Besançon accueille le Festival Lumières d'Afrique, du 11 au 19 novembre 2017
Candidats à l'Oscar, hommages, chirurgie de l'Hexagone, le menu est riche. Plusieurs invités dont Rama Thiaw.
Trois candidats à l'Oscar et au Coup de Cœur du Public de Besançon
Avec plus de 60 films (fictions et documentaires), le Festival Lumières d'Afrique 2017 (Besançon) fête une 17ème édition lancée en 1996 une ville où sont nés les Frères Lumière et Victor Hugo aussi. "Un festival qui accompagne et qui explore…", c'est ainsi que le présente Gérard Marion, le directeur du l'évènement bisontin. Le festival de Besançon a su creuser sa place en France et dans le monde. Il y a les fidèles comme les réalisateurs Faouzi Ben Saidi (Volubilis) et Nabil Ayouch (Razzia) qui reviennent en compétition internationale. Ce dernier est un des trois candidats à l'Oscar 2018 du Meilleur film en langue étrangère qui sont à Besançon avec Les Initiés (Inbexa), pour l'Afrique du Sud et Félicité pour le Sénégal. Ils se frottent ici à I Am Not a Witch de la jeune réalisatrice zambienne, Rungano Nyoni.
Trois disparus
Le festival rend hommage à trois disparus : Ousmane Sow (sculpteur sénégalais), Jean Rouch (réalisateur et ethnologue français qui aurait eu cent ans en 2017) et Leila Alaoui (photographe et vidéaste franco-marocaine). Leila Alaoui a étudié la photographie à l'université de la ville de New-York. Son travail explore la construction d'identité, les diversités culturelles et la migration dans l'espace méditerranéen. Elle utilise la photographie et l'art vidéo pour exprimer des réalités sociales à travers un langage visuel qui se situe aux limites du documentaire et des arts plastiques. Née le 10 juillet 1982 à Paris (France), elle a été assassinée le 18 janvier 2016 à Ouagadougou (Burkina Faso), lors de l'ignominieuse attaque perpétrée par des terroristes dans la capitale burkinabèe. Elle y était de passage, dans le cadre d'une mission pour Amnesty International.
Trois visions de l'Hexagone
La France est présente sous des angles variés à trois films qui s'inscrivent dans des temporalités différentes. L'action de Nos patriotes se situe après la déroute française de l'été 1940. Jeune tirailleur sénégalais issu de la Guinée, Addi Bâ s'évade et se cache dans les Vosges. Il participe à la fondation du premier maquis de la région. Avec le comédien belge Marc Zinga, Alexandra Lamy, Pierre Deladonchamps, et la jeune chanteuse française Louane (révélée au cinéma avec La famille Bélier) dans les premiers rôles, c'est une adaptation du sublime roman Le Terroriste Noir de Tierno Monénembo. L'immense écrivain guinéen a fait sortir avec brio de l'ombre un des grands résistants français pourtant il ne figure même pas dans le Musée de la Résistance (Lyon). Au-delà de sa personne, il s'agit de montrer l'apport des soldats africains (tirailleurs, goumiers, spahis) a été décisif face à l'hydre fasciste.
Récemment restauré à Bologne et programmé à Cannes puis Berlin, Soleil Ô trace le portrait d'un immigré noir qui monte à Paris "au pays de ses ancêtres les Gaulois", il découvre les aspérités de la "Douce France", le racisme de ses collègues, le désintérêt des syndicats et l'indifférence des dignitaires africains qui vivent à Paris. Métaphore du nouvel esclavage, comme La Noire de… (Sembène Ousmane) peu avant, ce premier long métrage de Med Hondo doit son titre à un chant antillais qui conte la douleur des Noirs amenés du Dahomey aux Caraïbes.
Coréalisé par Modi Barry et Cédric Ido dont c'est aussi le premier long métrage, La vie de château nous installe à Paris, quartier Château d'Eau. Il nous plonge dans une France plus large que l'Hexagone et où l'autre vit, rit, traverse des difficultés et construit des réussites, sans exotisme grossier.
Une documentariste au sommet de son art
Rama Thiaw se prépare pour son premier long métrage fiction (une adaptation d'un roman). Son documentaire The Revolution won't be televised témoigne de sa maîtrise : d'un portrait de musiciens engagés (le groupe de rap Keur Gui mobilisé pour défendre la démocratie au sein du collectif Y'en a marre) elle a su faire un film universel sur l'amitié. Elle sera à Besançon, comme l'époustouflant I Am Not Your Negro de Raoul Peck qui interroge ici aussi la question de la dérive du pouvoir (dans sa dimension raciale dans une Amérique qui, pour avoir élu un métis (paradoxalement présenté comme Noir), affirmait être dans l'ère du post-racial alors que la racialisation figée brûle encore dans l'âtre de sa nation).
