Atalaku de Dieudo Hamadi, primé au Festival du réel 2013
La démocratie à Kinshasa, an 1.
Atalaku, un film africain, vient de remporter le prix Joris Ivens dans le cadre du 35ème festival du Cinéma du Réel, à Paris, décerné le 30 mars 2013 par le jury Premiers films et Courts métrages (Ariane Doublet, Felice D’Agostino, Fabien Gaffez). Dans ce documentaire, le réalisateur congolais Dieudo Hamadi [PHOTO] filme la société civile dans sa ville et la manière dont se sont déroulées, en 2011, les élections présidentielles. Ce sont les premières élections présidentielles en RDC (République Démocratique du Congo) depuis... 1960 !
Avec cette première question politique, le jeune réalisateur a choisi un angle très pointu, la rue, la jeunesse et un personnage, à la fois incarnation de son message et capable de nous introduire dans le monde des élections : Gaylor, l’Atalaku. (littéralement, « celui qui parle »). Tout d’abord prêcheur, il vend ses services à une campagne électorale plutôt risible. L’aventure démocratique « dans son jus », Dieudo Hamadi la filme au quotidien, avec une bonne dose d’humour. C’est vivant, passionnant, démoralisant parfois, et plein d’espoir, tout de même. Du vrai documentaire !
Rencontre avec le réalisateur.
Comment s’est fait ce film ? Quelle a été l’histoire de sa fabrication ?
Je voulais filmer les jeunes et la période des élections est arrivée. Cela m’a semblé un moment important. Je voulais filmer la « réalité de la base ». En rendre compte à ma manière. Ma rencontre avec Gaylor, cet homme qui fait la campagne pour gagner sa vie (sans être un militant), a rendu ce film possible. J’ai intéressé un producteur ; mais malgré sa bonne volonté, c’était compliqué de trouver de l’argent. Il y avait urgence, j’ai pris ma caméra. Et le film s’est tourné comme ça. Seul, de temps en temps avec l’aide d’un ami ingénieur du son et sans le moindre financement.
Quel est le contexte politique de ces premières élections démocratiques en RDC ?
Depuis 1960, nous n’avions pas eu d’occasion de voter librement. Mobutu a fait un coup d’État qui lui a permis de rester 32 ans au pouvoir. En 1997, il a été renversé, des élections ont eu lieu. C’est Joseph Kabila qui a été élu. Des élections ont été prévues pour dans 4 à 5 ans. C’est durant cette période que j’ai appris à filmer.
Avez-vous eu des problèmes avec les autorités pour filmer ?
Non. Au Congo, il n’y a pas de cinéma, pas de métiers du cinéma, cela n’intéresse personne. Mais du coup, il n’y a pas de censure non plus ! Cependant, c’était des élections tendues, il y avait un risque de guerre civile. Cela dérangeait toute la population.
Vous dites qu’il n’y a pas d’école de cinéma à Kinshasa, comment avez-vous appris ?
J’ai une formation de médecin, mais j’ai décidé de ne pas aller au bout quand j’ai décidé de faire des films. J’ai suivi plusieurs formations. La première, comme cadreur. Puis, une autre formation durant un an, à Kinshasa. Puis un stage de deux mois de réalisation à la Fémis, à Paris. Cela m’a donné encore plus envie de filmer !
Qu’avez-vous appris durant ce tournage ?
J’ai été surpris. Par exemple, la scène où les gens sont motivés pour voter au bureau de vote a été une surprise. J’ai découvert que les gens étaient tout de même très épris de la question démocratique. La preuve a été leur réaction de descendre dans la rue, quand le scrutin a été débattu (le film en montre quelques images). Malgré le chaos que l’on voit dans le film, cela veut dire qu’il y a tout de même espoir.
Y a-t-il eu des projections du film à Kinshasa ?
On l’a projeté dans le cadre de l’Institut Français. J’ai voulu inviter Gaylor, mais j’ai perdu son numéro. J’avais prévu d’inviter les jeunes pour faire un concert, mais ils étaient injoignables. On a aussi fait des projections en plein air, cela marche bien. Avec l’Institut Français, on a le projet de faire des projections dans les villages du pays. La télévision... c’est prévu mais... le film n’a pas encore été vu par « tout le monde ».
Caroline Pochon / Clap Noir
Crédit photo : Caroline Pochon
Le producteur français du film, Vincent Munié, précise que l’ambassade de France a donné de l’argent et a permis au film d’être post-produit, en France. CFI a acheté le film à partir du « rough cut », c’est à dire d’un premier montage. L’intention de la production était de faire un film d’1h30 pour la salle et donc de présenter le projet à Cinémas du Monde. Mais le distributeur ayant tardé, ainsi que les chaînes, le projet a réduit la voilure. Il espèrait que si le film décroche un prix au Cinéma du Réel, cela lance le film auprès des chaînes. Il a déjà obtenu le prix du meilleur film étranger au San Diego Black film festival. Vincent Munié déplore cependant que des films comme Atalaku soient ainsi « contraints aux festivals » car « on ne peut pas produire avec les festivals, il n’y a pas d’argent à la clé ». Il ajoute qu’aucun contact n’a été tissé avec la télévision congolaise et ajoute avec un air d’impuissance : « Cela passera par CFI ».
