Après un Fespaco désastreux, de fort discrètes Journées cinématographiques de la Femme Africaine de l'image (JCFA 2018)
Du 02 au 07 mars 2018, à Ouagadougou.
Le Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou (FESPACO) organise du 02 au 07 mars 2018, à Ouagadougou, les Journées Cinématographiques de la Femme africaine de l'Image (JCFA 2018). " La professionnelle africaine face aux défis du numérique " est le thème de cette 5e édition. Les JCFA sont le pendant féminin du Fespaco. La comparaison s'arrête là ou alors dans le sens du pire : peu d'informations disponibles malgré que c'est un évènement qui a lieu tous les deux ans (depuis une décennie). Qu'est-ce que cela laisse présager pour l'organisation du Fespaco (cinquantenaire, en 2019) ?
Ce rendez-vous qui veut " magnifie[r] la cinéaste africaine et la femme en général " selon les termes du communiqué de presse du Fespaco, comprend des projections de films, un panel sur le thème " La professionnelle africaine face aux défis du numérique " ainsi que des ateliers de formation au jeu d'acteur, à la prise de vue et au montage numérique.
Service minimum ou presque, pour les femmes
Le programme des films est assez succinct, avec aucun résumé des films, ni le détail précis des invité.e.s. Pourtant les responsables burkinabès avaient battu leur coulpe, après un Fespaco 2017 calamiteux avec une programmation ahurissante (où l'esthétique télévisée de basse qualité avait fini par prendre le pas sur le cinéma exigeant) et un manquant criant de lieu central pour les rencontres qui ont toujours fait le succès du festival panafricain. Pour les femmes, c'est service minimum ou presque : les projections sont regroupées à l'institut français et au CENASA, aucune dans les salles de cinéma de la ville de Ouaga. Il n'y a pas de catalogue en ligne et le programme est arrivé tard sur le site du fespaco. Alors que les JCFA (le nom et l'acronyme ne sont pas très inspirés) ont débuté le jour de nouveaux attentats sanglants dans la capitale (circonscris par l'armée burkinabèe), la poursuite finalement de l'événement cinématographique n'a pas fait l'objet d'une information particulière ni d'une action symbolique forte ; ceux qui sont loin et inquiets n'auront pas eu de réponse.
Parmi les œuvres sélectionnées cette année, les JCFA font la part belle au festival Khouribga (Maroc) où le film d'ouverture et celui de clôture ont été primés. Celui qui ouvre les festivités est Le train de sucre et de sel (O Comboio de Sal e Açúcar) du Mozambicain Licínio Azevedo, vainqueur du Tanit d'or, du Prix Paulin Vieyra de la Critique Africaine, du Prix Fipresci de la Critique Internationale et aussi du Prix de la Meilleure image aux Journées Cinématographiques de Carthage 2017 (JCC, 4-11 novembre 2017 à Tunis, Tunisie). Outre ses 4 prix aux JCC, il avait remporté au 20e Festival du cinéma africain de Khouribga le Prix de la Meilleure réalisation et le Prix du Meilleur scénario. Avec Thiago Justino, Melanie de Vales Rafael (annoncée présente à Ouaga), António Nipita, Matamba Joaquim, dans les premiers rôles, cette fiction puissante et grand public narre avec talent l'épopée de femmes mozambicaines voyageant dans un train reliant leur pays à la Zambie où elles échangent sucre contre sel. S'appuyant sur une longue enquête dont il avait fait un livre, Licínio Azevedo (auteur de La Vierge Margarida, en autres) livre un palpitant road movie aux accents de film western (ceux où les indiens sont uniquement les vilains). En injectant un personnage usant de procédés magiques, il s'élève de la réalité (ce que n'a pas réussi le film WULU de Daouda Coulibaly). La qualité technique est de toute beauté, c'est un film qui s'écoute autant qu'il se regarde, avec des personnages de femmes fortes assumant leurs désirs et dont la dignité finit toujours par être protégée même au prix du sang.
