Cameroun, les femmes prennent leurs images en main
Créée en 2011, l'Association des dames de l'image (Adamic) veut se constituer en réseau de production et de distribution.
Fatiguées de courir de producteur en producteur pour voir leurs projets prendre corps, des femmes cinéastes camerounaises ont décidé de mettre sur pied une structure de production. Sortant des affres du désespoir et déterminées à se réaliser, elles se regroupent autour de l'Association des dames de l'image au Cameroun (Adamic), qui voit le jour en avril 2011. Le regroupement se tisse à l'issue de deux ateliers annuels organisés par le Goethe Institut Kamerun, en marge du festival international de films de femmes dénommé Mis me Binga. " Les ateliers qui se sont tenus pendant deux années successives portaient sur l'écriture documentaire et la réalisation. Nous avons également été formées aux techniques de production à moindre coût ", indique Francine Kemegni, la chargée des relations publiques de l'Adamic.
La résolution de se réunir est définitivement prise face à la dizaine de scénarii écrits par la quinzaine de participantes. " Nous avions des projets qui ont été développés et ils courraient le risque de moisir dans les tiroirs, si on ne faisait rien. Ceci nous a plus motivé à mettre sur pied cette structure, pour désormais rendre effectifs nos projets ", mentionne Francine Kemegni.
Par ailleurs, l'Adamic pense comme Gérard Nguélé, producteur et responsable de la maison Tropic films, que " Notre environnement pêche beaucoup par les aspects de la production, de l''accompagnement ". Pour mieux fixer ses bases, le groupe compte sur l'entraide de ses membres qui se recrutent dans la plupart des métiers du cinéma. Les expériences professionnelles des unes et des autres aident à orienter, encadrer, surtout à encourager les femmes qui s'engagent dans le cinéma et l'audiovisuel.
Actuellement à pied d'œuvre, l'association compte présenter au moins six films lors de l'édition 2013 de Mis me Binga qui se tient en mars 2013. " Nous nous soutenons pendant les réalisations, mais l'auteure du film est libre de constituer son équipe ; et il n'est pas exclu de faire appel à un technicien professionnel pour assurer la qualité technique de l'œuvre ", précise la vice-présidente, Marlise Bété. La qualité de leurs produits, elles y veillent. Conscientes qu'aucune complaisance n'est tolérable si elles veulent bien mettre sur pied " un réseau solide des femmes producteurs de l'image ".
Un lobby féminin
" Les premières critiques viennent de nous-mêmes ", rassure la présidente, Elise Kameni. " Et elles sont très importantes parce que moi par exemple, la version de mon film aujourd'hui n'est pas celle du départ, elle a nettement évoluée ", poursuit la vice-présidente, Marlise Bété. Un matériel de qualité est jusque là assuré par le Goethe Institut qui met à leur disposition trois unités complètes de production.
Pour un départ, le documentaire est exclusivement exploré. Il est, selon les dames, relativement moins chers à produire et facilement vendable. L'association reste cependant ouverte aux fictions. Les productions se font encore à fonds propres. Mais des démarches sont déjà entreprises auprès des particuliers et autres chaînes de télévision nationales et internationales. " Le directeur des programmes de la CRTV (télévision gouvernementale Ndlr) par exemple, nous a donné son accord de principe, donc nos œuvres sont attendues et c'est déjà un signe d'espoir ", indique la présidente.
Question de bien ménager sa monture, le groupe a tablé sur une contribution annuelle de 200 000 Fcfa (304 euro) par membre. " Mais c'est comme un argent que vous mettez quelque part et qui va être rentabilisé ", souligne une réalisatrice.
À long terme, Adamic souhaite se positionner en un groupe de femmes solide et influent tel un lobby. L'association veut parvenir à créer une économie nationale du cinéma, avec des œuvres de qualité et en quantité, circulant dans les circuits universels du 7ème art. Avec un point d'orgue sur les problèmes de société, car " nous nous impliquons plus sur des films qui éduquent, parce que nous sommes des femmes, nous devons avoir un souci de conscientiser, attirer le regard de la société sur certains faits ", souligne Elise Kameni.
