BIFFF 2015 : le cinéma fantastique arabo-africain récompensé
Avec L’Éléphant Bleu (Blue Elephant), le réalisateur égyptien Marwan Hamed (photo) remporte deux Prix au 33è Festival du Film Fantastique de Bruxelles, Belgique.
Gros succès dans les salles en Egypte, L’Eléphant bleu du réalisateur Marwan Hamed (L’Immeuble Yacoubian) s’est vu récompenser par le Prix Spécial du Jury et un Prix Spécial (offert par le Hong Kong Economic and Trade Office pour leur 50e anniversaire de présence à Bruxelles) au Festival international du Film Fantastique Frontières de Bruxelles - BIFFF 2015, en Belgique.
Outre ce film africain, la diaspora africaine était aussi représentée avec le film argentin Les Innocents (Los Inocentes) dont c’était la Première Mondiale. Pour son premier long métrage (en tant que réalisateur), Mauricio Brunetti s'attaque à une période sombre de l'Argentine, où la toute jeune nation exploite sans vergogne ses esclaves africains, dans les champs ou comme chair à canon lors de ses guerres civiles. Avec une douzaine de jours de projection au Bozar, dans le centre-ville de la capitale, le BIFFF est un festival unique, grâce à son coté fantastique et à la participation d’un public complètement déchaîné.
L’Éléphant bleu (The Blue Elephant) retrace l’histoire de Yehia (Karim Abdel Aziz) qui reprend du service après cinq années d’interruption suite au décès tragique de sa famille et de sa fille dans un accident de voiture. Rendu alcoolique au bord de la dépression, il va devoir réintégrer un asile psychiatrique où sont internés les plus grands criminels du pays. À peine arrivé, il se voit confier le cas de Sherif (Khaled El Sawy) qui est accusé d’avoir violé et assassiné sa femme. À l’aide de la sœur de celui-ci, il va tenter d’analyser ce qui a poussé son vieil ami à commettre un tel acte, alors que tout semble confirmer la responsabilité de Sherif qui ne se montre pas très coopératif.
Peu connu dans le cinéma égyptien, le thriller fantastique est encore très peu exploité en Egypte et même dans l’industrie cinématographique africaine en général. Le réalisateur Marwan Hamed relève le défi, en adaptant à l’écran le roman à succès d’Ahmed Mourad, aussi scénariste du film, paru en 2012. C’est du romancier lui-même que Marwan Hamed reçu le livre de 400 pages qu’il va lire en une nuit. Fasciné, il y voit là l’opportunité de faire un cinéma différent, en misant davantage sur le visuel.
« Je ne voulais pas faire que du thriller. Donc j'ai beaucoup accentué le coté émotionnel, notamment avec l'histoire d'amour». Pas faute d’avoir misé sur des célébrités égyptiennes dans les rôles principaux tels que l’actrice Nelly Karim (Les Femmes du bus 678, Alexandrie...New York / Iskendereya...NewYork de Youssef Chahine), Karim Abdel Aziz (Welad el am) et surtout Khaled El Sawy avec qui il a déjà collaboré dans L'immeuble Yacoubian. « Les acteurs ont ici interprétés des rôles qui n'ont rien à voir avec ceux qu'ils ont l'habitude de faire », explique Marwan Hamed, « J’ai passé cinq mois de préparation avec eux avant de tourner».
Apparemment, il n'y a pas beaucoup de changement dans l'adaptation du livre, si ce n'est la fin d’après le réalisateur. « Celle du roman est plus délicate et je ne voulais pas une fin frustrante. Il me fallait rester un peu dans le classique, dit-il, j'étais aussi attentif aux réactions des gens sur le livre sur les réseaux sociaux, ça m’a un peu orienté ».
Avec une production assez bien soutenu, l’industrie cinématographique égyptienne est une des plus prospères sur le continent. Dans le monde arabe, c’est sans doute un des cinémas les plus influents. Selon Marwan Hamed, il serait possible d’exploiter davantage ce marché – une région de 500 millions d’habitants - si les infrastructures n’étaient pas aussi limitées. Par exemple, la construction de salles pourrait permettre un accès plus large au public. De plus, si ce même cinéma venait à se différencier en genres, en délaissant par exemple les films à dialogue classiques au profit d’un cinéma plus démonstratif en images, il pourrait s’exporter plus facilement. « L’Égypte est un Bollywood, il nous faut plus être visuel pour exporter le cinéma égyptien », poursuit Marwan Hamed. Cela dit, sans pour autant prendre le risque de perdre au passage le public égyptien. Le film a remporté le Grand Prix du Nil pour le Meilleur Long métrage (Nile Grand Prize for Best Long Narrative Film), au Festival du Cinéma Africain de Louxor, en Egypte, du 16 au 21 mars 2015. L’Éléphant bleu (The Blue Elephant) sera disponible à partir du 26 avril sur OSN (exclusivement), le bouquet télé qui diffuse en Afrique et au Moyen Orient.