A lire
www.clapnoir.org/spip.php?article993
Avec cette première question politique, le jeune réalisateur a choisi un angle très pointu, la rue, la jeunesse et un personnage, à la fois incarnation de son message et capable de nous introduire dans le monde des élections : Gaylor, l’Atalaku. (littéralement, « celui qui parle »). Tout d’abord prêcheur, il vend ses services à une campagne électorale plutôt risible. L’aventure démocratique « dans son jus », Dieudo Hamadi la filme au quotidien, avec une bonne dose d’humour. C’est vivant, passionnant, démoralisant parfois, et plein d’espoir, tout de même. Du vrai documentaire !
Rencontre avec le réalisateur.
Comment s’est fait ce film ? Quelle a été l’histoire de sa fabrication ?
Je voulais filmer les jeunes et la période des élections est arrivée. Cela m’a semblé un moment important. Je voulais filmer la « réalité de la base ». En rendre compte à ma manière. Ma rencontre avec Gaylor, cet homme qui fait la campagne pour gagner sa vie (sans être un militant), a rendu ce film possible. J’ai intéressé un producteur ; mais malgré sa bonne volonté, c’était compliqué de trouver de l’argent. Il y avait urgence, j’ai pris ma caméra. Et le film s’est tourné comme ça. Seul, de temps en temps avec l’aide d’un ami ingénieur du son et sans le moindre financement.
Quel est le contexte politique de ces premières élections démocratiques en RDC ?
Depuis 1960, nous n’avions pas eu d’occasion de voter librement. Mobutu a fait un coup d’État qui lui a permis de rester 32 ans au pouvoir. En 1997, il a été renversé, des élections ont eu lieu. C’est Joseph Kabila qui a été élu. Des élections ont été prévues pour dans 4 à 5 ans. C’est durant cette période que j’ai appris à filmer.
Avez-vous eu des problèmes avec les autorités pour filmer ?
Non. Au Congo, il n’y a pas de cinéma, pas de métiers du cinéma, cela n’intéresse personne. Mais du coup, il n’y a pas de censure non plus ! Cependant, c’était des élections tendues, il y avait un risque de guerre civile. Cela dérangeait toute la population.
Vous dites qu’il n’y a pas d’école de cinéma à Kinshasa, comment avez-vous appris ?
J’ai une formation de médecin, mais j’ai décidé de ne pas aller au bout quand j’ai décidé de faire des films. J’ai suivi plusieurs formations. La première, comme cadreur. Puis, une autre formation durant un an, à Kinshasa. Puis un stage de deux mois de réalisation à la Fémis, à Paris. Cela m’a donné encore plus envie de filmer !
Qu’avez-vous appris durant ce tournage ?
J’ai été surpris. Par exemple, la scène où les gens sont motivés pour voter au bureau de vote a été une surprise. J’ai découvert que les gens étaient tout de même très épris de la question démocratique. La preuve a été leur réaction de descendre dans la rue, quand le scrutin a été débattu (le film en montre quelques images). Malgré le chaos que l’on voit dans le film, cela veut dire qu’il y a tout de même espoir.
Y a-t-il eu des projections du film à Kinshasa ?
On l’a projeté dans le cadre de l’Institut Français. J’ai voulu inviter Gaylor, mais j’ai perdu son numéro. J’avais prévu d’inviter les jeunes pour faire un concert, mais ils étaient injoignables. On a aussi fait des projections en plein air, cela marche bien. Avec l’Institut Français, on a le projet de faire des projections dans les villages du pays. La télévision... c’est prévu mais... le film n’a pas encore été vu par « tout le monde ».
Caroline Pochon / Clap Noir
Crédit photo : Caroline Pochon
Le producteur français du film, Vincent Munié, précise que l’ambassade de France a donné de l’argent et a permis au film d’être post-produit, en France. CFI a acheté le film à partir du « rough cut », c’est à dire d’un premier montage. L’intention de la production était de faire un film d’1h30 pour la salle et donc de présenter le projet à Cinémas du Monde. Mais le distributeur ayant tardé, ainsi que les chaînes, le projet a réduit la voilure. Il espèrait que si le film décroche un prix au Cinéma du Réel, cela lance le film auprès des chaînes. Il a déjà obtenu le prix du meilleur film étranger au San Diego Black film festival. Vincent Munié déplore cependant que des films comme Atalaku soient ainsi « contraints aux festivals » car « on ne peut pas produire avec les festivals, il n’y a pas d’argent à la clé ». Il ajoute qu’aucun contact n’a été tissé avec la télévision congolaise et ajoute avec un air d’impuissance : « Cela passera par CFI ».
A lire
www.clapnoir.org/spip.php?article993