Atelier de renforcement de capacités des professionnels du 7e Art
Les actes d'une coopération cinématographique entre le Brésil et le Sénégal lancés.
Une dizaine d'experts du cinéma brésilien du Centre Afrocarioca de Rio du défunt cinéaste Zozimo BulBul a séjourné l'année dernière (en septembre 2013) à Dakar pour offrir une session de formation à des professionnels du 7e art sénégalais. Cet atelier de renforcement de capacités jette ainsi les bases d'une coopération cinématographique entre le Brésil et le Sénégal.
Les apprenants avaient le choix entre cinq modules de formation : "Introduction et techniques de réalisation en cinéma et en télénovelas " par Joël Pillar, "Techniques de photographie still et en vidéo pour le cinéma et la télévision" par Alexandre Rosa et Vantoen, "La musique au cinéma" par David Tygel, "Le montage au cinéma" par Isabelle Araujo, "Le cours de costume et scène" par Biza Viana. Ces experts du 7e art brésilien dispensés les enseignements dans la capitale sénégalaise sont du Centre Afrocarioca de Rio du défunt cinéaste Zózimo Bulbul. Précurseur du cinéma afro-brésilien, il a réalisé, entre autres, Alma no Olho (Soul in the eye) en 1973, une métaphore sur l'esclavage, Dia de Alforria (en 1980) sur des endroits de la ville de Rio de Janeiro, où vivaient des esclaves affranchis entre les années 1850 jusqu'à 1920, ou encore Fespaco en 2011, Année Internationale des Afro-Descendants où le cinéaste s'est senti honoré d'être convié à participer comme Membre du Jury au Fespaco (Ouaga).
La centaine de jeunes professionnels du cinéma sénégalais qui a pris part à cet atelier en septembre 2013, avait déjà une formation de base dans le secteur du cinéma. Car, précise le Sénégalais Mansour Sora Wade, il s'agit d'un renforcement de capacités. Le réalisateur du film Le Prix du pardon (Le) | Ndeysaan (2002, film aidé par le fonds Francophone de l'OIF/CIRTEF) est le responsable focal du projet au Sénégal.
Étant le directeur artistique pour l'Afrique du Festival Afrocarioca de Rio - une rencontre du cinéma noir entre le Brésil, l'Afrique et la Caraïbe créée en 2007 par Zózimo Bulbul [rebaptisé à son nom après sa mort, ndlr]- Wade a voulu développer d'autres projets avec le Brésil. "Nous avions déjà travaillé sur un film sur la Renaissance africaine lors du troisième Festival Mondial des Arts Nègres 2010 (FESMAN III) et de l'inauguration du Monument de la renaissance à Dakar. Ce projet devait renforcer ces liens de coopération cinématographique déjà lancés", fait savoir le cinéaste sénégalais, Mansour Sora Wade.
Compagne du regretté Zózimo Bulbul, Biza Viana qui a tenu à être présente à Dakar, a assuré les cours de costume et de scène. Pour celle qui est devenue la directrice du Centre Afrocarioca de Rio de Janiero depuis la mort de son mari, Zózimo Bulbul, le 24 janvier 2013, sa visite à Dakar est une manière de poursuivre la mission son compagnon. "Son combat était d'établir un pont cinématographique et culturel entre le Brésil et l'Afrique ; car au Brésil, il y a beaucoup de Noirs et de racisme aussi. Il faut qu'on en finisse avec le racisme. C'est un long processus qu'on peut atteindre avec le cinéma et la culture", explique Biza Viana.
Le projet de session de formation est alors accepté par le ministère des Affaires Etrangères et de la Culture du Brésil qui prend en charge le transport, le séjour, la restauration et le salaire des dix experts brésiliens. Le Sénégal, partenaire du projet, assure la restauration des apprenants et met à leur disposition la Place du Souvenir pour le déroulement des activités.