Djia Mambu
Africiné / Bruxelles
pour Images Francophones
Palmarès BIFFF 2015 – Compétition internationale
Corbeau d’Or : Frankenstein, réalisé par Bernard Rose
Corbeau d’Argent : The Infinite Man, réalisé par Hugh Sullivan
Corbeau d’Argent : Goodnight Mommy, réalisé par Veronika Franz et Severin Fiala
Prix Spécial du Jury : L’Éléphant bleu (The Blue Elephant), réalisé par Marwan Hamed
Prix Spécial offert par le Hong Kong Economic and Trade Office pour leur 50e anniversaire de présence à Bruxelles : The Blue Elephant, réalisé par Marwan Hamed
Spéciale Mention du Jury : Starry Eyes, réalisé par Kevin Kolsch & Dennis Widmyer
Le Jury Européen du BIFFF 2015 représenté par Pierrette Baillot, Elli Mastorou, Claude Diouri, Matthieu Reynaert, Thierry De Coster et Thomas de Thier a décidé de récompenser les films suivants :
Méliès d’Argent : Another Frontier, réalisé par André Cruz Shiraiwa
Spéciale Mention pour la direction artistique : Shrew’s Nest, réalisé par Juanfer Andres & Esteban Roel
Le Jury Thriller du BIFFF 2015 représenté par Barbara Abel, Sophie Flamand et Jean-Pierre Finotto a décidé de récompenser les films suivants :
Prix Thriller : La Isla Minima, réalisé par Alberto Rodriguez
Le Jury 7e Parallèle du BIFFF 2015 représenté par Eric De Staercke, Frédéric Jannin et Valentin Huvenne a décidé de récompenser les films suivants :
Prix 7e Parallèle : Liza,The Fox-Fairy, réalisé par Karoly Ujj-Meszaros
Mention Spéciale du Jury : Leland Orser dans Faults, réalisé par Riley Stearns
Le Prix Pegase, Prix du Public va à Liza,The Fox-Fairy réalisé par Karoly Ujj-Meszaros
Compétition Courts-Métrages
Grand Prix Michel Devillers et Méliès d’Argent : La Dernière Porte au Sud de Sacha Feiner
Prix La Trois : Le zombie au vélo, de Christophe Bourdon
Prix de la Presse soutenu par UniversCiné : Le zombie au vélo, de Christophe Bourdon
Prix BeTv : Wien for life, d’Alidor Dolfing
Prix Fedex : La valse mécanique de Julien Dykmans
Prix Sabam : De vijver, de Jeroen Dumoulein
Prix Jeunesse : Noct, de Vincent Toujas
Photo : Le cinéaste égyptien Marwan Hamed, avec son Trophée, BIFFF 2015, à Bruxelles.
Crédit : Djia Mambu / Vanuit het Zuiden (Depuis le sud) pour Africiné
Outre ce film africain, la diaspora africaine était aussi représentée avec le film argentin Les Innocents (Los Inocentes) dont c’était la Première Mondiale. Pour son premier long métrage (en tant que réalisateur), Mauricio Brunetti s'attaque à une période sombre de l'Argentine, où la toute jeune nation exploite sans vergogne ses esclaves africains, dans les champs ou comme chair à canon lors de ses guerres civiles. Avec une douzaine de jours de projection au Bozar, dans le centre-ville de la capitale, le BIFFF est un festival unique, grâce à son coté fantastique et à la participation d’un public complètement déchaîné.
L’Éléphant bleu (The Blue Elephant) retrace l’histoire de Yehia (Karim Abdel Aziz) qui reprend du service après cinq années d’interruption suite au décès tragique de sa famille et de sa fille dans un accident de voiture. Rendu alcoolique au bord de la dépression, il va devoir réintégrer un asile psychiatrique où sont internés les plus grands criminels du pays. À peine arrivé, il se voit confier le cas de Sherif (Khaled El Sawy) qui est accusé d’avoir violé et assassiné sa femme. À l’aide de la sœur de celui-ci, il va tenter d’analyser ce qui a poussé son vieil ami à commettre un tel acte, alors que tout semble confirmer la responsabilité de Sherif qui ne se montre pas très coopératif.
Peu connu dans le cinéma égyptien, le thriller fantastique est encore très peu exploité en Egypte et même dans l’industrie cinématographique africaine en général. Le réalisateur Marwan Hamed relève le défi, en adaptant à l’écran le roman à succès d’Ahmed Mourad, aussi scénariste du film, paru en 2012. C’est du romancier lui-même que Marwan Hamed reçu le livre de 400 pages qu’il va lire en une nuit. Fasciné, il y voit là l’opportunité de faire un cinéma différent, en misant davantage sur le visuel.