Grand prix Ousmane Sembène au Festival du cinéma africain de Khouribga 2017 (Maroc), Un jour pour les femmes (A Day For Women) de l'Égyptienne Kamla Abu Zekri clôt ces Journées 2018 (du 02 au 07 mars), à Ouagadougou, avec la présence annoncée de la réalisatrice. Elle propose dans sa fiction une réflexion sur le vivre ensemble et la liberté, en nous amenant dans un quartier défavorisé du Caire, où un centre de sports et jeunesse décide de réserver une journée, le dimanche pour "les femmes seulement" à la piscine. Cette décision va entraîner des conséquences sociales, psychologiques et émotionnelles sur les femmes du voisinage, alors que certains hommes se laissent gagner par l'extrémisme religieux. Cette projection prévue le mercredi 07 mars 2018 à 20h00 au Centre National des Arts du Spectacle et de l'Audiovisuel (CENASA), est précédée par la cérémonie de clôture proprement dite à 18h30 présidée par le Ministre de la Culture des Arts et du Tourisme, avec une remise des trophées d'hommage et des attestations aux participants, outre la projection du court métrage : Ça tourne à Ouaga, de la Burkinabèe Irène Tassembédo, en sa présence.
Dans les films retenus, citons Frontières d'Apolline TRAORE (Burkina Faso) qui vient de remporter le Grand Prix du Festival Panafricain du cinéma de Los Angeles (PAFF) aux Etats-Unis, ce 19 février 2018. Il est soutenu par le Fonds Images de la Francophonie (OIF), à l'instar de Congo, un médecin pour sauver les femmes (en présence de la réalisatrice et du Dr Denis Mukwege), ainsi que Maman Colonelle (Mama Colonel) et Les deux visages d'une femme bamiléké. Par ailleurs, il y a aussi Les silences de Lydie de Aïssata Ouarma, le docu-fiction Qui es-tu Octobre ? de la Belge Julie Jaroszewski autour de la révolution burkinabèe, un film à la fois trop court et trop long (des intrigues esquissées ou d'autres trop détaillées, comme la discussion sur l'origine d'un téléphone portable), le multiprimé et très réussi Une place dans l'avion de Khadidiatou Sow et soutenu par le FOPICA, le fonds public sénégalais pour le cinéma, Tes cheveux démêlés cachent une guerre de sept ans de Fatima Sissani, Né en prison d'Henriette Hangnanmey et le nouveau film de Laurentine Bayala, Au fantôme du père (documentaire, 52 minutes). La programmation complète est sur le site Tinganews.
Thierno I. Dia
Images Francophones
Crédit image : Journées Cinématographiques de la Femme africaine de l'Image (JCFA 2018)
Ce rendez-vous qui veut " magnifie[r] la cinéaste africaine et la femme en général " selon les termes du communiqué de presse du Fespaco, comprend des projections de films, un panel sur le thème " La professionnelle africaine face aux défis du numérique " ainsi que des ateliers de formation au jeu d'acteur, à la prise de vue et au montage numérique.
Service minimum ou presque, pour les femmes
Le programme des films est assez succinct, avec aucun résumé des films, ni le détail précis des invité.e.s. Pourtant les responsables burkinabès avaient battu leur coulpe, après un Fespaco 2017 calamiteux avec une programmation ahurissante (où l'esthétique télévisée de basse qualité avait fini par prendre le pas sur le cinéma exigeant) et un manquant criant de lieu central pour les rencontres qui ont toujours fait le succès du festival panafricain. Pour les femmes, c'est service minimum ou presque : les projections sont regroupées à l'institut français et au CENASA, aucune dans les salles de cinéma de la ville de Ouaga. Il n'y a pas de catalogue en ligne et le programme est arrivé tard sur le site du fespaco. Alors que les JCFA (le nom et l'acronyme ne sont pas très inspirés) ont débuté le jour de nouveaux attentats sanglants dans la capitale (circonscris par l'armée burkinabèe), la poursuite finalement de l'événement cinématographique n'a pas fait l'objet d'une information particulière ni d'une action symbolique forte ; ceux qui sont loin et inquiets n'auront pas eu de réponse.