Les formations se déroulent simultanément dans les différentes pièces de la Place du Souvenir. Les participants à l'atelier de musique de film ont reçu des notions pour composer une bonne musique de film. A travers des cas pratiques et en suivant l'enseignement du compositeur brésilien David Tygel, ils ont acquis quelques connaissances.
Les bonnes pratiques pour une composition musicale
La composition de la musique d'un film est différente de celle jouée, chantée ou enregistrée. Car le cinéma est un art collectif, alors que l'enregistrement de son Cd est parfois individuel. La composition musicale pour le 7e art n'est pas du tout facile et doit être calée sur plusieurs aspects concernant le film. Ce sont là les premières règles données par le formateur brésilien David Tygel lors de l'atelier. Face à une quinzaine de stagiaires de divers profils notamment des musiciens-chanteurs, des réalisateurs, le compositeur allie théorie et pratique pour faire passer son message.
David Tygel projette des séquences de films pour se faire comprendre. Car pour lui, la musique doit chercher sa place dans le film. "La musique d'un film doit être simple, il doit trouver sa place, car elle est en compétition avec tous les autres bruits du film à savoir le dialogue, la narration et le bruitage", fait-il savoir. Pour lui, le compositeur de musique de film doit avoir une culture musicale et cinématographique, aimer le cinéma, les images et l'histoire racontée. Une discussion constante entre le réalisateur et les autres membres de l'équipe de tournage est souhaitée. La musique d'un film doit raconter les images, les émotions des personnages, elle peut même remplacer une image. Se désolant qu'il n'y ait pas assez de compositeurs de musique de films au Sénégal, le cinéaste Mansour Sora Wade soutient pour sa part que "la musique d'un film est le compagnon de l'image, un fidèle compagnon". Selon lui, tout réalisateur doit avoir une culture musicale, car la musique est dans le scénario d'un film.
Le compositeur brésilien David Tygel reconnaît qu'en Afrique et au Brésil, certains musiciens ont des difficultés à composer la musique d'un film, car ils pratiquent un style populaire avec beaucoup d'instruments surtout les percussions. "Il faut un instrument ; en général le piano et violon sont souvent utilisés", note le musicien Tygel qui précise qu'il y a une musique intérieure et extérieure, la bande sonore dans un film. À travers, la musique d'un film, le formateur a demandé aux stagiaires d'imaginer les images qui vont avec. Des exercices pratiques de ce genre ont permis aux élèves de comprendre la théorie.
Le guitariste-chanteur Ali Béta est venu apprendre comment composer une musique qui va avec les personnages d'un de ses films en montage. "Je travaille sur le montage d'un de mes films actuellement très personnel où la musique est assez présente. Pour ne pas faire n'importe quoi, je suis venu pour renforcer mes capacités", confie-t-il avant d'ajouter qu'après 24 heures de cours, il connaît qu'est-ce que le bruitage, les dialogues, à quel moment la musique vient et quelle est sa place.
Preneuse de son à la Rts, sortie du conservatoire de Dakar section musique, Ndèye Codou Sène a assouvi sa curiosité. Elle fait aujourd'hui la différence entre la musique d'un film et celle d'un orchestre. Mais, elle déplore la durée très courte de la formation. "C'est important ce que l'on est en train d'apprendre mais le délai est court pour tout assimiler. Il nous faut des bourses d'au moins un an pour acquérir les connaissances dans le domaine", suggère celle qui compte se spécialiser dans la musique de film.
Selon Mansour Sora Wade, le renouvellement de cet atelier ne dépend que du Sénégal. "Si le Sénégal en fait la demande, il peut y avoir une suite ", dit-il. Mais, indique le cinéaste sénégalais, un projet de ce genre est possible aussi avec Cuba. "Nous travaillons avec un groupe de la Caraïbe dans le festival Afrocarioca de Rio et Cuba est le point vocal avec qui nous pouvons développer un type de projet similaire", informe Mansour Sora Wade. Pour l'heure, c'est à Rio de Janeiro que retentissent les sillons tracés par Zózimo Bulbul en direction du continent africain. Il y a quelques semaines, la diaspora africaine se réunissait au Encontro de Cinema Negro Brasil África e Caribe Zózimo Bulbul 2014.