Thierno I. Dia
Images Francophones
Image : Scène du film documentaire The Revolution won't be televised.
Crédit : Boul Fallé Images (BFI)
Avec plus de 60 films (fictions et documentaires), le Festival Lumières d'Afrique 2017 (Besançon) fête une 17ème édition lancée en 1996 une ville où sont nés les Frères Lumière et Victor Hugo aussi. "Un festival qui accompagne et qui explore…", c'est ainsi que le présente Gérard Marion, le directeur du l'évènement bisontin. Le festival de Besançon a su creuser sa place en France et dans le monde. Il y a les fidèles comme les réalisateurs Faouzi Ben Saidi (Volubilis) et Nabil Ayouch (Razzia) qui reviennent en compétition internationale. Ce dernier est un des trois candidats à l'Oscar 2018 du Meilleur film en langue étrangère qui sont à Besançon avec Les Initiés (Inbexa), pour l'Afrique du Sud et Félicité pour le Sénégal. Ils se frottent ici à I Am Not a Witch de la jeune réalisatrice zambienne, Rungano Nyoni.
Trois disparus
Le festival rend hommage à trois disparus : Ousmane Sow (sculpteur sénégalais), Jean Rouch (réalisateur et ethnologue français qui aurait eu cent ans en 2017) et Leila Alaoui (photographe et vidéaste franco-marocaine). Leila Alaoui a étudié la photographie à l'université de la ville de New-York. Son travail explore la construction d'identité, les diversités culturelles et la migration dans l'espace méditerranéen. Elle utilise la photographie et l'art vidéo pour exprimer des réalités sociales à travers un langage visuel qui se situe aux limites du documentaire et des arts plastiques. Née le 10 juillet 1982 à Paris (France), elle a été assassinée le 18 janvier 2016 à Ouagadougou (Burkina Faso), lors de l'ignominieuse attaque perpétrée par des terroristes dans la capitale burkinabèe. Elle y était de passage, dans le cadre d'une mission pour Amnesty International.
Trois visions de l'Hexagone
La France est présente sous des angles variés à trois films qui s'inscrivent dans des temporalités différentes. L'action de Nos patriotes se situe après la déroute française de l'été 1940. Jeune tirailleur sénégalais issu de la Guinée, Addi Bâ s'évade et se cache dans les Vosges. Il participe à la fondation du premier maquis de la région. Avec le comédien belge Marc Zinga, Alexandra Lamy, Pierre Deladonchamps, et la jeune chanteuse française Louane (révélée au cinéma avec La famille Bélier) dans les premiers rôles, c'est une adaptation du sublime roman Le Terroriste Noir de Tierno Monénembo. L'immense écrivain guinéen a fait sortir avec brio de l'ombre un des grands résistants français pourtant il ne figure même pas dans le Musée de la Résistance (Lyon). Au-delà de sa personne, il s'agit de montrer l'apport des soldats africains (tirailleurs, goumiers, spahis) a été décisif face à l'hydre fasciste.
Récemment restauré à Bologne et programmé à Cannes puis Berlin, Soleil Ô trace le portrait d'un immigré noir qui monte à Paris "au pays de ses ancêtres les Gaulois", il découvre les aspérités de la "Douce France", le racisme de ses collègues, le désintérêt des syndicats et l'indifférence des dignitaires africains qui vivent à Paris. Métaphore du nouvel esclavage, comme La Noire de… (Sembène Ousmane) peu avant, ce premier long métrage de Med Hondo doit son titre à un chant antillais qui conte la douleur des Noirs amenés du Dahomey aux Caraïbes.
Coréalisé par Modi Barry et Cédric Ido dont c'est aussi le premier long métrage, La vie de château nous installe à Paris, quartier Château d'Eau. Il nous plonge dans une France plus large que l'Hexagone et où l'autre vit, rit, traverse des difficultés et construit des réussites, sans exotisme grossier.
Une documentariste au sommet de son art
Rama Thiaw se prépare pour son premier long métrage fiction (une adaptation d'un roman). Son documentaire The Revolution won't be televised témoigne de sa maîtrise : d'un portrait de musiciens engagés (le groupe de rap Keur Gui mobilisé pour défendre la démocratie au sein du collectif Y'en a marre) elle a su faire un film universel sur l'amitié. Elle sera à Besançon, comme l'époustouflant I Am Not Your Negro de Raoul Peck qui interroge ici aussi la question de la dérive du pouvoir (dans sa dimension raciale dans une Amérique qui, pour avoir élu un métis (paradoxalement présenté comme Noir), affirmait être dans l'ère du post-racial alors que la racialisation figée brûle encore dans l'âtre de sa nation).
Thierno I. Dia
Images Francophones
Image : Scène du film documentaire The Revolution won't be televised.
Crédit : Boul Fallé Images (BFI)