Parmi les œuvres sélectionnées cette année, les JCFA font la part belle au festival Khouribga (Maroc) où le film d'ouverture et celui de clôture ont été primés. Celui qui ouvre les festivités est Le train de sucre et de sel (O Comboio de Sal e Açúcar) du Mozambicain Licínio Azevedo, vainqueur du Tanit d'or, du Prix Paulin Vieyra de la Critique Africaine, du Prix Fipresci de la Critique Internationale et aussi du Prix de la Meilleure image aux Journées Cinématographiques de Carthage 2017 (JCC, 4-11 novembre 2017 à Tunis, Tunisie). Outre ses 4 prix aux JCC, il avait remporté au 20e Festival du cinéma africain de Khouribga le Prix de la Meilleure réalisation et le Prix du Meilleur scénario. Avec Thiago Justino, Melanie de Vales Rafael (annoncée présente à Ouaga), António Nipita, Matamba Joaquim, dans les premiers rôles, cette fiction puissante et grand public narre avec talent l'épopée de femmes mozambicaines voyageant dans un train reliant leur pays à la Zambie où elles échangent sucre contre sel. S'appuyant sur une longue enquête dont il avait fait un livre, Licínio Azevedo (auteur de La Vierge Margarida, en autres) livre un palpitant road movie aux accents de film western (ceux où les indiens sont uniquement les vilains). En injectant un personnage usant de procédés magiques, il s'élève de la réalité (ce que n'a pas réussi le film WULU de Daouda Coulibaly). La qualité technique est de toute beauté, c'est un film qui s'écoute autant qu'il se regarde, avec des personnages de femmes fortes assumant leurs désirs et dont la dignité finit toujours par être protégée même au prix du sang.
Grand prix Ousmane Sembène au Festival du cinéma africain de Khouribga 2017 (Maroc), Un jour pour les femmes (A Day For Women) de l'Égyptienne Kamla Abu Zekri clôt ces Journées 2018 (du 02 au 07 mars), à Ouagadougou, avec la présence annoncée de la réalisatrice. Elle propose dans sa fiction une réflexion sur le vivre ensemble et la liberté, en nous amenant dans un quartier défavorisé du Caire, où un centre de sports et jeunesse décide de réserver une journée, le dimanche pour "les femmes seulement" à la piscine. Cette décision va entraîner des conséquences sociales, psychologiques et émotionnelles sur les femmes du voisinage, alors que certains hommes se laissent gagner par l'extrémisme religieux. Cette projection prévue le mercredi 07 mars 2018 à 20h00 au Centre National des Arts du Spectacle et de l'Audiovisuel (CENASA), est précédée par la cérémonie de clôture proprement dite à 18h30 présidée par le Ministre de la Culture des Arts et du Tourisme, avec une remise des trophées d'hommage et des attestations aux participants, outre la projection du court métrage : Ça tourne à Ouaga, de la Burkinabèe Irène Tassembédo, en sa présence.
Dans les films retenus, citons Frontières d'Apolline TRAORE (Burkina Faso) qui vient de remporter le Grand Prix du Festival Panafricain du cinéma de Los Angeles (PAFF) aux Etats-Unis, ce 19 février 2018. Il est soutenu par le Fonds Images de la Francophonie (OIF), à l'instar de Congo, un médecin pour sauver les femmes (en présence de la réalisatrice et du Dr Denis Mukwege), ainsi que Maman Colonelle (Mama Colonel) et Les deux visages d'une femme bamiléké. Par ailleurs, il y a aussi Les silences de Lydie de Aïssata Ouarma, le docu-fiction Qui es-tu Octobre ? de la Belge Julie Jaroszewski autour de la révolution burkinabèe, un film à la fois trop court et trop long (des intrigues esquissées ou d'autres trop détaillées, comme la discussion sur l'origine d'un téléphone portable), le multiprimé et très réussi Une place dans l'avion de Khadidiatou Sow et soutenu par le FOPICA, le fonds public sénégalais pour le cinéma, Tes cheveux démêlés cachent une guerre de sept ans de Fatima Sissani, Né en prison d'Henriette Hangnanmey et le nouveau film de Laurentine Bayala, Au fantôme du père (documentaire, 52 minutes). La programmation complète est sur le site Tinganews.
Thierno I. Dia
Images Francophones
Crédit image : Journées Cinématographiques de la Femme africaine de l'Image (JCFA 2018)