Fatou Kiné SÈNE
Africiné, Dakar
Photo : le réalisateur Mansour Sora Wade
Crédit : Thierno I. Dia / Africiné
Les apprenants avaient le choix entre cinq modules de formation : "Introduction et techniques de réalisation en cinéma et en télénovelas " par Joël Pillar, "Techniques de photographie still et en vidéo pour le cinéma et la télévision" par Alexandre Rosa et Vantoen, "La musique au cinéma" par David Tygel, "Le montage au cinéma" par Isabelle Araujo, "Le cours de costume et scène" par Biza Viana. Ces experts du 7e art brésilien dispensés les enseignements dans la capitale sénégalaise sont du Centre Afrocarioca de Rio du défunt cinéaste Zózimo Bulbul. Précurseur du cinéma afro-brésilien, il a réalisé, entre autres, Alma no Olho (Soul in the eye) en 1973, une métaphore sur l'esclavage, Dia de Alforria (en 1980) sur des endroits de la ville de Rio de Janeiro, où vivaient des esclaves affranchis entre les années 1850 jusqu'à 1920, ou encore Fespaco en 2011, Année Internationale des Afro-Descendants où le cinéaste s'est senti honoré d'être convié à participer comme Membre du Jury au Fespaco (Ouaga).
La centaine de jeunes professionnels du cinéma sénégalais qui a pris part à cet atelier en septembre 2013, avait déjà une formation de base dans le secteur du cinéma. Car, précise le Sénégalais Mansour Sora Wade, il s'agit d'un renforcement de capacités. Le réalisateur du film Le Prix du pardon (Le) | Ndeysaan (2002, film aidé par le fonds Francophone de l'OIF/CIRTEF) est le responsable focal du projet au Sénégal.
Étant le directeur artistique pour l'Afrique du Festival Afrocarioca de Rio - une rencontre du cinéma noir entre le Brésil, l'Afrique et la Caraïbe créée en 2007 par Zózimo Bulbul [rebaptisé à son nom après sa mort, ndlr]- Wade a voulu développer d'autres projets avec le Brésil. "Nous avions déjà travaillé sur un film sur la Renaissance africaine lors du troisième Festival Mondial des Arts Nègres 2010 (FESMAN III) et de l'inauguration du Monument de la renaissance à Dakar. Ce projet devait renforcer ces liens de coopération cinématographique déjà lancés", fait savoir le cinéaste sénégalais, Mansour Sora Wade.
Compagne du regretté Zózimo Bulbul, Biza Viana qui a tenu à être présente à Dakar, a assuré les cours de costume et de scène. Pour celle qui est devenue la directrice du Centre Afrocarioca de Rio de Janiero depuis la mort de son mari, Zózimo Bulbul, le 24 janvier 2013, sa visite à Dakar est une manière de poursuivre la mission son compagnon. "Son combat était d'établir un pont cinématographique et culturel entre le Brésil et l'Afrique ; car au Brésil, il y a beaucoup de Noirs et de racisme aussi. Il faut qu'on en finisse avec le racisme. C'est un long processus qu'on peut atteindre avec le cinéma et la culture", explique Biza Viana.
Le projet de session de formation est alors accepté par le ministère des Affaires Etrangères et de la Culture du Brésil qui prend en charge le transport, le séjour, la restauration et le salaire des dix experts brésiliens. Le Sénégal, partenaire du projet, assure la restauration des apprenants et met à leur disposition la Place du Souvenir pour le déroulement des activités.
Les formations se déroulent simultanément dans les différentes pièces de la Place du Souvenir. Les participants à l'atelier de musique de film ont reçu des notions pour composer une bonne musique de film. A travers des cas pratiques et en suivant l'enseignement du compositeur brésilien David Tygel, ils ont acquis quelques connaissances.