« Je ne voulais pas faire que du thriller. Donc j'ai beaucoup accentué le coté émotionnel, notamment avec l'histoire d'amour». Pas faute d’avoir misé sur des célébrités égyptiennes dans les rôles principaux tels que l’actrice Nelly Karim (Les Femmes du bus 678, Alexandrie...New York / Iskendereya...NewYork de Youssef Chahine), Karim Abdel Aziz (Welad el am) et surtout Khaled El Sawy avec qui il a déjà collaboré dans L'immeuble Yacoubian. « Les acteurs ont ici interprétés des rôles qui n'ont rien à voir avec ceux qu'ils ont l'habitude de faire », explique Marwan Hamed, « J’ai passé cinq mois de préparation avec eux avant de tourner».
Apparemment, il n'y a pas beaucoup de changement dans l'adaptation du livre, si ce n'est la fin d’après le réalisateur. « Celle du roman est plus délicate et je ne voulais pas une fin frustrante. Il me fallait rester un peu dans le classique, dit-il, j'étais aussi attentif aux réactions des gens sur le livre sur les réseaux sociaux, ça m’a un peu orienté ».
Blue Elephant Visual Effects Making Of from BUF on Vimeo.
Avec une production assez bien soutenu, l’industrie cinématographique égyptienne est une des plus prospères sur le continent. Dans le monde arabe, c’est sans doute un des cinémas les plus influents. Selon Marwan Hamed, il serait possible d’exploiter davantage ce marché – une région de 500 millions d’habitants - si les infrastructures n’étaient pas aussi limitées. Par exemple, la construction de salles pourrait permettre un accès plus large au public. De plus, si ce même cinéma venait à se différencier en genres, en délaissant par exemple les films à dialogue classiques au profit d’un cinéma plus démonstratif en images, il pourrait s’exporter plus facilement. « L’Égypte est un Bollywood, il nous faut plus être visuel pour exporter le cinéma égyptien », poursuit Marwan Hamed. Cela dit, sans pour autant prendre le risque de perdre au passage le public égyptien. Le film a remporté le Grand Prix du Nil pour le Meilleur Long métrage (Nile Grand Prize for Best Long Narrative Film), au Festival du Cinéma Africain de Louxor, en Egypte, du 16 au 21 mars 2015. L’Éléphant bleu (The Blue Elephant) sera disponible à partir du 26 avril sur OSN (exclusivement), le bouquet télé qui diffuse en Afrique et au Moyen Orient.
Djia Mambu
Africiné / Bruxelles
pour Images Francophones
Palmarès BIFFF 2015 – Compétition internationale
Corbeau d’Or : Frankenstein, réalisé par Bernard Rose
Corbeau d’Argent : The Infinite Man, réalisé par Hugh Sullivan
Corbeau d’Argent : Goodnight Mommy, réalisé par Veronika Franz et Severin Fiala
Prix Spécial du Jury : L’Éléphant bleu (The Blue Elephant), réalisé par Marwan Hamed
Prix Spécial offert par le Hong Kong Economic and Trade Office pour leur 50e anniversaire de présence à Bruxelles : The Blue Elephant, réalisé par Marwan Hamed
Spéciale Mention du Jury : Starry Eyes, réalisé par Kevin Kolsch & Dennis Widmyer
Le Jury Européen du BIFFF 2015 représenté par Pierrette Baillot, Elli Mastorou, Claude Diouri, Matthieu Reynaert, Thierry De Coster et Thomas de Thier a décidé de récompenser les films suivants :
Méliès d’Argent : Another Frontier, réalisé par André Cruz Shiraiwa
Spéciale Mention pour la direction artistique : Shrew’s Nest, réalisé par Juanfer Andres & Esteban Roel
Le Jury Thriller du BIFFF 2015 représenté par Barbara Abel, Sophie Flamand et Jean-Pierre Finotto a décidé de récompenser les films suivants :
Prix Thriller : La Isla Minima, réalisé par Alberto Rodriguez
Le Jury 7e Parallèle du BIFFF 2015 représenté par Eric De Staercke, Frédéric Jannin et Valentin Huvenne a décidé de récompenser les films suivants :
Prix 7e Parallèle : Liza,The Fox-Fairy, réalisé par Karoly Ujj-Meszaros
Mention Spéciale du Jury : Leland Orser dans Faults, réalisé par Riley Stearns
Le Prix Pegase, Prix du Public va à Liza,The Fox-Fairy réalisé par Karoly Ujj-Meszaros
Compétition Courts-Métrages
Grand Prix Michel Devillers et Méliès d’Argent : La Dernière Porte au Sud de Sacha Feiner
Prix La Trois : Le zombie au vélo, de Christophe Bourdon
Prix de la Presse soutenu par UniversCiné : Le zombie au vélo, de Christophe Bourdon
Prix BeTv : Wien for life, d’Alidor Dolfing
Prix Fedex : La valse mécanique de Julien Dykmans
Prix Sabam : De vijver, de Jeroen Dumoulein
Prix Jeunesse : Noct, de Vincent Toujas
Photo : Le cinéaste égyptien Marwan Hamed, avec son Trophée, BIFFF 2015, à Bruxelles.
Crédit : Djia Mambu / Vanuit het Zuiden (Depuis le sud) pour Africiné