Ayekoro Kossou : "Répondre à une économie du cinéma en Afrique"
Entretien avec le réalisateur franco-béninois du court-métrage "A cœur ouvert" (Dikalo d'or du Meilleur Court métrage, Cannes, 2014). Il nous paraît important de faire connaître ici le plus de professionnels du cinéma, connus ou pas encore assez connus.
La 11ème édition du Festival International du Film PanAfricain de Cannes - FIFP 2014 qui s'est déroulé du 23 au 27 Avril 2014 a vu la participation des professionnels du cinéma. Parmi eux, a figuré Ayekoro Kossou, jeune réalisateur béninois qui est venu avec son film A Coeur ouvert et qui est reparti lauréat du DIKALO Award du meilleur court métrage. Ayekoro Kossou est originaire du Bénin mais il réside en France depuis 27 ans. Après avoir démarré sa carrière professionnelle en tant qu'Informaticien, il a suivi une formation Scénario et Production de l'ESRA (Ecole Supérieur de Réalisation Audiovisuelle) en 2009.
Sa filmographie se compose de 2 courts métrages : Un pas vers le soulagement, un court métrage documentaire autoproduit réalisé en 2011 et A Coeur ouvert un court métrage fiction réalisé en 2013. Il crée en mars 2012 Un Autre Regard Production qui est une société de production indépendante dont l'objectif est d'accompagner, soutenir et produire des œuvres cinématographiques qui questionnent et reflètent certaines réalités de nos sociétés. Cette même année, il crée au travers de cette structure, le mini festival ‘'Un Court Tournable'' avec le soutien de la ville et cinéma de Bobigny. Cet évènement se veut un lieu de découverte des nouveaux talents dans le domaine du cinéma. Il vise également à favoriser et maintenir des liens entre les jeunes productions cinématographiques. Entretien.
Parlez nous un peu de votre parcours en tant que réalisateur
Il est un peu atypique. Afin de répondre à mes envies de réalisation, j'ai commencé par de petits exercices de style, pour finalement réaliser mon premier projet au sein d'une association qui officiait à Bobigny. Mais ce n'est qu'une dizaine d'année plus tard, après une formation pour renforcer mes aptitudes au niveau de l'écriture scénaristique et la production, que j'ai réalisé Un pas vers le soulagement, un court métrage documentaire tourné au Bénin sur le sujet de la myopathie. Je préparais en parallèle le projet A Coeur ouvert (un court métrage) ; je l'ai réalisé en 2013 [avec Stana Roumillac, Jérôme Thevenet, Brigitte Belle, Bruno Henry et la participation de Damien Boisseau, ndlr].
Vous définissez vous comme un réalisateur du cinéma africain, béninois ou un réalisateur béninois de films français ?
Un réalisateur tout simplement, avec ses influences afro-européennes. Si vous désirez parler de nationalité, ce qui pour moi est une chose à part, je crois que Franco-Béninois peut également le représenter.
En tant que réalisateur africain, quel regard portez-vous sur le cinéma en Afrique en général et au Bénin en particulier ?
J'ai le sentiment qu'il serait bon pour le cinéma d'Afrique de disposer de plus de réalisateurs ainsi que le cadre et équipes pour bien les accompagner. Certains pays comme le Burkina Faso, le Maroc, le Sénégal, l'Afrique du sud et le Nigéria ont montré grâce à leurs efforts qu'il est possible de mettre en place un minimum de structures pour développer le cinéma d'un pays africain. Cela est également possible pour un pays comme le Bénin et bien d'autres qui ont encore besoin de renforcer ce secteur. Cette prise de conscience arrive progressivement dans le continent et je souhaite qu'elle puisse s'illustrer par l'émergence de nouveaux Ousmane Sembène, Idrissa Ouédraogo… ces grands frères qui ont fait la fierté du cinéma d'Afrique.
Pour nombre d'acteurs culturels, l'industrie cinématographique béninoise peine à se hisser au palmarès de la scène internationale. Est-ce votre avis ?
Il y a une part de vérité dans cette affirmation mais elle n'existe que du fait du manque de structures permettant de créer ce capital d'expertise nécessaire pour une bonne production de films rencontrant les critères demandés à l'International.
Et que pensez vous qu'il faille faire pour donner plus de visibilité au cinéma béninois ?
Il faut renforcer le processus de formation, tout en favorisant un début de professionnalisation. Cela aidera la montée en maturité des compétences du pays. Mais je crois que l'essor du cinéma béninois ou de tout autre pays africain sera plus aisé si ces différents pays travaillent ensemble, pour construire ce qui pourra être une solide fondation du cinéma d'Afrique de demain. Réussir à répondre à une économie du cinéma en Afrique préparera le chemin vers la scène internationale.
Vous n'êtes pas très bien connu en Afrique et vos films ne le sont pas non plus dans le milieu du cinéma africain. À quoi cela est dû ?
Ma jeunesse en tant que réalisateur explique cela.
Des relations particulières avec les cinéastes Sylvestre Amoussou et Jean Odoutan et l'acteur Djimon Hounsou ?
Je connais assez bien Sylvestre Amoussou, cinéaste concerné aux travers de ses œuvres. Je n'ai pas encore eu l'occasion de rencontrer le cinéaste Jean Odoutan, ni l'acteur Djimon Hounsou qui ont tous les deux contribué à l'international et au cinéma d'Afrique. Souhaitons-leur de continuer à incarner un dessein suffisamment fort afin que de nouvelles aspirations puissent naître chez nos jeunes frères cinéastes de demain.
Bientôt le FESPACO 2015 (Festival Panafricain du Cinéma et de la télévision de Ouagadougou). Vous y serez ?