Les bonnes pratiques pour une composition musicale
La composition de la musique d'un film est différente de celle jouée, chantée ou enregistrée. Car le cinéma est un art collectif, alors que l'enregistrement de son Cd est parfois individuel. La composition musicale pour le 7e art n'est pas du tout facile et doit être calée sur plusieurs aspects concernant le film. Ce sont là les premières règles données par le formateur brésilien David Tygel lors de l'atelier. Face à une quinzaine de stagiaires de divers profils notamment des musiciens-chanteurs, des réalisateurs, le compositeur allie théorie et pratique pour faire passer son message.
David Tygel projette des séquences de films pour se faire comprendre. Car pour lui, la musique doit chercher sa place dans le film. "La musique d'un film doit être simple, il doit trouver sa place, car elle est en compétition avec tous les autres bruits du film à savoir le dialogue, la narration et le bruitage", fait-il savoir. Pour lui, le compositeur de musique de film doit avoir une culture musicale et cinématographique, aimer le cinéma, les images et l'histoire racontée. Une discussion constante entre le réalisateur et les autres membres de l'équipe de tournage est souhaitée. La musique d'un film doit raconter les images, les émotions des personnages, elle peut même remplacer une image. Se désolant qu'il n'y ait pas assez de compositeurs de musique de films au Sénégal, le cinéaste Mansour Sora Wade soutient pour sa part que "la musique d'un film est le compagnon de l'image, un fidèle compagnon". Selon lui, tout réalisateur doit avoir une culture musicale, car la musique est dans le scénario d'un film.
Le compositeur brésilien David Tygel reconnaît qu'en Afrique et au Brésil, certains musiciens ont des difficultés à composer la musique d'un film, car ils pratiquent un style populaire avec beaucoup d'instruments surtout les percussions. "Il faut un instrument ; en général le piano et violon sont souvent utilisés", note le musicien Tygel qui précise qu'il y a une musique intérieure et extérieure, la bande sonore dans un film. À travers, la musique d'un film, le formateur a demandé aux stagiaires d'imaginer les images qui vont avec. Des exercices pratiques de ce genre ont permis aux élèves de comprendre la théorie.
Le guitariste-chanteur Ali Béta est venu apprendre comment composer une musique qui va avec les personnages d'un de ses films en montage. "Je travaille sur le montage d'un de mes films actuellement très personnel où la musique est assez présente. Pour ne pas faire n'importe quoi, je suis venu pour renforcer mes capacités", confie-t-il avant d'ajouter qu'après 24 heures de cours, il connaît qu'est-ce que le bruitage, les dialogues, à quel moment la musique vient et quelle est sa place.
Preneuse de son à la Rts, sortie du conservatoire de Dakar section musique, Ndèye Codou Sène a assouvi sa curiosité. Elle fait aujourd'hui la différence entre la musique d'un film et celle d'un orchestre. Mais, elle déplore la durée très courte de la formation. "C'est important ce que l'on est en train d'apprendre mais le délai est court pour tout assimiler. Il nous faut des bourses d'au moins un an pour acquérir les connaissances dans le domaine", suggère celle qui compte se spécialiser dans la musique de film.
Selon Mansour Sora Wade, le renouvellement de cet atelier ne dépend que du Sénégal. "Si le Sénégal en fait la demande, il peut y avoir une suite ", dit-il. Mais, indique le cinéaste sénégalais, un projet de ce genre est possible aussi avec Cuba. "Nous travaillons avec un groupe de la Caraïbe dans le festival Afrocarioca de Rio et Cuba est le point vocal avec qui nous pouvons développer un type de projet similaire", informe Mansour Sora Wade. Pour l'heure, c'est à Rio de Janeiro que retentissent les sillons tracés par Zózimo Bulbul en direction du continent africain. Il y a quelques semaines, la diaspora africaine se réunissait au Encontro de Cinema Negro Brasil África e Caribe Zózimo Bulbul 2014.
Fatou Kiné SÈNE
Africiné, Dakar
Photo : le réalisateur Mansour Sora Wade
Crédit : Thierno I. Dia / Africiné