aussi a son festival, Banlieue films festival dont la première édition a eu lieue du 22 au 24 mars 2013. Ce festival épouse la même idée que la précédente mais cette fois avec les réalisations des apprenants de la banlieue.
Scheina ADAYA
Africiné, Dakar
pour Images Francophones
Photo : Le réalisateur Ismaël Thiam, au festival Cortos rek 2014, Dakar.
Crédit : Thierno I. Dia / Africiné
L'univers du cinéma attise les passions. Les jeunes sénégalais qui aspirent un jour à reprendre le flambeau des anciens cinéastes de l'envergure de Djibril Diop Mambéty, Ousmane Sembène et autres en savent quelque chose. De profils différents, la seule alternative qui s'offrent à eux, pour un jour réaliser leur rêve, à défaut de fréquenter une école de cinéma digne de ce nom, reste les ciné clubs. Et un en particulier a bonne presse auprès des jeunes vivants dans les banlieues : le Ciné banlieue.
Il faut se rendre jusqu'aux Parcelles assainies (Unité 26), pour découvrir cet écrin culturel. À la porte, l'enseigne indique : "Initiative Azal communication" ou encore "Espace de formation aux métiers de l'audiovisuel". C'est une petite maison peinte en jaune, perdue au milieu des nombreux immeubles qu'abrite ce quartier populaire, dans les faubourgs de Dakar.
Le maître des lieux est connu de tous. Il s'appelle Abdel Aziz Boye ; il est réalisateur. Sa passion pour le cinéma n'est plus un secret pour les professionnels du milieu. Abdel Aziz Boye est Chargé des activités culturelles à l'Université Cheikh Anta Diop de Dakar. Il voue son temps à l'apprentissage des jeunes dans le cinéma. Les pensionnaires du Ciné banlieue se retrouvent tous les week-ends (samedi et dimanche), à partir de 16 heures, pour "échanger", selon le mot du fondateur.
Nous nous y sommes rendus un dimanche. Un jour de plus pour ces cinéphiles qui partagent la même passion. Lorsqu'on franchit la porte, "Papa Boye", comme l'appellent affectueusement ses élèves, accueille le visiteur avec le sourire. Très éloquent, sa passion pour le cinéma est presque palpable sur son visage. Dans une première salle située à gauche de l'espace, quelques étudiants sont concentrés sur des feuilles blanches, assis devant des ordinateurs. Ils relisent des scénarios sur lesquels ils travaillent depuis un moment.
Dans la salle, au décor très modeste, des photos ornent le mur de part et d'autre. Abdel Aziz Boye exhibe fièrement les réalisations de ses apprenants en images. On peut les observer sur des clichés prises durant différentes sections de travail, derrière leur caméra, en groupe ou en compagnie de leur mentor dans des cérémonies et festivals. Les affiches des films réalisées par les jeunes issus du ciné club tapissent les murs, à perte de vue.
Ce n'est point une exposition photo, mais l'image de la fierté d'un homme qui, sourire aux lèvres, montre le fruit de tant d'années d'efforts réalisés dans des conditions titanesques. En continuant la visite, on découvre une véranda au milieu de la maison. Là, la séance de travail bat son plein. Les étudiants, captés par les textes qui se trouvent devant eux, lancent des regards furtifs aux alentours avant de retourner à leur occupation. "C'est la quatrième promotion de ciné banlieue, ils sont en train de travailler sur le scénario de leur film de fin de promotion" renseigne Abdel Aziz Boye.
De la véranda, il faut tourner à droite pour découvrir deux salles de classe. Ces dernières ont cette particularité qu'elles portent les noms d'illustres hommes du cinéma sénégalais. Nul doute donc que l'on se trouve dans un temple dédié au 7e art.
La première salle porte le nom de Djibril Diop Mambéty, la seconde, Ousmane Sembène. Avec une capacité d'accueil de 20 étudiants environ, les salles accueillent des séances de travail préparatoire pour les films. Elles font aussi office "de salles de dépouillement".
La visite des lieux nous amène sur la terrasse située sur le toit de la maison. L'espace, pouvant accueillir jusqu'à 1500 personnes, est le point d'ancrage du ciné club. Le public est convié tous les week-ends pour des séances de projection qui s'y déroulent.
M. Boye renseigne "il arrive que le lieu refuse du monde tant les gens se déplacent en masse pour suivre les projections. Les habitants du quartier profitent aussi du spectacle en se mettant sur leurs balcons". Cet engouement, pour cette activité, réjouit très fortement le mentor qui en parle comme l'apothéose d'une lutte amorcée il y'a bientôt 10 ans.
Maçons, chômeurs… mais tous cinéphiles
Ce dimanche-là, les apprenants de la quatrième promotion de ciné banlieue, très concentrés sur leur scénarios, s'échangent les idées. "Master pour tous", le titre du manuscrit sur lequel ils travaillent, renvoie tout naturellement à l'univers estudiantin. Pourtant, la plupart des pensionnaires des Parcelles assainies n'ont jamais mis pieds au temple du savoir. "Dans ma classe, j'ai des ouvriers, des maçons, des chômeurs, des élèves. Le niveau d'études n'est pas très important. Ce qui nous réunit ici c'est la passion et le partage, rien d'autre" lance fièrement Boye. Pour intégrer les classes, pas besoin d'un background particulier en cinématographie. Il suffit de vouloir apprendre et prendre en compte les conseils avisés du professeur. D'ailleurs, un apprenant désirant intégrer les cours, se manifeste et intègre "le groupe des débutants".