Si le festival juge la sélection de ce film intéressant, ce sera un plaisir d'être à ce rendez-vous du cinéma africain.
Quels sont vos projets à court, moyen et long terme ?
A court terme, un projet de court métrage et à long terme, un projet de long métrage. En tous les cas, encore du travail et développement.
Propos recueillis par Ulvaeus BALOGOUN
Africiné / Dakar,
pour Images Francophones
En photo : Le réalisateur Ayekoro Kossou
Crédit : DR
Sa filmographie se compose de 2 courts métrages : Un pas vers le soulagement, un court métrage documentaire autoproduit réalisé en 2011 et A Coeur ouvert un court métrage fiction réalisé en 2013. Il crée en mars 2012 Un Autre Regard Production qui est une société de production indépendante dont l'objectif est d'accompagner, soutenir et produire des œuvres cinématographiques qui questionnent et reflètent certaines réalités de nos sociétés. Cette même année, il crée au travers de cette structure, le mini festival ‘'Un Court Tournable'' avec le soutien de la ville et cinéma de Bobigny. Cet évènement se veut un lieu de découverte des nouveaux talents dans le domaine du cinéma. Il vise également à favoriser et maintenir des liens entre les jeunes productions cinématographiques. Entretien.
Parlez nous un peu de votre parcours en tant que réalisateur
Il est un peu atypique. Afin de répondre à mes envies de réalisation, j'ai commencé par de petits exercices de style, pour finalement réaliser mon premier projet au sein d'une association qui officiait à Bobigny. Mais ce n'est qu'une dizaine d'année plus tard, après une formation pour renforcer mes aptitudes au niveau de l'écriture scénaristique et la production, que j'ai réalisé Un pas vers le soulagement, un court métrage documentaire tourné au Bénin sur le sujet de la myopathie. Je préparais en parallèle le projet A Coeur ouvert (un court métrage) ; je l'ai réalisé en 2013 [avec Stana Roumillac, Jérôme Thevenet, Brigitte Belle, Bruno Henry et la participation de Damien Boisseau, ndlr].
Vous définissez vous comme un réalisateur du cinéma africain, béninois ou un réalisateur béninois de films français ?
Un réalisateur tout simplement, avec ses influences afro-européennes. Si vous désirez parler de nationalité, ce qui pour moi est une chose à part, je crois que Franco-Béninois peut également le représenter.
En tant que réalisateur africain, quel regard portez-vous sur le cinéma en Afrique en général et au Bénin en particulier ?
J'ai le sentiment qu'il serait bon pour le cinéma d'Afrique de disposer de plus de réalisateurs ainsi que le cadre et équipes pour bien les accompagner. Certains pays comme le Burkina Faso, le Maroc, le Sénégal, l'Afrique du sud et le Nigéria ont montré grâce à leurs efforts qu'il est possible de mettre en place un minimum de structures pour développer le cinéma d'un pays africain. Cela est également possible pour un pays comme le Bénin et bien d'autres qui ont encore besoin de renforcer ce secteur. Cette prise de conscience arrive progressivement dans le continent et je souhaite qu'elle puisse s'illustrer par l'émergence de nouveaux Ousmane Sembène, Idrissa Ouédraogo… ces grands frères qui ont fait la fierté du cinéma d'Afrique.
Pour nombre d'acteurs culturels, l'industrie cinématographique béninoise peine à se hisser au palmarès de la scène internationale. Est-ce votre avis ?
Il y a une part de vérité dans cette affirmation mais elle n'existe que du fait du manque de structures permettant de créer ce capital d'expertise nécessaire pour une bonne production de films rencontrant les critères demandés à l'International.
Et que pensez vous qu'il faille faire pour donner plus de visibilité au cinéma béninois ?
Il faut renforcer le processus de formation, tout en favorisant un début de professionnalisation. Cela aidera la montée en maturité des compétences du pays. Mais je crois que l'essor du cinéma béninois ou de tout autre pays africain sera plus aisé si ces différents pays travaillent ensemble, pour construire ce qui pourra être une solide fondation du cinéma d'Afrique de demain. Réussir à répondre à une économie du cinéma en Afrique préparera le chemin vers la scène internationale.
Vous n'êtes pas très bien connu en Afrique et vos films ne le sont pas non plus dans le milieu du cinéma africain. À quoi cela est dû ?
Ma jeunesse en tant que réalisateur explique cela.
Un pas vers le soulagement - Trailer from unautreregardprod on Vimeo.
Des relations particulières avec les cinéastes Sylvestre Amoussou et Jean Odoutan et l'acteur Djimon Hounsou ?
Je connais assez bien Sylvestre Amoussou, cinéaste concerné aux travers de ses œuvres. Je n'ai pas encore eu l'occasion de rencontrer le cinéaste Jean Odoutan, ni l'acteur Djimon Hounsou qui ont tous les deux contribué à l'international et au cinéma d'Afrique. Souhaitons-leur de continuer à incarner un dessein suffisamment fort afin que de nouvelles aspirations puissent naître chez nos jeunes frères cinéastes de demain.
Bientôt le FESPACO 2015 (Festival Panafricain du Cinéma et de la télévision de Ouagadougou). Vous y serez ?
Si le festival juge la sélection de ce film intéressant, ce sera un plaisir d'être à ce rendez-vous du cinéma africain.
Quels sont vos projets à court, moyen et long terme ?
A court terme, un projet de court métrage et à long terme, un projet de long métrage. En tous les cas, encore du travail et développement.
Propos recueillis par Ulvaeus BALOGOUN
Africiné / Dakar,
pour Images Francophones
En photo : Le réalisateur Ayekoro Kossou
Crédit : DR