Le défi est lourd et ces dames en sont conscientes. Surtout que pour certaines, le cinéma est un métier d'homme, " il faut le pratiquer pour le comprendre, nous subissons chantages, harcèlements et complexes de la part des hommes ", soutient la réalisatrice Francine Kemegni.
Pélagie Ng'onana
Africiné, Yaoundé
Photo : Une partie des membres de l'adamic (dont Pascaline Ntema, 1ère à gauche avec le foulard bleu).
Crédit : Raphaël Mouchangou, Goethe Institut Kamerun
La résolution de se réunir est définitivement prise face à la dizaine de scénarii écrits par la quinzaine de participantes. " Nous avions des projets qui ont été développés et ils courraient le risque de moisir dans les tiroirs, si on ne faisait rien. Ceci nous a plus motivé à mettre sur pied cette structure, pour désormais rendre effectifs nos projets ", mentionne Francine Kemegni.
Par ailleurs, l'Adamic pense comme Gérard Nguélé, producteur et responsable de la maison Tropic films, que " Notre environnement pêche beaucoup par les aspects de la production, de l''accompagnement ". Pour mieux fixer ses bases, le groupe compte sur l'entraide de ses membres qui se recrutent dans la plupart des métiers du cinéma. Les expériences professionnelles des unes et des autres aident à orienter, encadrer, surtout à encourager les femmes qui s'engagent dans le cinéma et l'audiovisuel.
Actuellement à pied d'œuvre, l'association compte présenter au moins six films lors de l'édition 2013 de Mis me Binga qui se tient en mars 2013. " Nous nous soutenons pendant les réalisations, mais l'auteure du film est libre de constituer son équipe ; et il n'est pas exclu de faire appel à un technicien professionnel pour assurer la qualité technique de l'œuvre ", précise la vice-présidente, Marlise Bété. La qualité de leurs produits, elles y veillent. Conscientes qu'aucune complaisance n'est tolérable si elles veulent bien mettre sur pied " un réseau solide des femmes producteurs de l'image ".
Un lobby féminin
" Les premières critiques viennent de nous-mêmes ", rassure la présidente, Elise Kameni. " Et elles sont très importantes parce que moi par exemple, la version de mon film aujourd'hui n'est pas celle du départ, elle a nettement évoluée ", poursuit la vice-présidente, Marlise Bété. Un matériel de qualité est jusque là assuré par le Goethe Institut qui met à leur disposition trois unités complètes de production.
Pour un départ, le documentaire est exclusivement exploré. Il est, selon les dames, relativement moins chers à produire et facilement vendable. L'association reste cependant ouverte aux fictions. Les productions se font encore à fonds propres. Mais des démarches sont déjà entreprises auprès des particuliers et autres chaînes de télévision nationales et internationales. " Le directeur des programmes de la CRTV (télévision gouvernementale Ndlr) par exemple, nous a donné son accord de principe, donc nos œuvres sont attendues et c'est déjà un signe d'espoir ", indique la présidente.
Question de bien ménager sa monture, le groupe a tablé sur une contribution annuelle de 200 000 Fcfa (304 euro) par membre. " Mais c'est comme un argent que vous mettez quelque part et qui va être rentabilisé ", souligne une réalisatrice.
À long terme, Adamic souhaite se positionner en un groupe de femmes solide et influent tel un lobby. L'association veut parvenir à créer une économie nationale du cinéma, avec des œuvres de qualité et en quantité, circulant dans les circuits universels du 7ème art. Avec un point d'orgue sur les problèmes de société, car " nous nous impliquons plus sur des films qui éduquent, parce que nous sommes des femmes, nous devons avoir un souci de conscientiser, attirer le regard de la société sur certains faits ", souligne Elise Kameni.
Le défi est lourd et ces dames en sont conscientes. Surtout que pour certaines, le cinéma est un métier d'homme, " il faut le pratiquer pour le comprendre, nous subissons chantages, harcèlements et complexes de la part des hommes ", soutient la réalisatrice Francine Kemegni.
Pélagie Ng'onana
Africiné, Yaoundé
Photo : Une partie des membres de l'adamic (dont Pascaline Ntema, 1ère à gauche avec le foulard bleu).
Crédit : Raphaël Mouchangou, Goethe Institut Kamerun