Après quelques week-ends passés au sein de ce groupe, il commence à se familiariser avec la rédaction d'un scénario et du synopsis, avant d'aller sur le terrain pour les tournages. Boye privilégie l'écriture de fiction au documentaire et tout naturellement des courts-métrages aux longs. Le matériel de tournage est loué chez des particuliers et les bonnes volontés souhaitant soutenir Boye et ses élèves. La structure ne possède aucun matériel en son nom car livrée à elle-même. Sans financement ni appui de l'État, le formateur est le seul soutien de sa propre structure.
Vers 19 heures 30, l'après midi s'achève avec la projection de deux documentaires. Une réalisatrice a été invitée pour l'occasion afin de montrer son travail réalisé durant le stage de l'université de la Fémis 2014 à Paris. Durant ce stage, Aminata Ndao Fall a réalisé un court-métrage de onze minutes sur l'univers des cimetières intitulé " Le feu follet ". A la fin de la projection, les élèves ont partagé avec la réalisatrice, son expérience européenne et discuté sur son travail. Vers 20 heures 30, les chaises rangées, les poignets de main francs échangés pour se dire au revoir et clap de fin pour ce week end de travail et de partage.
De la banlieue aux festivals internationaux
L'émergence des productions des réalisateurs issus de la banlieue, reste la satisfaction première de leur formateur. Il faut dire que depuis ses débuts, les élèves sortis de son ciné club sont souvent acclamés dans les festivals nationaux et internationaux. L'exemple du réalisateur Moly Kane reste le plus illustratif de l'aboutissement de son combat. Avec son film Moly sélectionné au Festival de Cannes 2011, le jeune réalisateur a gravi, pour le grand bonheur de son mentor, les marches de ce festival, aux côtés de Euzhan Palcy, productrice martiniquaise de la seconde version du film. Le film a également été primé au dernier FESPACO 2013 (Festival Panafricain du Cinéma et de la télévision de Ouagadougou), ainsi qu'au Festival Cinémas d'Afrique d'Angers 2013.
De plus, ces dernières années, les candidats représentants le Sénégal au concours de courts-métrages ouest-africains Clap Ivoire (Abidjan) sont la plupart sortis de la structure. D'ailleurs, cette année, la réalisatrice Kady Diédhiou est revenue de Côte d'Ivoire (01-05 septembre), avec le Prix du Meilleur documentaire 2014, pour son court-métrage Guinaw Rail (Derrière les rails). Le film raconte le quotidien d'une femme d'âge mûr, obligée de se lever tous les matins à l'aube, pour aller chercher du poisson pour ensuite les revendre afin de nourrir sa famille.
Sur le plan national, c'est le réalisateur et acteur Ismaël Thiam qui porte haut le flambeau de Ciné banlieue. Ses films rencontrent un franc succès dans les festivals comme Festival de cinéma Image et vie 2013 et Cortos Rek 2014, avec son film Dakar - Dakar, une vision trépidante de la rue dakaroise à travers la lucarne d'un car rapide (car de transport en commun).
Ciné banlieue, Ciné Ucad : même vision et même sens du partage
Les activités du ciné club de l'Université Cheikh Anta Diop de Dakar Ciné Ucad, sont intrinsèquement liées à celles du ciné banlieue. C'est le même sens du partage, la même dévotion pour le 7e art et surtout, les deux clubs partagent le même mentor. Ciné Ucad est le premier à commencer ses activités dans les années 2000 et est essentiellement destiné aux étudiants désireux être initié au monde du cinéma. De là, le concept s'est délocalisé dans la banlieue afin de permettre à tous les profils de pouvoir jouir de l'expertise de Abdel Aziz Boye.
"Je suis venu dans la banlieue avec l'idée de faire profiter les jeunes d'ici. J'ai tout d'abord été a Guediawaye, puis à Pikine et enfin en 2010, j'ai trouvé cette maison aux Parcelles assainies qui m'a plu, parce qu'il me fallait un lieu pour regrouper tous ces jeunes qui m'entouraient, ces passionnés de cinéma qui voulaient être initié aux rudiments cinématographiques. Ils viennent de partout. Ils n'ont pas les moyens de payer une formation dans l'audiovisuel " éclaire M. Boye.
Le formateur doit débourser la bagatelle de 150 000 fcfa (environ 230 euros) mensuellement pour payer le loyer sans compter les autres charges récurrentes. Mais il assure que jamais, il ne se plaint de cette charge. De façon poétique et un brin romanesque, il définit son engagement envers ciné banlieue comme étant "la rencontre d'un senior fou de cinéma et une jeunesse avide de connaissances, passionnée d'art. Un petit groupe qui s'active pour entretenir la flamme afin qu'elle ne s'éteigne pas "
De cette expérience, deux festivals ont déjà vu le jour. Le premier, Campus films festival, s'est tenu du 07 au 09 février 2013 à l'Ucad. Ce festival est un cadre de restitution de tout le travail qui a été effectué par les différentes promotions de ciné Ucad en termes de réalisations et d'écriture de scénarios. Il a pour ambition de faire connaître, aimer, et promouvoir le cinéma sénégalais par le biais des réalisations de ces jeunes étudiants qui ont choisi de s'ouvrir aux humanités, à l'art, à la culture et de ne plus se confiner seulement à leur spécialité.
La banlieue aussi a son festival, Banlieue films festival dont la première édition a eu lieue du 22 au 24 mars 2013. Ce festival épouse la même idée que la précédente mais cette fois avec les réalisations des apprenants de la banlieue.
Scheina ADAYA
Africiné, Dakar
pour Images Francophones
Photo : Le réalisateur Ismaël Thiam, au festival Cortos rek 2014, Dakar.
Crédit : Thierno I. Dia / Africiné